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4.4. Description des espaces de vie actuels à l‟aide des pôles

4.4.4. La composition des pôles :

Après avoir analysé les déplacements, on souhaite maintenant s‟intéresser aux espaces résidentiels, en caractérisant le nombre de lieux, la fréquence et la durée des séjours. Compte tenu de la moindre précision de l‟information relative aux séjours à caractère professionnel et du fait que les enquêtés ayant effectué au moins un déplacement professionnel de plus d‟une journée au cours de 1980 sont rares (8%), on choisit de ne pas intégrer les déplacements professionnels à l‟analyse faite ici.

Lorsqu‟un enquêté a passé au moins une nuit dans plusieurs lieux de séjour au cours de l‟année 1980, ceux-ci peuvent être concentrés dans une même zone géographique ou au contraire être dispersés. Les lieux de séjour sont collectés à l‟échelle de la commune lorsqu‟ils situés en France et à l‟échelle du pays lorsqu‟ils sont à l‟étranger. Seuls 1% des

lieux de séjour non-professionnels ne sont pas localisés. Les autres le sont toujours à l‟échelle la plus fine. La concentration spatiale des lieux de séjour diffère très peu selon l‟échelle de précision choisie : le passage de la commune à la région ne modifie les résultats que de manière marginale (Tableau 38). On peut donc dire que lorsque deux lieux de séjour d‟un même individu ne sont pas localisés dans la même commune, ces deux lieux sont situés dans la plupart des cas à une distance importante l‟un de l‟autre, tout au moins dans une région distincte. En outre, pour plus de la moitié des enquêtés ayant séjourné au moins une nuit dans plusieurs lieux en 1980, ces lieux de séjour se situent dans la même commune : la concentration des lieux de séjour est donc relativement présente. Mais ce résultat ne concerne que la minorité d‟enquêtés (27%) qui ont fréquenté plusieurs lieux de séjour non-professionnel en 1980.

Tableau 38. Nombre de localisations distinctes parmi les lieux de séjour des enquêtés en comptant plusieurs Nombre de localisations distinctes échelle adoptée commune (%) département (%) région (%) 1 55,3 57,6 60,5 2 26,0 26,0 26,0 3 11,6 10,1 8,8 4 4,2 4,2 3,4 5 2,9 2,1 1,3 Total 100,0 100,0 100,0

Source : Triple biographie (1981) ; champ : enquêtés ayant plusieurs lieux de séjour non-professionnels en 1980

Si l‟on confronte maintenant le lieu de résidence aux lieux de séjours non-professionnels, 18,6% de ces lieux de séjour sont situés dans la même région que le lieu de résidence, 8,8% dans le même département et seulement 0,4% dans la même commune : lieu de résidence et lieux de séjour appartiennent donc très majoritairement à des localisations distinctes. La concentration éventuelle des lieux de l‟espace résidentiel est donc principalement le fait de celle des lieux de séjour. Finalement parmi l‟ensemble des enquêtés, entre 39 et 49% ont un espace résidentiel composé d‟une localisation unique selon l‟échelle de précision, l‟espace compte deux localisations distinctes pour environ 1/3

des individus et plus de deux localisations distinctes pour entre 18 et 26% d‟entre eux (Tableau 39).

Tableau 39. Nombre de localisations distinctes de l’espace résidentiel (hors lieux de séjours professionnels) Nombre de localisations distinctes échelle adoptée commune (%) département (%) région (%) 1 38,8 43,2 48,4 2 35,6 34,4 33,6 3 15,2 13,8 12,8 4 7,0 5,9 3,9 5 et plus 3,4 2,7 1,3 Total 100,0 100,0 100,0

Source : Triple biographie (1981) ; champ : ensemble des enquêtés

Finalement, seuls 1,4% des enquêtés ont plusieurs lieux de leur espace résidentiel situés dans la même commune, 9,6% à l‟échelle du département et 18,2% à l‟échelle de la région. Observé sur l‟ensemble de l‟échantillon, le nombre de localisations distinctes de l‟espace résidentiel s‟identifie donc très largement au nombre de lieux dont il est constitué : c‟est la dispersion spatiale des lieux qui domine.

