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2.4 La chambre d’interaction

2.4.2 Les sources d’élargissement expérimentales

Plusieurs facteurs peuvent entraîner une baisse de résolution énergétique lors d’une expérience de photodétachement. L’objectif de la section est de déterminer les ordres de

grandeur du flou engendré par ces facteurs.

Élargissement Doppler et temps de transit L’écart à l’orthogonalité entre le laser et le jet d’ions lors de leur interaction engendre un décalage, par effet Doppler, de l’énergie des photons perçue par les ions. Ce phénomène, couplé à la divergence du laser et à la distribution en vitesses des ions, génère un flou.

Soient (R) le référentiel lié au laboratoire et (R’) le référentiel lié au jet d’ions, on choisit leur orientation de telle sorte que leurs axes Ox et Ox0 soient parallèles l’un à

l’autre. (R’) étant lié au jet, il est en translation uniforme par rapport à (R) à la vitesse

~vions (dirigée selon Ox, cf. figure 2.7). L’axe Oz (Oz0) selon lequel se propage le faisceau laser sera assimilé à l’horizontale dans le cas du photodétachement de H (partie I, et à la verticale dans le cas de la microscopie de photodétachement, partie II).

(R')

v

ions

x'

z'

(R)

z

x

θ θ

L

α

α

max

jet d'ions

laser

Figure 2.7 –Schéma de l’intersection du jet d’ions avec un faisceau laser gaussien. θLest l’angle entre le jet d’ions et l’axe de symétrie du laser. La divergence du faisceau laser est donnée par l’angle αmax. Ces angles ont été exagérés pour plus de clarté.

Les effets relativistes peuvent ici être complètement négligés. L’expression donnant l’énergie des photons perçue par les ions en fonction de l’énergie dans le référentiel du laboratoire est :

Eions = Elab(1 − βioncos θ), (2.1)

où Elab est l’énergie d’un photon dans le référentiel du laboratoire et Eions l’énergie du même photon dans le référentiel des ions et βions = vions

c .

D’après la figure 2.7, l’angle θ entre l’axe des x et le vecteur d’onde du photon d’énergie

Eions peut s’exprimer en fonction de α selon la relation :

θL est l’angle entre le jet d’ions et l’axe de symétrie du laser. Étant donné la configuration de notre expérience (cf. sous-section 2.4.1), θL ne peut s’écarter de l’angle droit de plus d’un angle de arctan

d L



' 1,4°.

Dans notre expérience, l’intersection laser/jet est quasi orthogonale, de plus l’angle d’ouverture du laser est relativement faible. On peut donc considérer l’approximation des petits angles et écrire au premier ordre la dispersion (demi-largeur à 1

e2) en énergie ∆Eions

en fonction de αmax :

∆Eions = Elabβionsαmax. (2.3)

La divergence d’un faisceau gaussien s’écrit dans l’approximation des petits angles :

αmaxλ

πw0, avec λ la longueur d’onde et w0 son waist. On peut réexprimer l’équation 2.3 en fonction de ces paramètres :

∆Eions = vionsλ

πcw0 Elab, (2.4)

ou en nombre d’onde :

∆σions = vions

πcw0. (2.5)

On trace sur la figure 2.8 l’évolution de la dispersion ∆Eions en fonction du waist du laser dans le cas d’un jet d’ions d’oxygène se déplaçant à 120 km/s (énergie cinétique de 1200 eV) que l’on photodétache juste au-dessus du seuil 2P3/23 P2 à 848,54 nm.

Pour un waist de 500 µm, la dispersion en énergie due à la divergence du laser est donc de 0,0026 cm−1 (soit 2,6 mk2).

