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Section 2 - Forces et faiblesses des PME

1- Les forces des P.M.E

D'après la science économique, il n'existe pas, pour les entreprises, d’optimum dimensionnel, et cette dimension dépend surtout de l'importance de son marché, car il se peut qu'une très petite entreprise spécialisée, bien organisée, bien gérée, puisse obtenir une part du marché mondial. Donc, dans de nombreux secteurs, il est constaté que le gigantisme entraîne généralement bureaucratisation de l'entreprise, sans que ces charges ne soient compensées par des gains de productivité équivalents. Les forces de ces types d’entreprise sont nombreuses et variées, et il est cité quelques-unes d’elles, à savoir :

1 - Dans le secteur tertiaire : Les entreprises de dimensions modestes chargées de la production de services ou de distributions, présentent un autre avantage déterminant en faisant réduire les frais administratifs extrêmement lourds. Ces entreprises fournissent les prestations les plus adaptées. Il existe des oligopoles ou quasi-monopoles en matière de publicité et d'informatique, ceci ne peut mettre en danger les petites officines à partir du moment où celles-ci s'organisent pour fournir de meilleures prestations grâce au talent de l'animateur par exemple ou de prestations plus adaptées et proposées par des conseils de gestion et qui peuvent réaliser un "soft ware" plus approprié aux problèmes posés à un type d'entreprise.

2 - Dans le domaine de la distribution : Les grandes chaînes bénéficient d'un avantage décisif grâce à leur puissance attractive auprès de leurs clients, et de la possibilité que ces grandes

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chaînes ont pour obtenir, aux meilleures conditions de prix et de crédit grâce à l'importance de leurs achats. La puissance des grandes surfaces ne peut condamner les petites unités de distribution. Ces dernières ont l'avantage d'avoir un faible coût de service dû à un investissement peu coûteux, à des frais de gestion nettement inférieurs et la clientèle de ces petites unités peut être retenue et fidélisée grâce à une plus grande proximité, et à un meilleur service (accueil, livraison à domicile par exemple) ce qui conduit à l’instauration de bonnes relations commerciales.

Aux Etats Unis, les détaillants, constatant qu'ils ne peuvent pas réduire leurs coûts de distribution, ont relevé le défi lancé par les grandes chaînes en pratiquant des ventes au rabais. La création des unités de libre service, ainsi que la suppression des agencements complexes et l'utilisation de locaux très simples ont réduit considérablement les coûts, et la baisse a été estimée

à près de 40% par rapport aux grands magasins.1

Le défi peut être relevé par le détaillant, en assumant son rôle dans un environnement flottant, et de rester à la pointe du progrès, et le comportement du détaillant compétitif nécessite trois efforts, à savoir :

- auto-organisation afin de réduire au maximum les coûts ;

- imagination afin de pouvoir détecter et prévoir les besoins de sa clientèle, elle-même changeante et lui suggérer des services adaptés ;

- capacité de se regrouper afin de converger les actions pour se positionner égal à égal, sur leur propre terrain, avec les grandes unités. Il y a donc des défis à relever.

3 – Pour les industries : Ce qui est constaté pour les commerçants et les prestataires de services et les commerçants, peut l’être pour les industries. Ici aussi, c’est la nature du marché, et les capacités de l’entreprise industrielle à l’approvisionner, à la satisfaire et à la dominer qui déterminent le niveau de la compétitivité. "Petite entreprise deviendra grande, pourvu que le chef lui prête vie" devrait être la devise de tout industriel. A titre d'exemple, il y a fort peu de temps que "Bic" et" Moulinex" étaient certainement de petites entreprises. Aujourd'hui, ce sont des

1 - P.Joffre et S. Wickam, « Les atouts des entreprises moyennes », Revue Française de gestion n° 116 – novembre/décembre 1997.

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firmes qui se sont illustrées au niveau international, et pourtant, le plus dur, c'est que ces firmes ont attaqué le marché le plus difficile, celui des biens de grande consommation.

La clef de réussite de ces entreprises c'est la détection par ses animateurs de besoins nouveaux, puis la définition et la mise en œuvre de politique de production et de distribution les plus efficaces et les plus modernes. A travers ces cas, on distingue les 4 secrets de la compétitivité :

- marketing de très grande classe (publicité appropriée, définition des produits en fonction des types de clientèle sélectionnée.) ;

- recherche et innovation : L'esprit de recherche est continu et incite l'entreprise à s'investir dans la recherche de nouveaux produits, nouveaux marchés... ;

- spécialisation et production en séries, ce qui permet de réduire au maximum le coût unitaire, et donc proposer des produits à des prix très compétitifs ;

- gestion parfaite grâce à la maîtrise des coûts de production, économie systématique sur toutes les étapes, gestion prévisionnelle et politique de croissance.

