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Les stratégies des candidates

4.3 Présomption d’incompétence

4.3.1 Les stratégies des candidates

L’épreuve orale est un exercice de « présentation de soi » (Goffman 1973), dans lequel la candidate ne doit pas rester à un niveau factuel, comme le précise cette cadre formatrice à la fin d’une session :

« Nous ce qu’on veut c’est que les candidat[e]s nous parlent [d’elles] »

(Notes de terrain, Jury 3, IFSI de Voulin) Cela vaut pour l’argumentation du texte comme pour la présentation de son parcours. Lorsque c’est le cas pour l’argumentation, les membres du jury vont rappeler cette exigence dès les premières questions : « et votre avis personnel ? »36 ou bien « « vous en pensez quoi ? »37. Dans la présentation du parcours, si la candidate reste descriptive, les relances du jury vont la pousser à préciser le lien entre son parcours et ses motivations : « comment c’est venu au départ [cette envie de devenir infirmière] ? »38ou bien « quel a été l’élément déclencheur »39. Interrogées sur leur orientation, les candidates donnent à voir les motifs de leur engagement vers le métier, au sens qu’Isaac Joseph donne à ce terme : « Un motif

36. ↑Cadre formatrice, première question de l’échange après la présentation de la candidate 4, jury 2, IFSI de Voulin.

37. ↑Cadre formatrice, deuxième question de l’échange après la présentation de la candidate 5, jury 1, IFSI de Pantun.

38. ↑Cadre d’unité, candidate 5, jury 7, IFSI de Pantun. 39. ↑Cadre d’unité, candidat 3, jury 8, IFSI de Pantun.

n’est pas la source subjective de l’action, mais un acte de langage qui s’inscrit dans un vocabulaire disponible pour les acteurs sociaux et leur permet d’interpréter une conduite. Un motif est d’abord une manière de répondre à une question portant sur ce que l’action a d’inattendu ou sur ses alternatives en présentant une excuse ou une justification. » (Joseph 1998, p. 28). Pour ce faire, elles vont mettre en avant des éléments concrets de leur biographie qu’elles recomposent au sein d’une intrigue (Ricoeur 1988). Les candidates qui se présentent à l’oral du concours savent qu’elles seront interrogées sur leur orientation vers le métier. D’après les textes, l’oral a explicitement pour but d’évaluer la « motivation » des candidates. Elles vont donc s’y préparer et produire des discours justifiant leur choix d’orientation. Il ne s’agit pas de dire que ces discours relatent effectivement la façon dont la candidate s’est orientée vers le métier. C’est le dispositif du concours et son anticipation par les candidates qui produisent ces discours. Pour expliquer leur choix d’orientation, les candidates mêlent différents types d’argumentation. Nous allons les examiner sans préjuger de leur efficacité dans un premier temps. Nous reviendrons sur ce point dans la dernière sous-partie (cf. infra. 4.3.2, p.153). Certaines candidates font valoir que leur choix comme un choix « depuis toujours », sur le mode de la vocation. Comme pour ce candidat, vendeur dans un magasin d’articles de sport au moment de l’oral :

Cadre d’unité [CU] « Pourquoi ce passage [de vendeur à infirmier] ? » Candidat 5 [C5] « J’ai pas eu les bonnes informations au moment de mon orientation. Ça a pas été super. J’envisageais le monde paramédical mais j’avais une vision du métier comme surtout féminin, et c’est pas passé auprès de mes parents. »

CU « Qu’est-ce qui a fait le déclic ? »

C5 « Je suis allé au bout des choses, j’ai validé toutes les étapes de mon métier, je suis vendeur senior. Aujourd’hui je veux me réorienter pour suivre ma vocation, un accomplissement de moi. »

(Notes de terrain, Jury 4, Candidat 5, IFSI de Pantun) Pour autant, il est rare que cette façon de présenter les choses soit utilisée seule. En effet, le recours à la vocation dispense de toute justification en ancrant l’orientation dans une volonté individuelle (Suaud 1975, p. 2), alors que l’exercice consiste justement à argumenter son choix. Les candidates ne peuvent donc pas se contenter d’en appeler à la vocation. Elles vont alors mettre en avant une certaine proximité avec le métier. Cette dernière peut être revendiquée à travers l’exercice professionnel de l’un des parents, très souvent la mère :

est aide-soignante en psychiatrie. J’ai baigné dedans. »

