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Chapitre 6. La première phase de la gestion adaptative du lac Wégnia

6.3. Choix de meilleures stratégies locales d’adaptation des moyens de subsistance face au

6.3.2. Analyse des acteurs de la gouvernance du lac Wégnia

Un certain nombre d’acteurs interviennent dans la gouvernance de la zone humide du lac Wégnia. Il s’agit de l’État, des collectivités territoriales, des populations locales et des organisations non gouvernementales (ONG) (Coulibaly 2013). On peut appeler ces acteurs, les "parties prenantes. Par parties prenantes, nous entendons des individus, des groupes ou institutions qui expriment un intérêt quelconque pour les ressources naturelles du site du projet, et qui peuvent potentiellement être touchés ou affectés par les activités liées à l’exécution de ce projet ou qui peuvent gagner ou perdre quelque chose en cas de changement de conditions (DEC, 2012). Nous décrivons succinctement le rôle et les responsabilités de chacun d’entre eux en nous inspirant des travaux de Coulibaly (2013) et de notre expérience terrain.

a. L’État

L’État, à travers ses services techniques déconcentrés, joue le rôle de contrôle, d’appui-conseil et d’intervenant direct dans la protection et la gestion des ressources naturelles de la zone humide du lac Wégnia. Dans ces rôles, il est représenté notamment par l’administration locale déconcentrée (la préfecture de Kolokani) ; la direction nationale des eaux et forêts à travers le Plan d’Action de gestion des Zones humides « PAZU » et le Cantonnement des Eaux et forêts de Kolokani.

La Loi n°2017-051 du 02 octobre 2017 portant code des collectivités territoriales confère aux collectivités locales la responsabilité de gérer les affaires relevant de leur domaine de compétence, notamment celles relatives au développement économique, social et culturel. Dans le cadre de cette loi et en vertu de ses articles 22 et 95, la gestion du lac Wégnia relève de la compétence du conseil communal de Guihoyo, dans les limites territoriales duquel se trouve le lac Wégnia, et du conseil de cercle de Kolokani. Ils interviennent dans la gestion des ressources du bassin de ce lac en initiant et en exécutant des projets. Et conformément à leurs prérogatives que leur confère la loi susmentionnée, le conseil communal et le conseil de cercle doivent être consultés pour avis avant l’exécution de tout projet ou programme concernant la gestion du lac Wégnia. Toutes les communes riveraines du bassin du lac Wégnia (Ouolodo, Guihoyo et Tioribougou) intègrent dans leur plan de développement économique, social et culturel (PDESC) la gestion des ressources du bassin du lac Wégnia. Toutefois, l’application effective de ce plan sur le terrain est timide en raison du manque de moyens financiers.

c. Les communautés riveraines du lac Wégnia

Les communautés locales sont associées à la prise de décisions concernant la gestion des ressources du lac Wégnia grâce à leurs représentants au sein du conseil communal. La mise en place en 2002, avec l’appui du PAZU, des comités et brigades de surveillance de l’environnement témoignent de leur participation concrète à la gestion des ressources de la zone humide du lac Wégnia (Coulibaly, 2013). Structure de proximité, composée de femmes et d’hommes, ces brigades veillent à la protection et la sauvegarde de leur environnement en faisant respecter des normes qui sont connues de tous comme la coupe abusive de bois, les feux de brousse, etc.

Il convient de noter que l’État et les collectivités territoriales (autorités administratives) ont été officiellement informés de la conception et de l’exécution de notre projet de thèse. Mais, si l’État et les collectivités territoriales ont été simplement informés du processus de la gestion adaptative du lac Wégnia, les communautés locales en ont été les véritables actrices. Ce sont elles aussi qui sont en contact direct avec ce lac et qui

l’utilisent pour la satisfaction de leurs besoins quotidiens. Leur implication dans le présent projet a été totale. En effet, si certaines décisions étaient prises en groupe restreint, le reste de la population était informé de nos actions grâce aux remontées d’information des participants et aux assemblées générales villageoises. La participation des communautés concernées à nos activités était fondée sur le volontariat et l’esprit de préservation de l’intérêt collectif. Le groupe restreint de parties prenantes était composé de :

 Des chefs de village ou/et leurs conseillers (selon leur disponibilité),  Du président de l’association des pêcheurs,

 Des représentants des associations des femmes et celles des hommes,  D’un représentant des brigades de surveillance environnementale.

Rappelons que dès le départ, nous sommes partis de l’idée que ces populations, étant en contact permanent avec le lac Wégnia, elles le connaissent bien. Par conséquent, elles sont capables d’identifier des menaces qui y pèsent et proposer des solutions durables. Leur participation a été manifeste durant tout le cycle de la gestion adaptative de ce lac. Elles ont participé à: (1) l’identification des problèmes; (2) la définition des objectifs prioritaires, le choix des meilleures stratégies d’adaptation; (3) la détermination des mesures ou activités spécifiques pour atteindre les objectifs définis et la proposition des hypothèses alternatives; (4) l’élaboration, l’implémentation et l’évaluation du plan d’action. Leur connaissance écologique traditionnelle a été déterminante dans le processus.

d. Les organisations non gouvernementales (ONG)

Les ONG interviennent sous différentes formes dans la gestion du lac Wégnia. Certaines initient et mettent en œuvre des projets avec les acteurs locaux, d’autres se contentent de les accompagner dans leurs projets de développement à travers le renforcement de leurs capacités. Elles ont été des partenaires sur le terrain dans la mise en œuvre de notre plan d’action. Par exemple, avec l’ONG AMPEF, nous avons exécuté le volet reboisement de notre plan d’action.