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Chapitre 2 Cadre conceptuel

4.4 Les fondements doctrinaires

soulignons que deux des visiteurs réguliers sont des musiciens mettant à contribution leur habilité musicale pendant les cérémonies. L’un joue du violon et l’autre de l’ukulélé.

Le second groupe est déterminé par l’irrégularité de la participation des visiteurs. En fait, les visiteurs irréguliers sont bien plus nombreux que les visiteurs réguliers. Ainsi, selon les cérémonies auxquelles nous avons participé, leur nombre allait de sept à treize personnes. À de nombreuses reprises pendant des discussions informelles, la raison première de participation résidait dans l’exploration de soi et la guérison. Les rituels sont alors utilisés comme un outil de connaissance de soi et de soin.

Pendant les travaux, les visiteurs ne portent pas d’uniformes, en revanche il leur est demandé de porter des tenues propres blanches ainsi que des chaussures claires. Les hommes devront porter un pantalon et une chemise (un chandail est autorisé pour les journées plus fraiches). Les femmes quant à elles devront porter des jupes longues et un chandail de leur choix à manches longues ou courtes ne révélant pas le décolleté. Il est également recommandé aux femmes de choisir des vêtements amples et opaques pour plus de confort, mais aussi afin d’éviter d’attirer l’attention à un moment pieux.

4.4 Les fondements doctrinaires

L’église daimiste québécoise se fonde sur trente-cinq principes fondamentaux. Ces principes révèlent non seulement les valeurs du Santo Daime que les membres doivent respecter à l’intérieur du cercle religieux, mais également les fondements à honorer à l’extérieur de ce cadre. Ainsi, l’église préconise un mode de vie sain à travers les préceptes d’harmonie, d’amour, de vérité et justice et aussi de force, d’humilité, de

fraternité et de pureté de cœur prôné par Mestre Irineu. Cette longue liste (annexe 3) présente par là même la cosmologie et l’idéologie daimiste. Elle rassemble autant les principes du Santo Daime que ceux de l’église daimiste québécoise en question. Aussi, nous voyons une hiérarchie divine calquée sur la tradition chrétienne avec Dieu au centre, conçu comme le Divin Père Éternel, puis la Divine Mère Souveraine en la personne de Marie, suivie du Seigneur Jésus-Christ. Vient ensuite le Patriarche Saint-Joseph, Saint- Jean Baptiste, les anges et les archanges et toute entité composant la Cour Céleste évoluant dans l’enceinte de l’astrale. Par ailleurs, les daimistes québécois croient aussi à la deuxième venue du Christ telle qu’elle est perçue dans la Bible, néanmoins elle est symbolisée par la deuxième tige de la croix de Caravaca (annexe 4). Il est ensuite possible d’observer les syncrétismes qui s’opèrent avec le christianisme et les éléments nouveaux du culte daimiste comme la présence divine dans le sacrement qui est nommée Juramidam, mais qui symbolise l’esprit du Christ par exemple. Un autre exemple est la croyance en la rédemption et au baptême grâce au breuvage qu’est le Daime. Nous pourrions aussi bien mentionner la volonté de transformation et d’évolution pour devenir un être tel le Christ. D’autres commandements relèvent plutôt de la tradition amérindienne en soulignant particulièrement son origine inca justifiant leur usage du sacrement conférant également une authenticité que l’on peut retracer dans le temps. Par ailleurs, les entités spirituelles amérindiennes sud et nord-américaines ainsi que les entités spirituelles africaines et leur manifestation à travers les objets, la nature ou tout autre évènement sont inclus dans leur vision du monde. Un autre exemple des traditions amérindiennes se trouve dans l’article 29 qui prône une relation fraternelle et une véritable communion avec la nature et tout élément la composant tel que le soleil, la lune

ou encore les arbres. L’influence kardéciste ou encore même bouddhiste ou hindouiste se note davantage dans les articles 25 et 27 où l’éternité de l’âme, la réincarnation et le Karma sont évoqués comme une croyance du culte. De plus, la méditation, la charité et l’humilité prêchées sont des concepts issus des philosophies orientales asiatiques.

