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CHAPITRE 3 : Démarche méthodologique

3.9 Les considérations éthiques

Dans cette prochaine section, j’aborde le respect de la confidentialité ainsi que ma démarche de réflexion sur ma posture d’étudiante-chercheuse.

3.9.1 Le respect de la confidentialité

La préoccupation centrale des considérations éthiques pour ce mémoire est le souci du maintien de la confidentialité. Effectivement, les représentations des participants abordées sont non seulement personnelles, mais elles portent sur un sujet sensible, soit le suicide. Les formulaires de consentement signés par les participants, contenant leur identité, ainsi que les enregistrements audio sont gardés sous clé. Conformément aux normes de recherche de l’Université de Montréal, ces traces seront détruites la cinquième année suivant l’achèvement de ce mémoire. De toute évidence, le centre de crise où je travaille comme intervenante a été exclu de l’entièreté de la démarche de recherche pour ce mémoire par souci de confidentialité et pour éviter des conflits d’intérêts. Dès l’étape de la transcription, des prénoms fictifs ont été attribués aux intervenants. Aussi, toute information sujette à révéler l’identité des participants et le centre de crise où ils travaillent a été retirée du verbatim.

Des mesures ont été mises en place pour favoriser le bien-être des participants autant lors de la remise du formulaire de consentement que dans les étapes précédant l’entretien. Je me suis inspirée de réflexions proposées par Martineau (2007) et par Patton (2002). Concrètement, les intervenants ont, d’une part, été informés que, bien qu’il n’y ait pas de risque particulier à leur participation, les éléments abordés dans le contexte de l’entretien pourraient les amener à aborder ou se remémorer des situations difficiles. J’encourageais d’emblée les participants à me communiquer tout malaise pouvant survenir. Je pourrais ainsi interrompre l’entretien au besoin. D’autre part, j’ai informé les intervenants des retombées positives de leur participation, notamment en contribuant à enrichir les connaissances permettant de mieux orienter les pratiques sur le terrain, à valoriser les savoirs pragmatiques des intervenants et à les soutenir dans leurs réflexions sur leurs pratiques professionnelles. Les informations concernant

l’utilisation des résultats de recherche dans le contexte de ce mémoire ont en outre été fournies aux participants par souci d’honnêteté et de transparence. Ces réflexions éthiques m’ont également amenée à réfléchir sur mon rôle. Par exemple, lors de la réalisation des entretiens, je me suis souciée de dégager une attitude de respect et d’ouverture pour encourager la libre expression chez les participants (Martineau, 2007). Pour faire suite à cet effort de réflexion, une démarche plus détaillée à ce sujet se trouve ici-bas.

3.9.2 Ma démarche de réflexion envers ma posture d’étudiante-chercheuse

Pour que la contribution de la subjectivité du chercheur en recherche qualitative soit éthique, il s’avère essentiel que celui-ci analyse de manière continue sa posture éthique dans ses interactions sur le terrain et les données de recherche (Paillé et Mucchielli, 2013; Laperrière, 1997).

Une posture d’équilibre est d’emblée encouragée en recherche qualitative (Paillé et Mucchielli, 2013). J’ai donc, d’une part, réfléchi à ma position de proximité avec le terrain et le sujet de recherche du fait que je travaille moi-même comme intervenante en centre de crise. Les référents professionnels que me procure ce rôle sont favorables dans mes interactions avec les données de recherche (Laperrière, 1997). Par exemple, mon confort et mon ouverture à discuter de dimensions entourant le sujet de recherche contribuent à un climat d’ouverture et d’aisance avec les participants, ce qui est favorable pour qu’ils dévoilent leurs expériences. En même temps, ces référents professionnels pourraient nuire à la visée de diversification des perspectives (Laperrière, 1997). D’autre part, j’ai réfléchi à la distance que me procure mon rôle d’étudiante- chercheuse ayant des référents théoriques. Cette posture contribue également à ce que je ne sois qu’à temps partiel sur le terrain. Par ailleurs, j’ai sélectionné ma problématique de recherche peu de temps avant que je sois embauchée dans un centre de crise. Un intérêt s’était certes manifesté auparavant, mais par l’entremise d’une autre expérience professionnelle en intervention et de formations.

J’ai mis en place quelques méthodes par souci de maintenir une proximité avec les perspectives des participants sans projeter les miennes sur celles des participants. En ce sens, voici quelques exemples de méthodes que j’ai mis en place.

Premièrement, au cours des entretiens, j’ai fait des clarifications lorsque les participants ne terminaient pas leurs idées ou qu’ils disaient tenir pour acquis que je comprenais ce qu’ils essayaient d’exprimer.

Deuxièmement, j’écrivais des notes en marge dans les écrits que j’ai produits lorsque je me remettais en question sur la justesse de mes interprétations (Martineau, 2007). Dans de tels cas, soit que je me laissais du temps pour bien y réfléchir et trouver des appuis pour l’interprétation, soit que je consultais ma directrice de recherche en lui nommant mon questionnement.

Troisièmement, lors de la démarche d’analyse, j’ai tenté de rester le plus proche possible du discours des participants.

Par ailleurs, je n’ai pas dévoilé ni aux équipes ni aux participants que je travaillais moi- même comme intervenante en centre de crise. À mon sens, cela renforçait la vision que la présente relation d’échange se centrait sur les participants en tant qu’interlocuteurs dont les réflexions et les propos sont valorisés et sur mon rôle d’étudiante-chercheuse (Martineau, 2007). La seule circonstance dans laquelle je me suis permis de dévoiler cette information fut lorsqu’un participant m’a interrogé à ce sujet dans une discussion informelle qu’il avait commencée à la suite de l’entretien. La perspective méthodologique étant présentée, le prochain chapitre porte sur la présentation et l’analyse des résultats.