En ce qui concerne la fréquence des séjours, les modalités de la variable codant la fréquence des séjours non-professionnels sont des intervalles ordonnés, le dernier étant ouvert (de « 1 séjour » à « 5 séjours et plus »). Il est dès lors impossible de les traiter numériquement en tant que telles et par exemple de calculer des fréquences totales ou moyennes au niveau individuel lorsque plusieurs lieux de séjour ont été déclarés. Or 27% des enquêtés ont indiqué avoir passé plus d‟une journée dans au moins deux lieux différents en dehors de leur profession et de leur logement. On qualifie donc l‟espace résidentiel de « fréquenté périodiquement » lorsque l‟enquêté a effectué au moins deux séjours dans un des lieux, de « fréquenté exceptionnellement » lorsque l‟enquêté n‟a séjourné qu‟une fois dans tous les lieux déclarés et de « sans lieu de séjour » lorsqu‟il n‟a déclaré aucun lieu de séjour. Une distinction est ensuite opérée selon que la mobilité s‟oriente vers un ou plusieurs lieux et selon que le ou les lieux les plus fréquentés sont liés à la famille et aux proches ou non. On obtient alors une première proposition de typologie :

Tableau 40. Proposition de typologie des espaces résidentiels, selon la fréquence des séjours, le nombre et la nature des destinations

type d’espace résidentiel nombre de lieux de séjour

nature du principal lieu de séjour

sans lieu de séjour 36% 0 36% - 36%

fréquenté exceptionnellement 36% 1 26% famille 15% autre 11% plusieurs 10% famille 6% autre 4% fréquenté périodiquement 28% 1 22% famille 9% autre 13% plusieurs 6% famille 2% autre 4%

total 100% total 100% total 100%

Source : Triple biographie (1981) : ensemble des enquêtés

Si l‟absence de lieux de séjour représente plus du tiers de l‟échantillon, une part importante des enquêtés fréquente les lieux de séjour d‟une manière exceptionnelle (36%) ou périodique (28%). Qu‟elle soit exceptionnelle ou périodique, la mobilité s‟oriente principalement vers un seul lieu de séjour (47% de mobilité vers un seul lieu contre 17% vers plusieurs). De plus, la mobilité exceptionnelle concerne le plus souvent les lieux liés à la famille ou aux proches (21% contre 15%) alors que ce sont plutôt les autres types de lieux (location, résidence secondaire, ...) qui occasionnent une mobilité périodique (17% contre 11%). Ce résultat est relativement étonnant dans la mesure où l‟on aurait pu s‟attendre à ce que ce soient les lieux de résidence de membres de la famille ou des proches qui soient visités le plus fréquemment.

De la même manière, la description des espaces résidentiels individuels en termes de densité de résidence, c‟est-à-dire en fonction de la durée totale de séjour dans les différents lieux, peut se faire à partir d‟une variable dont les modalités sont des intervalles dont le dernier est ouvert (de « trois jours ou moins » à « plus d‟un mois »). Cela ne permet pas d‟évaluer exactement la proportion du temps passée dans la « résidence-base » et dans les lieux de séjour par les enquêtés. On fait donc le choix d‟écarter, dans la détermination du

qui correspond à un seuil inférieur à environ 10% de l‟année28. L‟attention est donc portée principalement sur les lieux de résidence principale et secondaire, car les lieux de vacances et les lieux de résidence de parents ou d‟amis ont le plus souvent une densité de résidence moindre (Tableau 37). La prise en compte d‟un seuil de durée de résidence minimale dans le lieu de séjour revient à mettre en place une forme de pondération par la densité de résidence dans la détermination d‟une typologie des espaces résidentiels (Tableau 41). On met ainsi en place une sorte de pondération par la durée de résidence dans les lieux29.

Tableau 41. Typologie des espaces résidentiels, selon la densité de résidence, le nombre et la nature des lieux de séjour

Type d'espace résidentiel % espace résidentiel monolocalisé 86,8

100% du temps dans le lieu de résidence 36,8 de courtes périodes dans un ou plusieurs lieux de séjour 50,0

espace résidentiel multipolaire 13,2

plus d'un mois dans un lieu de séjour lié à la famille ou aux proches 4,7 plus d'un mois dans un autre type de lieu de séjour 7,2 plus d'un mois dans plusieurs lieux de séjour 1,3

Total 100,0

Source : Triple biographie (1981) ; champ : ensemble des enquêtés

Une large majorité des enquêtés de Triple biographie ont un espace résidentiel monolocalisé, c‟est-à-dire qu‟ils ne séjournent jamais plus d‟un mois au total dans un autre lieu que leur lieu de résidence au cours de l‟année 1980. Mais la moitié des individus passent de courtes périodes dans un ou plusieurs lieux de séjour. Par ailleurs, la multipolarité concerne 13,2% des individus : 11,9% ont un espace résidentiel bipolaire (ils résident plus d‟un mois dans un autre lieu que leur lieu de résidence en 1980) et 1,3% ont au moins trois pôles, c‟est-à-dire qu‟ils résident plus d‟un mois dans plusieurs lieux de séjour en 1980.

