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Chapitre 5 : Synthèse des résultats et discussion

5.1. Synthèse des résultats des articles

5.1.1. Les rôles infirmiers versus les rôles des médecins

Selon Blondon et al. (2017), il existe une mauvaise connaissance du rôle des infirmières par les médecins, ce qui implique pour ces dernières un manque de confiance en soi pouvant altérer l’interprofessionnalité. Le raisonnement diagnostic diffère entre les médecins et les infirmières. Les

médecins utilisent un raisonnement hypothétique, en mettant fortement l’accent sur l’étiologie, alors que les infirmières posent des diagnostics cliniques basés sur la physiologie. Les médecins ne s’attendaient pas à ce que les infirmières veuillent contribuer au processus de raisonnement et certaines infirmières ont estimé qu’elles n’étaient pas les exécutrices des décisions des médecins.

D’après Anderson et al. (2016), qui se sont penchés sur l’évaluation des points de vues des infirmières sur leur participation à la communication sur les soins palliatifs, du niveau de confiance dans les tâches de communication et des obstacles que celles-ci perçoivent à leur participation aux discussions lors du passage de soins curatifs aux soins palliatifs, les infirmières ont déclaré être très confiantes lors des discussions avec la famille et les patients sur les besoins d’information concernant la pathologie et les traitements. C’est ce qu’éclaire la théorie de Benner et al. (2011), définissant le concept « penser en action », qui est relié directement aux réponses à donner aux patients et aux familles, ainsi qu’aux demandes qu’implique une situation changeante. De plus, d’après Flannery, Ramjan & Peters (2016), les infirmières sont les professionnelles qui passent le plus de temps auprès des patients et se trouvent dans une position unique car la famille et/ou le patient discutent souvent avec elles de leurs souhaits quant à la fin de vie notamment. C’est également ce que soutiennent Festic, Wilson, Gajic, Divertie, & Rabatin (2012), lorsqu’ils disent que les infirmières passent plus de temps avec les patients et

peuvent être réellement plus conscientes de leur souffrance. Cela rejoint une des hypothèses de la théorie de Ruland et Moore (1998) qui affirme que la famille est une partie importante des soins de fin de vie. Néanmoins, les médecins et les infirmières perçoivent que ces dernières ont une participation minimale, voire inexistante, à la prise de décision en fin de vie.

Selon Matziou et al. (2014), les infirmières ont fait remarquer que les médecins étaient moins explicites, précis et réalistes quant au pronostic et qu’ils utilisaient des termes médicaux, ne restaient pas avec le patient et évitaient la famille. En outre, les médecins ont permis aux infirmières de clarifier les détails, mais ont ignoré leurs opinions. De plus, d’après Flannery, Ramjan, & Peters (2016), les médecins dirigent le processus décisionnel de la fin de vie, cependant les décisions médicales unilatérales sont inappropriées et devraient toujours inclure toutes les parties prenantes clés telles que les infirmières, ainsi que le patient lui-même et les membres de sa famille proche ou son représentant thérapeutique. Malgré cela, la littérature indique que les infirmières ne font pas partie intégrante du processus décisionnel de fin de vie et sont parfois exclues du processus de prise de décision. Latour, Fulbrook et Albarran (2005), indiquent que l’inclusion incohérente des infirmières dans les discussions de fin de vie entraîne un manque d’uniformité et une ambiguïté du rôle des infirmières. De plus dans une étude qualitative menée aux Etats-Unis dans une unité de soins intensifs, les infirmières ont toutes convenues que le médecin-traitant était la personne appropriée pour prendre les décisions de fin

de vie, en tant que responsable des soins du patient, alors que les infirmières étaient considérées comme les plus susceptibles de reconnaître le point où le traitement du patient devenait futile. En effet, Breier-Mackie (2001) a suggéré que les infirmières jouent un rôle crucial dans l’intégration de l’autonomie du patient dans le discours éthique portant sur une chimiothérapie agressive futile pour le traitement du myélome. Selon la quatrième hypothèse de la théorie de Ruland et Moore (1998), le but des soins de fin de vie n’est pas d’avoir le traitement le meilleur possible ou le plus technologiquement avancé qui est un type de soins qui rejoint souvent le problème du surtraitement. En revanche, Goodman (2003) a suggéré que, dans des décisions éthiques et difficiles, la voix de l’infirmière est absente, insinuant la possibilité que les infirmières soient réduites au silence par des limites professionnelles, légales ou par un manque de confiance.

Selon Tariman & Szubski (2015), les infirmières fournissent un soutien psychologique essentiel aux patients et aux familles tout au long du continuum des soins contre le cancer. Pendant l’administration de la chimiothérapie, les infirmières sont impliquées dans l’évaluation, la surveillance et la prise en charge des symptômes. En conclusion, les auteurs ont créé un modèle qui montre le rôle évolutif de l’infirmière depuis les rôles antérieurs de l’éducation et du plaidoyer des patients jusqu’aux rôles les plus récents dans l’évaluation, la surveillance et la gestion des symptômes. Les infirmières doivent bien connaître leur rôle professionnel dans la prise de décision en matière de

traitement du cancer, comprendre et surmonter les obstacles à l’actualisation de leur rôle et utiliser des interventions fondées sur des données probantes qui peuvent réduire l’incertitude des décisions des patients. Ceci est éclairé par la théorie de Ruland et Moore (1998), pour qui le rôle de l’infirmière est d’évaluer et d’interpréter les indices qui reflètent les expériences de fin de vie de la personne et intervient de manière appropriée pour atteindre ou maintenir une expérience paisible. Cela est également soutenu par la théorie de Benner et al. (2011), dont le concept « jugement clinique » se réfère à la façon dont les infirmières en viennent à comprendre les problèmes, les questions, les préoccupations des patients, à obtenir les informations essentielles et à y répondre avec implication et intérêt.