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La gestion collective du réseau d’irrigation de Berthemont avant l’adoption des structures associatives

Chapitre IX: Les métamorphoses sociopolitiques et économiques ambivalentes des zones de montagne de l’arrière-pays niçois au

Chapitre 2- L’évolution des règles de partage et de la distribution de l’eau : un miroir des dynamiques sociales et hydrauliques dans la Vésubie

B- L’évolution des règles de la gestion collective de l’eau d’irrigation au XIXème siècle à Belvédère : de la gestion communautaire à la gestion

2- La gestion collective du réseau d’irrigation de Berthemont avant l’adoption des structures associatives

Dans cette partie, nous basons nos analyses principalement sur un recueil rédigé par les communautés d’arrosants du canal de Berthemont en 1935. Devant les transformations du secteur agricole et les pratiques de l’irrigation, les arrosants ont trouvé avant l’adoption de la première association syndicale nécessaire d’archiver l’histoire de la gestion collective de l’eau d’irrigation du réseau de Berthemont. Contrairement à d’autres canaux dont les traces écrites antérieures de la mise en place des structures associatives sont quasiment rares, dans le cas du Berthemont un document communautaire nous permet de restituer en général, les règles de la gestion collective des eaux du vallon du Spaillard : un des affluents de la rivière de la Vésubie.

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Comme l’ensemble de la Vésubie, les origines des canaux restent incertaines. Pourtant les communautés de Berthemont sont parvenues à cerner la période de construction du réseau entre 300 à 400 ans. Nous estimons, alors, qu’à partir du XVIème siècle, les communautés d’arrosants organisèrent en Société d’Arrosage de Berthemont construisirent collectivement le réseau d’irrigation afin de parvenir à assurer leur subsistance agroalimentaire. En effet, il nous apparait nécessaire de signaler les vertus du hameau de Berthemont non seulement en réseau d’irrigation mais surtout en sources thermales dont l’aménagement remonte à la période romaine. L’attachement des communautés villageoises de Berthemont à leur patrimoine hydraulique commun a nécessité la transcription des règles communautaire en matière de la gestion de l’eau dans les périmètres irrigués de Berthemont et du Cogne.

1- Tracé du canal de Berthemont

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En lumière de ce document, les modalités et les principes de la répartition de l’eau à l’intérieur du périmètre irrigué de Berthemont se firent l’objet d’un consentement à l’unanimité par les propriétaires. Les seules ayants droits sont ceux qui ont participé à la construction du réseau d’irrigation gravitaire du hameau. Les mêmes principes de répartition

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des droits d’eau proportionnels à la superficie irriguée observés dans la majeure partie du réseau hydraulique vésubien sont préalablement établis par les communautés d’arrosants. Dans ce contexte micro-local, l’appropriation de l’eau est attachée à la terre et non par aux propriétaires. Un système de gouvernance locale de l’eau basé principalement sur une répartition équitable se fut appliquer par les arrosants du Berthemont afin d’assurer le bon fonctionnement des systèmes irrigués. Devant l’importance des cultures irriguées de l’époque, l’irrigation se faisait le jour et la nuit à tour du rôle en respectant, en priori, le principe de la solidarité amont/l’aval. Les principes de l’équité en matière de la répartition des eaux de Berthemont devaient inéluctablement être respectés par les communautés. La construction du tour d’eau devait reconnaitre relativement égale par rapport à l’irrigation des terrains pendant la nuit, chose peu appréciée comme constaté dans ce document. Les propriétaires arrosèrent ainsi à tour du rôle pendant la nuit.

La jouissance des droits d’eau dans le réseau d’irrigation a été réservée uniquement aux propriétaires des terrains irrigués et de leurs héritiers à Berthemont qui ont contribués aux travaux de construction du réseau. Nonobstant, la flexibilité des règles communautaires et la solidarité entre les collectivités ont permis aux arrosants de Berthemont d’effectuer quelques changements dans le système de tour d’eau en incluant un autre quartier irriguer ; le plateau du Cogne. A l’origine, le tour d’eau a été de l’ordre d’une semaine, l’équivalence de 168 heures d’irrigation réservait à l’arrosage des propriétés du Berthement. En revanche la diminution du débit d’eau des sources de Vernet arrosa principalement le plateau du Cogne exigea un accord avec les arrosants de Berthemont afin d’accorder quelques parts d’eau à ceux du Cogne.

Les arrosants ont coordonné entre eux et ceux du plateau de Cogne afin de réduire les heures d’arrosage de jour à partir de 4 heures du matin à 8 heures du soir soit 40 minutes. Aucun changement n’a affecté les heures de nuit. Un droit d’eau équivalent, ainsi, à 5h 20 par jour soit 37h 20 par semaine furent réservées aux propriétaires du Cogne. L’organisation collective des communautés d’arrosants, la perméabilité des règles souvent bien adaptées aux contraintes des milieux écologiques et sociaux et leur permettaient de s’adapter aux différents changements en assurant le bon fonctionnement des systèmes irrigués. Dès lors, la journée et la semaine dénombrèrent 32 et 224 heures d’arrosage. Les arrosants du périmètre du Berthemeont gardèrent leurs droits d’eau de 168 heures hebdomadaire. Ainsi, un simple calcul permet de constater le droit d’eau concédé par les propriétaires du Berthemont à ceux

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du Cogne : 224-168 = 56 heures. 56 heures d’arrosage s’étaient le droit accordé et distribué entre les arrosant du Cogne. Ces derniers participèrent aux travaux d’entretien du réseau principal du Berthemont et contribuèrent de même que ceux de Berthemont à toutes les dépenses.

Ce réseau gravitaire fonctionna saisonnièrement du 1er juin au 30 septembre. En effet, au début du XXème siècle nous constatons déjà quelques changements affectant l’entretien collective du réseau car c’est l’adjudicataire nomma par les propriétaires qui s’en chargea. L’adjudicataire est payé en nature ou l’équivalent en argent. L’adjudicataire assura le curage du réseau hydroagricole du début du canal jusqu’à l’abreuvoir de la Madonette. Les propriétaires, pourtant, furent tenus des réparations apparaissaient nécessaire au bon fonctionnement du réseau soit 4 journées du travail. En cas de nécessité, les propriétaires payèrent un ouvrier à leur choix pour effectuer le travail. Ces derniers s’acquittèrent à l’adjudicataire principalement au 1er septembre.

Ainsi, ces modalités de gestion collective de l’eau se firent avant que les propriétaires du Berthemont s’organisèrent en première association syndicale crée en 1930. La création de l’association syndicale a été sous l’initiative des propriétaires de Berthemont afin d’intégrer, selon le document, les lois en vigueur. Cette adoption ne suppose guère le détachement des communautés d’arrosant de leurs modalités de répartitions ancestrales toujours en vigueur. Dans ce contexte politique fragilisé par la guerre, la conciliation entre les règles communautaires en matière de la gestion collective de l’eau et les structures associatives imposées/proposées par l’État a permis aux communautés d’arrosants d’assurer jusqu’à nos jours la durabilité du réseau d’irrigation. Nous revenons sur ce modèle de gestion associatif de Berthemont ainsi que les enjeux de l’adoption de nouvelles techniques d’irrigation et la complexité de quelques aspects de la structure foncière, dans la troisième partie.

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Troisième partie : logiques étatiques et logiques communautaires :

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