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Chapitre 3 : Concepts et champs disciplinaire infirmiers

3.2. Champs disciplinaire infirmier

3.2.1. La théorie de la fin de vie paisible: Cornelia M. Ruland & Shirley

La théorie de la fin de vie paisible est une théorie intermédiaire qui a pour objectif d’être concrète et de s’adresser à un groupe de patients spécifiques qui nécessitent des soins infirmiers particuliers (Alligood, 2010). Elle n’est actuellement pas classée dans une école de pensée.

Présentation des auteurs.

D’après Alligood (2014), Cornelia M. Ruland a obtenu son doctorat en sciences infirmières en 1988 au sein de la Western Reserve University de Cleveland, Ohio. Elle se concentre sur des aspects et des outils de prise de décision partagée dans des situations cliniques lourdes pour les patients confrontés à des décisions difficiles de traitement ou de dépistage pour lesquelles ils ont besoin d’aide afin de comprendre les avantages et les inconvénients potentiels des options alternatives, et sur la gestion ajustée des préférences de la maladie chronique ou aigüe. Shirley M. Moore a obtenu son diplôme en soins infirmiers à l’Université de Kent State (1974) ainsi qu’un doctorat en sciences infirmière à l’Université Case Western Reserve. Elle a enseigné les sciences infirmière et mène un programme de recherche et de

développement théorique qui traite du rétablissement après des événements cardiaques.

Modèles.

Selon Alligood (2014), cette théorie est basée sur deux modèles: le premier est celui de la structure de Donabedian (1988) qui a été développée à partir de la théorie générale du système qui est utilisée pour expliquer la complexité des interactions et des organisations en matière de soins de santé. Dans le cadre de la théorie de la fin de vie paisible, le système est la structure familiale (patient et personnes importantes) qui reçoit des soins de professionnels dans une unité hospitalière de soins de courte durée, ce qui correspond tout à fait à notre choix. Le deuxième se base sur la théorie de la préférence de Brandt (1979). Elle est utilisée pour expliquer et définir la fin de vie. Dans la théorie de la préférence, la qualité de vie est définie comme l’obtention de ce qu’on veut, une approche qui semble particulièrement appropriée dans les soins de fin de vie (Alligood, 2014).

Hypothèses.

Deux hypothèses de la théorie de Ruland et Moore (1998) sont identifiées comme suit:

(1) Les occurrences et les sentiments de l’expérience de fin de vie sont personnels et individualisés.

(2) Les soins infirmiers sont essentiels pour créer une expérience de fin de vie paisible. Les infirmières évaluent et interprètent les indices qui reflètent

l’expérience de fin de vie de la personne et interviennent de manière appropriée pour atteindre ou maintenir une expérience paisible, même lorsque la personne mourante ne peut pas communiquer verbalement.

Deux hypothèses supplémentaires sont implicites:

(3) La famille est une partie importante des soins de fin de vie.

(4) L’objectif des soins de fin de vie n’est pas d’optimiser les soins, dans le sens où le traitement doit être le meilleur, le plus technologiquement avancé; un type de soins qui rejoint souvent le problème du sur-traitement. Au contraire, l’objectif des soins de fin de vie est de maximiser le traitement, c’est-à-dire que les meilleurs soins possibles seront fournis par l’utilisation judicieuse de la technologie et des mesures de confort afin d’améliorer la qualité de vie et de confort.

But.

Cette théorie se centre sur le patient et ses besoins pour une fin de vie paisible. Elle a été développée spécialement pour les patients en phase terminale dans le but d’accroître la qualité des soins de fin de vie (Ruland & Moore, 1998).

Les principaux concepts.

Dans la théorie de la fin de vie paisible, Ruland et Moore ont identifié cinq concepts sur lesquels l’infirmière doit s’appuyer (Alligood, 2014). (1) Ne pas avoir mal (not being in pain):

émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou décrite en termes d’un tel dommage » (International Association for the Study of pain, 1979). Cela englobe la surveillance de la douleur et le soulagement de cette dernière par le biais d’administration de traitement pharmacologique, situation dans laquelle la collaboration entre le médecin et l’infirmière est très importante, mais aussi non pharmacologique.

(2) Expérience de confort (experience of comfort):

Selon Kolcaba (1991), l’expérience du confort est vue comme le soulagement de l’inconfort et tout ce qui fait que la vie est facilitée. L’infirmière prévient les complications, surveille et soulage l’inconfort physique, facilite le repos, la relaxation et le contentement

(3) Expérience de dignité et de respect (experience of dignity and respect):

Il est important que les valeurs personnelles de la personne soient exprimées selon les principes de l’éthique, de l’autonomie et du respect (Ruland & Moore, 1998). En d’autres termes, inclure le patient et ses proches dans la prise de décision et traiter le patient avec dignité, empathie et respect. L’infirmière peut jouer le rôle d’avocate entre les décisions du médecin et celles du patient.

(4) Être en paix (being at peace):

Selon Ruland & Moore (1998), la paix est définie comme étant un sentiment de calme, d’harmonie, de contentement. C’est être libre de l’anxiété,

de l’agitation, des soucis ainsi que de la peur. L’infirmière fournit un soutien émotionnel au patient. Elle va surveiller et répondre à ses besoins. Elle fournira également des conseils aux personnes soignées et aux proches sur des questions pratiques. L’infirmière peut aider le patient à accepter son statut de fin de vie en transmettant au médecin ses observations, mais également, par le biais de la communication, décider d’un commun-accord le passage des soins curatifs aux soins palliatifs.

(5) Proximité des personnes importantes (closeness to significant others):

Il s'agit pour Ruland & Moore de la proximité physique ou émotionnelle qui est exprimée par une relation intime. Cette relation est un sentiment de connexion avec un autre humain qui prend soin de soi (Alligood, 2014). La soignante s’occupe de la peine, des inquiétudes et des questions des proches. Elle facilite les opportunités de proximité familiale car les proches contribuent à l’expérience du patient dans la fin de vie.

Cette théorie traite parfaitement de la fin de vie et intègre les dimensions biologiques, psychologiques, sociales et spirituelles de la personne soignée. Elle prend en compte l’unicité, la singularité, les choix et l’entourage de l’être humain. Dans les différents concepts décrits par Ruland & Moore, nous pouvons traiter de la collaboration entre l’infirmière et le médecin, mais cela nous semble trop faible pour faire des liens concrets entre la discipline infirmière et le concept de l’interdisciplinarité; c’est pourquoi nous avons décidé d’ajouter à notre raisonnement la théorie de Patricia Benner: De novice

à expert.

3.2.2. De novice à expert: Patricia Benner