On peut dire que la PME présente au moins l'avantage de supprimer la bureaucratie grâce à une prise de décision rapide, un délai d’exécution réduit, une souplesse d'adaptation à l'évolution des goûts, des besoins et des techniques, l'existence de prise de risque, et la capacité d'innovation constituent en général pour ces entreprises des avantages décisifs qui permettront de faire face victorieusement à la concurrence.

En plus, du fait que ces entreprises peuvent conquérir le marché mondial, elles peuvent aussi contribuer dans le domaine de la sous-traitance, qui permettra aux grandes firmes internationales de bénéficier des avantages des PME, et que ces multinationales deviennent par la suite compétitives en faisant sous-traiter par des unités plus réduites et aux moindres coûts du fait de leur spécialisation et adaptation, et produire des éléments susceptibles d’être intégrés dans leur processus de production.1

D'une manière générale, la position des PME est améliorée grâce surtout à :

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a - un effet de positionnement généralement très favorable, car un grand nombre de ce type d’entreprises s'installe dans des secteurs et surtout des services, où le taux de croissance est plus élevé par rapport à la moyenne, et où aussi l'implantation est facilitée par la quasi-absence de barrières à l'entrée (faiblesse des capitaux nécessaires). Comme il a été constaté aussi que les grandes entreprises tendent à externaliser certaines de leurs activités et les sous-traiter par les PME, comme par exemple : l’entretien, le transport, le gardiennage, la publicité…

b - des gains de parts élémentaires de marché dans les secteurs récessifs. Les PME ont l'avantage de résister aux périodes de crise grâce à :

- une gestion plus efficace et plus économe du personnel due à une souplesse plus grande de sa composante humaine ;

- une intensité relativement faible du facteur capital qui facilite plus ou moins une reconversion ou une survie ;

- une grande intégration au tissu de leur filière, et au milieu de leur région d'implantation ; car entre les PME d'une même région, il existe une très grande solidarité.1

2 - Les faiblesses des PME

Il est certain qu’en face d’un certain nombre de forces, la PME se caractérise par certaines faiblesses qui sont inhérentes à leur taille et dont les conséquences peuvent entraîner parfois leur disparition. Parmi les handicaps auxquels se heurte ce type d'entreprise, sont cités :

1 - Des problèmes de financement : Le facteur capital fait défaut et les PME en souffrent pour le financement des investissements de renouvellement, pour le développement de l'outillage et pour les dépenses courantes. Même si certaines institutions financières ont accordé des crédits pour les investissements productifs, beaucoup de PME ne peuvent pas satisfaire les exigences de sécurité des établissements de prêts.

Dans le cas où une PME pourrait solliciter un prêt, et de par sa faible composition capitalistique, donc le risque plus ou moins grand d'insolvabilité, fait donc élever le taux d’intérêt. En plus les établissements de prêt ne peuvent pas accorder des crédits au-delà d'un certain seuil, qui est relativement faible. En conséquence, le taux d'intérêt est plus élevé par

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rapport aux taux appliqués sur les prêts plus importants. Cette situation peut être plus difficile et inaccessible pour les petits emprunteurs, surtout dans les pays qui ne possèdent pas d'établissements de prêt bien organisés. Cet handicap financier peut être comblé grâce à l'intervention de l'Etat, car dans de nombreux pays, il peut servir d'assistance aux PME. Parmi les formes d'assistance, l'Etat peut créer des centres industriels équipés et prêts à l'exploitation, et les louer aux particuliers qui ne possèdent pas de capitaux nécessaires à l'acquisition ou à la construction d'unités de production. L’Etat peut aider ces PME en décrétant des dispositions particulières en créant des établissements spéciaux destinés à octroyer des crédits sous certaines conditions (exemple: cas de l'agriculture, la pêche, le tourisme, l’artisanat...). L'Etat peut jouer le parfait rôle de pourvoyeur de fonds à ces PME, et en même temps, assister les dirigeants de ces entreprises dans la gestion grâce à un service de conseils et d'assistance concernant les problèmes de direction.1

2 - Des problèmes d'approvisionnement en matières premières : L'approvisionnement des PME, et surtout en matières premières est limité par rapport aux grandes entreprises, malgré le fait que ces PME puissent utiliser des matières premières à bon marché d'origine locale, et d'une qualité qui ne se prêterait pas à des opérations menées en grande quantité. Plusieurs PME des pays sous développés se sentent liées, pour des raisons financières ou autres, à un seul fournisseur de matières premières, lequel en position de monopoleur, domine ces PME.

