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5. L’écriture comme image de la lecture

5.5 Lien avec la pratique littéraire entendue comme pratique de la littérature

– Sa dimension anthologique le relie au patrimoine littéraire et culturel. – Il constitue un écrit et une production personnels « valant en soi ».

– Il participe de la dimension heuristique de l'écriture99.

– Il permet de focaliser l'attention sur les processus de l'écriture et de la lecture, plutôt que sur le résultat.

Ces écrits intermédiaires en lien avec la lecture entretiennent donc des liens étroits avec les compétences de lecture –et leur mobilisation. L'acte de lecture lui-même n’est pas indépendant des capacités langagières écrites et orales qui sont mises en œuvre pour refléter la compréhension, l'interprétation, la mémorisation de ce qui est lu : « l'interaction entre des ressources langagières diverses peut être considérée comme faisant partie de l'acte complexe de lire »100.

Dans notre classe, les carnets de lecteur prenaient une forme assez libre. Ils se constituaient au fil des lectures sur des supports différents et intégraient aussi bien des réactions spontanées que des réactions ordonnées par une consigne, un conseil ou un questionnaire.

Brève conclusion

A la lecture des théories de la réception, nous sommes interpellée par le nombre important de parallèles que nous pouvons faire entre ce qui est dit du lecteur et de la lecture, y compris littéraire et ce que l’on peut observer du lectonaute, ce lecteur d’Internet, comme si le lecteur littéraire sur papier pouvait préfigurer celui d’Internet, ce dernier n’ayant pas encore été acculturé à ces (ses ?) nouveaux modes de lecture, se trouvant ainsi dans une forme d’enfance de la lecture. Il s’agit maintenant de voir quels rapprochements peuvent s’opérer, notamment par le biais des compétences de lecture d’un même texte à l’œuvre sur les deux supports, imprimé et numérique, et d’en déduire par suite quelques enseignements.

99

Au même titre que les carnets scientifiques. 100

DEUXIEME PARTIE :

Analyse de situations de lecture littéraire

Introduction

Nous l’avons vu dans le cadre théorique, les compétences de lecture sont nombreuses. Elles peuvent être réparties en plusieurs grandes catégories, étant bien entendu qu’elles interagissent entre elles. Dans cette partie, nous essayerons de repérer à partir des productions des élèves les compétences de lecture mises en œuvre. Après avoir rappelé le contexte de la séquence, les conditions et les méthodes d’analyse, nous présenterons les données recueillies qui nous permettront d’identifier quelques compétences mobilisées. Nous étudierons ensuite plus particulièrement les compétences liées à l’évolution des représentations sur le conte, les compétences de distanciation critique incluant la relecture et la révision du conte. Nous observerons également les compétences méta-textuelles mises en œuvre. La lecture d’image demandée aux élèves nous permet de vérifier la mobilisation de ces compétences de lecture littéraire. Du fait de l’imbrication des compétences de lecture entre elles, de leurs convergences et de leurs manifestations spécifiques selon les individus, il n’est guère possible de conduire une étude exhaustive de l’ensemble des compétences observables. Nous avons retenu celles qui sont plus particulièrement liées au lecteur en tant que sujet. C’est la combinaison particulière de ces compétences qui font, par exemple, que deux élèves ne choisissent pas la même image pour la même signification à traduire, ou ne donnent pas la même signification à une même image. A partir de l’analyse de ces compétences, nous tenterons de déterminer la part de lecture littéraire qui intervient avec les deux supports choisis : le conte imprimé, le conte sur Internet.

Nous n’aborderons pas ici l’influence des compétences neuro- physiologiques sur la lecture car notre moyen d’enquête (recueil d’écrits intermédiaires) est impropre à analyser de telles compétences, observables à partir

d’entretien individuels, de films d’élèves au travail, de logiciels pistant et enregistrant les chemins que les élèves parcourent sur Internet. Il s’agit d’ailleurs plus de problématiques de décodage au sens large (du mot, de la page, du texte, d’un ensemble de textes). La question de la cohérence (ou de la (dé)-cohérence telle que la pose Alexandra Saemmer relève également d’un autre type de recherche car il faudrait pour cela pouvoir observer quels liens hypertextes les élèves activent au cours du processus de recherche. Les compétences consistant à sélectionner des informations à visée documentaire et des sites, ou le choix des aides à la lecture et à l’écriture hypertextes, ainsi que les aides à la recherche documentaire sur Internet sont traitées par Crinon & Marin, Lacelle et Lebrun, et J. Dinet et relèvent plus largement de l’éducation à une culture informationnelle qui n’était pas visée dans la séquence didactique bien qu’elle soit étroitement liée à la notion de culture littéraire. Il nous reste l’interrogation sur l’existence ou la possibilité d’existence d’une compétence littéraire de lecture sur Internet qui pourrait se manifester par :

- le biais de la mobilisation des représentations et connaissances sur le conte et sur Cendrillon en général ;

- la capacité des élèves à utiliser les données du document à lire pour relire le conte et réviser ses représentations ;

- la capacité à réfléchir et réagir par rapport au texte du conte et à ce que disent les images pour se constituer comme sujet critique et distancié. Cette capacité intervient également dans la compétence consistant à tisser un lien singulier avec le texte, rapport qui va jouer ensuite dans la constitution d’une « bibliothèque intérieure »

- la capacité à lire et recevoir des images en lien avec le conte, les représentations du conte et la lecture personnelle qui en est faite. Cette capacité est une composante qui intervient sur la construction des représentations, la construction d’une bibliothèque personnelle intérieure, la construction d’une posture critique.

L’articulation de ces capacités sont au cœur d’une lecture active, subjective, informée ou informante, produisant des effets sur le lecteur ou agissant sur le texte lu, caractéristiques d’une lecture littéraire.