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Chapitre 4. Les enjeux de la gestion des zones humides

5.2. La collecte des données

5.2.1. Les données secondaires

Les données climatiques recueillies portent sur la pluviométrie et les températures. Les données pluviométriques ont été acquises auprès de la direction nationale de la météorologie du Mali. Ces données pluviométriques n’étant pas disponibles pour la zone d’étude, nous avons utilisé celles de la localité la plus proche, c’est-à-dire la ville de Kolokani (située à une quarantaine de kilomètres de la zone d’étude). Mais, cette ville ne dispose pas non plus de données de températures. Par conséquent, nous avons décidé d’utiliser les données de températures disponibles sur le portail de connaissances sur les changements climatiques (climateknowledgeportal.worldbank.org). Ce portail utilise les données d’observation disponibles à l’échelle mondiale fournies par l’unité de recherche sur le climat (Climate Research Unit, CRU) de l’Université d’East Anglia. Cette unité de recherche fournit des données de température et de précipitations de qualité qui sont largement acceptées comme des données de référence dans la recherche climatique (Harris et al., 2014).

L’analyse de chacun des deux paramètres climatiques (pluie et températures) est basée sur une série climatologique de 46 années d’observations, allant de 1970 à 2016. Une série climatologique est « tout échantillon réunissant des valeurs climatologiques à raison d’une valeur pour chaque année de la série d’observations étudiée » (Thom et Arléry, 1972, p. 1). La longueur de cette série (46 ans) est conforme à la normale trentenaire de l’Organisation Mondiale de la Météorologie (OMM). Selon cette institution, citée par Bessemoulin et Boucher (2002 p. 37), les normales sont des « moyennes temporelles

portant sur des périodes uniformes et relativement longues comprenant au moins trois périodes consécutives de dix ans ».

L’analyse de ces deux variables vise à connaitre les caractéristiques de la zone d’étude au plan climatique et analyser leur impact sur le lac Wégnia, qui est tributaire des eaux pluviales que son bassin reçoit et de la température qui y règne.

5.2.1.2. Les données hydrologiques

Pour ce qui concerne les données hydrologiques, bien que des limnimètres (échelle limnimétrique classique) soient encore visibles sur les bordures nord du lac Wégnia, nous n’avons pu obtenir que quelques données fragmentaires auprès de la direction nationale de l’hydraulique du Mali. Il s’agit des données portant sur les hauteurs d’eau du lac en période de crue (mois d’août) sur six années d’observation (1999, 2000, 2001, 2002, 2003 et 2010), et en période d’étiage (mois de mai) sur quatre années d’observation (2003, 2004, 2005 et 2010). Ces données ont permis de construire le limnigramme de crue et d’étiage de ce lac et d’analyser les fluctuations du niveau d’eau au cours de l’année. 5.2.1.3. Les données cartographiques

Les données cartographiques ont contribué à la production de différentes cartes thématiques. Ainsi, grâce aux relevés GPS sur le terrain, aux cartes topographiques fournies par l’Institut Géographique du Mali (IGM), et aux images satellites Landsat, nous avons produit différentes cartes au nombre desquelles nous avons les cartes d’occupation du sol. L’élaboration des cartes d’occupation du sol a pour objectif d’analyser la dynamique spatio-temporelle du milieu étudié (la zone humide du lac Wégnia) d’une part, et d’analyser ses impacts sur le lac et son bassin versant, d’autre part. Mieux, il s’agit aussi d’explorer les pistes de solution dans la perspective d’une meilleure gestion de ce lac. Vu l’importance de ces cartes d’occupation pour cette étude, nous allons fournir plus de détails sur la méthode choisie pour leur conception.

En effet, la production des cartes d’occupation du sol a nécessité l’utilisation des données de la télédétection (images satellites, tableau 4) et un système d’information

géographique (SIG). La télédétection satellitaire a la particularité de fournir des informations sur la couverture du sol en fonction du temps (Garouani et al. 2008). Cette couverture du sol, qui change en fonction du temps, constitue un bon indicateur de la dynamique de la surface terrestre qui résulte de divers facteurs. Elle permet de déceler facilement l’intervention de l’homme sur le territoire (Mas, 2000; Di Gregorio, 2016). Nous avons donc utilisé 3 images satellites de type Landsat : Landsat MSS 1972, Landsat ETM 2000, et Landsat OLI-TIRS 2018 (tableau 4). Il s’agit d’une période d’évolution de l’état du paysage s’étalant sur 46 ans (1972-2018). Ces différentes images ont permis d’étudier l’évolution de l’occupation du sol à travers 05 classes d’occupation du sol que sont : les sols nus, la forêt-galerie, l’eau libre, les savanes (savane arborée et savane arbustive) et les zones d’eau temporaires.

En vue de faciliter l’analyse de l’occupation du sol de la zone humide du lac Wégnia, nous avons délimité un espace centré sur le lac Wégnia (figure 19). Les dimensions de cet espace sont les suivants : longueur : 20,411 km, largeur : 15,331 km ; soit une superficie de 312,921 km2 (31292 hectares) et un périmètre de 71,484 km. Au lieu de cet espace, nous aurions pu choisir aussi l’ensemble du bassin versant du lac Wégnia, mais il nous aurait été difficile de vérifier toutes les informations issues des images satellites sur le terrain à cause de la vaste étendue de ce bassin et de nos moyens limités. C’est pourquoi nous avons choisi un périmètre focalisé sur le lac et ses alentours et dont l’étendue, relativement restreinte, nous permet de valider facilement les résultats du traitement d’images sur le terrain. Mieux, cet espace inclus tous les villages faisant partie de notre échantillon et qui peuvent être réellement appelés des villages riverains du lac Wégnia.

Figure 19. Délimitation de la zone centrée sur le lac Wégnia (source : SRI, Landsat 5 MSS_1984)

Les images ainsi choisies sont des images qui ont été prises au cours du mois de décembre (Tableau 4). Cette période de l’année correspond, dans les régions sahéliennes, à l’état du couvert végétal juste après la saison des pluies (Sarr, 2009). À ce moment, les herbacées rentrent dans un état de jaunissement. Elles sont donc très pauvres en chlorophylles et en eau, et ne risquent pas d’être confondues avec les espèces ligneuses qui conservent un feuillage vert. En outre, le choix de cette saison se justifie par le fait

que la comparaison de deux images demande qu’elles soient acquises à la même saison (Laffly, 1993). Le même auteur, à titre d’exemple, différencie le printemps où il y a une confusion entre les « objets verts » en raison de l’importance de l’activité chlorophyllienne et l’été où les stades phénologiques des plantes sont plus variés et les images plus claires et diversifiées.

Les critères de choix d’images étant définis, nous avons exécuté la recherche sur le site de Landsat6. Les scènes qui intéressent la zone d’étude ont été localisées (199/51 et 214/51), puis une requête a été réalisée sur ce site afin de télécharger les images pour les dates choisies.

Tableau 4. Les caractéristiques des images satellites utilisées

Source : https://landsat.usgs.gov

- MSS: Multi Spectral Scanner - TM: Thematic Mapper

- OLI- TIRS: Operational Land Imager and Thermal Infrared Sensor