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Les initiatives originales

1. UN PROJET EDUCATIF A PROPOS DU SIDA

1.2. Evaluation de processus

1.2.2. L'expérience d'animation

1.2.2.1. Phase de sensibilisation

1.2.2.1.2. Les initiatives originales

* Au lycée du Mas de Tesse de Montpellier

Afin d'élaborer un scénario susceptible de toucher les élèves du Mas de Tesse, le groupe vidéo a souhaité d'abord réaliser une enquête auprès des élèves du lycée de manière à sonder leur niveau de connaissance et connaître éventuellement leurs attentes concernant la réalisation du clip.

- Une première démarche a consisté à placer dans l'établissement des "boîtes à idées" en interpellant à partir d'un questionnaire simple, autant les adultes que les adolescents du lycée : Pour vous le sida, c'est quoi ? - si vous deviez faire un clip sur le sida, comment serait-il ? , de quoi parlerait-il et pourquoi ? - donnez vos suggestions.

Ces boîtes à idées sont restées 10 jours dans l'établissement, mais les résultats n'ont rien donné de positif : 3 réponses imprécises montrant le peu d'intérêt des élèves sur la question du sida. - Le groupe a donc décidé d'interroger directement les élèves et les professeurs. Plusieurs réunions ont alors été nécessaires pour réaliser avec toute l'équipe un questionnaire plus élaboré et décider des modalités d'organisation. Le questionnaire a été réalisé à partir des réflexions et des débats très animés au sein du groupe. Après une synthèse qui a permis de dégager les points importants, les élèves ont rédigé le questionnaire d'enquête.

L'enquête réalisée par les élèves de l'atelier a duré une dizaine de jours. Le plus grand nombre possible de personnes a été interrogé, environ 10 % de l'effectif du lycée. Le questionnaire était anonyme mais plusieurs élèves interrogés ont accepté après coup, de participer à des entretiens filmées.

DESCRIPTION DU QUESTIONNAIRE

- Si je te parle du sida, est-ce que cela te choquera, acceptes-tu d'en parler, si non pourquoi ?

- Qu'est-ce que le sida ? - que signifie le sigle ? - Quelle différence fais-tu entre O+ et séropositif ?

- Quelle différence fais-tu entre une personne séropositive au virus HIV et un sidéen ? - Est-ce qu'une personne contaminée par le virus HIV peut contaminer d'autres personnes ?

- Qui peut contracter le sida ?

- Comment peut-on être contaminé ?

- Quels moyens connais-tu pour te prémunir contre l'infection ? - Te sens-tu directement concerné ?

- Quels sont les points les plus difficiles à aborder : avec tes parents, avec les amis ? - De quelle couleur vois-tu le sida ?

- Es-tu optimiste, pessimiste ou indifférent sur l'avenir de l'infection ?

CONCLUSIONS DE L'ENQUETE

- Le sigle sida est assez vague pour la plupart des élèves. Des confusions persistent quant aux différents termes médicaux employés soit en parlant du sida (séropositivité, sidéen, porteur sain), soit en parlant d'autres maladies : MST, maladies infectieuses.

- La contamination hétérosexuelle n'est pas connue de tous.

- La plus grande partie des élèves interrogés pensent que les personnes atteintes représentent toujours un risque de contamination pour les autres, en dehors des rapports sexuels. D'une manière générale, ils ne sont pas indifférents face au problème, mais ne se sentent pas concernés directement.

- 50 % sont optimistes et pensent que la science permettra de résoudre le problème, - 50 % restent plus pessimistes pour l'avenir.

A partir de ces résultats, le groupe vidéo a décidé de monter une exposition pour la préparation de la journée mondiale du sida du 1er décembre 1988 en donnant les résultats de l'enquête, mais aussi en apportant des informations afin de corriger les réponses erronées :

- définition des termes encore mal connus ou incompris - historique du sida,

- aspects biologiques et scientifiques de la maladie,

- ce qui est fait dans le monde pour lutter contre l'infection : prévention, recherche, traitement de la maladie,

- information sur les différents organismes de lutte contre le sida, sur les centres de dépistage,

- en conclusion : l'accent est mis sur le fait que seule la prévention aujourd'hui est un moyen efficace pour lutter contre l'infection.

Des entretiens filmés ont été réalisés à cette occasion et réutilisés pour la préparation du clip. Cette phase de sensibilisation a suscité un questionnement et a motivé un travail de recherche d'informations par le biais de l'enquête qui en fin de compte a impliqué un grand nombre d'élèves, ceux-ci ont ainsi participé indirectement à l'élaboration du scénario. Les élèves de l'atelier encouragés par le succès de l'exposition se sont sentis investis d'une mission de diffusion, ce qui a renforcé leur engagement dans la conception et la réalisation du clip. L'atelier a d'abord constitué un lieu de réflexion sur le thème du sida au lieu d'être un atelier vidéo. Enfin, pendant ce travail de préparation, les élèves n'ont pas demandé à rencontrer des spécialistes, l'essentiel des informations ayant été apportées par les documents mis à leur disposition.