28 exactement 8,3%.

29 En revanche, on n‟intègre pas ici de critère de distance dans la construction des typologies d‟espaces résidentiels, car approchée par le nombre de localisations distinctes, la concentration de lieux apparaît très minoritaire.

On souhaite maintenant comprendre quels sont les déterminants de ces différents types d‟espaces résidentiels, quelles sont les caractéristiques les plus saillantes des enquêtés ayant ces différents types de pratiques résidentielles. Une régression polytomique est réalisée, la variable dépendante ayant pour modalités « espace monolocalisé », « espace bipolaire à la famille » et « espace bipolaire autre » (Tableau 42). Les enquêtés ayant un espace résidentiel avec plusieurs lieux de séjour de plus d‟un mois sont trop peu nombreux et n‟ont été pris en compte dans l‟analyse. Les espaces bipolaires avec un lieu de séjour lié à la famille ou aux proches sont le plus souvent le fait de personnes seules, inactives, ayant appartenu aux catégories des cadres, des professions intermédiaires ou des indépendants, et résidant dans des grandes agglomérations. Lorsque que les enquêtés résident plus d‟un mois dans un autre type de lieu de séjour (location, résidence secondaire,...), ils sont plus fréquemment des femmes mariées, diplômées et résidant dans une grande agglomération. L‟âge n‟a pas d‟effet significatif.

Tableau 42. Régression logistique polytomique sur le fait de posséder un espace résidentiel multipolaire

Espace résidentiel Multipolaire famille Multipolaire autre

Coefficient Pr > |t| Coefficient Pr > |t| réf=espace monolocalisé

Constante -2,9335 *** -3,8385 ***

Sexe Homme ref ref

Femme 0,234 0,1559 0,4248 *** Génération 1911-1917 ref ref 1918-1923 0,1842 0,3091 0,1096 0,5684 1924-1929 -0,1272 0,5785 0,0769 0,7293 1930-1935 0,1088 0,6511 0,1488 0,5308 Nationalité

Française ref ref

Fr. par acquisition -0,003197 0,9908 -0,4782 0,1461

Etrangère 0,3594 0,2278 -0,7632 *

Statut matrimonial

Célibataire -0,6516 ** -1,5658 ***

Marié ref ref

Veuf -0,0164 0,9472 -0,6662 ** Divorcé -0,1373 0,6771 -1,68 *** Séparé -0,1674 0,6945 -1,9144 ** Nombre de personnes dans le ménage

Une seule ref ref

Deux -0,864 *** -0,3113 0,298

Trois -0,4765 * -0,4102 0,2097

Diplôme

Aucun ref ref

Certif 0,0753 0,6268 0,424 *** BEPC 0,3209 0,1849 0,8799 *** Bac ou + 0,5847 ** 0,9508 *** dernière PCS Agriculteur -1,0648 ** -1,1635 *** Artisans, etc 0,5633 ** 0,1238 0,6273 Cadres 1,0891 *** 0,5115 0,1142 Prof. Intermédiaires 0,5353 *** 0,3381 0,111

Employés ref ref

Ouvriers 0,2983 0,11 -0,006894 0,9698

Aucune 0,0309 0,9208 -0,3318 0,2979

Statut d'activité

Emploi ref ref

Retraite 0,753 *** 0,2915 0,1468

Autre inactif 0,5767 *** 0,2364 0,222

Autre 0,1961 0,5443 -0,2989 0,4128

Commune

rurale <1000 h ref ref

rurale 1000 h ou + 0,1081 0,7288 0,2732 0,5197 urbaine <20000 h 0,4426 0,1272 0,5128 0,2036 urbaine <100000 h 0,5008 * 1,2446 *** urbaine >100000 h 0,7293 *** 1,8066 *** agglo parisienne 1,2091 *** 2,3235 *** Paris 1,4195 *** 2,5518 ***

Source : Triple biographie (1981) ; champ : les enquêtés ayant un espace résidentiel monolocalisé ou bipolaire ; significativités aux seuils de 1% (***), 5% (**) et 10% (*)

Cette étude descriptive inédite des espaces résidentiels des habitants du territoire métropolitain âgés de 45 à 69 ans en 1980 fait apparaître des zones de séjours privilégiées (notamment à l‟Ouest et au Sud-est), des pratiques de visites plus ponctuelles que régulières à la famille et des distances plus importantes vers les lieux de vacances (location, résidence secondaire).