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Conclusions intermédiaires

III- 3.2. Les peurs

III- 3.2.1. Sur le campus

Sur le campus Saint-Jérôme, vous arrive-t-il d’avoir peur pendant la journée ?

Fréquence Pourcentage Jamais 300 84% Quelquefois 42 12% Souvent 12 3% Toujours 3 1% TOTAL 357 100%

Source : ORDCS, enquête sécurité Saint-Jérôme, 2016.

Tableau 53 : Fréquence des peurs en journée sur le campus Saint-Jérôme en 2016

Au premier regard, près des 4/5e des étudiants interrogés en 2016 ont le sentiment d’être en sécurité lors de ses déplacements sur le campus. Si quelques résidus statistiques montrent une très faible existence d’étudiants quelquefois apeurés, force est de reconnaître que l’environnement du campus semble être propice à une certaine sérénité.

Sur le campus Saint-Jérôme, vous arrive-t-il d’avoir peur le soir (quand vous finissez tard) ?

Fréquence Pourcentage

Jamais 123 35%

Quelquefois 138 38%

Souvent 45 13%

Toujours 30 8%

Ne fréquente pas le campus le

soir 21 6%

TOTAL 357 100%

Source : ORDCS, enquête sécurité Saint-Jérôme, 2016.

Tableau 54 : Fréquence des peurs ressenties en soirée sur le campus Saint-Jérôme en 2016 Comme nous l’avons indiqué pour les deux autres campus, la nuit augmente la fréquence des peurs, période qui est ici appréhendée différemment de la journée par les étudiants de Saint-Jérôme. Le tableau ci-dessus montre en effet que la proportion d’étudiants ayant « quelquefois » peur augmente considérablement, passant de 12% en journée à 38% la nuit. Ce chiffre triple pour les étudiants « souvent » apeurés, et ce, au détriment des personnes « jamais » apeurées dont le taux chute à 35%.

III- 3.2.2. Dans les transports en commun

Avez-vous peur de vous faire agresser ou voler lorsque vous empruntez les transports en commun sur le trajet domicile-université ? Fréquence Pourcentage Jamais 30 19% Quelquefois 99 64% Souvent 6 4% Toujours 9 6% Sans réponse 9 6%

TOTAL des utilisateurs de

transports en commun 156 100%

Source : ORDCS, enquête sécurité Saint-Jérôme, 2016.

Tableau 55 : Fréquence des peurs concernant l’agression ou le vol dans les transports en commun chez les étudiants de Saint-Jérôme en 2016

Premièrement, les étudiants de Saint-Jérôme se rendent à hauteur de 43% sur le campus en transport en commun : le bus et/ou le métro représentent les modes de transports priorisés. Deuxièmement, parmi ces étudiants-là, on peut extraire deux sous-groupes : tout d’abord, ceux qui craignent quelquefois d’être aux prises d’une agression ou d’un vol personnel (64%), puis une part moins conséquente qui se déclarent souvent ou toujours rassurée à ce sujet (19%).

Conclusions intermédiaires

Dans des proportions quasi identiques aux deux premiers campus, les étudiants de Saint-Jérôme relèguent le phénomène de drogue au rang des problèmes négligeables. La conclusion est sans appel, présence de drogue (douce) ou non sur ce campus, les étudiants y sont majoritairement indifférents. Néanmoins, d’autres éléments issus, quant à eux, directement de l’environnement, et même parfois de la responsabilité du doyen du campus, apparaissent. Tout d’abord, les actes de vandalisme demeurent parmi les premiers soucis que les étudiants interrogés dénoncent, et ce pour la moitié d’entre eux. Ensuite, une moitié d’étudiants restent dubitatifs quant à la qualité de l’entretien à la fois des locaux et des espaces extérieurs. La majorité des étudiants déclare que l’éclairage existant leur donne satisfaction, bien que les personnes peu satisfaites subsistent en assez grande proportion.

En analysant de près les peurs ressenties, on conclut sur ce campus comme sur les deux autres à une assez fréquente sérénité des étudiants lorsqu’on se réfère à la période diurne. Pourtant, à la nuit tombée, les étudiants apeurés, à des fréquences diverses, augmentent en termes de pourcentage. Il est intéressant de noter que c’est un campus qui concentre les opinions extrêmes : d’un côté, on retrouve moins d’étudiants ne déclarant aucune peur en soirée (35%), d’un autre côté, ils sont plus nombreux qu’ailleurs à se sentir toujours apeurés. De plus, signalons qu’un nombre proportionnellement plus important d’étudiants déclarent fréquenter le campus le soir. De ce point de vue, on est en droit de se demander pourquoi cette habitude d’être davantage présent en soirée jumelée à la connaissance des lieux impacte négativement le sentiment de sécurité.

Pour finir, près des deux tiers des étudiants de Saint-Jérôme s’inquiètent (de quelquefois à toujours) de se faire voler ou agresser en empruntant les transports en commun (essentiellement le bus). Ce chiffre étonnant doit être couplé avec le pourcentage de personnes se sentant toujours sereines qui peine à grimper à 20%. Il y a sans doute ici un effet quartier nord et l’imaginaire qui l’accompagne, une hypothèse qu’il s’agirait de vérifier.

