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Première partie : les dynamiques locales autour de la gestion de l’eau d’irrigation : rapports Hommes/ Milieu

Chapitre 3- Les aménagements hydrauliques dans la vallée de la Vésubie entre gestion communautaire et interventions publiques

F- Les canaux qui sont toujours en fonction :

En ce qui concerne les canaux qui fonctionnent jusqu’à présent, nous trouvons le canal des Adrès. Ce canal part du pont du Mouret et va jusqu’au vallon du Candoulent. Il irrigue tout le quartier des Adrès. Ce canal se particularise par ses multiples rôles puisqu’il ne sert pas exclusivement à l’irrigation mais aussi à l’alimentation en eau domestique. La spécificité de ce quartier réside dans la complexité de sa topographie qui rend l’installation du réseau d’eau potable difficile à i nstaller. La fontaine des Quatre Chemins servait autrefois à l’approvisionnement de la population du quartier en eau domestique. Désormais les résidents secondaires trouvent dans l’achat des bouteilles d’eau les seules sources de ravitaillement. Le second canal est celui des Aguilles qui part de la Béouroure. Il se situe sur la rive droite de la Gordolasque et il irrigue tous les terrains des Aguilles. Le canal de la Fount se situe sur la rive gauche de la Gordolasque. Ce canal part du pont de Frêne au nord et irrigue la Coullo, Gimbert, Saint-Jean, les Condamines, la Fount-Darrèro, Perdiguier, les Vignos et les compagnes de Roquebillière. Ce canal alimente tous ces quartiers en eau d’irrigation. Le débit

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de la Fount atteint les 246 l/s, ce qui permet l’approvisionnement de 20 000 habitants. Ce canal est entretenu par une association.

Le canal du Moulin, par son statut communal, est le canal le plus important de Belvédère. Il était dit « le canal du village ». Ce canal comme la Fount part du pont du Frêne. L’importance de ce canal est dans la superficie qu’il irrigue car il arrose la majorité des quartiers du village. Il irrigue la Béourooure, le Vernios, Saint-Blaise, la Colombe, tous les jardins qui se situent au-dessus du village (comme le Proou, le Puèi, Camp de Roure), le Ris, le Berc, la Gourette, les Rajes, le Boucart, le Colombier, la Vallière, la Salèle, le Zibac, le Marc, la Rivière, le Vallon, le Dallo, le Castagne et d’autres. A partir de 1903 jusqu’en 1926, ce canal avait pour mission de faire tourner la turbine pour la production de l’électricité au village. Il a fait marcher les scieries et les moulins à farine. Il actionnait les soufflets de forges, et était aussi utilisé pour nettoyer les rues et emporter la neige.

Le canal du Véseou supérieur part au-dessus du pont ancien du Cognas. Ce canal est le plus long du village, sa longueur s’élèvant jusqu'à 5,600 kilomètres. Il irrigue tout le quartier du Véseou de l’Ubac à l’Adret et continue à alimenter une partie importante des deux communes de Roquebillière et de la Bollène. Comme les autres canaux, il prend en partie son eau dans la Gordolasque, sa principale alimentation étant la prise d’eau construite sur la rivière qui fonctionne avec un système de vannes suivi par plusieurs décanteurs. Son débit est de 220 litres d’eau par seconde. L'autre particularité de ce canal est aussi la multiplication d'autres sources d’alimentation au Véseou Supérieur. A côté de son alimentation principale par la Gordolasque, il est approvisionné par un autre cours d’eau du Raus existant dans le vallon de la Condoulente. En revanche, son débit reste médiocre notamment dans les périodes d’étiage. Le canal de Véseou est géré par une association syndicale autorisée comme dans le cas de la Fount. Sa modernisation en matière d’aménagement date de 1924.

Un autre canal continue à fonctionner jusqu’à nos jours, celui de la Rivière. Il se situe en dessous du village. Il part de la Laune du Voroulet et il arrose tout le Castagne et Saint Julien. En outre, nous trouvons le canal de Sestrein dont l'usage est destiné à l’irrigation des zones sèches de Belvédère.

Si la plupart des canaux d’irrigation à Belvédère se caractérisent par une gestion collective, quelques réseaux privatifs restent à signaler dans cette partie, comme c'est le cas pour le canal

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de Millo et de Laurentise57. Ainsi, l’intervention de l’EDF58 dans le bétonnage des canaux comprenait non seulement le réseau d’irrigation collectif mais aussi privé.

a- Le réseau d’irrigation de Saint Martin Vésubie :

Présentation des canaux de Saint Martin Vésubie, Eric Gili, idem.

Le territoire de Saint Martin Vésubie, de même que celui de l’ensemble de la vallée de la Vésubie, est irrigué par un réseau faisant partie de son histoire hydraulique. La particularité de ce village est dans l’abondance de ces canaux. Seule une partie du canal de Nantelle toujours en fonction dépend de l’association AMONT. La disparition de la gestion communautaire à Saint Martin reste significative par rapport aux autres villages de la région. Des ruptures et des transformations majeures des systèmes irrigués ont causé directement la disparition totale du bon fonctionnement du réseau d’irrigation gravitaire. Malgré la dissolution de la gestion communautaire de l’eau d’irrigation, la persistance des traces spatiales de ce patrimoine reste le témoin d’une grande tradition d’irrigation. Le tableau suivant illustre l’importance de ce réseau d’irrigation jusqu’aux limites du XX ème siècle59.

57 Nous voulons dire par un réseau d’irrigation privé, un réseau qui implique à la fois une gestion et une

appropriation individuelles du canal. Il existe des canaux dont l’appropriation est individuelle. En revanche, quand on emploie le terme canaux privés c’est parfois pour le distinguer des canaux communaux comme celui du Moulin.

58 Dans la signature de la convention entre l’EDF et les parties intéressées, on trouve l’intégration des

propriétaires individuels de certains canaux. Voir un modèle de cette convention en annexe.

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Deuxième partie : Droits d’eau, communautés et eau d’irrigation

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