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post pour les modes d’approvisionnement en eau présents

Section 3 : Synthèse des facteurs explicatifs du consentement à payer des ménages pour des services consentement à payer des ménages pour des services

3.1 L’influence des caractéristiques socio-économiques et démographiques des ménages

Nous présentons le résumé des résultats des différentes études sur la façon dont les caractéristiques socio-économiques et démographiques influencent la demande des ménages pour un approvisionnement en eau amélioré.

3.1.1 Le revenu et les possessions

Un paradigme de la gestion de l’eau stipule que les ménages ne peuvent payer que très peu voire pas du tout pour des services améliorés d’approvisionnement en eau. Un second tient pour acquis qu’ils sont prêts à payer 3 à 5% de leurs revenus. La littérature montre que ces règles ne décrivent que très imparfaitement la demande effective des ménages ruraux pour des services améliorés d’approvisionnement en eau, que le consentement à payer ne dépend pas seulement du revenu, mais également des caractéristiques des modes d’approvisionnement existants et améliorés. Il est vrai que des études économétriques récentes montrent que le revenu est une variable significative qui augmente la probabilité qu’un ménage consente à payer pour un service amélioré d’eau potable (branchement privé et bornes fontaine) : sud d’Haïti (Whittington et alii, 1990), Népal (Whittington et alii, 2002), Bangladesh (Ahmad et alii, 2005), Sri Lanka (Pattanayak et alii, 2006). L’effet revenu est parfois capté par un indice de richesse plus large (Whittington et alii, 1990), ou par les transferts (Pattanayak et alii, 2006).

Cependant, le revenu n’est pas toujours le déterminant principal ; le pourcentage de revenus (taux d’effort) qu’un ménage est disposé à consentir peut varier très largement. Les exemples suivants illustrent ce point :

- Dans le district de Chihota (Zimbabwe), où les sources existantes sont relativement accessibles, les villageois ne sont prêts à payer que moins de 0,5% de leurs revenus pour accéder à un puits amélioré (Water Research Team, 1993) ;

- Dans l’État de Parana (Brésil), de nombreux ménages refusent de payer quoi que ce soit pour des bornes fontaines, mais se déclarent disposer à consacrer 2% de leur revenu pour avoir un branchement sur cour (Briscoe et alii, 1990) ;

- Dans le sud d’Haïti, les ménages sont disposés à consacrer seulement 1% environ de leurs revenus pour des bornes fontaines et environ 2% pour un branchement particulier (Whittington et alii, 1990);

- À Ukunda (Kenya), les ménages consacrent déjà environ 9% de leurs revenus à l’achat de l’eau aux kiosques et aux revendeurs-livreurs (Whittington et alii, 1990) ;

- Dans l’État d’Anambra (Nigéria), de nombreux ménages allouent 10% de leurs revenus à l’achat d’eau auprès des revendeurs de voisinage pendant la saison sèche (Whittington, Lauria, 1991).

Lorsque l’élasticité de la demande aux revenus a pu être calculée (ceci n’a pas été possible dans toutes les études de cas de la Water Research Team en raison de la difficulté d’obtenir des données fiables sur les revenus), elle s’est révélée uniformément basse : 0,15 au Brésil, 0,14 en Inde, 0,07 au Zimbabwe et 0,06 au Kenya. Ces résultats suggèrent qu’en moyenne, une augmentation de 10% des revenus domestiques provoquerait une augmentation d’environ 1% de la probabilité qu’un ménage choisisse un système amélioré d’approvisionnement en eau. Globalement, les résultats montrent que le revenu des ménages, quoique souvent important, n’est pas toujours le déterminant prépondérant de la demande pour des services améliorés.

3.1.2 Le niveau d’éducation

Les études font partie de l’idée que lorsque le niveau d’éducation des membres du ménage augmente, ces derniers devraient être plus conscients des bénéfices sanitaires liés à la consommation d’eau potable et, de ce fait, plus enclins à utiliser des services améliorés lorsque ceux-ci sont disponibles. Lorsqu’ils ne le sont pas, on s’attendrait à ce que ces ménages soient prêts à payer davantage pour les obtenir que les ménages au niveau d’éducation plus bas. Et parce que les ménages plus éduqués pourraient, pour toutes sortes de raisons, avoir des coûts d’opportunité plus élevés pour le temps passé à la collecte de l’eau hors de la maison, ils pourraient bien être disposés à payer plus que d’autres ménages pour un service amélioré.

