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Chapitre 2. CADRE CONCEPTUEL

2.3. Les facteurs de risque

Un facteur désigne tout élément ou tout paramètre qui influe positivement ou négativement sur un processus. Ce paramètre peut être structurel, social ou individuel. Il est propre à une société, à une institution ou à un individu. Ce paramètre est susceptible d’agir de manière directe ou indirecte pour influencer un processus de manière à conditionner le développement de l’individu, d’un groupe ou de la société. Il existe plusieurs types de facteurs. Dans le processus de résilience, deux types de facteurs interviennent surtout. Ce sont les facteurs de risque et les facteurs de protection. Ces facteurs sont à la fois dépendants et indépendants, ils s’influencent réciproquement, comme l’âge, le niveau de scolarité de la mère et de l’entourage familial (famille nucléaire et élargie). Ces facteurs sont liés aux conditions immédiates de vie de l’élève. Il y a aussi des facteurs intermédiaires qui se situent entre l’enfant, sa famille et l’école, et des facteurs de l’école qui sont strictement institutionnels. Il y a des facteurs qui intègrent la dimension temporelle des processus de scolarisation, la succession des étapes de la scolarité des enfants et des filles, des facteurs périodiques liés à la rentrée scolaire, aux passages des examens, à la durée d’un cycle de 6 ans, de 4 ans ou de 3 ans. Ces cycles correspondent en principe au temps nécessaire pour acquérir des connaissances et des compétences. De ce fait, il y a des facteurs qui dépendent de l’élève, des facteurs qui dépendent des rythmes ou des étapes de la scolarisation et des facteurs qui dépendent du milieu familial et social de l’élève. Certains facteurs peuvent être aussi la conséquence d’événements comme des déplacements, des migrations scolaires liées à de la mobilité familiale, de la mobilité résidentielle ou de la mobilité institutionnelle (Sidze & Kuate-Defo, 2007; Lange, 2006; Eloundou-Enyegue & Shapiro, 2005; Pilon, 2005).

Les facteurs de production de la résilience sont de deux catégories. Il existe des facteurs de risque et des facteurs de protection. Pour Cyrulnik (2007a:11), les facteurs de la résilience permettent de distinguer dans le champ scolaire : «le développement normal, le développement altéré et le développement résilient». Il s’agit d’étudier, d’identifier ou de déterminer les facteurs qui influencent une situation donnée, ceux liés au développement

positif ou négatif de quelque chose d’attendu à l’école. La présence de certains facteurs augmente ou réduit les chances d’obtenir des résultats satisfaisants, une trajectoire bonne ou mauvaise de vie scolaire. Un risque est la probabilité d'apparition d'un événement ou d’un comportement problématique qui peut modifier l’état d’une chose, changer une situation, atténuer, altérer ou détériorer cette situation de façon défavorable, ou briser le cours favorable d’une évolution attendue ou espérée. Le facteur de risque est le précurseur du comportement à apparaître dû aux effets défavorables des ces caractéristiques (Bouteyre et Morel, 2007). Il n’est pas évident d’identifier et de distinguer un facteur de risque et un facteur de protection. Toutefois, un facteur de risque est une source probable, un paramètre qui peut atténuer, modifier, altérer, déstabiliser la réalisation de quelque chose ou d’un individu. Selon Anaut (2007:331), les facteurs de risque sont «des éléments susceptibles de compromettre l’adaptation sociale et psychique de l’enfant». Cependant, on peut les contrôler par des interventions ou des actions, ce qui fait du parcours «une contre-prophétie» par «une volonté de réalisation personnelle» (Lahaye & Burrick, 2007:125).

Les facteurs de risque ou de protection sont des caractéristiques propres à une personne, ou à un environnement (familial, scolaire, social), à un contexte et à une culture, qui pourraient entraîner une probabilité élevée de développer une carence ou au contraire de s’en prémunir. Les enfants traumatisés vivent souvent dans un environnement familial défaillant qui constitue un risque certain (précarité économique, pauvreté, mauvais traitements, logement insalubre, conflits, carences affectives, troubles mentaux, sous-scolarisation, attitudes éducatives inadéquates et immaturité des parents) (Anaut, 2007; Englander, 2007). Les facteurs de risque interne à une personne sont des sentiments de déplaisir, d’incompétence, d’infériorité et d’ennui. Ces sentiments développés à l’égard de l’école entraînent l’échec scolaire. Les facteurs sociaux de risque (la pauvreté, la structure familiale, la maltraitance, les abus) peuvent s'associer les uns aux autres, les risques sont alors multipliés. Maîtriser un facteur de risque mis en évidence d'une manière ou d'une autre, revient donc à diminuer significativement son pouvoir d’action, ou de nuisance. Par exemple, les enseignants épuisés constituent des facteurs de risque pour les élèves qu’ils devraient encourager, stimuler et affectionner. Par ailleurs, ce facteur de risque peut être jugulé par des enseignants motivés, tuteurs de résilience qui constituent des facteurs de protection par les félicitations et autres moyens. Autrement dit, les facteurs se répartissent en deux groupes, ceux qui ressortent d’interactions positives avec les enseignants et ceux qui appartiennent aux interactions

négatives. Les interactions positives comportent de l’affection et valorisent la compétition et l’amour de l’école. Ce sont des facteurs de transfert sur l’élève qui agissent comme des stimulateurs par le biais d’attentes élevées. Les interactions négatives comprennent le découragement, l’attente d’un rendement faible, suivi de l’échec. Il est donc possible d'intervenir ou d’agir sur ces facteurs de risque pour améliorer les résultats scolaires en favorisant le processus de résilience (Anaut, 2007; Leblanc, 2007).

Toutefois, les facteurs de risque, tout comme les facteurs de protection ont un effet cumulatif, interactif, réversible et réciproque. Ils ne sont pas opposés les uns aux autres. En milieu scolaire, l’entrée à l’école peut traumatiser un enfant protégé et surprotégé; cela peut être un facteur de risque ou au contraire, être salutaire pour un enfant défavorisé, et donc être un facteur de protection. Les facteurs de risque et les facteurs de protection se croisent et interagissent dans l’émergence de la résilience (Anaut, 2007). Un facteur de risque peut devenir un facteur de protection si la situation n’est plus adaptée (Bouteyre & Morel, 2007). L’individu, la famille, l’école et les enseignants représentent, selon les contextes, à la fois des facteurs de risque et des facteurs de protection (Gayet, 2007; Mercier, 2007; Terrisse & Lefebvre; 2007). Ainsi, il importe de tenir compte de la spécificité des contextes pour juguler les facteurs de risque ou pour tirer profit des facteurs de protection des élèves, dans une perspective d’équité.