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CHAPITRE 9. LE TRAVAIL DES PRÉVENTEURS EN ENTREPRISE

9.2. Les tâches relatives à la prévention des risques professionnels

9.2.1. Les tâches de conception

9.2.1.6. Les tâches d'analyse

La catégorie "analyse" fait référence aux tâches durant lesquelles les préventeurs procèdent à des analyses de risques (identification des risques, mesure de la fréquence et de la gravité et définition des mesures de prévention adaptées), analyses individuelles et/ou collectives d'accidents du travail, de maladies professionnelles, de presqu'accidents ou de situations dangereuses.

ANALYSE P1 P2 P3 P4 P5 P6 P7 P8

Réalisation des analyses de risques 1% 9% 3% 1% 6% 4% 0% 0%

Réalisation des analyses d'AT / MP / presqu'accidents / situations

dangereuses 0% 0% 2% 0% 0% 0% 3% 1%

Tableau 24. Répartition du temps passé dans la catégorie "analyse" (durée totale des journées de travail analysées par préventeur de l'échantillon).

La réalisation des analyses de risques occupe 9% du temps de travail chez P2, 6% et 4% de celui de P5 et P6 et seulement moins de 4% chez P1, P3, P4, P7 et P8 soit une part très peu importante du temps travail pour la majorité des préventeurs (tableau 24). Les préventeurs sont alors amenés à analyser les risques liés aux co-activités dans le cadre des plans de prévention. Ces analyses peuvent être réalisées par le préventeur seul mais elles sont le plus souvent réalisées en collaboration avec les préparateurs ou chefs d'équipes chargés de la rédaction du phasage des activités techniques. La réalisation de ces analyses suppose de bien connaître l'activité des opérateurs sur le terrain. En effet, il s'agit de découper chaque tâche par phase d'activité, de définir pour chacune des phases les risques auxquels les salariés sont exposés puis de définir des moyens de prévention pour les éviter. Pour mieux saisir certaines

121 de ces phases, les préventeurs ont parfois besoin de réaliser des visites sur le terrain pour observer l'activité et poser certaines questions aux opérateurs et aux encadrants. D'autres types d'analyses de risques sont également menées par les préventeurs dans le cadre de la rédaction du Document Unique d'Evaluation des Risques Professionnels (DUEvRP). Les analyses sont alors scindées par métiers et par zones de travail. Ainsi, les préventeurs réalisent l'inventaire des risques associés à chaque métier présent dans leur entreprise en fonction des zones dans lesquelles ils sont réalisés (atelier, bureau, chantier, etc.). Ils évaluent chaque risque en fonction de sa fréquence (probabilité qu'il ne survienne), sa gravité (type de dommage provoqué) et le pondèrent en lui attribuant une note. Des mesures de prévention sont ensuite définies pour chacun des risques. Une nouvelle cotation prenant en compte la mesure de prévention est ensuite réalisée pour évaluer le risque résiduel. Ces cotations peuvent être réalisées par le préventeur seul ; cependant, beaucoup de préventeurs sollicitent les membres de l'encadrement ou encore les salariés pour attribuer ces notes. Ils peuvent poser des questions aux encadrants pour mesurer le risque, aller sur le terrain pour se rendre compte de l'activité réalisée dans un contexte donné ou encore solliciter les salariés en groupes de travail pour réaliser ces cotations. Les préventeurs font parfois référence aux savoir-faire de prudence développés par les opérateurs lorsqu'il s'agit de définir des mesures de prévention à mettre face à certains risques. Ils utilisent alors des acceptions très génériques comme "faire attention" ou "être vigilant" sans détailler plus précisément la suite d'actions identifiée comme sécuritaire.

Lorsqu'un accident du travail ou un presqu'accident survient ou encore qu'une maladie professionnelle est déclarée par un salarié, les préventeurs sont souvent chargés d'en analyser les causes. Ainsi, P3, P7 et P8 ont réalisé ce type d'analyses au cours de la phase de relevé d'activité pendant respectivement 2%, 3% et 1% de leur temps de travail. Les analyses des accidents du travail sont très souvent réalisées en collectif (avec le salarié accidenté, le ou les encadrants et parfois en présence du donneur d'ordres et du préventeur de sa société). L'analyse se fait alors en salle de réunion souvent après avoir relevé certains éléments sur le terrain en réalisant une reconstitution de l'accident. Le préventeur, qui est le plus souvent l'animateur de la réunion, inscrit sur un tableau l'ensemble des faits relatés par l'assemblée en partant de l'accident jusqu'aux causes les plus antérieures, en se basant généralement sur la méthodologie de l'arbre des causes. Des mesures de prévention pour éviter l'occurrence de faits similaires sont ensuite définies par l'assemblée et un plan d'actions est établi. Ce dernier vient implémenter le plan d'actions annuel et les risques relatifs à l'activité accidentogène qui n'auraient pas été identifiés dans les analyses de risques initiales en mettant à jour le DUEvRP. Certains préventeurs analysent les presqu'accidents de la même façon que les accidents du travail effectifs, cependant ces analyses approfondies ne sont souvent réalisées que lorsque leur gravité potentielle est jugée importante. L'analyse des presqu'accidents reste cependant une pratique moins systématique chez les préventeurs même si elle tend à se développer.

Les maladies professionnelles font moins souvent l'objet d'analyses aussi poussées. Les préventeurs réalisent le plus souvent des analyses succinctes des MP en relatant dans les grandes lignes l'activité du salarié concerné. Les analyses d'AT comme de MP font l'objet

122 d'un encodage informatique dans les bases de données de l'établissement. Ce constat nous laisse penser que l'activité des préventeurs se centre essentiellement sur la sécurité et les accidents du travail et beaucoup moins sur le domaine de la santé et les maladies professionnelles.

Les remontées de situations dangereuses formulées par les opérateurs de terrain sont elles aussi généralement analysées par le préventeur. Beaucoup de préventeurs retranscrivent ou font retranscrire directement par les salariés les situations dangereuses rencontrées dans des formulaires papiers référencés dans le système qualité. Ces données sont ensuite encodées informatiquement et font l'objet d'une analyse puis d'une définition de mesures de prévention. Les mesures de prévention sont ainsi intégrées au plan d'actions annuel et font l'objet d'une mise en œuvre sur le terrain et d'une vérification d'efficacité.