• Aucun résultat trouvé

Première partie : les dynamiques locales autour de la gestion de l’eau d’irrigation : rapports Hommes/ Milieu

Chapitre 2- Les communautés villageoises de la Vésubie entre changement et permanence

A- Les dynamiques historiques et sociopolitiques des communautés villageoises vésubiennes

2- Le Bas Moyen-Age

11 Eric Gili, Familles et patrimoines à Saint Martin Vésubie (XVI-XIXe siècles), Tome I, II et III, Doctorat en

36

Le réseau des villages va avoir le jour à partir du XIIIe siècle. Dix-sept villages alors forment, à l’époque, le territoire vésubien :

« En lisant l’ouvrage de De Velo J-B : Passagi Alpini, on est frappé de la synonymie entre beaucoup de localités de la haute Doire et de la haute vallée de la Vésubie. Cette égalité de dénominations se rapporte aux localités suivantes : Infernel, la Lauza, Lausella, la Baissa, la Pinca, Lous Adrets, lo plan, Villar, Lous Bess, Laularet, la Comba, Venanzon, Lou Drac, Lou Sap, Incons ou Inconas, la Musella, Clapier, Mollières. Cette identité de noms ne peut être accidentelle ; mais dénote évidemment l’identité du régime politique de l’une et de l’autre région ».12

Cependant et en faisant majoritairement recours à la force notamment dans le premier tiers de ce siècle, le Comte de Provence, Raymond Bérenger V, suzerain de Provence, a exigé des communautés vésubiennes de lui rendre hommage. Par son sénéchal, Romée de Villeneuve, la vallée a été reconquise avec pour prix, l’effacement de dix consulats. A cause du rôle stratégique que jouait la communauté villageoise de Saint-Martin Vésubie notamment en matière de surveillance du débouché des deux cols de Cirieigie et Fenestres, elle fut la seule communauté de la vallée autorisée à garder son consulat.

En conséquence, une recomposition territoriale insatiable a mis en exergue les dynamiques des villages survivants tout en accordant l’essor des territoires vésubiens détruits. C’est dans ce contexte que nous mettons en avant la mise en place définitive des paroisses qui ont persisté encore jusqu’à la fin du XXe siècle. Le Val de Lantosque ou ce qui porte le nom actuel de la vallée de la Vésubie en tant qu’unité territoriale administrative a vu le jour dans la violence. Elle est inscrite juridiquement dans le contexte d’une viguerie (territoire juridique) dont le siège se trouve à Sospel. Elle comprenait aussi les terrains appartenaient au Comté de Vintimille acquis par les comtes provençaux. A cette époque ce sont les comtes de Vintimille puis les comtes de Provence qui en prennent l’autorité (bien qu’il subsiste encore des droits de propriété sur les terres ainsi que des droits de pâturage appartenant aux comtes de Vintimille).

37

Le Val de Lantosque C. 1235-1264

13 L.D.C 1249 1252 1263-1264 ALLOCHE BELVEDERE BOLLENE (La) BOLLINE (La) CASTRUM VETUS CLANS GORDOLON LANTOSQUE LODA MARIE PUGET-GARNIER ROCHE (La) ROQUEBILLIERE SAINT-DALMAS SAINT-MARTIN TOUR (La) UTELLE VENANSON C C C ? C C C C C C ? ? C C C C C ? C C ? ? ? C ? C C C ? ? C C C C C C C C C ? X C X C C C ? ? C C C C C C C C C C ? C ? C C C C C C C C C C C

Légende :

L.D.C : liste des castra

1249 : comptes de Raimon Scriptor14

1252 : Enquête générale de c. 1252 1263-1264 : Rationnaire de 1263-1264 C : Localité citée

? : Localité non citée

X : Localité indiquée comme abandonnée

Dès 1257, le comte possédait l’ensemble des droits de Vintimille. Dans ce cadre, le Val de Lantosque se dotait des prérogatives concédées par les comtes de Provence. Des familles de notables construisirent le parlement général qui se distingue par un pouvoir exécutif en vue de consolider les privilèges de l’élite locale. Cette dernière préférait s’associer au comte afin d’affirmer ses prérogatives au sein des communautés villageoises. En 1264, la viguerie de Nice et le comté de Vintimille correspondaient aux quatre baillis tels que Peille, le Val de Lantosque, Vence et le comté de Vintimille. En revanche, le Val de Lantosque se distinguait par un statut totalement particulier par rapport aux autres territoires composant le comté :

« Mais le Val de Lantosque a toujours eu une position particulière. Dans l’enquête de Charles II, au jour du 1er mars 1290, il est perçu comme une « circonscription secondaire de la viguerie de

Nice ». Après 1318, le Val de Lantosque et le Comté de Vintimille sont rassemblés officiellement.

