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L’enquête eau Dakar (2005) : objectifs, méthodologie et principaux résultats

Section 1 : Objectifs, méthodologie et principales étapes de notre enquête eau Dakar (2005)

1.7 Les enquêtes complémentaires à l’enquête ménages

1.7.1 Une enquête auprès des fontainiers

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Il est en effet judicieux de croiser quelques-unes des informations obtenues par l’enquête ménages sur les quantités d’eau consommées avec le choix du mode d’approvisionnement. Il est en effet difficile d’obtenir des informations fiables sur les usages de l’eau en demandant directement aux gens la quantité d’eau que chaque membre du ménage utilise : un enquêté peut ne pas être capable d’estimer les volumes ou ne pas savoir combien de bassines ou d’autres récipients les autres membres du ménage ont ramenés des bornes fontaines. Lorsque les consommations spécifiques par habitant sont faibles, on peut supposer que chacun connaît avec davantage de précision la quantité d’eau consommée par le ménage que lorsque l’eau est plus facilement accessible. Pourtant, même dans ce cas, un membre masculin du ménage peut très bien ne pas avoir une idée claire de la quantité d’eau que les femmes collectent.

Une façon de valider ou de compléter les informations obtenues au cours de l’enquête ménages est alors d’enquêter aux points d’eau existants (bornes fontaines) et de noter les volumes collectés par les individus qui viennent s’y approvisionner. C’est pourquoi, nous avons réalisé une enquête auprès de 80 fontainiers en mettant l’accent dans le questionnaire sur les volumes de consommation et les prix pratiqués par contenant (seau et bassine). Ainsi, nous avons pu vérifier la cohérence des réponses notamment sur les aspects des prix des seaux et des bassines d’eau à la borne fontaine.

1.7.2 Une enquête sur la revente de l’eau (informelle)

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Un autre moyen de croiser les résultats obtenus sur les consentements à payer des ménages consiste à observer ce que ceux-ci dépensent réellement pour l’eau lorsqu’ils l’achètent à des revendeurs informels et de voir si leurs enchères sont raisonnables compte tenu des prix de l’eau du marché de la revente informelle. En effet, des revendeurs d’eau opèrent dans la plupart des villes en développement et dans de nombreuses zones rurales de ces pays. Les enquêtes réalisées à Dakar (Banque mondiale, 1997 et Hydroconseil, 1998) avaient révélé l’existence de charretiers et de porteurs d’eau informels surtout dans la banlieue de Dakar. Nous avons voulu observer si

57 Le questionnaire « fontainiers » (16 pages) n’est pas fourni en annexe mais est disponible sur demande.

58 Le questionnaire « charretiers/porteurs d’eau » (16 pages) n’est pas fourni en annexe mais est disponible sur demande.

approximativement dix ans après la privatisation qui a donné lieu à un vaste programme d’extension des réseaux de branchements privés et de bornes fontaines, ces opérateurs existaient toujours. C’est pourquoi, nous avons choisi d’enquêter 120 charretiers/porteurs d’eau dans la banlieue de Dakar. Cette étude vise à déterminer les quantités d’eau revendues (seaux et fûts) et les prix pratiqués, pouvant apporter des informations précieuses sur la somme que les ménages sont prêts à consentir pour l’eau. Souvent, les ménages les plus pauvres achètent l’eau à des revendeurs à un prix supérieur au coût que représenterait leur raccordement à un réseau (branchement privé) (Whittington et alii, 1989a).

Le questionnaire met l’accent sur la formation et la structure des coûts, les tarifs pratiqués et les quantités revendues. Plus précisément, il faut avoir en tête tous les participants au système de revente, depuis la source d’approvisionnement (puits ou borne fontaine) jusqu’aux clients finals (les ménages mais aussi d’autres clients tels que les maraîchers, fleuristes, briquetiers informels qui achètent souvent l’eau auprès de ces revendeurs informels). Compte tenu du nombre d’intervenants intermédiaires (fontainiers puis revendeurs informels), on comprend d’une part que, si chacun d’eux pratique une marge sur le prix de l’eau et d’autre part, si les clients finals sont nombreux alors, des tensions inflationnistes sur le prix de l’eau apparaissent. L’enquête sur la revente d’eau peut alors permettre de déduire l’ordre de grandeur des bénéfices des revendeurs et leur capacité à contrôler les prix.

