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Chapitre 3. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

3.6. Contexte de la recherche au Cameroun

Les entretiens d’explicitation et biographiques ont été réalisés au Cameroun, la démarche a été différente pour plusieurs raisons. Au départ, nous avons remis les questionnaires d’enquête à plusieurs professeurs dans différentes structures de formation de l’enseignement supérieur pour avoir une participation homogène par groupe ou par années d’études. À l’Université de Douala, nous n’avons pas eu de suite. À l’Université Catholique, La professeure Rachel Ngo Mbog Mfondi a récolté un récit écrit. À l’ENS, le professeur Pierre Fonkoua et son étudiant à la maîtrise monsieur Bruno Dzounesse Tayim ont assuré la distribution des questionnaires d’enquête aux étudiantes et aux étudiants aux mois d’octobre et de novembre 2002. Le professeur l’a fait dans le cadre de son cours. L’étudiant a remis à des étudiantes et étudiants de sa promotion.

En 2003, sur le vol, qui nous amenait au Cameroun pour faire les entretiens d’explicitation individuels, nous avons rencontré une étudiante de l’École normale supérieure d’enseignement technique (ENSET) de Douala. Nous avons échangé sur nos recherches respectives et nous lui avons posé des questions sur son parcours scolaire et académique. Avant de la quitter, nous avons sollicité sa participation à notre recherche. Elle a alors produit un récit écrit et nous l’a envoyé par courriel.

Pendant notre séjour au Cameroun, nous sommes allée à l’École normale d’instituteur de l’enseignement général (ENIEG). Nous avons bénéficié de l’appui du professeur Pierre Fonkoua de l’ENS qui travaille dans les deux institutions. À l’ENIEG, avec la directrice, nous sommes allés à trois dans deux salles de classe. Les professeurs ont interrompu pendant quelques minutes le cours et nous avons pris la parole pour exposer notre recherche après les présentations d’usage. Ensuite, nous avons distribué les questionnaires d’enquête.

À l’ENS et à l’ENIEG, il n’y a pas eu d’entretiens individuels, ni d’entrevues de groupe. À l’ENIEG, nous avons récolté 27 récits écrits auprès de la directrice de l’école, dont 24 récits d’étudiantes, un récit d’étudiant et deux récits dont nous n’avons pu identifier le sexe des auteurs (cependant, nous pensons que ce sont des étudiants car il n’y a pas de traces d’accord du féminin dans les récits). À l’ENS, nous avons reçu 40 récits écrits (29 d’étudiantes et 11 d’étudiants).

À la différence du Togo, au Cameroun, nous avons eu assez de temps pour mener, en plus des récits écrits, des entretiens et particulièrement des entretiens d’explicitation sur le campus de l’Université de Yaoundé II. C’est autour de la trajectoire scolaire des filles que nous avons recherché leur verbalisation. Nous présumons que les attitudes de scolarisation sont influencées par un ensemble de facteurs et qu’il n’y a pas que le chemin qui compte. Il y a aussi la nature et les caractéristiques de celles qui construisent ce chemin à travers plusieurs parcours.

Les premiers entretiens biographiques ont eu lieu à l’ESSTIC. Le professeur Pierre Paul Tchindji nous a donné l’occasion d’introduire le thème de la scolarisation des filles en Afrique subsaharienne dans son cours en première année. Nous avons présenté notre projet de recherche aux 43 étudiants présents dont 31 étudiantes et 12 étudiants. Nous avons distribué 50 questionnaires d’enquête dans la salle d’amphithéâtre. Huit étudiantes ont remis chacune un récit écrit inspiré des questionnaires. Un étudiant a transmis le questionnaire à sa femme étudiante (1) à la faculté de théologie, originaire du Togo. Un autre étudiant a transmis le questionnaire à deux (2) étudiantes de l’école. Un étudiant a remis un récit écrit par lui-même volontairement. Au total, nous avons reçu 12 récits écrits de cette opération. Parmi les 50 étudiantes et étudiants qui ont reçu le questionnaire, nous avons réalisé 23 entretiens individuels, dont 22 entretiens individuels de filles et un entretien individuel avec un garçon.

Nous avons rencontré 2 étudiantes de deuxième année devant l’ESSTIC. À ces dernières, nous avons remis les questionnaires d’enquête et les entretiens individuels ont suivi. Au total, nous avons fait 25 entretiens individuels avec 25 participantes qui avaient reçu le questionnaire à l’avance.

Un autre professeur de l’ESSTIC a joué le rôle d’informateur contextuel sur les problèmes de l’éducation des filles en Afrique subsaharienne. Parlant de nos difficultés de recrutement, il a demandé à ses étudiantes de participer à la recherche. Dans ces circonstances, nous avons fait des entrevues et des entretiens sans questionnaires avec 15 étudiantes, dont trois étudiantes de troisième année. Une étudiante de troisième a choisi de faire l’entrevue en nous expliquant qu’elle nous voyait depuis quelques jours sur le campus. Par la suite, elle a trouvé une étudiante de deuxième année. Nous avons rencontré deux étudiantes de troisième année dans une salle de cours en train d’étudier. Une étudiante de troisième année, originaire du Nord Cameroun, a présenté six étudiantes, trois de la même origine ethnique. Signalons qu’au Nord Cameroun, la scolarisation des filles est en retard. Les trois étudiantes sont une anglophone et deux étudiantes mères. Dans un autre amphi, nous avons rencontré une étudiante du Département de Géographie.

Nous avons sollicité certaines étudiantes à plusieurs reprises sans succès; elles répondaient qu’elles étaient occupées, qu’elles savaient ce que nous cherchions, qu’elles viendraient nous rencontrer lorsqu’elles seraient libres, etc. Malgré notre témérité et notre persévérance, nous n’avons pas connu de succès auprès de ces dernières.

Nous avons interrogé une jeune fille vendeuse de jus locaux. En définitive, nous avons eu 40 entretiens sur la scolarisation des filles au Cameroun (38 étudiantes et un étudiant de l’université de Yaoundé II, et une fille déscolarisée). Nous avons beaucoup appris de ces étudiantes, qui nous ont permis de percevoir et de nous représenter des aspects non connus d’une trajectoire au féminin. Notre recherche s’est accomplie en donnant une voix à ces dernières. Pour comprendre comment elles deviennent étudiantes, comment elles demeurent sur le chemin de l’enseignement supérieur, il fallait connaître les antécédents familiaux et personnels, les modes de départ de la scolarisation et leurs pratiques scolaires.

Dans le questionnaire d’enquête, nous posons des questions susceptibles de provoquer des réponses et de fournir des indices sur les représentations de l’école des filles. Les questions sont d’ordre biographique, de l’ordre de la description et du récit de trajectoire, à partir de faits et d’événements jugés déterminants par les étudiantes. Il y a aussi des questions de l’ordre des valeurs, pour rejoindre le système de valeurs et de croyances sous-jacent aux représentations qui se sont construites tout au long du processus de scolarisation.