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Les différentes figures de style à valeur hyperbolique

2. Les héritages du récit oral

2.3. Les différentes figures de style à valeur hyperbolique

Plusieurs figures de style ont valeur d’hyperbole dans les œuvres. Cela est d’autant plus marqué dans les deux romances car elles sont issues du conte et de l’épopée qui reprennent déjà ce procédé stylistique. La description de la montagne noire du romance O

herói da montanha negra est exemplaire :

Eram montanhas horríveis, Negras iguais a carvão, Que eram quase invisíveis Numa densa escuridão, E deviam ter origem No Reino da Assombração. (Haurélio 2009, p. 12)

L’hyperbole est régulièrement utilisée pour inscrire une vision manichéenne sur les personnages des romances dans lequel le gentil est bon et le méchant est mauvais :

« Que faz esse monstro aqui ? », Ficou ele imaginando.

Nisso, avistou linda joven Em um cantinho chorando- Viu que o terrível mastim A estava vigiando. (Haurélio 2009, p. 21)

L’exagération est également possible grâce à l’emploi de nombreux adjectifs épithètes. Cela produit par conséquent plus d’énonçant que d’énoncé comme dans la strophe suivante qui introduit l’histoire O herói da montanha negra :

Onde guerreiros valentes, Destros e admiráveis Mostram valor enfrentando Criaturas miseráveis, Partindo em busca do amor E façanhas memoráveis. (Haurélio 2009, p. 3)

La création d’une vision schématique est également rendue possible grâce aux comparaisons. D’un côté, le bien représenté par Glauco est comparé au héros grec Persée afin de mettre en valeur son courage et son côté aventurier :

Um guerreiro valoroso Na velha Hélade viveu, Duma bravura imensa Que o assemelha a Perseu. [...] (Haurélio 2009, p. 3)

Et de l’autre, le mal est incarné par les monstres qui jalonnent le parcours de Glauco et qui sont comparés à des créatures de l’enfer :

Esse ser era um mastim Com cauda de escorpião, Escamas por todo o corpo E as garras de leão,

Mais horroroso que Cérbero, O tartáreo guardião.

(Haurélio 2009, p. 20)

La métaphore est également régulièrement utilisée pour accentuer les traits d’une situation, d’un environnement ou d’un personnage. Dans Os três conselhos sagrados de Marco Haurélio, le héros Sebastião qui a laissé la terre du Nordeste pour trouver du travail dans le Sudeste, se retrouve à travailler dans le verger de la ferme Paraíso pour un patron qui s’appelle Gabriel. Lorsqu’il surmonte les épreuves de la vie ainsi que celles du chemin du retour vers le Nordeste, l’environnement hostile et désolé du Nordeste que Sebastião avait laissé, s’était transformé en paradis terrestre. La terre du soleil aux couleurs de braise était devenue une oasis de verdure :

Mas aquele foi um ano De um verão escabroso, O norte foi atingido Por um calor horroroso, E a morte correu o sertão, Num furor impiedoso. [...]

Seguiu no rumo do leito Do velho Rio do Antônio, Que deixara quase seco Naquele tempo medonho. Tudo agora estava verde- Parecia até sonho! (Haurélio 2006, pp. 3, 27)

En plus de l’hyperbole qui est la caractéristique principale des romances, d’autres figures de style qui marquent l’insistance sont employées dans les cordéis didactiques. Il s’agit de l’accumulation et de l’anaphore. Dans Cordel cotidiano, Moreira de Acopiara utilise plusieurs fois l’énumération afin, selon nous, d’atteindre deux objectifs distincts : l’exhaustivité et la maîtrise du sujet. Par exemple, dans l’extrait suivant, il se sert de l’énumération pour souligner la diversité des thèmes abordés dans la littérature de cordel.

O Cordel contemporâneo Fala de sonho, saudade, Escola, computador, Contos de fada, amizade, Professor, aluno, escola... Temas da atualidade. (Acopiara de 2012a, p. 4)

Et dans l’extrait qui suit, il cherche également à montrer la richesse des thèmes et des titres de la littérature de cordel, mais cette fois-ci, Moreira de Acopiara utilise le pronom sujet « je » pour conduire l’énumération. Il accumule plus d’une dizaine de titres de grands classiques de la littérature de cordel en seulement trois strophes afin de montrer sa connaissance bibliographie.

Eu nunca esqueço a magia Nem o enredo engenhoso D’O Pavão Misterioso, D’O Valente Zé Garcia, Coco verde e Melancia, O Direito de Nascer... E outros que hão de aparecer Fortalecendo essa liga. O cordel é coisa antinga, Mas não vai envelhecer.

Lembro João sem direção, As astúcias de Camões, Vicente, o rei dos ladrões E O vaqueiro Damião. Grinaura e Sebastião Cedo eu pude conhecer. Eu nunca vou esquecer A Cigarra e a Formiga. O cordel é coisa antinga, Mas não vai envelhecer. O Herói João de Calais Para mim foi um tesouro. Roldão no Leão de ouro Eu não esqueço (jamais). Roberto do Diabo faz Qualquer estremecer, Para depois surpreender, Mostrando ter mão amiga. O cordel é coisa antinga, Mas não vai envelhecer. (Acopiara de 2012c, pp. 12‑13)

Il utilise le témoignage pour nommer les œuvres. De cette manière, il montre que non seulement il les connait mais qu’elles ont marqué son existence. Ce n’est plus une énumération d’œuvres classiques mais bien un échange d’expérience. Il agit sur le plan affectif plutôt que théorique.

Il procède de la même manière avec l’anaphore. Il l’utilise et il y insère la figure de la comparaison pour donner son opinion et créer des images. Cela a l’effet de produire de l’émotion. Grâce à l’anaphore, il martèle son idée et les comparaisons font appel à l’imaginaire collectif pour, si ce n’est gagner définitivement l’adhésion du lecteur, faire en sorte que son message soit retenu par ce dernier.

Cordel mal feito não prende O exigente leitor,

Não toca mais o aluno, Não encanta o professor, Não entra na faculdade, Não possui muito valor. Cordel desmetrificado É como um corpo sem alma; É como angu sem tempero, É como um homem sem calma, É como o sertão sem lua É um fim de ato sem palma. (Acopiara de 2012a, pp. 4‑5)

Les extraits précédents sont cités comme exemples afin de montrer l’héritage du « formulisme » dans la littérature de cordel actuelle. Désormais, il s’agit d’amener la réflexion dans le sens inverse. C’est-à-dire qu’il est question de mettre en évidence la

formulation (Zumthor 1987, p. 217) de la littérature de cordel. Par l’expression dé-formulation, Paul Zumthor veut rendre compte de l’influence de l’écriture sur le processus de

production de la poésie orale. Il s’agit dans le point à venir de montrer le passage d’une poésie où l’emphase lyrique126 imprégnait le récit, vers une poésie qui a pris une orientation plus réflexive.

2.4. L’emphase lyrique et l’orientation