III- 4. Comparaison générale : que dire du sentiment

d’insécurité chez les étudiants ?

Nous avons soulevé dans cette partie les précautions méthodologiques autorisant à jauger le sentiment d’insécurité dont seule une approche multidimensionnelle semble être en mesure d’offrir des résultats à la fois fiables et exploitables. Pour preuve, les recherches des quarante dernières années ont réussi à mettre en exergue une série d’indicateurs permettant d’approcher ce sentiment. Nous nous sommes appuyés sur ces travaux pour construire notre questionnaire en recherchant les indicateurs les plus pertinents compte tenu de notre terrain particulier qu’est le campus universitaire. Les études françaises concernent essentiellement la population générale ; par conséquent, nous avons adapté nos indicateurs. Nous avons découpé ce sentiment en trois temps, interrogeant séparément la fréquence des peurs diurnes, des peurs nocturnes et des peurs dans les transports sur le trajet domicile-campus. En outre, les résultats obtenus nous ont permis de déterminer la force des liens entre d’une part, les différents éléments environnementaux retenus ou encore la perception de l’atmosphère des lieux – c'est-à-dire nos variables – et, d’autre part, l’expérience de la victimation. Dans une perspective comparatiste, nous avons cherché à mettre en relation les trois campus, examinant les degrés de similitudes.

Dans les trois campus, le sentiment d’insécurité semble relativement faible. Néanmoins, quelques subtilités sont prégnantes. Le premier constat est que le campus Saint-Charles pâtit d’un cumul des visions négatives sur l’environnement quotidien du campus. Concernant la drogue, le constat est clair, les étudiants des trois campus s’accordent sur le fait qu’elle reste un phénomène insignifiant. Sur Saint-Charles, à égalité avec Saint-Jérôme, les étudiants déclarent plus souvent que la drogue est un phénomène important. Doit-on comprendre que la drogue (cannabis, principalement) est plus présente dans les campus implantés en zones très urbanisées ? Nous apporterons par la suite quelques éléments pouvant valider cette supposition. Cette première impression pourra notamment être corroborée par l’hypothèse que des individus « extérieurs » utilisent le campus pour consommer du cannabis (partie III.). Avec une disparité plutôt conséquente, les actes de vandalisme ne sont pas interprétés de la même manière sur les campus. En effet, Saint-Charles est au-dessus du lot avec 3/5e d’étudiants dénonçant le vandalisme et les dégradations comme des phénomènes d’envergure. Puis, Saint-Jérôme arrive en tête concernant la qualité de la propreté et de l’entretien général, suivi de près par les étudiants de Luminy, alors que Saint-Charles est loin derrière. En effet, dans ce dernier campus, on remarque une insatisfaction très nette se dégager. Lorsqu’on s’intéresse à la qualité de l’éclairage, la hiérarchie s’inverse. Luminy est au-dessus du lot, se plaignant d’un manque de luminosité sur le campus avec près de 3/5e d’étudiants peu ou pas satisfaits. On pense ici à la nature environnante (Calanques) – dont nous développerons les spécificités dans les prochains temps – à laquelle s’additionne l’absence partielle de réverbères dans la partie résidence universitaire. La présence d’animaux est sans doute un corollaire ayant pour effet d’accentuer ce manque. Finalement, Saint-Jérôme, talonné par Saint-Charles, est le campus où la qualité de l’éclairage donne le plus de satisfaction aux usagers, mais c’est aussi les deux campus où les lumières de la ville est sont très présentes. Après avoir établi les perceptions des étudiants au sujet de ces

Dans un ordre décroissant, les peurs dans la journée se font les plus souvent présentes à Saint-Jérôme, puis à Saint-Charles et enfin à Luminy. Ici encore, il convient d’interroger la place du campus dans le tissu urbain. Si ces étudiants sont plus fréquemment apeurés en premier lieu sur les campus situés en ville, c'est-à-dire en ville, il serait aussi possible de parler d’un effet de quartier. Nous devrons confronter ces hypothèses avec des matériaux de recherche recueillis par ailleurs. Ensuite, Saint-Jérôme garde la position du campus où les étudiants se disent proportionnellement plus en insécurité à la nuit tombée, même si à un dixième de pourcentage près Luminy passe devant Saint-Charles. Néanmoins, parmi les utilisateurs de transports en commun, les étudiants de Saint-Charles ont déclaré deux fois plus souvent ne pas se sentir rassurés lorsqu’ils les empruntent. Par ailleurs, nous savons qu’ils utilisent ces transports deux fois plus souvent que les étudiants de Luminy.

Si l’on combine nos quatre indicateurs, on peut dire que, premièrement, plus le campus est situé en ville, plus la drogue est perçue comme un phénomène important. Deuxièmement, l’éloignement du campus vis-à-vis du centre-ville a une influence sur la qualité de l’éclairage dont se plaignent en premier lieu les étudiants de Luminy. Troisièmement, l’environnement urbain impacte plutôt négativement la fréquence des peurs des étudiants pendant les périodes diurnes et nocturnes aussi bien que lors de l’utilisation des transports en commun. Dans tous les cas, les peurs fluctuent en fonction de la zone géographique où le campus est inséré.