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L’institution de l’Eucharistie

Dans le document POUVONS-NOUS NOUS PASSER (Page 40-44)

festin de viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés. » ; la para-bole des invités (Lc, 14,16-24) ; Lc 22,30 : »Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans Mon Royaume. » ; ou encore Ap 19,9 : « Écris : Heureux les invités au festin de noces de l’Agneau. »

— Le repas pascal : Dans le judaïsme, on le considérait déjà comme une figure du royaume à venir, comme festin messianique (cf. ci-dessus). Le re-pas eucharistique est un chaînon intermédiaire entre le rere-pas re-pascal juif et le banquet messianique éternel. La Pâque juive est mangée dans une mai-son, signe de l’Église. Le repas pascal figure ainsi l’Eucharistie comme sacre-ment de l’unité. L’agneau pascal, lui, est la figure de Jésus immolé ; il montre le lien entre l’Eucharistie et la Passion.

L’Eucharistie, en effet, est bien plus qu’un repas « car elle a coûté une mort » dit le cardinal Ratzinger. Le Seigneur n’a pas pris un simple repas de fraternité avec ses disciples. Si Jésus a pris des repas avec des pêcheurs, ces repas sont aussi considérés comme une préparation de l’Eucharistie par la-quelle nous pouvons recevoir des grâces de purification et de charité pour lutter contre le péché. Attention à ne pas mal interpréter : cela ne signifie pas que l’Eucharistie serait la table des pécheurs à laquelle Jésus prend place, ni que l’Eucharistie serait le geste auquel Il invite sans conditions tous les hommes ! Non, « la dernière Cène de Jésus n’était pas de ces repas qu’il a pris avec les « publicains et les pécheurs ». Il l’a reliée essentielle-ment à la forme de la Pâque qui veut que ce repas soit célébré dans le cadre d’une maisonnée, dans un cadre familial » écrit encore le cardinal Ratzinger. L’Eucharistie n’est donc pas qu’un repas entre amis. Elle est mys-tère d’alliance.

Voyons dès à présent l’institution de l’Eucharistie, son contexte, son ac-complissement et son lieu…

Saint Jean, de son côté, rapporte les paroles de Jésus, ce qu’Il annonçait de Lui-même : en effet, dans la synagogue de Capharnaüm préparant ses disciples à l’institution de l’Eucharistie Jésus disait qu’Il était le Pain de vie des-cendu du Ciel, un Pain qui, lorsque mangé, nous apporte la vie éternelle.

Brièvement rappelons-nous les événements qui ont précédé l’institution de l’Eucharistie.

A. Les évènements qui ont précédé l’institution de l’Eucharistie : Jésus a envoyé ses apôtres faire les préparatifs pour manger la Pâque :

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez un tel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples. » (Mt 26,17-19)

Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. À travers cet événement, voyons un appel de Jésus à ses amis, à ses intimes pour participer d’une façon plus profonde à l’œuvre de la Rédemp-tion. Nous devons nous aussi préparer ce monde au retour du Christ dans sa Gloire.

L’annonce de la trahison de Judas :

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il décla-ra : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! (Mt 26,20-25)

À travers cet événement dramatique précédant l’institution d’un si grand mystère, voyons comme un avertissement de Jésus pour nos vies. Nos vies sont sacrées et nous sommes faits pour la vie éternelle. Ainsi nous devons être vigilants et veillez pour ne pas rentrer en tentation et subir l’influence du mal qui veut notre mort.

L’Évangile de saint Jean rapporte, quant à lui, un évènement très impor-tant : le lavement des pieds :

Dans ce geste d’humilité, par lequel se rend visible la totalité du service de Jésus dans sa vie et sa mort, le Seigneur se tient devant nous comme le Serviteur de Dieu, comme celui qui s’est fait pour nous serviteur, et qui porte notre fardeau, nous donnant ainsi la pureté véritable, la capacité de nous approcher de Dieu.

Enfin, saint Jean nous livre le testament de Jésus dans lequel il donne le plus grand des commandements : le commandement de l’Amour, afin d’ins-crire désormais sa Loi dans nos cœurs pour le suivre et vivre de sa vie.

B. Le moment et le lieu

SC10. L’institution de l’Eucharistie a eu lieu au cours de la dernière Cène (cena=souper), au moment de la Pâque. Ce repas rituel que nous avons cité ci-dessus était la mémoire du passé et en même temps cette mémoire était prophétique car elle annonçait une libération future. Pourquoi ? Parce que le peuple qui avait fait l’expérience de la délivrance en Égypte n’était pas une libération définitive, parce que son histoire était encore trop marquée par l’esclavage et par le péché. Le fait que Jésus ait choisi le repas Pascal pour instituer son Eucharistie ouvrait le mémorial de l’antique libération à la question et à l’attente d’une sagesse plus profonde, plus radicale, plus universelle et plus définitive. De plus, rappelons que le repas rituel est lié à l’immolation des agneaux (cf. Ex 12,1-28.43-51). C’est donc dans ce contexte que Jésus introduit la nouveauté de son offrande… En instituant le sacrement de l’Eucharistie, Jésus anticipe et intègre le Sacrifice de la croix et la victoire de la résurrection.

