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Chapitre 1 Problématique de l’épuisement professionnel dans la main-d’œuvre : état de la

1.5 Les autres facteurs

1.5.3 Les caractéristiques individuelles

Le premier aspect des caractéristiques individuelles qui a capté notre attention est le genre. En effet, la littérature fait ressortir des différences de genre quant à l’épuisement professionnel. Généralement, les hommes seraient plus à risque d’épuisement professionnel. Plusieurs études nous le confirment (Adam et al., 2008; Dai et al., 2008; Hamaideh et al., 2011; Klersy et al., 2007). Par contre, certaines études apportent une nuance en constatant que les femmes sont plus enclines à vivre de l’épuisement émotionnel tandis que pour les hommes, le cynisme (Ahola et al., 2006; Lau et al., 2005; Martinussen et al., 2007). Il existe deux hypothèses qui permettent d’expliquer cette différente réalité de genre. D’abord, une première hypothèse suggère que les femmes seraient davantage exposées aux stresseurs de la vie quotidienne, de par leurs rôles sociaux plus nombreux et exigeants (conflit travail-famille). Ensuite, une deuxième hypothèse suppose que la vulnérabilité des femmes face aux stresseurs de la vie quotidienne serait plus élevée (Drapeau et al., 2002). Donc, elles s’épuisent au niveau émotionnel plus facilement. Également, une étude transversale de Garrosa et al. (2010) soutient que les femmes sont plus à risque de vivre un manque d’accomplissement personnel. Cependant, certains auteurs ont noté que cette relation entre le genre et l’épuisement professionnel n’est pas significative (Garrosa et

al., 2008; Kokkinos, 2007; Kowalski et al., 2010; Love et al., 2011; Näring et al., 2012; Schmidt et Diestel, 2011; Schulz et al., 2009; Shanafelt et al., 2009; Thompson et Cavallaro, 2007). Au final, nous constatons que le courant majoritaire affirme que les hommes sont plus à risque d’épuisement professionnel que les femmes. Cependant, une nuance est suggérée, soit que les femmes soient plus à risque d’épuisement émotionnel et les hommes de cynisme. Par ailleurs, les études ayant trouvé que les hommes étaient plus à risque ne précisent pas le pourcentage d’hommes au sein de leur échantillon, ce qui pourrait expliquer leurs résultats. Quoi qu’il en soit, notons tout de même que la dimension la plus critique de l’épuisement professionnel demeure l’épuisement émotionnel et que les femmes en souffrent davantage que les hommes.

Le deuxième aspect des caractéristiques individuelles qui s’associe à l’épuisement professionnel est l’âge des individus. En fait, ce que la littérature suggère est que plus nous vieillissons, moins nous avons de chance de développer de l’épuisement professionnel. Cela dit, la littérature est plutôt équivoque à ce sujet. En effet, certaines études sont parvenues à démontrer cette relation (Boyas et Wind, 2010; Dai et al., 2008; Fletcher et al., 2011; Garrosa et al., 2008; Gilbar et al., 1998; Lakin et al., 2008; Lau et al., 2005; Love et al., 2011; O’Neill et Xiao, 2010; Rafferty et al., 2001; Shanafelt et al., 2009; Soares et al., 2007; Spooner-Lane et Patton, 2007; Xie et al., 2011). Mais beaucoup d’autres ont conclu que cette relation entre l’âge et l’épuisement professionnel est non significative (Barford et Whelton, 2010; Kokkinos, 2007; Kowalski et al., 2010; Näring et al., 2012; Schmidt et Diestel, 2011). Une étude longitudinale de Miner et al. (2007) va en ce sens et soutient qu’il n’existe aucune relation significative unissant l’âge à l’épuisement professionnel. Toutefois, notons la petite taille de leur échantillon (n = 60), ce qui peut grandement limiter la capacité de généralisation de ce résultat. D’ailleurs, une autre étude longitudinale possédant un échantillon beaucoup plus important issu de la population générale en emploi (n = 3616), confirme que l’âge permet de réduire le risque d’épuisement professionnel. Par contre, cet échantillon est composé uniquement de femmes, donc ceci n’exclut pas la possibilité que l’effet de l’âge soit significatif uniquement chez les femmes. Au final, nous constatons que certains éclaircissements mériteraient d’être obtenus quant à la contribution de l’âge sur l’épuisement professionnel vu le manque d’unanimité des auteurs. Nous pouvons toutefois retenir que le courant majoritaire semble pencher vers un effet significatif de l’âge sur le phénomène étudié.

Le troisième et dernier aspect des caractéristiques individuelles est le niveau de scolarité. Ce que l’on constate est qu’un niveau d’éducation plus élevé permet de réduire les risques de présenter un épuisement professionnel (Dai et al., 2008; Xie et al., 2011). Toutefois, certaines études concluent en l’absence de relation significative (Boyas et Wind, 2010; Narumoto et al., 2008; Soares et al., 2007). En somme, les études sont équivoques et ceci mérite un éclairage afin de bien saisir le rôle de cette variable dans l’explication du phénomène qui nous préoccupe. En ce qui concerne l’impact des caractéristiques individuelles sur la sécrétion de cortisol salivaire, nous avons recensé peu de résultats. Dans une étude comportant 69 cols blancs et bleus, Berset et al. (2009) constatent que le genre n’a pas d’impact significatif sur la sécrétion de cortisol salivaire. Cependant, cette étude est limitée de par son petit échantillon qui handicape la généralisation des résultats. De plus, une seule mesure de cortisol salivaire a été récoltée ce qui limite la fiabilité de l’étude. Une autre étude arrive au même constat, soit celle de Devereux et al. (2011). Cette étude présente les mêmes limites que celle de Berset et al. (2009), soit un petit échantillon ainsi qu’une seule mesure de la sécrétion de cortisol salivaire pour une journée de travail et une journée de congé. Par ailleurs, une étude effectuée par Steptoe et al. (2000) confirme que le fait d’être une femme s’associe à une plus grande sécrétion de cortisol salivaire au réveil. Cependant, la portée de cette conclusion est limitée par le fait que l’étude utilise une seule profession, soit l’enseignement. Il est donc impossible de généraliser à l’ensemble des professions. Une étude dirigée par Thomas (2009) va dans même sens en précisant que la sécrétion de cortisol salivaire des femmes à 45 minutes après le réveil est plus élevé que celui des hommes (n=7916). Nonobstant les résultats précédents, une étude de Wright (2008) conclut que le genre et l’âge ne sont pas associés de manière significative avec la sécrétion de cortisol dans la salive. Ainsi, nous constatons que la recherche empirique à ce sujet mérite d’être développée. C’est ce que nous tenterons de faire lors de cette thèse.