Du fait que la revente de l’eau est une activité du secteur informel, on ne trouve que rarement des informations officielles sur son étendue et son échelle. L’évaluation, même grossière, des flux monétaires et des quantités d’eau impliquées relève donc en quelque sorte d’un travail de « détective ». Il s’agit d’un travail de détective car premièrement, en interviewant les participants de la revente de l’eau aux deux pôles de la transaction acheteur-vendeur, les prix de revente pratiqués peuvent être approximés. Deuxièmement, il s’agit d’un travail de détective compte tenu des nombreuses difficultés que nos enquêteurs ont pu rencontrer sur le terrain. Tout d’abord, il a fallu repérer à partir des bornes fontaines, les revendeurs d’eau informels (charretiers et porteurs) qui venaient s’y approvisionner. Nous avions fourni à nos enquêteurs une liste très précise des adresses des différentes bornes fontaines dans chaque quartier qu’ils devaient enquêter. La stratégie de nos enquêteurs a donc consisté à observer et détecter les revendeurs d’eau informels qui venaient s’approvisionner aux bornes. Puis, ils ont tenté de les accoster pour leur demander de répondre au questionnaire. Mais bien souvent, le coût d’opportunité du temps nécessaire pour répondre à l’interview étant élevé pour le revendeur d’eau, qui bien souvent transporte aussi d’autres marchandises (ciment, briques ou meubles, etc.), les enquêteurs ont dû acheter un seau

ou un fût d’eau pour que l’enquêté leur alloue le temps nécessaire à l’interview. Ou alors, l’enquêteur devait monter dans la charrette du revendeur pour faire l’interview durant le temps de transport de la livraison. Mais malgré ces difficultés, les 120 questionnaires ont tous pu être administrés dans les quartiers souhaités.

Malgré cela, on peut dire qu’il est plus difficile d’obtenir des informations sur la quantité totale d’eau revendue et sur les prix pratiqués. La raison principale est que le charretier ne transporte pas que de l’eau mais d’autres marchandises. Le transport informel de l’eau dépend des conditions qui affectent le réseau de distribution d’eau potable (coupures ponctuelles ou plus longues au niveau des branchements ou des bornes fontaines, par quartier ou sur plusieurs quartiers, selon qu’il s’agisse d’une période de sécheresse ou de pluie, etc.). Il y a de fortes fluctuations autour de la revente informelle d’eau. Notre enquête a eu lieu lors d’une période d’inondations accrues dans la banlieue de Dakar (septembre 2005). Ainsi, les charretiers étaient bien plus occupés à déménager les meubles des populations dont les habitations étaient inondées qu’à livrer l’eau à domicile. Mais en enquêtant auprès d’un certain nombre de revendeurs et en les suivant au cours de leurs tournées quotidiennes, on peut tenter d’approximer le niveau de vente moyen par revendeur, même si la quantité d’eau totale écoulée par tous les revendeurs de la ville demeure inconnue. Nous travaillons encore sur la base de données issue de cette enquête auprès des revendeurs informels.

Section 2 : Les grands résultats de l’enquête auprès des

ménages « eau », Dakar (2005)

L’enquête qui a porté sur 302 ménages révèle que 61,9% des personnes enquêtées sont des chefs de ménage, 21,2% sont les femmes des chefs de ménage, 11,9% sont des enfants adultes des chefs de ménage. Plus rarement, les personnes enquêtées sont les parents (1,7%), les frères et sœurs (2%) ou la belle famille (1,3%) (voir graphique 1).

Graphique 1 : Statut de l'enquêté 21,2 11,9 1,7 2 1,3 61,9 0 20 40 60 80 100

Femme Enfant adulte Parents Frère/sœur Belle famille Chef de ménage Statut de l'enquêté

Fr

équence (%

)

69,2% des ménages enquêtés sont représentés par un chef de ménage homme et 30,8% par un chef de ménage femme (voir graphique 2).

Graphique 2 : Genre du chef de ménage (%)

69,2 30,8

Homme Femme

2.1 La diversité des modes d’approvisionnement en eau potable :