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Différents groupes d’études ont démontré l’existence d’une spécificité de liaison de ces

protéines à l’ADN. Les techniques d’interférence par méthylation et de retard de migration en

gel d’électrophorèse ont permis d’en déterminer la séquence d’ADN cible. Les deux exemples

suivants sont loin d’être exhaustifs.

Le facteur bHLH nommé E47 peut se lier au site κE2 du promoteur des immunoglobulines

qui contient la séquence de liaison GGCAGGTGG (Murre et al., 1989). Des résultats

similaires ont été obtenus en étudiant la liaison du facteur bHLH appelé MyoD sur le

promoteur de la kinase de la créatine de muscle (MCK). MyoD reconnaît les séquences

CACCTG et CATGTG (Lassar et al., 1989). Chaque famille bHLH se lie donc, en général, à

une séquence consensus CANNTG dénommée boîte E ou E-box. Les deux nucléotides au

Figure 8 : Alignement de certains bHLH (Ferre-D'Amare, et al. 1993 ).

Le domaine basique (BASIC), la première hélice (H1), la boucle (loop), la deuxième hélice (H2) et la glissière à leucines (ZIPPER) ainsi que les résidus caractéristiques de ces régions sont colorés respectivement en rouge, jaune, violet, bleu et orange.

B

A C

Figure 9 : Structure tridimensionnelle du dimère Max (A), USF(B) et E47 (C) sur leur site de reconnaissance.

Les bHLH sont colorés en rouge et jaune (A-B) ou vert et jaune (C). L’ADN est représenté en bleu (A-B) ou en rose (C) (A-B: Ferre-D'Amare, et al. 1994; C: Ellenberger, et al. 1994 ).

B

A

Arg 36

Arg 35

C A C G T G

D

C

Figure 10 : Structure tridimensionnelle de la partie basique des bHLH sur leur site de reconnaissance ou libre.

(A) Vue de la région basique d’un des monomères Max (Ferre-D'Amare, et al. 1993). En rouge sont représentés les acides aminés. Les paires de base GC et AT sont respectivement colorées en bleu et vert. Le consensus CACGTG est renseigné.

(B) Comparaison du domaine basique d’un monomère Max à l’état libre (bleu) ou sur son site de reconnaissance (protéine en gris, ADN en rouge). Les Arg 35 et 36 de Max sont représentées en bâtonnets jaunes pour la forme libre ou en gris pour la forme complexée à l’ADN (Sauvé et al.2004).

(C) Comparaison des dimères Max (en jaune) et USF (en rouge). Les résidus de Max sont notés en minuscule et pour USF en majuscule. L’ADN reconnu par Max ou USF est réprésenté en bleu ou en rose (Ferre-D'Amare, et al. 1994).

A B

Figure 11 : Schéma des contacts entre les facteurs bHLH Max (A) ou E47 (B) et leur site de reconnaissance. (A) Un seul des monomères est représenté sur ce schéma. Les interactions entre les acides aminés et les bases

nucléotidiques sont désignées par des flèches continues; les contacts avec les phosphates par des flèches discontinues. Les interactions avec les bases situées en dehors du consensus sont indiquées entre parenthèses. L’ellipse au centre de la figure correspond à l’axe du dimère formé (Ferre-D'Amare, et al. 1993).

(B) Les monomères sont dénommés ‘CAC’ou ‘CAG subunit’ d’après la moitié du site de reconnaissance en contact avec le domaine basique de chaque monomère. Les interactions sont représentées par des lignes discontinues. Les consensus CAGGTG sont encadrés en rouge (adapté d’ Ellenberger, et al. 1994 ).

Introduction

centre de cet hexamère sont spécifiques à différentes classes de bHLH. D’autres protéines de

type bHLH comme les COE-HLH ou les bHLH-PAS se lient à d’autres séquences (Figure 7).

L’étude du profil hydrophobe des résidus prédit la présence de deux domaines hélicoïdaux

séparés par une région sans structure apparente. Environ quinze résidus à l’extrémité

N-terminale de la première hélice sont à caractère basique (domaine basique). Mis en présence

d’ADN, les bHLH présentent, dans leur spectre par dichroïsme circulaire, une augmentation

de la structure en hélice (Anthony-Cahill et al., 1992). Le fait que des mutations dans le

domaine basique perturbent la liaison à l’ADN suggère que ce domaine adopterait une

structure en hélice en présence d’ADN (Davis et al., 1990).

Les analyses de cristaux bHLH /ADN ont permis de déterminer la structure tridimensionnelle

de certains de ces complexes. Plusieurs exemples sont illustrés ci-après. Un alignement des

séquences protéiques de quelques bHLH est présenté à la Figure 8.

