• Aucun résultat trouvé

Chapitre 5 : Synthèse des résultats et discussion

5.1. Synthèse des résultats des articles

5.1.3. L’expérience, l’expertise et la formation

Anderson et al. (2016), dit que l’obstacle le plus souvent cité à la participation des infirmières aux discussions avec les familles et les médecins

sur le pronostic des patients, les objectifs de soins et les soins palliatifs est un besoin accru de formations. C’est également ce que soutiennent Selman et al. (2016) après avoir réalisé leur étude sur l’introduction d’un cours sur les soins de fin de vie, lorsqu’ils affirment que la majorité des participants ont dit qu’ils recommanderaient le cours et qu’il influencerait leur pratique positivement, cette formation ayant amélioré la confiance, les compétences et les connaissances sur les soins de fin de vie. Dans leur étude sur l’introduction d’un cours sur les soins de fin de vie et dans le but d’évaluer la confiance en soi, les compétences et les connaissances des infirmières et des médecins, Selman et al. (2016) affirment que la confiance, les compétences et les connaissances des participants étaient améliorées, en particulier dans la communication avec les patients, les familles et les collègues, après l’achèvement du cours. C’est ce qu’éclaire le concept « expérience » de Benner (2012) qui consiste en une démarche active afin d’affiner et changer les théories, les idées, les notions préconçues lors d’une confrontation à une situation réelle. Néanmoins, selon Festic, Wilson, Gajic, Divertie, & Rabatin (2012), les attitudes des médecins et des infirmières, en regard des soins de fin de vie, évoluent avec l’entraînement et l’expérience. Cela peut refléter le fait qu’une des meilleures méthodes d’apprentissage pour prodiguer des soins de fin de vie de qualité est à travers l’expérience. Cela peut aussi refléter le fait qu’un service de soins intensifs est forcé d’apprendre à fournir des soins de fin de vie de qualité à travers l’expérience, car beaucoup de programmes ne contiennent pas d’entraînements de soins de fin de vie et beaucoup de

livres médicaux n’abordent pas le sujet. De plus, selon Broom et al. (2015), le bilan émotionnel des infirmières durant la transition aux soins palliatifs est lié non seulement au rôle infirmier mais aussi aux personnalités individuelles, aux idiosyncrasies et aux stratégies de « survie professionnelle ». Les répercussions émotionnelles sur les soins infirmiers ont également été perçues comme étant attribuables à un manque de préparation aux problèmes palliatifs et de fin de vie dans la formation en soins infirmiers.

D’après Flannery, Ramjan & Peters (2016), par un manque de politique structurée sur les différentes personnes impliquées dans les soins de fin de vie, tous les participants à l’enquête ont convenu que le médecin- traitant est la personne qui initie et dirige les décisions de fin de vie. Les infirmières peuvent participer à ces décisions, mais cela est variable et généralement attribuée au niveau d’expérience de chaque infirmière. De ce fait, les infirmières ayant peu d’expériences sont moins susceptibles d’être impliquées dans les décisions de fin de vie en lien d’une part avec leur réticence quant à leur participation, mais également du fait de la réticence des médecins pour les impliquer dans cette décision de fin de vie. C’est ce qu’éclaire la théorie de Benner (1982) en émettant le fait qu’il y a différents niveaux d’expertise allant de l’infirmière novice à l’infirmière experte, affirmant que cette dernière a une énorme expérience et comprend chaque situation de façon intuitive. Selon Matziou et al. (2014) les années d’expérience antérieures semblent également influencer les opinions. Plus précisément, les infirmières ayant moins

d’expérience (10 ans) ont indiqué que souvent les médecins du département ne les informaient pas correctement et qu’elles étaient plus sceptiques quant à la confiance des médecins dans leur travail. Aussi, les infirmières ayant fait des études supérieures étaient plus disposées à communiquer avec le personnel médical et ont clairement indiqué que les médecins acceptaient leur point de vue sur le processus décisionnel et le traitement. Les médecins plus jeunes ayant moins d’expérience clinique reconnaissent les compétences des infirmières et ont tendance à accepter plus facilement leur opinion sur le traitement et la prise de décision. De plus, selon l’étude de McMillen (2008), des infirmières spécialisées en soins intensif identifient le fait que les infirmières plus expérimentées étaient plus susceptibles d’être incluses dans la prise de décision de la fin de vie par le médecin traitant. Il y a également l’identification de la futilité des soins que les infirmières ont signalée au médecin. Cependant, il s’avère que la participation d’une infirmière dépend de la préférence du médecin, du niveau d’expérience ou de l’ancienneté de l’infirmière au sein de l’équipe. Les médecins quant à eux, émettent le fait que la décision de fin de vie est déclarée en tenant compte des chances de survie du patient, mais également de sa qualité de vie. Ils ont indiqué que leur opinion reposait sur leur propre niveau d’expérience. De plus, dans les recherches de Westphal et McKee (2009), les médecins et les infirmières qui participaient à l’étude ont identifié que les décisions de fin de vie impliquaient les connaissances et les croyances du médecin de soins intensifs en fin de vie. Néanmoins, selon les principaux résultats des entretiens de Forte et coll

(2012), les médecins expérimentés ont tendance à prendre des décisions de fin de vie très similaires, ce qui ne correspond pas aux décisions des médecins moins expérimentés. De plus, les médecins expérimentés ont préféré l’inclusion des infirmières dans le processus de prise de décision en fin de vie, ce qui a créé une approche plus cohésive de la prise de décision et une satisfaction accrue des infirmières et des médecins. Ainsi, il était possible pour les infirmières d’émettre leur point de vue sur la futilité de certains traitements et ainsi de diminuer l’anxiété et la frustration ressentie par ces dernières.