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L’enquête eau Dakar (2005) : objectifs, méthodologie et principaux résultats

Section 1 : Objectifs, méthodologie et principales étapes de notre enquête eau Dakar (2005)

1.1 Contexte et objectifs de notre enquête

Suite à la réforme du secteur de l’eau, de nombreux investissements (dans le cadre du PSE) ont du être engagés pour financer le Projet d’Approvisionnement en Eau du Sénégal qui débute en 1995. Ce projet s’était alors fixé trois objectifs de développement :

1) Le « développement durable »40 du secteur de l’eau d’ici l’an 2002 ; 2) La réduction de la pauvreté et l’amélioration de la santé et ;

3) La participation du secteur privé à la gestion des réseaux urbains d’approvisionnement en eau.

Afin d’atteindre l’objectif de développement durable, il était alors prévu d’améliorer les systèmes de gestion de l’eau, de fixation des prix et de recouvrement des coûts, réduisant ainsi la dépendance du secteur vis-à-vis des subventions du gouvernement. La réduction de la pauvreté et l’amélioration de la santé passent par une plus grande accessibilité de la population urbaine défavorisée à l’eau potable.

C’est dans ce contexte que la Banque mondiale a été sollicité par le Ministère de l’Hydraulique du Sénégal pour mener en 1996 une enquête de consentement à payer des ménages de Dakar pour des services améliorés d’eau potable. Cette enquête a porté essentiellement sur une évaluation du consentement à payer des ménages (la demande) pour des améliorations proposées dans le cadre du Projet Sectoriel Eau (1996-2003). Des enquêtes sur le terrain ont alors été entreprises à Dakar du 1 juin au 4 juillet 1996 et le rapport final non publié a été élaboré en 1997 (Banque mondiale, 1997)41. Les objectifs généraux de cette étude étaient d’obtenir, à partir d’une enquête sur les ménages par échantillonnage aléatoire menée à Dakar et à Rufisque, les données sur les éléments suivants :

1) La situation sur l’approvisionnement en eau et sur les pratiques d’assainissement ; 2) La définition des priorités en ce qui concerne les améliorations à apporter au système

d’approvisionnement en eau et d’assainissement ;

3) Le consentement à payer pour des services améliorés d’approvisionnement en eau et d’assainissement ;

4) Les caractéristiques socio-économiques des ménages échantillonnés.

En se servant des plans des villes de Dakar et de Rufisque, les principales agences d’approvisionnement en eau et d’assainissement, la SONES42, la SDE43 et la DPS44

avaient localisé trois principales catégories de ménages :

40 Nous reprenons les notations et le vocabulaire du Projet.

41 La référence exacte est : Lauria, D.T, Alfredo, H.C, Anthony, A.K (1997), « Final Report on Willingness to Pay for Improved Water and Sanitation in Dakar, Senegal », A report to the Senegal National Water Society, the government of Senegal, and the World Bank, unpublished. Chapel Hill, North Carolina. Dans la thèse, nous référencerons cette enquête par Banque mondiale (1997).

42 SONES : Société Nationale des Eaux du Sénégal. 43 SDE : Sénégalaise Des Eaux.

1) Les zones « rouges »45 où la majorité des ménages tiraient l’eau des bornes fontaines et des puits, en priorité ;

2) Les zones « bleues »46 où la majorité des ménages était approvisionnée en eau à partir des branchements individuels à domicile ;

3) Les zones « brunes »47 où la majorité des ménages s’approvisionnaient en eau principalement à partir des bornes fontaines, mais où il y avait aussi quelques branchements individuels.

Pour les ménages non raccordés (les zones rouges et brunes), les objectifs principaux de l’étude étaient les suivants :

1) Évaluer le degré de soutien à un programme qui viserait à augmenter le nombre de bornes fontaines et à augmenter la quantité d’eau disponible et ;

2) S’il fallait choisir entre des bornes fontaines améliorées et des branchements individuels, identifier l’option préférée, étant donné qu’il faudrait payer aussi bien le coût du branchement que la facture mensuelle de l’eau, si l’option du branchement était choisie.

Pour les ménages raccordés (les zones bleues et brunes pour la plupart), l’objectif principal de l’étude était d’observer la réaction à une augmentation du prix de l’eau : seraient-ils en mesure de continuer à consommer les mêmes quantités d’eau, avec, par conséquent, une facture d’eau plus élevée ? Ou, en résulterait-il une baisse de la consommation d’eau ? Si oui, de combien ?

Nous avons souhaité mener une étude similaire à celle conduite par la Banque mondiale (1997), dix ans après la politique volontariste de la SDE qui a accompagné la réforme du secteur. Nos objectifs étaient alors les suivants :

1) Notre premier objectif était de comparer la structure des modes d’approvisionnement en eau des ménages dans les divers quartiers de Dakar avec celle décrite par l’enquête de consentement à payer de la Banque mondiale (1997). Ainsi, dix ans après la réforme de la privatisation du secteur qui s’est accompagnée, grâce aux investissements dans le cadre du

44 DPS : Direction de la Prévision et de la Statistique.

45 Les zones « rouges » correspondent aux quartiers de Dakar suivants : Medina Marone 2, Nasroulahi, Dimath, Sam Sam II, Sam Sam III, Thiaroye Mer.

46 Les zones « bleues » correspondent aux quartiers de Dakar suivants : Parcelles Assainies, Mermoz, Liberté I-III, Almadies, Grand Dakar, Médina, Colobane et Pikine.

47 Les zones brunes correspondent aux quartiers de Dakar suivants : Grand Yoff, Hann Pêcheurs, Yeumbell, Guedjawaye et Pikine Guinaw Rail.

PSE, par une politique volontariste de la SDE en terme de raccordement des ménages et de densification du réseau des bornes fontaines, nous avons souhaité observer si la structure des modes d’approvisionnement des ménages de Dakar avait changé.

2) Puis notre second objectif était de tester en 2005, dans le contexte du PLT où de nouveaux investissements sont engagés pour accroître les capacités de production et de distribution d’eau potable, le consentement des ménages à supporter d’éventuelles nouvelles hausses tarifaires (aux bornes fontaines et au branchement privé) pour accéder à des services améliorés.

L’objectif global de notre enquête est alors de fournir un état des lieux de l’approvisionnement en eau potable des ménages de Dakar en 2005, de mesurer leur consentement à payer pour de nouveaux services améliorés et, de comparer nos résultats avec l’étude de la Banque mondiale (1997) réalisée au moment de la réforme du secteur.

Pour mettre en œuvre notre enquête, nous avons effectué deux séjours de recherche à Dakar : un premier séjour en mai et juin 2004 et un second séjour en septembre et octobre 2005. Dès le premier séjour, nous avons pris contact avec la DPS et la Banque mondiale afin de retrouver les documents relatifs à l’enquête de consentement à payer (Banque mondiale, 1997). Nous avons pu tous les recueillir. Ainsi, nous avons pu suivre la méthodologie de cette enquête et construire notre questionnaire à partir de celui de la Banque mondiale (1997)48.