* Au lycée technique et professionnel Joliot Curie

Comme pour le lycée du Mas de Tesse, le groupe vidéo du lycée professionnel Joliot Curie a d'abord souhaité réaliser des enquêtes au sein du lycée en interrogeant d'autres élèves. Mais ici l'utilisation de la vidéo a été immédiate devant la forte demande du groupe. La préparation de ces enquêtes a donc constitué davantage un prétexte à la formation audio-visuelle des participants (technique d'interview, apprentissage, préparation d'un questionnaire, montage), plus qu'une réelle sensibilisation aux problèmes du sida.

Il semble que, devant la difficulté à aborder le sujet donc à en parler, à formuler des questions, le groupe se soit trouver plus à l'aise en situation d'enquêteur. Critiquer les réponses des autres, ou les compléter, permet en effet d'engager plus facilement la discussion en évitant d'être déterminé par ce que l'on dit (on parle des autres, des copains, du professeur, etc…). Ce détour permet, en fin de compte, de susciter un questionnement personnel même si les questions ne sont pas ici directement posées …

Le premier décembre 1988 décrété journée mondiale du sida par l'OMS a constitué le contexte d'un premier tournage à l'extérieur du lycée. Les élèves ont souhaité rencontrer des chercheurs, mais aussi des associations afin de réaliser un reportage à diffuser dans le lycée. Plusieurs réunions de préparation ont permis de mettre au point le programme de la journée, de prévoir les déplacements à Montpellier, de réfléchir aux questions importantes et de les formuler.

Les activités suivantes ont pu être réalisées :

- Visite des locaux de l'association AIDES avec les membres bénévoles de l'association, accueil sur le stand d'information dans le cadre de la journée internationale du sida. - Rencontre avec le délégué de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

- Rencontre avec l'équipe vidéo du lycée du Mas de Tesse (visite de l'exposition).

- Visite des installations de recherche et des laboratoires de l'INSERM, interview du professeur Jean Clot (immunologue à l'hôpital St. Eloi du CHR de Montpellier).

Les élèves ont particulièrement apprécié l'intervention du professeur J. CLOT qui tout en donnant des réponses précises d'ordre médical a su répondre également aux interrogations des adolescents concernant l'aspect social et humain de la maladie.

Différentes questions ont donc été soulevées : - D'où vient le virus (les virus) du sida ? - Connait-on l'origine de la maladie ?

- Pourquoi les homosexuels sont plus touchés que les autres groupes ? - Quelle est l'évolution de l'infection dans le monde et en Europe ? - Comment se déclare la maladie ?

- Quels sont les traitements ?

- Pourquoi est-il si difficile de mettre au point un vaccin ?

- Quelles sont les conséquences sociales et psychologiques pour un malade ?

- La France lutte-t-elle contre les phénomènes d'exclusion des malades et des séropositifs, comment ?

- Quand faut-il se faire dépister ?

- Que pensez-vous des campagnes de prévention ?

A partir de ces interviews une cassette d'une heure a été montée par les élèves et mis à la disposition du centre de documentation pédagogique du lycée.

Cette démarche d'information a mis en éveil à la fois la curiosité et le sens critique des élèves de l'atelier qui ont abordé plus facilement la question du sida. Profitant de leur attention aux faits d'actualité sur le sida, une sensibilisation au problème et une initiation à la communication ont été entreprises à partir de l'analyse d'articles, mais aussi de documents visuels et audio- visuels (affiches, spots de prévention, etc…). Ecrasés sous la masse d'information, il semble que les élèves d'une manière générale aient eu de grandes difficultés à choisir l'information juste, ou plus simplement à sélectionner l'information dont ils ont besoin.

En collaboration avec le lycée d'Agde et avec un professeur de philosophie, nous avons essayé d'élaborer une grille d'analyse des messages visuels et audio-visuels destinée à l'apprentissage de la communication et à l'apprentissage du langage parfois obscur des médias.

Cette grille a servi d'autre part à l'élaboration des messages et des séquences des clips vidéo réalisés par les élèves.

* Au lycée professionnel Georges Clemenceau

Là aussi, la journée du 1er décembre a joué un rôle de catalyseur en mobilisant l'équipe vidéo

qui a également participé à de nombreux forum et réalisé des reportages vidéo en rencontrant des spécialistes. Après cette première phase de sensibilisation, le groupe a évolué vers d'autres points d'intérêt et un travail plus spécifique a pu être mis en œuvre à partir de situations fictives (jeux de rôles) proposées par les adolescents. Une mise en scène a donné suite ainsi aux réflexions apportées par le groupe.

Dans les autres lycées, mis à part les points infos et les nombreux documents mis à la disposition des élèves, c'est directement l'élaboration des scénarios et le tournage des premières séquences qui ont constitué les éléments de sensibilisation. Le scénario s'est construit au fur et à mesure que s'improvisait le tournage, alimentant des réflexions ou des critiques, preuves de la maturation du groupe.

Il est évident que les films réalisés ici représentent davantage un point de départ plus qu'un achèvement. C'est donc davantage cette maturation, c'est-à-dire l'évolution des représentations

de la maladie par les adolescents et leurs propres réflexions sur le chemin parcouru (phénomènes d'ajustement), qui nous intéressent ici.

1.2.2.2. Phase de production vidéo