(Notes de terrain, candidat 3, Jury 8, IFSI de Pantun) Les parents étant « du milieu », ils pourraient participer à la socialisation de leurs enfants à la particularité du monde du soin. La rencontre avec le métier peut être le fait d’un travail estival dans une maison de retraite ou dans un hôpital. Cette rencontre peut aussi avoir été médiatisée par la maladie d’un proche, généralement les grands-parents, ou bien par la naissance d’un frère ou d’une sœur prématurée, comme c’était le cas d’une des candidates précédentes (cf. supra. 2.2, p.75 [C4, Jury 2, IFSI de Voulin]). Dans leur mise en intrigue les candidates peuvent mêler différents registres de justification. Un candidat, âgé de trente trois ans, détenteur d’un master II en sciences politiques et ayant travaillé pendant six ans en tant que pigiste, explique son choix de réorientation :

Je ne me destinais pas à ça en première intention, après mes études supérieures. Mais petit à petit j’ai été attiré par la santé. C’est un atavisme. Au lycée j’en-visageais de faire médecine, ou autre chose dans le domaine, mais les maths ont eu raison de moi. Mais j’ai toujours eu ça en moi. [Il rit.] J’ai jamais été mal à l’aise à l’hôpital. J’ai eu une expérience de brancardier dans différents hôpitaux, aux urgences, au bloc pour remonter les patients. C’est un souvenir fort, c’est plus qu’un simple boulot d’été.

(Notes de terrain, Candidat 6, Jury 3, IFSI de Pantun) La rencontre avec le métier peut aussi être l’objet d’une démarche volontaire au moment des choix d’orientation. Une candidate raconte qu’elle a rencontré la profession sur un salon de l’orientation :

Je suis dans une filière scientifique, spécialité SVT. À la base je voulais être sage-femme, et puis je suis allée à la nuit de l’orientation. Et quand j’ai dit que je voulais avoir un côté relationnel avec les parents, les patients et les proches, on m’a plus orienté vers infirmière puéricultrice. L’an dernier j’ai fait un TPE sur les prématurés, et donc j’ai pu faire un stage en néonat[ologie]. J’ai vu des préma et des professionnels.

(Notes de terrain, Candidate 2, Jury 9, IFSI de Pantun) D’autres ont pu mettre à profit leurs réseaux de relations amicaux et familiaux pour discuter avec des professionnelles, comme cette étudiante que nous avons rencontrée :

Pour les oraux du concours j’ai rencontré plein de professionnels infirmiers ou cadres pour vraiment me, voir si ce que je pensais du métier c’était la bonne vision.

Les infirmières lui ont « parlé de ce qu’elles faisaient ». Ces démarches font partie de la préparation au concours. Ils leur parlent alors de leur quotidien et leur donnent des anecdotes basées sur des situations concrètes de soin. Toutes les étudiantes que nous avons rencontrées, nous ont raconté qu’elles avaient pris le temps de rencontrer des profession-nelles ou, a minima, des étudiantes déjà en formation. Les candidates mettent donc en place des stratégies pour approcher le métier. Les stages d’observations ou les expériences pro-fessionnelles en font partie. Elles sont un moyen privilégié pour mieux connaître le métier. C’est ce que nous explique Agathe, une étudiante en première année qui a dû passer une deuxième fois le concours d’entrée en IFSI :

[La première fois] à l’oral à Frongy, je me suis faite recaler... comme une merde. [Elle rit.] J’étais trop jeune, j’avais pas la tête sur les épaules. Je savais pas où j’allais. J’avais aucune connaissance du métier. Ce qui, un an après, quand j’ai repassé les concours avec l’expérience que j’avais acquise en plus, m’a été beaucoup plus évident à digérer. Parce que je me suis rendue compte qu’en un an, j’avais pu voir énormément de choses. [...] en fait, c’est en sortant de ce stage [auprès d’une infirmière libérale, stage qu’elle a réalisé pendant son année de préparation au concours] que je me suis rendue compte que j’avais vraiment une fausse idée du métier à la base. Et que en fait, j’ai... plus aimé ce que j’ai vu en stage, avec donc une infirmière libérale, que ce dont j’avais la... l’impression avant. C’était, c’était totalement différent, enfin ça n’avait strictement rien à voir en fait.