Les résultats empiriques confirment généralement que les ménages expriment un consentement à payer pour des services améliorés qui croît avec leur niveau d’éducation. Les études d’évaluation contingente menées dans la zone d’eau douce du Pendjab montrent qu’un ménage dont la durée de scolarité du membre le plus éduqué est supérieure à 5 ans avait un consentement à payer environ 25% plus élevée pour un branchement particulier que celle d’un ménage comparable n’ayant pas un tel membre (Altaf et alii, 1993). Au Nigéria, 5 années supplémentaires de scolarité accroissent le consentement à payer d’un ménage d’environ 50%, à la fois pour les bornes fontaines et pour les branchements particuliers (Whittington, Lauria, 1991). Au Brésil, une famille dont le chef a passé de 1 à 5 ans à l’école a une probabilité de se connecter au réseau supérieure de 7% à celle d’une famille au chef sans aucune éducation (Briscoe et alii, 1990). Une famille dont le chef a terminé son cycle primaire a une probabilité de se connecter au réseau de distribution 6% supérieure à celle d’une famille dont aucun des membres ne l’a achevé (Briscoe et alii, 1990). Terminer son cycle secondaire accroît la probabilité de se connecter de 13% supplémentaire (Briscoe et alii, 1990).

De même le niveau d’éducation apparaît comme une variable significative qui influence le consentement à payer des ménages pour un accès aux bornes fontaines au sud d’Haïti (Whittington et alii, 1990).

Enfin au Bangladesh, le niveau d’éducation augmente la probabilité que les ménages consentent à payer pour un accès au branchement privé (Ahmad et alii, 2005).

3.1.3 Le genre

Dans les études d’évaluation contingente menée par la Water Research Team (1993), hommes et femmes ont été enquêtés afin de tester comment le genre influence le consentement à payer du ménage pour des services en eau améliorés. Parce que les femmes supportent plus la tâche de la collecte d’eau, les sociologues qui étudient la gestion domestique de l’eau supposent que les femmes attachent davantage d’importance à la fourniture d’eau améliorée que les hommes. Elles seraient donc disposées à payer plus pour de telles améliorations. Cependant, dans de nombreuses cultures, les femmes n’ont pas un contrôle équivalent à ceux des hommes sur les ressources financières du ménage ou y accèdent moins aisément.

Lorsqu’elle est interrogée sur ce que son ménage serait disposé à dépenser pour un approvisionnement amélioré, une femme peut être réticente ou incapable d’engager ainsi le ménage dans une obligation financière substantielle, même si à son avis, l’amélioration en vaudrait la dépense. De ce fait, le sens dont le genre peut influencer le consentement à payer des individus pour des services améliorés est difficilement prédictible.

Dans les études d’évaluation contingente de la Water Research Team (1993) où cet effet a été testé, le genre de l’enquêté s’est avéré être un déterminant statistiquement significatif. En Tanzanie et en Haïti, les enquêtées se déclaraient disposées à payer davantage pour accéder aux bornes fontaines que les enquêtés (Whittington et alii, 1989c ; Whittington et alii, 1990). Par contre, c’était le contraire au Nigéria puisque le consentement à payer des femmes pour les bornes fontaines et les branchements privatifs était inférieur de moitié à celui des hommes. (Whittington et alii, 1990). Et en Inde, le fait d’être une femme diminue la probabilité de consentir à se raccorder à un robinet sur cour (Singh et alii, 1993).

En d’autres termes, le genre de l’enquêté apparaît avoir une influence importante dans le consentement à payer qu’expriment les ménages mais le sens de cet effet dépend du contexte culturel spécifique.

3.1.4 La taille et la composition des ménages

Les études économétriques ont rarement mis en évidence d’effet significatif de la taille et de la composition du ménage sur le consentement à payer des ménages pour des services améliorés. Ceci était le cas des variables telles que : la taille du ménage, la proportion des femmes adultes dans la famille, la proportion d’enfants dans la famille, l’âge de l’enquêté, sa religion et l’expérience professionnelle en dehors de la communauté (par exemple lorsqu’un membre du ménage a travaillé à l’étranger).

3.2 L’influence des caractéristiques des modes