13 Tableau issu de la thèse de Jean Paul Boyer, Hommes et Communautés du Haut Pays niçois médiéval, La

Vésubie (13e-15e siècles), 1992, pp : 20

14 A partir des comptes de Raimon Scriptor de 1249, le val de Lantosque ne correspondait pas uniquement à la

vallée de la Vésubie mais aussi Saint-Dalmas dans le Valdeblore et une importante partie de la vallée de la Tinée telle que Clans, Marie, la Tour et Alloche (hameau de la Tour).

38

La ville de Vintimille est ainsi le chef-lieu de ce Val de Lantosque. Mais J.-P. Boyer nous explique qu’il n’y a jamais eu d’union, dans les faits, entre le Comté de Vintimille et le Val de Lantosque. Ce dernier se distingue par son caractère d’individualité. »15

Lors de la nouvelle dynastie provençale, la Vésubie a connu des aspects de richesse économique incroyable. A cette époque le lignage angevin a été reconverti dans celui de Barcelone. En revanche la vallée est restée tout de même un territoire frontalier et surtout une marche, comme elle l'était pendant tout le Moyen-Age. C’est à partir de Saint-Martin que le Comte de Provence conduisit son armée et son ost16 pour occuper des nouveaux territoires appartenant au Piémont

proche. Dans les prés de Las Roghieras, sous les murs du village, différents contingents des communautés villageoises venant de plusieurs villes et villages, se rassemblent afin de prouver leur assistance au Comte en lui prêtant serment.

L’histoire prospère de la région montre la montée du pouvoir seigneurial des comtes de Vintimille dans la deuxième moitié du XIIIe siècle et son extension « angevine » vers le Piémont. L’implantation très longue des comtes de Vintimille souvent associés aux seigneurs du Haut Pays, l’intervention des comtés de Savoie Amédée VII en 1388, les troubles à Nice en 1436 et les révoltes de Massoins de 1409 à 1412, ont eu une profonde influence jusqu’au fin fond la vallée de la Vésubie.

« Le Val de Lantosque est partie prenante lors de la guerre de l’union d’Aix. En 1383, il est aux côtés de Nice favovable à Charles de Duras. Et par là même, opposée à Grasse, Antibes et Vence partisans de Louis d’Anjou. En 1388, Nice qui est en mauvaise position dans le conflit, reçoit l’aide intéressée d’Amédée VII. Celui-ci se rend à Nice en passant par Saint-Etienne-De-Tinée (15 septembre), Valdeblore, Saint-Martin-Lantosque (23 septembre), Lucéram et l’Escarène (27 septembre). Tous ces villages, les uns après les autres, prêtent fidélité avant Nice. Le pacte de rédition conclu le 28 septembre 1388, présente Amédée VII comme « le protecteur des populations soumises à la menace angevine » et accorde un délai de trois ans au roi Ladislas pour rembourser les sommes engagées dans cette protection. Mais comme il était prévisible, trois ans plus tard, Ladislas n’a toujours pas pu rembourser. Et le 12 novembre 1391, le serment de 1388 devient définitif. Les communautés doivent alors renouveler les serments de fidélité. Mais une fois de plus, le Val de Lantosque devance les autres, l’ayant fait le 27 octobre 1391. C’est ainsi que les terres de Provence orientale, dont fait partie le Val de Lantosque, deviennent les Terres Neuves de Provence. Elles sont dominées par la Maison de Savoie jusqu’en 1860, date de l’annexion du

15 Stagnardo, Marie, recherche sur l’habitat d’époque médiévale sur le territoire de Saint-Martin-Vésubie :

les habitats abandonnés, mémoire de Master 2 en Histoire SMPAM, Université de Nice Sophia Antipolis, juin 2008,

pp : 10.