Comparons les cristaux des protéines bHLH Max, USF et E47 sur leur site de reconnaissance

d’ADN (Ferre-D'Amare et al., 1993; Ferre-D'Amare et al., 1994; Ellenberger et al., 1994).

Chacun de ces trois facteurs se fixe à l’ADN sous forme d’homodimère en adoptant une

structure à quatre hélices parallèles en forme de tenaille enserrant l’ADN (Figure 9 A-B-C).

Chaque monomère se fixe à une moitié du site CANNTG dans le sillon majeur de l’ADN.

Max possède une structure hélicoïdale observable à partir du résidu Arg25 du domaine

basique à la sérine 49 de l’hélice 1 (Figure 10A). Une récente analyse de la structure du

dimère Max en solution par RMN a démontré qu’à l’état « libre » (c’est-à-dire non lié à

l’ADN), le domaine basique n’a pas de structure secondaire hélicoïdale (Figure 10B). Ces

observations confirment donc le changement de structure du domaine basique lors de sa

fixation à l’ADN.

En plus de ce domaine, une partie de la première hélice interagit également avec l’ADN

(Figure 10 A). Les Figures 8 et 10C-D permettent de déterminer que les résidus Glu et Arg

conservés dans la plupart des facteurs bHLH sont importants pour la fixation à l’ADN.

La Figure 11 schématise les interactions entre les acides aminés du domaine basique des

bHLH Max ou E47 et la molécule d’ADN au site de reconnaissance, telles qu’elles ont pu être

déduites de la structure tridimensionnelle des complexes cristallisés. Les acides aminés sont

en contact avec le squelette désoxyribose-phosphodiester et avec les bases de l’ADN

elles-mêmes. Avant l’obtention de la structure tridimensionnelle des bHLH, plusieurs équipes

avaient déjà déterminé un rôle des hélices dans la dimérisation. Davis et al. (1990) ont testé

b HLH O I

A WRPW

HES

YXXW

25 % 48 % 29 % 9 %

TE(I/V)GAF

HRT

HES7 HES5 HES2 hHES4 HES1 HES3 HES6 HRT3 HRT1 HRT2 HELT DEC1 DEC2

22 % 39 % 19 % 22 %

Helt

20 % 41 % 21 % 6 %

DEC

B

Figure 12 : Schéma de la structure des bHLH-O (A) et arbre phylogénétique (B).

(A) Les domaines conservés sont représentés en bleu pour le domaine basique (b) ; en rouge pour le domaine hélice-boucle-Hélice (HLH) et en Orange, le domaine Orange (O). La région en aval du domaine Orange est la moins conservée. Dénommée région intermédiaire (I), elle sépare le motif conservé chez les HES (WRPW en jaune) ou le motif dégénéré YXXW (en jaune égalemant) chez les HRT du reste de la protéine. Chez les HRT,un nouveau motif TEI/VGAF est conservé; il est coloré en vert. Les protéines des familles Helt et DEC ne

contiennent aucun de ces motifs. Les similitudes de séquence entre HES et les autres sous-familles des bHLH-O sont exprimées en pourcentages en regard des domaines et régions concernés.

Introduction

une protéine de fusion Max-Maltose binding protein (MBP) avec des protéines chimériques

entre Myc et E12. Ils ont observé que l’échange d’une ou l’autre hélice éliminait de manière

significative la formation de l’hétérodimère Myc-Max (E12 n’interagit pas avec Max). Ces

mêmes protéines de fusion étaient incapables de lier la séquence d’ADN utilisée lors des

expériences de retard sur gel (Davis et Halazonetis, 1993).

Lors des immunoprécipitations réalisées avec différentes protéines E47 mutées dans le

domaine basique et dans la boucle, la formation de dimères fut observée. Lorsque que des

résidus de l’hélice 1 ou de l’hélice 2 présentaient des variations, les dimères n’étaient pas

obtenus. Aucun retard sur gel n’était observé avec la séquence consensus d’E47 et les mêmes

protéines chimériques (Voronova et Baltimore, 1990).

Cela donnait aux deux hélices une importance dans la liaison entre bHLH. La confirmation de

ce rôle fut obtenue par la détermination des structures cristallines. On observe sur

les Figures 9A-B-C que les hélices 1 et 2 interagissent entre partenaires et que l’hélice 1 est

également en contact avec l’ADN.

En conclusion, le domaine basique est impliqué dans la liaison à l’ADN et le domaine

HLH est responsable de la dimérisation de ce type de facteur. Comme mentionné dans le

point précédent, certaines des protéines bHLH possèdent, en plus du HLH, un domaine

supplémentaire. Ce dernier est impliqué dans la dimérisation ou dans leur activité

transcriptionnelle. Plusieurs combinaisons de dimères sont donc possibles. Cela ajoute, à

l’hétérogénéité des séquences boîtes E, une spécificité et une variété dans le contrôle de la

transcription.