(Agathe, étudiante depuis cinq mois et demi, IFSI de Voulin, promotion 2012-2015)

Toutes ces expériences permettraient de débuter un travail d’appropriation des normes professionnelles par anticipation. Ainsi, comme pour les femmes policiers, la formation débuterait dès la préparation au concours (Pruvost 2007, pp. 50-58). Cependant, la diversité des stratégies utilisées par les candidates interroge. Dans le contexte de l’épreuve orale – qui ne consiste pas à recruter les « meilleures » candidates, mais à éliminer les « moins bonnes » – existe-t-il des stratégies qui sont moins efficaces pour convaincre les membres du jury ?

4.3.2 Incapacité des candidates à s’approprier les « normes » profes-sionnelles

Nous allons voir dans cette dernière partie que ce n’est pas la mise en intrigue en elle-même – ni la stratégie qui la soutient – qui est évaluée par les cadres de santé. Des mises en intrigue similaires ne donnent pas obligatoirement les mêmes résultats.

Présenter la rencontre avec la profession par le biais d’un proche, par exemple, peut mener à l’admission, comme l’élimination de la candidate. Ainsi, l’une des candidates explique que sa grand-mère a eu un cancer et qu’elle allait souvent la voir pour l’aider lorsqu’elle était malade. Lors de l’élaboration du jugement, les membres du jury diront qu’elle a déjà été confrontée à la maladie « avec sa grand-mère, elle sait ce que c’est »40. Mais si connaître un malade suffit à souligner une proximité avec le métier, dans ce cas tout le monde pourrait être recruté. Pourtant ce n’est pas le cas. Cette autre candidate, diplômée d’un Brevet de Technicien Supérieur en commerce international, a travaillé dans le marketing pendant plus d’une quinzaine d’année. Elle explique qu’elle a rencontré le métier par l’intermédiaire de soins qu’elle a administrés à ses proches : sa fille est née prématurée, sa mère a eu un accident vasculaire cérébral. Les cadres de santé expliqueront que le problème vient de ses motivations :

Cadre formateur « Elle ne m’a pas convaincu... à part qu’elle a beaucoup d’admiration... elle a fait peu de stages et son projet de travailler au bloc est construit à travers des émissions de télévision... »

Cadre d’unité « Et le projet de puéricultrice est clairement lié à son vécu... » Cette candidate obtiendra la note éliminatoire de 9.

(Notes de terrain, candidate 5, jury 6, IFSI de Pantun) Pour certaines candidates, souligner sa proximité avec le métier à travers son milieu familial, cela peut-être un atout, pour d’autres cela ne suffit pas. Une cadre formatrice dira ainsi d’une candidate qu’elle « connaît le métier avec sa maman »41 qui est infir-mière. Tandis que pour une candidate qui explique que sa mère et sa grand-mère ont été respectivement cadre de santé et infirmière, la cadre formatrice explique que cette filiation « l’amène à ça », que « c’est une suite logique », mais qu’elle « manque de conviction »42. De même, si la rencontre avec des professionnelles peut être valorisé, ce n’est pas tou-jours le cas. Par exemple, deux candidates mettent en avant des expériences réalisées avec des infirmières libérales. Pour la première, La cadre d’unité explique qu’ « elle sait ce qu’elle veut [...] elle a son stage avec l’infirmière libérale comme expérience. Son projet est construit. »43. Pour la seconde en revanche, les cadres de santé ne sont pas convaincues :

Cadre d’unité « c’est les infirmières libérales qui lui ont soufflé l’autonomie. Elle manque d’enthousiasme. Même par rapport à la danse ou à l’humanitaire, elle manque d’enthousiasme. »

40. ↑Notes de terrain, candidate 5, jury 1, IFSI de Voulin. 41. ↑Notes de terrain, candidate 1, jury 2, IFSI de Voulin 42. ↑Notes de terrain, Jury 1, Candidate 3, IFSI de Voulin. 43. ↑Notes de terrain, candidate 1, jury 9, IFSI de Pantun.

