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Les modèles d'exploitation des ressources renouvelables

Chapitre 3 : Le cadre général de l'exploitation des ressources naturelles marines

B. Les modèles d'exploitation des ressources renouvelables

Selon Faucheux et Noël (1995), les modèles généraux d'exploitation des ressources renouvelables comme le poisson ont évolué dans le temps, notamment depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le modèle du Rendement Maximum Soutenable a été beaucoup utilisé dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale. On appelle Rendement Maximum Soutenable (RMS), « le rendement théorique d’équilibre le plus élevé qui puisse être prélevé de manière continue (en moyenne) sur un stock dans les conditions (moyennes) de milieu existantes sans interférer sensiblement dans le processus de reproduction » (définition de la FAO), c'est-à-dire, le total maximal théorique de capture qui ne mette pas en péril le stock ciblé.

Néanmoins, ce concept n'est plus utilisé parce qu'il surestime généralement le stock exploité et qu'il conduit à un déclin plus ou moins dangereux de la biomasse (FAO, 2003).

Le modèle de Schaefer introduit l'effort de pêche dans sa gestion. L'effort de pêche part du principe que la probabilité de la quantité pêchée est fonction de la taille du stock, en fait, plus le stock de poisson est important, plus on a de chance d’attraper de plus grandes quantités de poissons.

Le modèle statique de Gordon-Schaefer est utilisé dans une situation où le stock est en libre accès. Il est tiré du modèle de Gordon dont la conséquence est l'extinction du stock. Le modèle apporte trois hypothèses supplémentaires qui sont que la ressource est en accès libre, il existe des coûts économiques de la pêche fixes (entretien du navire) ou qui peuvent être proportionnels à l'effort de pêche et enfin, il existe un prix pour le poisson pêché. Ce modèle qui relie le modèle de Gordon et celui de Schaefer tend à montrer que le libre accès de la ressource est inefficace économiquement parce que pour qu'il soit efficace, il faudrait que l'effort de pêche soit suffisamment important pour que celle-ci soit rentable. Dans le cas du libre accès, la surexploitation va conduire à une diminution de l'effort de pêche qui conduit à une augmentation des coûts.

Dans le cas du modèle statique du monopole ou à propriétaire unique de la ressource, le propriétaire cherche alors à maximiser son profit, mais ce modèle statique ne prend pas en compte les adaptations économiques et biologiques et devient donc inutile.

Ensuite, l'analyse dynamique de l'exploitation du poisson par un propriétaire unique permet d'insérer la variation du stock dans l'analyse. On suppose que le prélèvement dépend de l'effort de pêche et de la taille du stock et que le prélèvement, à effort de pêche constant, est dépendant de la taille du stock. Selon l'évolution de la taille du stock et du prix du poisson, il est avantageux de diminuer les prises et d'augmenter la taille du stock ou au contraire, de l'exploiter aujourd'hui, quitte à diminuer sensiblement la taille du stock. Le principal défaut de ce modèle est qu'il ne prend pas en compte les caractéristiques du stock tel que l'âge.

Le modèle Beverton-Holt permet d'intégrer la relation stock-recrutement et prendre en compte la taille du filet et le type d'engin utilisé pour ne pas bousculer le rapport entre les juvéniles et les

poissons les plus vieux. En effet, exercer une surpêche des juvéniles a un impact négatif sur les stocks futurs étant donné que ce sont les futurs géniteurs. Utiliser un maillage minimal afin de n’attraper que les plus gros poissons est généralement la solution la plus efficace pour éviter ce type de perturbation du stock.

Les deux derniers modèles de Reed et Charles introduisent l'incertitude, c'est-à-dire que la variation de la population d'une espèce peut varier aléatoirement. À la différence des modèles déterministes précédents, ces modèles stochastiques prennent en compte l'aléa de la survie de l'espèce indépendamment de la mortalité liée à la pêche. Leurs conséquences sur sa gestion dépendent du taux de croissance de l'espèce, du rapport des coûts fixes (coût du capital) aux coûts variables (coût de l'effort de pêche comme le transport). Dans le cas où le taux de croissance de l'espèce est faible comme c'est le cas de l'Arctique, la capacité optimale stochastique reste inférieure à la capacité optimale déterministe. En fait, si on prend en compte l'incertitude d'un stock, plus le taux de croissance de ce stock est faible, plus la capacité de l'exploitation de ce stock est faible.

Mais d'autres paramètres sont aussi à prendre en compte dans la gestion d'une ressource renouvelable comme le poisson.

Selon le rapport « Coûts de gestion des pêcheries » de l'Organisation de Coopération et Développement Économique (OCDE) (Cox, 2003), il existe une relation entre les coûts de gestion de la pêche et les caractéristiques géographiques qui sont spécifiques dans l'Arctique, mais aussi, les structures des ressources halieutiques, la structure de la flottille, les types d'instrument de gestion et les degrés de conflit entre les pêcheurs concernant l'utilisation des ressources et les prestations des services. Les coûts de gestion sont très importants dans l'Arctique en raison du coût de la navigation, des infrastructures et la recherche scientifique. Les conditions de navigation imposent aux bateaux qui naviguent dans les eaux arctiques, la présence de double-coques. Les infrastructures sont aussi spécifiques à l'Arctique comme la présence de la zone de trafic de l'Arctique canadien ou NORDREG. Ce service assuré par la Garde Côtière canadienne donne aux navires qui entrent dans l'Arctique les informations nécessaires pour naviguer en toute sécurité telle que la présence de glace, les conditions climatiques. Tout navire de plus d'une jauge brute de 300 tonnes ou plus doit informer à NORDREG de son entrée, de sa position et sa sortie de la zone. Ce système permet d'assurer un service d'intervention et de sécurité de navigation aux navires. Mais ce système, dont les équipements sont installés de façon saisonnière à Iqaluit (NU) coûte relativement cher à mettre en place.

Dans la théorie économique de l'exploitation des ressources naturelles, la notion de rareté est un concept important (Goodstein, 2011). En effet, dans le cas d'une pêcherie, les poissons ne sont

généralement pas assez nombreux pour satisfaire tous les pêcheurs, ce qui entraîne l'obligation de faire des choix et d'analyser les différentes alternatives. Un bon choix économique pour un acteur économique n'est pas nécessairement un bon choix économique pour un autre acteur, avec pour conséquences, des conflits d'intérêts (Hackett, 2011). Alors que dans le cas d'une pêche ouverte à tous, la compétition entre les pêcheurs peut avoir un effet dévastateur sur les ressources marines, la mise en place des quotas et des totaux autorisés de capture a permis d'éviter cette compétition, souvent au prix d'une restructuration de l'activité.

3. Le cadre théorique de l'exploitation des ressources biologiques

marines