39

Comté de Nice par la France. Seul un intermède de 1792 à 1815 voit le comté de Nice passer sous la domination française. »17

Le Val de Lantosque a été ravagé par les affres de la Peste noire surtout dans la première partie du XIVe siècle. Les épidémies et leurs réapparitions ont péniblement touché la région qui constitue un lieu de passage principal entre la Provence et le Piémont. Nous ne pouvons guère estimer l’ampleur des dégâts humains. Néanmoins, la richesse économique qu’a connue la vallée après cette crise reste un indice sur les limites consécutives à cette épidémie. Le développement des différentes et nouvelles relations commerciales, la recomposition des propriétés des communautés villageoises et la consolidation des rapports sociaux autour de la gestion des ressources naturelles de l’eau et de la terre demeurent des axes prééminents de la pérennisation des groupes sociaux. Cette expansion économique a été traduite également dans les communautés vésubiennes par la mise en œuvre de nouveaux édifices sacrés telles que les églises et les chapelles qui en étaient les bénéficiaires.

Cette période s’étale jusqu’au règne chaotique de la dernière représentante de la première maison d’Anjou, de Provence, voire la reine Jeanne. Sa succession au pouvoir a été contestée et a conduit la région à une guerre civile, appelée « l’Union d’Aix ». Après un certain nombre d’années et devant la victoire du prétendant angevin, la Vésubie, en tant que partie non négligeable des Terres d’Outre Siagne, trouve en le Comte de Savoie, associé aux seigneurs adjacents des Grimaldi de Beuil18, une source de protection. L’ensemble du territoire du Val de

Lantosque se consacrait (sous forme contractuelle) au Comte de Savoie, Amédée VII. Ce dernier a reçu quelques jours avant, le même acte de la viguerie de Nice. A partir du XVIe siècle, les

Terres Neuves de Provence s’appelaient le Comté de Nice.

17 Stagnardo, Marie, recherche sur l’habitat d’époque médiévale sur le territoire de Saint-Martin-Vésubie :

les habitats abandonnés, mémoire de Master 2 en Histoire SMPAM, Université de Nice Sophia Antipolis, juin 2008,

pp : 10-11.

18 En se basant sur le travail de Marie Stagnaldo, nous pouvons suivre les traces de la situation politique des

Grimaldi de Beuil (descendant de Thorame-Glandèves). Ils « avaient longtemps ignoré l’autorité du comte de Provence. Ils avaient profité des difficultés de la reine Jeanne pour recouvrir une partie des libertés perdues. Gräce à l’Union d’Aix, ils avaient l’occasion d’accroître leurs possessions aux dépens des seigneurs pro-angevins. Jean Grimaldi envoie en janvier 1388 son frère Louis Grimaldi à Chambéry pour rencontrer Amédée VII et lui proposer Nice. Un traité secret est conclu en août 1388. En récompense, Amédée VII nommera Jean Grimaldi de Beuil sénéchal et gouverneur de Provence le 30 octobre 1388. » (Stagnardo, Marie, op, cit, pp : 10)

40

Au XVe siècle, la nature du pouvoir va façonner en profondeur l’organisation socioéconomique des communautés. Ces solides institutions communautaires vont jouer un rôle important dans la pérennisation d’un système de production basé sur le rôle des petits « éleveurs laboureurs » jusqu’à la fin du XVe siècle. Ce monde rural d’altitude, sous le joug des seigneurs et de l’Eglise, va glisser petit à petit sous l’autorité du Roi et donc de l’État.

L’organisation politique des paysans provençaux du Moyen-âge se distingue selon Jean Paul Boyer19 par deux groupes : ceux des montagnes ou arrière-pays et ceux des villes. Le mouvement politique s’amorce dès le XIIIe siècle et reste encore riche jusqu’au XV e siècle surtout en Haute Provence dont l’absence de syndic permanent est considérée comme étant révélateur. La vallée de la Vésubie est moins dépourvue de particularités, à la fois par l’ancienneté des institutions que par leurs fonctions.