Cadre formatrice « on la sent pas vibrer dans son projet. » La candidate obtiendra la note éliminatoire de 8.

(Notes de terrain, candidate 3, jury 2, IFSI de Voulin)

Peu importe, in fine, que les candidates aient effectivement rencontré des profession-nelles ou non ; peu importe qu’elles aient effectivement mis en place des stratégies avant le concours. L’évaluation ne porte pas sur cela. D’ailleurs, lorsqu’une candidate est admise – elle obtiendra la note de 16/20 – la rencontre avec le métier est supposée par la cadre d’unité, alors même que la candidate n’en a pas parlé :

« elle a plus de capacités à imaginer la journée que l’autre. Elle a dû échanger avec des gens qu’elle a rencontrés. »

(Notes de terrain, candidate 2, jury 4, IFSI de Voulin)

Ce qui compte pour les cadres de santé – plus que d’évaluer la proximité effective des candidates avec le métier – c’est d’éliminer les candidates qui n’ont pas débuté, a minima, une appropriation des normes professionnelles. C’est cela qui est apprécié à travers la mise en intrigue, et plus généralement lors de l’ensemble de l’épreuve orale. Les candidates qui sont éliminées sont celles qui n’ont pas réalisé l’appropriation des normes professionnelles. Par exemple, lorsque les membres du jury questionnent une candidate sur sa connaissance du métier, notamment par rapport aux contraintes :

Cadre d’unité « Et par rapport au travail de nuit et les week-ends ? » Candidate 1 « Ça me gène pas parce que j’ai pas de vie familiale, mais après ça gène peut-être plus. C’est pour ça que je veux être infirmière puéricultrice en crèche, c’est des horaires fixes et il n’y a pas de nuits, ni de week-ends ».

(Notes de terrain, Jury 6, Candidate 1, IFSI de Pantun)

Les membres du jury émettent un avis défavorable à propos de cette candidature. Ils inscrivent dans l’argumentaire que la candidate devrait plutôt devenir animatrice, auxiliaire de puériculture ou professeure des écoles. Pour les cadres de santé, la norme professionnelle de disponibilité horaire n’a pas été intégrée par la candidate. L’une des premières remarques du jury sera d’ailleurs de dire qu’elle veut « une petite vie, sans contraintes ». Ce qui n’est pas acceptable. Aspirer à devenir infirmière, suppose d’avoir conscience des horaires contraignants – qui sont la norme dans la profession – et de les accepter. Les cadres de santé cherchent à recruter des étudiantes qui, une fois diplômées, pourront être amenées à exercer partout, et pas uniquement dans des postes aux horaires très particuliers.

Une autre configuration montre bien cette nécessité de s’approprier les normes profes-sionnelles. C’est celle des candidates qui se sont orientées vers des études de médecine dans un premier choix et qui passent le concours d’infirmière dans un deuxième temps, à la suite d’un échec. Prenons le cas d’un candidat et d’une candidate, auditionnés par le même jury. Tous deux ont suivi leur première année de médecine jusqu’à son terme et n’ont pas été retenu dans le classement final. Le candidat présente son parcours comme orienté vers le domaine de la santé. Suite à son échec en médecine il a rencontré des infirmières et s’est inscrit dans une préparation au concours. Il a alors réalisé un stage dans une maison de retraite. Il raconte :

J’appréhendais [le travail en maison de retraite], mais je me suis occupé de personnes âgées, hommes et femmes, avec leur autorisation. Et j’ai vu que la toilette c’est un soin. Les personnes en ont besoin et il faut leur prodiguer. Les corps sont tous fait pareil, enfin on a tous les mêmes membres. J’ai fait seul la toilette d’une dame qui était un peu démente, c’était une expérience difficile mais qui m’a beaucoup apporté. On travaille dans la douleur et la souffrance. Mais en même temps il y a des ateliers l’après-midi en maison de retraite ou en centre de rééducation. [...] Prodiguer des soins c’est gratifiant, mais on a peu de reconnaissance dans les médias. Sur le site infirmier.com j’avais lu un article qui disait qu’on n’était pas infirmier pour le statut.