Un autre handicap se manifeste pour ces PME, car du fait de la faiblesse des commandes en matières premières, en général, leurs fournisseurs n'appliquent pas d'escompte, comme c'est le cas pour les grandes quantités émanant des grands établissements. Pour pallier cet inconvénient, les PME peuvent s'unir et former une coopérative ou un groupement libre d'achat afin de renforcer leurs positions individuelles dans les négociations avec les fournisseurs, et enfin obtenir des escomptes grâce aux volumes des commandes.

Un autre inconvénient réside dans le fait que ces PME, notamment par manque de moyens

1 - G. Bissiniou, « La spécificité des besoins financiers des PME innovatrices », Revue Française de Gestion - n°73 - mars/avril 1989.

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financiers, ne peuvent pas s’offrir de services propres pour le contrôle de la qualité et la convenance des matières utilisées.

3 - Des problèmes commerciaux : Les PME se heurtent aussi aux problèmes de ventes et sont donc lésées dans l'écoulement des produits par rapport aux grandes entreprises. Mais cette situation n'est pas générale partout et tout le temps, car il arrive des fois que le marché ou le produit soit d'une spécificité, que seul un petit établissement puisse y trouver profit. Par exemple, si l'espace d'un marché est limité par le fait que le produit n'est pas transportable, il peut causer des surcoûts de transport, ou lorsque la demande est très spécialisée et revêt un caractère particulier.

La même situation des PME vis à vis des fournisseurs en manières premières peut être observée concernant les ventes, et surtout pour les pays sous développés. Car les PME dépendent dans la plupart des cas d'un seul intermédiaire afin de trouver des débouchés à leurs produits. Manquant de moyens de financement, ces entreprises ne peuvent pas se permettre de faire de la publicité ou fournir des échantillons, ou présenter leurs produits dans des foires ou salles d'expositions. Comme elles ne peuvent pas non plus établir des contacts à distance avec des clients potentiels ou envisager de s'implanter dans des marchés nationaux ou internationaux. Même si elles tentaient d'y arriver et ceci en engageant du personnel de ventes, il est peu probable qu'elles l'utilisent de manière rationnelle, ce qui grèvera les frais généraux et deviendront trop lourds pour les entreprises.

Un autre inconvénient, au niveau des ventes, réside dans le fait que ces PME n’ont pas suffisamment de moyens humains et matériels pour évaluer les tendances du marché et les changements

qui peuvent survenir aussi bien dans les besoins des consommateurs que dans les goûts.

Il faut remarquer aussi qu'avec l'ouverture des frontières et l'amélioration des moyens de communication, il est nécessaire de respecter les normes de qualité, de dimension... Une défaillance d'uniformité entre plusieurs séries successives d'un même produit fabriqué par une seule et même petite entreprise ou entre divers établissements d'un même groupe fabriquant un produit identique, constitue fréquemment un très grand obstacle à l'expansion des marchés. Les

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solutions aux problèmes de débouchés existent, et parmi ces solutions, il y a l’existence des possibilités de "désintégrer" certaines opérations, et ceci résulte des forces qui s’exercent sur le marché. Un exemple peut être illustré par le petit producteur, qui va vendre à un grossiste ou un détaillant puissant, au lieu de les vendre aux consommateurs. Ainsi donc, le petit producteur va tirer profit des économies résultant de ses ventes en gros, et de ce fait, il n'a pas à prendre en charge certains aspects de la commercialisation.1

4 - Des problèmes de production : En général, les PME utilisent des méthodes traditionnelles de production, sans qu'elles n’essaient de les adapter pour tirer profit des nouveaux outils, de nouvelles matières premières ou de nouveaux marchés, car il a été constaté que cette adaptation était une condition essentielle de la survie d'une entreprise. Il arrive souvent que les chefs de ces PME ne sachent pas comment y procéder. Ces chefs ont besoin d'une assistance extérieure pour répondre au défi d'une situation changeante.

Il se peut aussi que dans une série d'opérations, une ou plusieurs de celles-ci doivent être réalisées à une échelle plus ou moins grande afin que les résultats soient bons. C'est surtout lorsqu’une ou plusieurs de ces opérations seraient exécutées, soit au début, soit à la fin de la série, que la "désintégration" est possible. Ainsi, en Indonésie, au cours des années 30, des établissements centraux de finissage ont été créés dans plusieurs industries afin de prendre en charge les produits semi-finis de différents artisans, et exécuter les opérations de finissage qui exigeaient pour qu'un bon rendement soit possible, l'utilisation d'outils et de machines modernes trop coûteuses pour une PME isolée. Cette désintégration a aussi pour but de contrôler, d’améliorer la qualité du produit, et permet de le vendre

plus cher, ce qui permettra de couvrir les frais de cette désintégration.2

Il existe dans certains pays, des instituts technologiques qui élaborent des plans d’installations de modèles pour les PME, et exerçant des activités diverses. Le mauvais entretien des machines est un défaut courant et coûteux pour ce type d’entreprise. Ces instituts établissent des programmes simples d'entretien afin d'assister les PME, qui connaissent mal les machines modernes et qui n'ont pas exécuté normalement les instructions du fabricant lors de l’acquisition.

