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Chapitre 3 : Concepts et champs disciplinaire infirmiers

3.1. Concepts

3.1.1. Interdisciplinarité

Dans ce présent chapitre, nous allons approfondir le concept d’interprofessionnalité. Pour ce faire, il est important d’éclairer plusieurs notions qui gravitent autour en commençant par différencier ce que sont la pluri et l’interdisciplinarité.

Premièrement, nous pensons nécessaire de définir ce qu’est une discipline. Pour Bayle & Maisch (2014), une discipline est l’ensemble spécifique de connaissances qui a des caractéristiques propres sur le plan de l’enseignement, de la formation, des mécanismes, des méthodes et des manières. Nous considérons une discipline comme une branche de savoirs, propre à chacun. Dans le cas de notre travail de Bachelor, les disciplines concernées sont celles de l’infirmière et celles du médecin, on parle alors de pluridisciplinarité. L’infirmière, tout comme le médecin, ne peut pas travailler seule, elle travaille dans le but de fournir les meilleurs soins possibles au patient, tout comme le médecin; ils travaillent alors dans un but commun. C’est ce que défend Mucchielli (2016) lorsqu’il désigne une équipe comme étant un ensemble de personnes travaillant ensemble, lié par des interrelations, conscientes d’une appartenance au groupe et poursuivant un but commun. C’est là que la notion

d’interdisciplinarité prend tout son sens.

Ensuite, il est important de préciser que la notion de pluridisciplinarité est synonyme à celle de multidisciplinarité. En cherchant l’origine de ce nom, nous pouvons déterminer que le mot « pluri » signifie plusieurs et nous amène donc à dire que plusieurs disciplines travaillent ensemble. Selon le Bulletin officiel de la Société neuchâteloise de médecine (2017), la pluridisciplinarité consiste à aborder un sujet selon des points de vue différents grâce au travail de différents professionnels et de faire coexister plusieurs disciplines sur ce même sujet. Aussi, et toujours selon cette société, jusqu’à maintenant, le médecin semblait être au sommet d’une vision pyramidale de la continuité des soins. Nous comprenons donc qu’il semble y avoir une certaine hiérarchie avec comme personne qui décide le médecin. C’est aussi ce que nous avons pu observer lors de nos expériences dans les soins ainsi que lors de nos entretiens avec les infirmières. Grâce à leurs compétences de plus en plus élargies, les infirmières souhaitent être davantage autonomes et participer à la prise de décision en collaborant de manière égale avec les médecins et en exerçant plus que leur rôle médico-délégué. Aujourd’hui, on tend de plus en plus vers une organisation dite transversale, voire elliptique, avec au centre le patient et tout autour les prestataires de soins (Bulletin officiel de la Société neuchâteloise de médecine, 2017). Selon la psychologue clinicienne Sanson (2006) « la pluridisciplinarité signifiant que plusieurs disciplines ou domaines de recherche sont à l’œuvre et sous-entend donc un partenariat. Ainsi, un long

travail de préparation est à mettre en place, qui inclut tous les membres d’une même équipe ». En allant dans une approche de la pluridisciplinarité plus intime et individuel, Perrenoud (1999) décrit la pluridisciplinarité comme suit: « Le travail en équipe n’est pas une technologie, ni même une méthodologie. Il touche ce qu’il y a de plus profond en chacun, son rapport à soi et à autrui, la peur d’être percé à jour ou phagocyté, la confiance, la dépendance, l’autonomie, le goût du pouvoir, l’envie d’être accepté, reconnu et estimé ». L’essence même du travail en équipe se loge donc au plus profond de nous-mêmes; nous avons tous une certaine personnalité qui nous donne la capacité de prendre une place dans une équipe de soins.

Dans le monde des soins, nous pouvons être amenées à travailler avec différents corps de métiers: des physiothérapeutes, des ergothérapeutes, des diététiciens, des psychologues, des psychomotriciens et d’autres médecins. Il y a donc une notion de pluridisciplinarité importante. Ce qui nous intéresse maintenant, c’est la capacité de ces professionnels à travailler ensemble et surtout dans un but commun qui est la prise en soins du patient. C’est ici que la notion d’interdisciplinarité prend tout son sens. Elle est indispensable pour des soins efficients portés aux différents besoins de la personne soignée. Selon Jalmalv et al. (2008) « l’approche interdisciplinaire des différents membres de l’équipe de soins, infirmière, aide-soignante, médecin, assistante sociale, ergothérapeute, physiothérapeute, aumônier, psychologue, bénévole, et autres, constitue un des moyens les plus efficaces de soigner et