Les membres du jury ont attribué à ce candidat la note de 17/20.

(Notes de terrain, candidat 2, jury 5, IFSI de Voulin)».

Le candidat explique qu’il a été surpris par la difficulté physique et le rythme du travail des soignantes dont il a partagé le quotidien. Les membres du jury remarquent qu’il est conscient des difficultés. La cadre formatrice dira qu’il « a été mis dans le bain. On lui a pas fait de cadeau ». Cette expérience a été bénéfique dans la mesure où elle a permis au candidat d’assimiler une norme professionnelle très importante, surtout au vu de son parcours : lorsque l’on est infirmier, il ne faut pas attendre une reconnaissance institutionnelle. Dans ce métier la reconnaissance vient avant tout des patients et finalement assez peu du salaire ou de l’image de la profession, contrairement à la profession de médecin. À l’inverse, la candidate issue elle aussi de médecine, n’a pas su montrer qu’elle avait intégré cette norme professionnelle. Lorsqu’elle est questionnée sur les avantages et les inconvénients du métier, elle explique :

Candidate 5 [C5] « Les inconvénients ce sont les horaires, et puis le fait d’être toujours debout, il faut avoir de l’endurance, être solide psychologique. L’avantage c’est qu’on est bien rémunéré. »

C5 « On peut évoluer vite. J’ai posé la question à des étudiants en soins in-firmiers. Ma sœur [qui est étudiante infirmière] gagne de plus en plus. Et puis l’argent n’est pas un problème. Ce qui me plaît c’est le contact avec les autres, les écouter. [...] Et puis on peut évoluer dans la carrière, et faire par exemple infirmier anesthésiste ou au bloc opératoire. »

CF « [...] Pourquoi vous avez envie d’être infirmière, autre que pour la recon-naissance et pour pouvoir progresser ? »

(Notes de terrain, Jury 5, Candidate 5, IFSI de Voulin) La candidate répète que ce qui est important c’est le « contact avec le patient ». Toutefois cela ne suffit pas à convaincre les cadres de santé. La cadre formatrice conclura lors de la délibération :

Elle est pas persuadée qu’elle veut être infirmière. C’est un métier difficile. Elle est beaucoup dans la progression et la reconnaissance sociale. Elle devrait retravailler son projet.

A l’issue de la délibération, la candidate obtiendra la note éliminatoire de 8,5/20.

(Notes de terrain, Jury 5, Candidate 5, IFSI de Voulin)

Dans les deux cas, les cadres de santé insistent sur la difficulté du métier ainsi que sur la nécessité pour les candidats de ne pas trop attendre de reconnaissance sociale ou économique. Cette nécessité est valable pour tous les candidats, mais elle est particulière-ment saillante chez les ex-étudiants de première année de médecine. Ces derniers sont toujours suspectés d’être là « par défaut », comme nous l’explique la cadre supérieure chargée de l’organisation du concours à l’IFSI de Voulin :

Ça nous pose plus de questions quand c’est des étudiants qui avaient le pro-jet par exemple d’être médecins. Et qui ont commencé des études de médecine – alors on sait bien la problématique du nombre de places des étudiants de médecine – qui arrivent à l’institut par dépit. Parce que en fin de compte, ils sont dans les reçus/collés de médecine. C’est-à-dire qu’ils ont la moyenne, ils pourraient continuer à poursuivre les études de médecine, mais ils ne sont pas dans le numerus clausus. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas une note suffisamment haute qui leur permettrait de continuer. Et là, on est beaucoup plus vigilants parce que c’est très très difficile. Le métier n’est pas du tout le même et ils sont toujours dans le regret de. Donc il faut vraiment qu’ils puissent nous montrer qu’ils en ont fait le deuil de cette, de ce métier. Puisque à l’heure actuelle il existe pas encore de passerelle entre le métier d’infirmier et, enfin entre être infirmier et être en formation médicale. [...] On est un petit peu vigilants. [...] Donc voilà il faut, tous les étudiants qui ne sont pas reçus en... en médecine, il y en a certains ils font de très bons infirmiers.

Les ex-étudiantes de médecine doivent être conscients qu’exercer en tant qu’infirmière