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Hypothèse 4 : La relation entre les conditions de l’organisation du travail et la

Chapitre 1 Problématique de l’épuisement professionnel dans la main-d’œuvre : état de la

2.3 Présentation du modèle empirique retenu et des hypothèses de recherche

2.3.2 Hypothèses

2.3.2.4 Hypothèse 4 : La relation entre les conditions de l’organisation du travail et la

personnalité

Le modèle théorique permet de postuler un effet modérateur des traits de personnalité au niveau de la relation entre les stresseurs issus des conditions de l’organisation du travail et la sécrétion de cortisol salivaire. Cette hypothèse est novatrice en ce sens qu’aucune étude empirique n’a vérifié cette possibilité. En fait, la réponse physiologique de stress suite à une menace dépend de notre perception individuelle de cette menace selon Lazarus et Folkman (1984). Ainsi, les différents stresseurs issus des conditions de l’organisation du travail sont perçus comme plus ou moins menaçants selon l’individu qui les interprète. D’ailleurs, Pearlin (1999) renforce cette idée en précisant que les mêmes stresseurs n’ont pas le même impact sur les différents sujets. Marchand (2004) abonde dans le même sens en soulevant que le décodage que l’acteur fait des contraintes et des ressources est crucial. Autrement dit, les différents éléments qui composent les structures peuvent être des contraintes ou des ressources en fonction du décodage que l’acteur en fait (Marchand, 2004). Cette réalité s’explique par le fait que, selon la théorie du stress social (Pearlin, 1999), l’interaction entre les contraintes et les ressources dépend de la façon personnelle qu’on les individus à réagir aux influences dégagées de l’action. On suppose alors que ce sont les traits de personnalité qui sont les caractéristiques qui influencent cette interprétation individuelle. Puisque la perception varie en fonction des traits

de personnalité, intégrer la personnalité dans notre modèle théorique prend tout son sens. En fait, les traits de personnalité sont susceptibles d’exacerber ou d’atténuer les effets ou la perception des contraintes vécues par les individus. Dans un cas où les traits de personnalité permettent d’atténuer la perception de contraintes ou de menaces, alors l’organisme se verrait également atténuer son besoin d’activation physiologique pour se préparer à combattre. Inversement, si les traits de personnalité accentuent la perception de menaces ou de contraintes, alors l’organisme se verrait forcé d’activer ses modifications physiologiques lui permettant de combattre.

Nous avons divisé les traits de personnalité compris dans notre thèse en trois sous-sections, la première présente les traits de personnalité issus du Big-Five, la deuxième présente le centre de contrôle et la troisième porte sur l’estime de soi.

2.3.2.4.1 Effet modérateur du Big-Five sur la relation entre les conditions de l’organisation du travail et la sécrétion de cortisol salivaire

Nous avons mentionné au chapitre 1 qu’il y avait 5 grands traits de personnalité qui composaient le Big Five, soient l’extraversion, l’agréabilité, la conscience, le névrosisme ainsi que l’ouverture d’esprit. Premièrement, comme nous l’avons vu au chapitre précédent, l’extraversion est le premier trait de personnalité compris dans le Big Five. Il s’agit d’une dimension qui comprend un ensemble plus large de traits qui incluent la confiance en soi, la sociabilité, l’activité, le besoin de stimulation et la tendance à expérimenter des émotions positives telles que la joie et le plaisir. Ainsi, nous croyons que l’extraversion permet de diminuer l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la sécrétion de cortisol salivaire. Deuxièmement, nous avons vu que l’agréabilité est une dimension du comportement interpersonnel d’une personne qui est considérée comme étant naïve, sympathique, au cœur tendre, de bonne nature, indulgente et coopérative. Nous posons ainsi l’hypothèse que ce trait de personnalité permet de réduire l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la sécrétion de cortisol salivaire. Troisièmement, nous avons vu que la conscience est une dimension qui s’associe au fait d’être scrupuleux, bien organisé, motivé, travaillant, ponctuel, propre, ambitieux, persévérant. Nous posons l’hypothèse que cette dimension de la personnalité devrait faire diminuer l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la sécrétion de