4.4.1 Les enseignements

Les enseignements de la doctrine du Santo Daime sont regroupés dans plusieurs hinários (recueils d’hymnes). L’hinário principal est celui de Mestre Irineu « O Cruzeiro » (le bateau) qu’il a reçu tout au long de sa vie depuis sa vision de la Rainha da floresta. Il est composé de 129 hymnes qui fournissent toutes des enseignements généraux sur la doctrine, mais pouvant évoquer des leçons applicables à la vie personnelle des adeptes. La majorité des membres interrogés dans l’enquête estime que les préceptes de Mestre Irineu peuvent avoir un sens dans des situations particulières de leur vie et permettent, lorsqu’ils sont appliqués, une guérison souvent spirituelle ou parfois même physique pour certains. Prenons un exemple particulier avec la conjointe d’un des membres souffrant d’un cancer du sein. Il nous expliquera que celle-ci aurait obtenu des clés indispensables à la compréhension de la raison de sa maladie. Cette femme, ancienne membre également, avait suivi des traitements de chimiothérapies bien entendu; pour autant, comprendre le cœur de son mal, aurait selon son conjoint contribué à sa guérison physique.

Les hymnes sont des enseignements qui sont parvenus à Mestre Irineu et parviennent encore aujourd’hui aux membres ainés ou expérimentés, sont offerts par des

êtres spirituels venant de l’astral. En effet, la réception des hymnes s’effectue à travers les adeptes, néanmoins le processus n’est identique pour tous comme nous le verrons en dernière partie. En revanche, il est important de mentionner que ces hymnes sont dédicacés à des adeptes en particulier; un détail que l’entité spirituelle révèle au « receveur ». Dans le groupe observé, quatre fardados ont reçu des hymnes parfois dédicacés à d’autres membres parfois non. Madrinha J. a, quant à elle, reçu une quantité impressionnante d’hymnes depuis son entrée dans le Santo Daime. Elle a ainsi pu constituer un hinário dont elle est « l’auteure ». En réalité, l’auteur ou les auteurs sont les êtres spirituels, les adeptes ne sont que l’aparelho (l’appareil) — le moyen par lequel circulent les messages venant de l’astral.

D’autre part, les hymnes sont chantés pendant les travaux permettant ainsi aux adeptes de se connecter avec l’astral communiant par la même occasion avec le Daime (thé), mais aussi avec les entités spirituelles. En outre, chaque hymne est entonné à des moments particuliers dans les rituels ou sont même destinées à des travaux particuliers comme les Curas (travaux de guérison) ou les Concentraçoes par exemple puisqu’en effet elles font appel à des énergies/entités précises. À titre d’exemple, mentionnons l’hymne « Com o poder do céu » (annexe 7) qui fait appel à São Miguel (Saint Michel) afin de procéder à un nettoyage spirituel. Par ailleurs, en plus de permettre la guérison, les hymnes aident au processus du pardon et permettent également de retrouver la force qu’il peut parfois nous leur manquer pour traverser les épreuves difficiles.

Pour finir, l’église daimiste québécoise utilise d’autres hinários que ceux de Mestre Irineu et celui de Madrinha J., notamment « Harmonia Cósmica » de Padrinho Zé

Ricardo, leadeur de Céu do dedo de Deus (Ciel du doigt de Dieu), qui correspond à la vision de l’église daimiste québécoise selon ses membres. Des répétitions sont organisées avec tous les fardados et visiteurs réguliers afin d’apprendre et de comprendre les hymnes et leur portée. En effet, ces soirées de répétitions données un mercredi sur deux sont nécessaires pour harmoniser l’énergie des chants mettant une emphase sur l’apprentissage du portugais soit la prononciation des mots et leur signification. Les hymnes en portugais sont généralement traduits en anglais ou en français et parfois même les deux. Ainsi pour l’étude de psaumes daimistes, il est plus facile d’en saisir le sens. Toutefois et bien que les formulations aient l’air simples, elles semblent laisser transparaitre une énergie que les adeptes arrivent à capter. Nous verrons d’ailleurs, en dernière partie, comment plusieurs membres se révèlent être en transe légère pendant les répétitions des hymnes, et quand bien même ils ne comprennent pas le portugais, ceux-ci sont capables de ressentir les mots à un niveau que l’on dirait supérieur de la perception du commun des mortels.

4.5 Les Works ou les travaux

Lors de notre enquête et puisque nous n’étions pas fardados, nous n’avons pu assister qu’aux travaux dits de concentration (Concentração). En effet, pour pouvoir assister à des travaux de type plus avancés tels que des Curas (travaux de guérison) ou de Mesa branca (Table blanche), le membre doit avoir acquis de l’expérience dans les relations avec les esprits; c’est-à-dire apprendre à les connaitre et à travailler avec eux, un processus assez complexe. À l’église daimiste québécoise, le vocabulaire du culte est largement en anglais, la langue de communication commune. Par contre, les