• Aucun résultat trouvé

Les préfigurations de l’Eucharistie dans l’Écriture Sainte

Dans le document POUVONS-NOUS NOUS PASSER (Page 36-40)

de l’Eucharistie à partir des 3 évangiles synoptiques, saint Matthieu, saint Marc et saint Luc. Enfin, dans une troisième partie, nous essayerons, à par-tir de l’évangile de saint Jean, celui-là même qui a reposé sa tête sur le Cœur de Jésus, de pénétrer les sentiments de notre Seigneur au moment d’instituer le sacrement de son Amour.

I. LESPRÉFIGURATIONSDEL’EUCHARISTIEDANSL’ÉCRITURE SAINTE

ments fondamentaux des sacrements de l’Église, dans lesquels les fruits de la création deviennent des vecteurs de l’intervention de Dieu dans l’histoire, des

« signes », par lesquels il nous fait don de sa proximité particulière.

Le pain, préparé sous sa forme la plus simple avec de l’eau et du fro-ment moulu, et avec l’aide du feu et du travail de l’homme, est la nourriture de base qui appartient aux pauvres comme aux riches, mais tout particuliè-rement aux pauvres. Il exprime la bonté de la création et du Créateur, tout en symbolisant l’humilité de la simple vie quotidienne. En effet, pour avoir du pain, il faut une bonne terre, de l’eau, du soleil, mais il faut aussi beau-coup de travail, certes parfois très laborieux mais surtout très noble au contact de la terre, depuis l’agriculteur qui sème, laboure, moissonne jus-qu’au meunier qui va produire la farine et au boulanger qui va pétrir la pâte et la cuire !

Ainsi, dans l’Ancien Testament, nous trouvons le pain sous deux formes : le pain azyme et la manne.

Les pains azymes (a-zumé = sans levain). Chaque année, les Hébreux mangeaient des pains azymes pendant sept jours pour célébrer la Pâque, c’est-à-dire la libération de l’Égypte. Ce mémorial n’était pas seulement sou-venir mais célébration des merveilles que Dieu a accomplies pour les hommes. Dans cette célébration, les évènements passés sont rendus pré-sents d’une certaine façon.

Si la célébration de la Pâque, permettait d’un certain côté aux juifs de garder leur identité et leurs racines profondes, elle annonçait surtout d’une certaine façon l’éternelle Alliance que Dieu, par son Fils, conclurait avec l’humanité. En effet, la Pâque commémorait un événement du passé, pour mieux comprendre sa signification dans le présent afin de le perpétuer pour les générations à venir. Ainsi, la célébration embrassait à la fois le passé, le présent et le futur, donc l’éternité.

Autre pain préfigurant l’Eucharistie : la manne…

La manne : elle rappelle que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8,3). En effet, c’est par obéissance à la parole de Dieu que le peuple a quitté l’Égypte.

Dans le désert, il aurait dû mourir, mais Dieu est fidèle à Sa Parole et il en-voie la manne. Ainsi, manger la manne rappelle que l’on doit avoir confiance en la Parole de Dieu, c’est-à-dire que l’on doit se nourrir de Sa Parole.

Saint Ambroise parlait de l’Eucharistie aux nouveaux baptisés en la rap-prochant de la manne préfigurant ainsi les biens éternels à venir :

C’est une chose merveilleuse, que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères, et qu’ils aient mangé quotidiennement cet aliment du ciel. De là cette pa-role : L’homme a mangé le pain des anges. Et pourtant, ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Au contraire, cette nourriture que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit la substance de la vie éternelle, et celui qui le mange ne mourra jamais, car c’est le corps du Christ. Examine main-tenant ce qui a le plus de valeur : la manne, pain des anges, ou bien la chair du Christ, laquelle est évidemment le corps qui donne la vie ? La manne d’autrefois venait du ciel, celle d’aujourd’hui est supérieure aux cieux ; celle-là appartenait au ciel, celle-ci au maître du ciel. Celle-là était sujette à la corruption si on la gar-dait pour le lendemain ; celle-ci est indemne de toute corruption, car celui qui la mange avec respect ne peut éprouver la corruption.

La manne ressemble à l’Eucharistie sur deux points : c’est un secours donné par Dieu seul et que l’homme ne peut se procurer lui-même. C’est une nourriture qui peut être quotidienne. La manne est aussi considérée comme figure de la participation aux biens divins dans le monde à venir se-lon les perspectives de l’Apocalypse (Ap 2,17 : « À celui qui vaincra, Je don-nerai de la manne cachée. »)

Dans le Nouveau Testament, deux autres événements annoncent plus directement la signification profonde du pain.

Tout d’abord, la multiplication des pains : Elle préfigure la surabondance du pain eucharistique qui sera donné dans le monde entier. À l’occasion de ce miracle, Jésus enseigne qu’Il sera Lui-même le vrai pain venu du Ciel (su-périeur à la manne), qu’il faudra manger Sa chair et boire Son Sang pour vivre éternellement dans le Royaume (Jn 6,53-55). Puis, lorsqu’on présenta à Jésus la requête de certains Grecs de pouvoir le rencontrer, quelques jours avant sa Passion, il répondit : « En vérité, en vérité je vous le dis, si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). Ainsi, dans le pain fait de grains mou-lus, se cache le mystère de la Passion. La farine, le blé moulu, révèle sym-boliquement que le grain est mort et ressuscité.