Nous ne pouvons guère, dans ce cadre, mettre en perspective l’évolution des structures politiques de la vallée sans prendre en considération le système des seigneurs et ses effets sur l’organisation tant politique qu’économique. Dès le Moyen-âge, la vallée de la Vésubie a été partiellement sous l’autorité du Comté de Vintimille avant qu’elle ne soit soumise par la suite au Comté de Provence. Les seigneurs de Provence ont gardé éventuellement quelques droits d’eau et de pâturage dans la vallée, surtout à Lantosque et à Belvédère.

Le système des seigneurs a eu une grande influence en Haute Provence jusqu’à la fin du Moyen- âge. Boyer indique dans ses travaux que les coseigneurs privés détiennent un grand pouvoir dans les villages par rapport aux autres seigneurs du Bas-pays. A titre d’exemple dans la montagne de Lure, les seigneurs ecclésiastiques et ceux laïques ont pu se maintenir dans leurs divers aspects :

« A propos de la baillie de Puget-Théniers au début des années 1340, I.Jonas déclare que les coseigneurs privés continuent de dominer les villages. A tout ceci J. Heers fait écho pour la Ligurie, décrivant des cantons de montagne où subsistent les « traditions féodales » » (Ibid, 293).

Il est à noter qu’en comparant d’autres comtés comme celui de Tende, par exemple, il y avait des limites bien tracées qui persistent entre seigneurs et État. Dans la même optique, il demeure

19 Boyer Jean Paul, La vallée de la Vésubie aux XIV-XV siècles. Étude économique et sociale sur le haut -

41

indispensable de prendre en compte un autre grand pouvoir, celui de l’Eglise qui se dotait d’une large autorité dans la vallée, entraînant un déclin des seigneurs laïques plus rapide qu’ailleurs.

Par ailleurs la vie seigneuriale de la Vésubie reste difficile à décrire dans son ensemble. Les communautés locales ont eu du fil à retorde contre la puissance seigneuriale. Dans cette perspective nous tenterons de distinguer entre les différents seigneurs, le seigneur de justice, le seigneur du prélèvement des taxes, du recrutement des armées, représenté par des viguiers au sein des communautés paysannes, le seigneur foncier, généralement issu des familles nobles possédant de grands domaines dans la vallée.

De la seconde moitié du XIIIe au début du XIVe siècle les caractéristiques des seigneurs sont similaires dans toute la Haute Provence. Les hiérarchisations entre grands seigneurs et petits seigneurs restent très remarquables dans les mêmes villages. Dans ce cadre, Saint Martin de Vésubie et Venanson en restent un exemple concret. En 1252, le Comte de Tende « tenait » (Ibid, 294) ces « castra » avant d’être débouté par le comte de Provence. Certains seigneurs gardaient ou possédaient des droits sur ces localités telles que le monastère de Notre Dame de Fenestre et la famille Tornaforti. Bien que de rang inférieur par rapport à la haute seigneurie, ils possédaient des hommes sous leur juridiction :

« Cet état de franchise est à peu près certain ; ils ne peuvent guère être en position servile par rapport à un autre seigneur : le comte possède à Belvédère l’intégralité de la justice sur la totalité des hommes. » (Ibid, 295).

Il en est de même des « caslans » qui étalaient leur pouvoir sur des hommes tout en s'appropriant « une fraction de bans », de même que le « chasement » qui a été chargé de la gestion des exploitations agricoles contre des lourdes obligations. En 1252, ils étaient dix-sept à Belvédère. Quinze d’entre eux ont payé une redevance en argent au comte ou « homines fiscales » et les deux restants une redevance en nature. D’autres irrigants acceptaient ce système mais ne sont soumis qu’un cens annuel. Leurs terrains sont alors soumis à un bail emphytéotique20. Une large partie des droits de souverain est issue de ceux que prélèvent les seigneurs. Ainsi il existe de nombreuses redevances prélevées par les nobles dans presque tous les villages : « Albergue et

42

cavalcade étaient autrefois exigées à Belvédère par la maison de Vintimille… les impositions sur le commerce doivent avoir aussi une origine seigneuriale. » (Ibid, 295).