cortisol salivaire. Quatrièmement, le névrosisme est un trait de personnalité qui s’associe à la tendance à expérimenter des émotions négatives, la peur, les idées irréalistes, la nervosité, l’insécurité, l’hypocondrie, les inquiétudes, l’irritabilité, l’anxiété sociale, la faible estime de soi, l’impulsivité et de l’impuissance. Contrairement aux traits que nous avons présentés précédemment, celui-ci est à caractère négatif plutôt que positif et donc représenterait plutôt une contrainte qu’une ressource. Dès lors, nous postulons que le névrosisme contribue à faire augmenter l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la sécrétion de cortisol salivaire. Cinquièmement, les individus avec une grande ouverture d’esprit ou à l’expérience sont imaginatifs et sensibles à l’art et à la beauté. Également, ils ont une vie émotionnelle complexe et riche, ils sont curieux intellectuellement, agissent de manière flexible et sont non dogmatiques en matière de leurs attitudes et valeurs. Nous croyons que ce trait de personnalité est une ressource qui permet à l’individu de mieux s’adapter aux stresseurs de son environnement. Ainsi nous posons l’hypothèse que l’ouverture d’esprit permet de faire diminuer l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la sécrétion de cortisol salivaire.

2.3.2.4.2 Effet modérateur du centre de contrôle sur la relation entre les conditions de l’organisation du travail et la sécrétion de cortisol salivaire

Le centre de contrôle réfère au degré auquel un individu perçoit qu’il a du contrôle sur ce qui lui arrive d’important dans sa vie. Il s’agit d’un attribut personnel selon lequel l’individu perçoit les événements de la vie comme étant contingents à ses propres actions (centre de contrôle interne) ou conditionnels à la foi, à la chance ou aux autres (centre de contrôle externe) (Levenson, 1973; Rotter, 1966). Ainsi, une personne avec un centre de contrôle interne a l’impression qu’elle a le contrôle ou du pouvoir sur ce qui lui arrive dans la vie. Cette personne croit que les événements de sa vie sont contingents à ses propres actions et que le contrôle de sa vie se retrouve à l’intérieur d’elle-même. Dès lors, nous croyons que ce trait de personnalité est une ressource et qu’une telle personne devrait être en mesure de déployer des stratégies d’adaptation face aux stresseurs de la vie quotidienne. Nous postulons donc que le centre de contrôle interne devrait diminuer l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la sécrétion de cortisol salivaire.

2.3.2.4.3 Effet modérateur de l’estime de soi sur la relation entre les conditions de l’organisation du travail et la sécrétion de cortisol salivaire

Nous avons vu au premier chapitre que l’estime de soi est l’évaluation que l’individu fait et maintient à l’égard de sa propre personne et qui se traduit par une attitude d’approbation ou de désapprobation par rapport à lui-même (Rosenberg, 1979). Une forte estime de soi est d’ailleurs considérée comme nécessaire afin de faire face aux difficultés ou aux contraintes de la vie. Incidemment, nous postulons qu’une forte estime de soi permet de réduire l’impact des conditions de l’organisation du travail sur la relation entre les conditions de l’organisation du travail et la sécrétion de cortisol salivaire.

En somme, le modèle théorique retenu de même que les hypothèses qui en découlent offrent plusieurs contributions scientifiques. D’abord, notre modèle permet de cerner la contribution spécifique du travail, de la famille et des caractéristiques personnelles sur la sécrétion de cortisol salivaire ainsi que sur le risque d’épuisement professionnel. Ensuite, notre modèle permet d’évaluer l’impact indirect du milieu de travail sur l’épuisement professionnel via la sécrétion de cortisol salivaire. Enfin, notre modèle permet d’établir l’effet modérateur des traits de personnalité sur la relation entre le travail et la sécrétion de cortisol salivaire et ensuite entre la sécrétion de cortisol salivaire et l’épuisement professionnel.

2.3.2.5 Hypothèse 5 : La relation entre les conditions de