d’accompagner la personne gravement malade et ses proches dans toutes les dimensions de leur souffrance (bio – psycho - sociale et spirituelle) », tout comme pour Jacquemin (2009), l’interdisciplinarité est un processus dans lequel le professionnel développe des compétences en analyse et en synthèse grâce aux forces de plusieurs disciplines dans le but de traiter une problématique dans son ensemble, c’est-à-dire un processus qui traite chaque dimension de la personne, en tenant compte de toutes les relations entre les différentes disciplines concernées. L’expression interdisciplinaire expose donc la dynamique entre les professionnels qui interagissent à partir de leur propre domaine de connaissance. Ceci n’implique pas seulement le fait de démontrer beaucoup de connaissances, mais de les allier par la discussion, afin qu’ils puissent ensemble trouver des solutions adéquates. Selon Bayle & Maisch (2014), « le but de l’interdisciplinarité n’est pas d’éviter les conflits entre les personnes, car il y en aura naturellement. Il s’agit davantage de ne pas oublier que, grâce à eux, la recherche se construit et permet une évolution dans la prise en soins. En réfléchissant ensemble, l’équipe résout des problématiques et s’interroge sur son activité quotidienne. C’est souvent le moment où chacun peut exprimer ses valeurs, ses émotions, sa vision du soin ».

L’interdisciplinarité étant définie, il est désormais intéressant de la coupler avec la collaboration. Le terme collaboration vient du latin cum laborare signifiant « travailler avec ». Pour D’Amour, Sicotte, & Lévy (1999), la collaboration interprofessionnelle désigne un ensemble de relations et

d’interactions qui permettent ou non à des professionnelles de mettre en commun, de partager, leurs connaissances, leur expertise, leur expérience ainsi que leurs habiletés, pour les mettre, de façon concomitante au service et pour le plus grand bien des clients.

Il est donc d’une extrême importance pour chaque discipline de collaborer de manière optimale et en respectant son cahier des charges dans le but de prodiguer des soins de la plus haute qualité possible à la personne soignée. Selon la littérature il existe des obstacles et des facilitateurs à la collaboration. Staffoni et al. (2017) ont déterminé trois facteurs facilitant la collaboration. Le premier est lié aux patients et à leurs pathologies. En effet, les institutions accueillent de plus en plus des patients atteints de pathologies complexes et polymorbides, ce qui a pour effet d’augmenter le stress du personnel et donc d’améliorer la cohésion et le soutien d’équipe. Deuxièmement, il y a le contexte organisationnel. Selon les auteurs précités, la diversité des professions étant en contact dans un service de soins rendrait plus probable la collaboration, car elle peut pousser les divers intervenants à discuter de leurs rôles respectifs. Le troisième est lié au professionnel en lui-même et à ses caractéristiques: le respect, la tolérance, la solidarité, la tolérance, l’empathie, l’humilité, la sagesse, l’ouverture ou encore la capacité d’adaptation. De même, l’ancienneté, et l’expérience accumulée qui lui est associée, apparaît en effet comme un facteur pouvant favoriser la collaboration. En effet, l’expérience solidifie l’expertise, et donc la confiance du professionnel en ses propres

compétences. Au contraire, selon Baldwin (1996), on comprend que les obstacles vont de la dilution de l’identité professionnelle aux différences d’horaires et de routines professionnelles. A cela s’ajoute les différences historiques et culturelles, les rivalités interprofessionnelles et intraprofessionnelles, les différences de langages et de jargon et des niveaux variés de préparation, qualification et statuts. Nous pouvons ajouter à ceci que le manque de connaissance et de reconnaissance des rôles de chacun peut devenir un frein à la collaboration.

En lien avec notre thème sur la fin de vie, nous avons remarqué que le travail en collaboration en fin de vie améliore la satisfaction du patient et de son entourage, le contrôle des symptômes, la diminution des coûts et le respect du patient quant au choix de sa fin de vie (Hearn and Higginson, 1998). Des études sur la collaboration indiquent que partager l’histoire psychosociale du patient contribue à renforcer les liens entre membres de l’équipe (Wittenberg-Lyles, 2005). De plus, discuter de la situation des patients en fin de vie, ensemble et en détail, améliore la compréhension de leur condition de vie et renforce les relations entre les membres d’une équipe (Mahmood-Yousuf, 2008).