Le lieu : le Cénacle. Les disciples avaient demandé à Jésus où Il voulait manger l’agneau pascal. Jésus leur parla des préparatifs qu’ils devaient faire à Jérusalem, et leur dit qu’ils rencontreraient un homme portant une cruche d’eau. Ils devaient le suivre jusqu’à la maison et lui dire : « Le Maître vous fait savoir que Son temps est proche, et qu’Il veut faire chez toi la Pâque avec Ses disciples » (Mt 26,17-19). Dieu dans sa Providence guide toutes choses pour conduire l’histoire de ce monde à sa fin ultime. Ce n’est pas par hasard que Dieu a choisi le lieu du Cénacle pour instituer l’Eucha-ristie. En effet, nous apprenons grâce aux visions de la bienheureuse Anne-Catherine Emmerick qu’avant la fondation du Temple, l’arche d’alliance (l’arche d’Alliance, le plus sacré des objets religieux israélites, représentait symboliquement la présence de Dieu parmi son peuple. Elle contenait les Tables de la loi) avait été déposée au cénacle pendant quelque temps. Elle y a vu aussi le prophète Malachie (dans la Bible, nous avons le livre de

Ma-lachie), caché sous ces mêmes voûtes : il y écrivit ses prophéties sur le saint-Sacrement et le sacrifice de la Nouvelle Alliance. C’est aussi dans ce même Cénacle, que sera envoyé l’Esprit Saint le jour de Pentecôte, qui mar-quera le début de l’Église.

Jésus enfin institue l’Eucharistie : Mt 26,26-29 « Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction » : les traditions du Nouveau Testament sur l’institution de l’Eucharistie (cf. 1Co 11,23-25 ; Lc 22,14-20 ; Mc 14,22-25 ; Mt 26,26-29), utilisent deux verbes parallèles et complémen-taires pour parler de la prière qui introduit les gestes et les paroles de Jésus sur le pain et sur le vin. Ainsi, Paul et Luc parlent d’eucaristia/action de grâce : il « prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur don-na » (Lc 22,19). Marc et Matthieu, en revanche, soulignent l’aspect d’eulo-gia/bénédiction : il « prit du pain, prononça la bénédiction, le rompit, et le leur donna » (Mc 14,22). Les deux termes grecs eucaristeìn et eulogeìn ren-voient à la berakha juive, c’est-à-dire la grande prière d’action de grâce et de bénédiction de la tradition d’Israël qui inaugurait les grands banquets. La berakha, en effet, est avant tout une action de grâce et de louange qui s’élève à Dieu pour le don reçu : au cours de la Dernière Cène, le don reçu est celui du pain, travaillé à partir du froment que Dieu fait germer et pous-ser en terre, et celui du vin produit à partir du fruit mûri sur les vignes. Ain-si, dans l’Eucharistie, la prière de louange et d’action de grâce qui s’élève vers Dieu, revient comme une bénédiction, qui descend de Dieu sur le don et l’enrichit. Les paroles de l’institution de l’Eucharistie se situent dans ce contexte de prière : en elles, la louange et la bénédiction de la berakha de-viennent une bénédiction et une transformation du pain et du vin dans le Corps et dans le Sang de Jésus.

Il le rompit et le donna à ses disciples : les paroles de l’institution de l’Eu-charistie sont aussi précédées de gestes : celui de rompre le pain, de le donner aux disciples et celui d’offrir le vin. Celui qui fractionne le pain et passe la coupe est avant tout le chef de famille, qui accueille à sa table les parents. Mais ces gestes sont aussi ceux de l’hospitalité, de l’accueil à la communion conviviale de l’étranger, qui ne fait pas partie de la maison (mot co-pain !) Ces mêmes gestes, au cours du repas par lequel Jésus prend congé des siens, acquièrent une profondeur toute nouvelle : Jésus donne un signe visible de l’accueil à la table à laquelle Dieu se donne. Dans le pain et dans le vin, Jésus s’offre et se communique lui-même à une multitude. La dimension universelle du salut est ainsi présente à travers le geste de

rompre et de donner. Ainsi, dès les premiers temps de l’Église (cf. Actes des Apôtres), ce geste « rompre le pain » désignait l’Eucharistie.

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