L’élargissement Doppler trouve son origine dans la dispersion angulaire des vecteurs d’onde de l’onde laser, causée par la finitude de son extension spatiale (diffraction). La distribution des vecteurs d’onde kx dans la direction du jet d’ions est donnée par la trans-formée de Fourier de la distribution d’amplitude (gaussienne) :

TF[ew2x2

0] ∝ ew20k2x

4 . (2.6)

La distribution d’intensité le long de l’échelle des vecteurs d’ondes est donc proportionnelle

Figure 2.8 – Évolution de la dispersion énergétique ∆Eions (en cm1) due à la divergence

du faisceau laser (effet Doppler) en fonction du waist w0 du faisceau laser au niveau de la zone d’interaction (en µm).

au facteur ew20k2x

2 .

La dispersion Doppler du vecteur d’onde δkions = δ(k0

x− kx) où k0

x est le vecteur d’onde

kx vu dans le référentiel des ions, est liée à la vitesse vions des ions par la formule Doppler habituelle (cf. equation 2.1, avec θ = 0). L’élargissement est donné, en nombre d’onde, par : δσions = δkxvions 2πc = vions πcw0. (2.7) δkx est la demi-largeur à 1

e2 (le waist) de la distribution d’intensité. On retrouve l’équa-tion 2.5 obtenue à partir de la géométrie du faisceau diffracté.

Cet élargissement peut aussi être considéré comme étant dû au temps de transit fini des ions dans le faisceau laser.

L’amplitude de l’onde laser perçue par les ions est, en raison de leur mouvement, propor-tionnelle à e

v2 ionst2

w2

0 . Le carré de la transformée de Fourier de cette distribution temporelle d’amplitude donne accès à la forme de la distribution de la densité spectrale de puissance :

TF[e v2ionst2 w2 0 ]2 ∝ e w20ω2 2v2 ions. (2.8)

ω est la pulsation de l’onde laser.

La mi-largeur (le waist) de cette distribution correspond à l’élargissement énergétique (nombre d’onde) :

δσions = vions

πcw0. (2.9)

À nouveau, on retrouve l’équation 2.5.

L’élargissement spectral par réduction du waist peut donc s’interpréter comme de l’élar-gissement Doppler (cf. supra) ou comme de l’élarl’élar-gissement par temps de transit (les deux étant liés par la diffraction) [BDG01].

Élargissement Doppler dû à la dispersion en vitesse des ions Le fait que le jet d’ions ne soit pas parfaitement collimaté et monocinétique est également à l’origine d’une perte de résolution énergétique. Supposons que le faisceau laser intersecte orthogonalement le jet d’ions (angle θ nul). Soit ψ la divergence (écart à la collimation) du jet d’ions, le décalage Doppler s’écrit (cf. équation 2.1) :

Eions= Elab 1 + vionssin ψ

c

!

. (2.10)

Si maintenant on tient compte du caractère polycinétique du jet d’ions, l’élargissement Doppler s’écrit :

∆Eions = Elab

(vions+ ∆vions)sin ψ

c . (2.11)

Le calcul donne pour une divergence de 1 mrad et pour une dispersion en vitesse de 1 % (qui est négligeable car correspond à 1 % de l’élargissement total, ici 0,047 mk par mrad de divergence dans l’approximation des petits angles) un élargissement de 0,0047 cm−1

(soit 4,7 mk). Nous avons intérêt à limiter au maximum la divergence du jet d’ions. Pour le calcul, on a pris une vitesse de 120 km/s (vitesse d’un ion O de 1,2 keV d’énergie cinétique).

Largeur spectrale du laser La largeur spectrale du laser peut jouer évidemment un rôle premier dans la perte de résolution énergétique. Le laser continu monomode Ti:Sa (MBR 110) que l’on utilise, possède un spectre relativement fin < 100 kHz (3.10−6 cm−1). La comparaison avec les autres sources d’élargissement (élargissement Doppler) montre que l’élargissement spectral du laser est complètement négligeable.

Il faut également considérer les dérives fréquentielles lentes, dues notamment aux changements de températures de la salle d’expérience. Typiquement, ces dérives sont de 20 MHz/h pour notre système (estimation in situ). Une mesure qui s’étale sur quelques minutes connaît une dérive maximale de la fréquence de quelques MHz. La perte de réso-lution due à ce phénomène est donc également négligeable (0,33 mk pour une déviation de 10 MHz).