1 - Guide pratique du chef d’entreprise 2002-2009, « Gestion de la PME » , Editions Francis Lefebvre – 2002 ;

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En outre, des services d'entretien des machines ou de réparation, pourraient être organisés en commun lorsque celles-ci tombent en panne.

Toutefois, il ne faut pas déduire que les inconvénients sont plus importants que les avantages lorsqu'il s'agit d'acheter ou de vendre, car il est fréquent de remarquer que ces PME réalisent des économies résultant de la production en grande quantité, et ces économies sont très importantes lorsque l'utilisation d'un outillage coûteux se combine avec de longues campagnes de production portant sur un article normalisé. En revanche, si la PME veut passer en permanence d'un produit à un autre, les frais généraux qui sont faibles vont avantager l’entreprise. De même, si ces entreprises n'ont pas besoin d'un outillage coûteux, les économies relatives à la production en masse seront faibles voire nulles.

5 - Des problèmes de main d'œuvre : Une PME peut bénéficier de certains avantages concernant l'offre de main-d’œuvre et les relations de travail. En général, la PME ne se heurte pas aux mêmes inconvénients que les grandes entreprises concernant le recrutement de la main-d’œuvre qui peut se trouver dans des régions où les communications sont médiocres et les villages dispersés. Les PME peuvent trouver une main-d’œuvre suffisante dans une seule ville ou dans deux ou trois villages voisins. Même lorsque cette main-d’œuvre n'est pas qualifiée et habituée à la discipline et au rythme du travail industriel, elle reste abondante et sensiblement inférieure à celle que l'on paie dans les grandes villes. Les salaires plus ou moins faibles de ces travailleurs permettent d'atteindre un niveau de vie équivalent à celui des citadins, car ces derniers doivent supporter des frais plus élèves surtout pour le logement et les transports. La PME, surtout celle se situant hors des grandes villes, peut aussi éviter plus facilement la forte mobilité de la main d’œuvre et les frais concomitants qui caractérisent l'emploi urbain dans les pays insuffisamment développés. En plus, les relations personnelles directes qui existent entre le chef de l'entreprise et les travailleurs des PME facilitent et favorisent la naissance d'un esprit d'équipe. En face de ces avantages, il faut noter certains inconvénients, car du fait que les PME n'ont pas assez de moyens pour s'offrir des salaires et des conditions de travail similaires à ceux que peuvent accorder les grandes entreprises, ceci peut avoir pour conséquence, et surtout dans des villes où les grandes et les petites entreprises se font concurrence sur le marché de la main d’œuvre, c’est que les PME n'arrivent pas à embaucher les meilleurs ouvriers, et les recrues sont

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celles qui ne peuvent pas ou ne sont pas tentées par un travail dans les grandes entreprises situées le plus souvent dans les grandes villes, même si elles proposent de meilleurs salaires que les PME locales.

Les relations personnelles directes qui se nouent avec les ouvriers ne constituent pas obligatoirement un avantage, elles introduisent parfois un élément de friction. Une grande entreprise a les moyens d'adopter des systèmes approuvés de rémunération au rendement qui permettent de réduire la surveillance nécessaire. Par contre, dans une PME, les ouvriers devront accepter d’être capables de passer d'un travail à un autre et d’accepter leur mobilité professionnelle. Cela ne peut être effectif qu'avec certains travailleurs, mais pas obligatoirement avec tous. En conséquence, la surveillance deviendra difficile et les emplois pourront difficilement être définis d'une manière permettant de déterminer la responsabilité de chacun. Dans les grandes entreprises, certains nouveaux ouvriers peuvent faire l'objet d'une formation professionnelle systématique, et seront encadrés par des instructeurs qualifiés. Par contre, dans les PME, les nouveaux travailleurs ne peuvent apprendre que sur le tas, et doivent s'initier au fur et à mesure à leurs tâches avec l'assistance généralement intermittente des contremaîtres ou des travailleurs plus expérimentés.

Dans les PME, le problème de la formation professionnelle ne se pose pas uniquement aux nouveaux ouvriers mais aussi aux anciens. L'adaptation de certains produits ou certaines opérations aux nouvelles conditions aura pour effet d’exiger aux travailleurs déjà existants de