Autre élément de préfiguration de l’Eucharistie : le vin…

Le vin, lui, exprime la délicatesse de la création pour l’homme, il nous offre la fête dans laquelle nous dépassons les limites du quotidien : le vin, dit le

Psal-miste, « réjouit le cœur ». Ainsi, le vin et avec lui la vigne sont également de-venus des images du don de l’amour, dans lequel nous pouvons faire dans une certaine mesure l’expérience de la saveur Divine. C’est pourquoi il fait partie des rituels du sabbat, de la pâque et des noces. Pensons aux noces de Cana ! Dans une perspective eschatologique, le vin fait pressentir quelque chose de la fête définitive de Dieu avec l’humanité, qui est l’objet des attentes d’Israël. « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés » (Is 25,6). Unis au Christ en son Corps, le vin devenu Sang du Christ nous renvoie au fruit que nous pouvons et que nous devons porter en tant que sarments (« Je suis la vigne, vous êtes les sarments » nous dira Jésus). Ainsi, comme la goutte d’eau mêlée au vin, nous devons demeurer en Lui pour porter du fruit. Le fruit que le Seigneur attend de nous est l’Amour qui ac-cepte avec lui le mystère de la Croix, l’Amour qui nous fait participer à son don de soi pour devenir la vraie justice qui prépare le monde à la venue de son Règne. En attendant le Royaume de Dieu, Jésus avait annoncé lors du dernier repas en donnant la coupe du vin, qu’Il ne boira plus désormais le fruit de la vigne (Lc 22,18), car ce vin sera celui de Son Sang versé !

Autre moyen de préfiguration de l’Eucharistie : le repas…

B. Le repas

Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le thème du repas revient plu-sieurs fois.

— Le banquet de la Sagesse : saint Cyprien (IIIe siècle) et Origène (IIIe siècle) utilisent le passage des Proverbes décrivant le banquet de la sagesse dans un sens eucharistique (Pr 9,1… 6 : « La sagesse a bâti sa maison, elle a taillé sept colonnes, elle a abattu ses bêtes, préparé son vin, elle a dressé sa table… « Venez, mangez de mon pain, buvez du vin que j’ai préparé ! »)

Le thème du repas exprime l’union avec la divinité. D’une part dans la li-turgie juive : le repas sacré (dont la nourriture vient des sacrifices offerts dans le Temple) était un signe visible de l’appartenance au Peuple de Dieu et de la communion avec Dieu. D’autre part, le repas sacré fait référence à des textes qui décrivent les biens messianiques de la fin des temps nous in-troduisant dans le Royaume pour la béatitude éternelle. Par exemple : Is 25,6 « Et Dieu préparera pour tous les peuples sur cette montagne un

festin de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés. » ; la para-bole des invités (Lc, 14,16-24) ; Lc 22,30 : »Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans Mon Royaume. » ; ou encore Ap 19,9 : « Écris : Heureux les invités au festin de noces de l’Agneau. »

— Le repas pascal : Dans le judaïsme, on le considérait déjà comme une figure du royaume à venir, comme festin messianique (cf. ci-dessus). Le re-pas eucharistique est un chaînon intermédiaire entre le rere-pas re-pascal juif et le banquet messianique éternel. La Pâque juive est mangée dans une mai-son, signe de l’Église. Le repas pascal figure ainsi l’Eucharistie comme sacre-ment de l’unité. L’agneau pascal, lui, est la figure de Jésus immolé ; il montre le lien entre l’Eucharistie et la Passion.

L’Eucharistie, en effet, est bien plus qu’un repas « car elle a coûté une mort » dit le cardinal Ratzinger. Le Seigneur n’a pas pris un simple repas de fraternité avec ses disciples. Si Jésus a pris des repas avec des pêcheurs, ces repas sont aussi considérés comme une préparation de l’Eucharistie par la-quelle nous pouvons recevoir des grâces de purification et de charité pour lutter contre le péché. Attention à ne pas mal interpréter : cela ne signifie pas que l’Eucharistie serait la table des pécheurs à laquelle Jésus prend place, ni que l’Eucharistie serait le geste auquel Il invite sans conditions tous les hommes ! Non, « la dernière Cène de Jésus n’était pas de ces repas qu’il a pris avec les « publicains et les pécheurs ». Il l’a reliée essentielle-ment à la forme de la Pâque qui veut que ce repas soit célébré dans le cadre d’une maisonnée, dans un cadre familial » écrit encore le cardinal Ratzinger. L’Eucharistie n’est donc pas qu’un repas entre amis. Elle est mys-tère d’alliance.

Voyons dès à présent l’institution de l’Eucharistie, son contexte, son ac-complissement et son lieu…

Dans le document POUVONS-NOUS NOUS PASSER (Page 36-40)