C’est ainsi que les revenus fonciers touchent l’ensemble des terres cultivées possédées par le comte de Provence en référence à l’ancienne emprise de la maison de Vintimille. Ces emphytéoses de 1297 touchent le plus souvent les près, les jardins, les chènevières et les vignes. Ces « acaptes » ou redevances annuelles oscillent entre 68%, 75%, 100% et 80% des parcelles de terres appropriées par le souverain de la vallée. Il est à noter dans ce cadre que les terres arables ne représentent que 41%. (…) dont 82% des propriétés ont été sous l’autorité du souverain. Ces terres sont quelquefois regroupées en « tènements »21. Cette forme d’exploitation a fait de plus en plus place au métayage selon la volonté du comte de Provence sur son territoire : « Les Hospitaliers poursuivent en 1339 la tradition de la mise en valeur directe pour cent stérées de terres labourable et un pré de deux journaux. »22. Ce système de « chasement » donne un capital

économique (Pierre Bourdieu), symbolique et social des seigneurs de la vallée. L’appropriation

des terrains irrigués est l’essor de la prospérité et la mainmise des seigneurs sur les contextes locaux.

Les terres « en réserve » sont regroupées par quartiers mais elles seront petites à petit réduites par le système des emphytéoses qui deviennent l’exclusivité des localités en excluant les villages. A Roquebillière et à Belvédère, à cette époque, les jardins, les prés, parfois les vignes sont groupés par quartiers proches des « castra » pour éviter au maximum toute évocation des maisons et des casales. Ce système seigneurial bien structuré va commencer à avoir un déclin graduel au milieu du XIIIe siècle.

La genèse des institutions communautaires de la vallée remonte à des siècles immémoriaux. Elles étaient loin d’être considérées par les différents pouvoirs comme étant une personne morale, ou un interlocuteur personnifié en institution. La réalité des collectivités semble acceptée : « Les terroirs des « castra » désertés de Saint Colomban, Corolles et Casellet sont dits « tenus » par les « homines de Lantusca », ceux de Mons et Montezes sont partagés entre le même prieuré de

21 Terme féodal qui consiste à un domaine agricole exploité par un métayer dépend à un seigneur 22 Boyer,J-P. Hommes et Communautés…, op.cit,, pp : 296

43

Gordolan, enfin celui de Gordolo appartient aux « homines de Belvezer et de Lantoscha »23. L’albergue devient une contribution imposée à tous les habitants de la vallée sauf à Utelle. Or les droits du comté sont faits en leur propre nom sans faire allusion à aucune forme d’organisation municipale. En 1271 les subventions d’hommages demandées de la « baillie de Peille et du Val de Lantosque » sont groupées par « université »24, et désignées de façon particulière par une

reconnaissance précise de communauté. En 1309 tout change, c’est au nom de la collectivité que deux représentants donnent l’hommage pour chaque membre des villages concernés. Tous les rapports se faisaient par des intermédiaires des représentants. Entre ces deux dates un régime communal est mis en place.

La genèse de cette forme d’organisation institutionnelle au sein des communautés villageoises va être scellée par trois procès-verbaux rédigés sur un parchemin qui date des 3 et 4 janvier 1290. Ce dernier concernera Saint Martin de Vésubie et Venanson. Ces procès attestent que le comte va disposer dans les deux « castra » de la globalité de la juridiction. Selon Boyer ce document affirme la présence très organisée de deux consulats avec consuls, banniers et pouvoir de police rurale. Ces deux consulats sont parfaitement autonomes par rapport à l’emprise du pouvoir seigneurial et ne sont pas ni nommés, ni représentés ni influencés par le comte. Ce dernier n’a aucun droit d’influence sur les décisions prises par cet organisme. Cette autonomie peut faire recours au rôle stratégique qu’à toujours joué le val de Lantosque en tant que lieu de passage entre le Provence et le Piémont

En revanche, dans la première moitié du XIIIe siècle la mise en place des « consulats alpins » se faisaient par la volonté même du comte, pour se glisser, selon E. Baratier « dans les localités où ils ne possédait qu’un droit théorique de souveraineté. »25. Il arrive aussi qu’un consulat soit nommé par la population sans la présence du comte. Cela concerne quatre sur cinq des consulats

Outline

Documents relatifs