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LES BESOINS PSYCHOLOGIQUES DE L’INFORMATION VISUELLE

CHAPITRE III. LES CARACTERISTIQUES PHYSIOLOGIQUES DE LA LUMIERE

III.4 LA PERCEPTION ET LES EFFETS DU PSYCHISME

III.4.1. LES BESOINS PSYCHOLOGIQUES DE L’INFORMATION VISUELLE

visuelle. Celui-ci résulte de la nécessité biologique, pour un individu, de s’informer sur son environnement. Une grande partie des informations collectées lui servent à estimer les dangers potentiels pour assurer sa sécurité. Les renseignements recueillis concernent l’orientation, les conditions climatiques, l’heure ou encore les événements qui surviennent dans notre environnement. Si ces informations font défaut, par exemple dans les grands bâtiments sans fenêtres, la situation paraît souvent artificielle et oppressante.

Nos besoins sociaux sont de deux types contradictoires, puisque nous sommes animés à la fois du besoin d’entrer en contact avec les autres et de disposer d’une sphère privée bien délimitée. Les différentes activités et les besoins biologiques d’une personne influent sur sa réception d’informations visuelles. Les domaines qui paraissent receler une information importante, que ce soit d’eux-mêmes ou parce que l’éclairage les met en avant, attirent le regard. Ainsi, c’est le contenu informatif d’un objet qui, explique en premier lieu qu’il soit retenu comme objet de la perception. Ce contenu influe également sur la manière dont l’objet est perçu et évalué.

III.4.1.1 LE BESOIN DE S’ORIENTER :

La préservation de l’intégrité corporelle nécessite que l’on ait connaissance à chaque instant de l’état de son corps, de sa position et de son mouvement. Les systèmes d’intégration sensorielle nous fournissent l’information nécessaire à notre orientation par rapport à l’environnement fonctionnent en permanence même durant le sommeil. Toutes les activités physiques marcher, travailler requièrent en permanence une information visuelle. Lorsque nous marchons, ou bien lorsque nous sommes assis, il importe que nous ayons besoin d’horizontalité. Nous pouvons par exemple nous accommoder d’un horizon mal défini (présence de brouillard par exemple), mais le besoin psychobiologique que nous éprouvons de nous repérer par rapport à lui induit un sentiment de malaise et nous pouvons nous sentir anxieux et désorientés.

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Photo III.3 : Orientation. Source : Guide ERCO.

Le phénomène de désorientation qui se produit dans des espaces ambigus nous emmène à un aspect important du processus de perception. « nos sens sont soumis en permanence à un

flot continue d’impressions , ou réception de données sensorielles brutes qui sont triées et traitées par l’esprit et les organes sensorielles eux-mêmes de façon que seule l’information pertinente soit transmise à l’attention consciente. »(Lam, 1982)12, cependant l’être humain

durant le processus d’élaboration de la perception, par rapport à une expérience antérieure développe un mécanisme interprétatif et significatif, exemple nous nous attendons à ce que les planchers soient horizontaux, parce que ceux dont nous avons l’expérience le sont dans leur très grande majorité. Lorsque nous rencontrons un plancher incliné dont l’inclinaison n’est pas signalée de façon visuellement manifeste notre attente nous désigne ce plancher comme étant horizontal, cette situation ambiguë peut être profondément perturbante. Notre attente influe de diverses manières sur la réponse émotionnelle que nous donnons à des environnements différents. Elle conditionne en particulier la réponse que nous donnons à la présence ou à l’absence de l’information biologiquement nécessaire. (attente perceptive) « Un univers où rien n’est prévisible, où tout change continuellement, est un

univers où l’intelligence n’a pas de prise sur le réel, où l’on est continuellement dans l’attente de l’inattendu. »(Von Meiss, 1986)13.

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Photo III.4 : S’orienter par rapport à son environnement. Source : Histoire du Nord. III.4.1.2. LE BESOIN DE S’ORIENTER DANS LE TEMPS :

Se repérer dans le temps constitue un autre besoin biologique important pour lequel certains types d’informations visuelles relatives à l’environnement nous sont nécessaires. L’être humain à l’instar de la plupart des organismes vivants, est doté de mécanismes biologiques divers qui fonctionnent comme autant d’horloges réglées sur l’alternance du jour et de la nuit ainsi que sur le rythme d’autres cycles biologiquement importants. À mesure que la durée du jour s’allonge puis diminue au fil des saisons, nos horloges internes s’adaptent en conséquence. Ce réajustement permanent de nos repères temporels nous fournit une notion précise de la luminosité que nous devrions trouver à l’extérieur des bâtiments et cette attente perceptive joue un rôle majeur dans l’appréciation que nous portons sur notre environnement lumineux. En effet, cette attente joue pour nous le rôle d’une valeur de référence à laquelle nous allons rapporter les données sensorielles induites par la luminosité sous laquelle nous apparait notre environnement immédiat. C’est parce que nous nous attendons en sortant de chez nous à midi, à trouver l’environnement extérieur lumineux et ensoleillé que nous serons déconcertés s’il présente un aspect sombre et lugubre. Nous serions même plus déconcertés encore si, sortant à minuit, nous découvrions qu’il faisait clair comme en plein jour, (le repérage temporel).

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Photo III.5 : Orientation dans le temps. Guide ERCO.

III.4.1.3. LE BESOIN D’UN CONTACT DIRECT AVEC LA LUMIERE SOLAIRE : La présence visible du rayonnement solaire satisfait un besoin biologique fondamental en fournissant des indications majeures tant sur la forme des objets tridimensionnels qu’en matière d’organisation spatiale, tout en contribuant à renseigner l’observateur sur l’état du ciel. Dans le cas de certaines activités, telles que se reposer sur une plage, la présence de la lumière solaire ne peut être que strictement favorable. Pourtant, et quoique les signes visibles de la présence du soleil soient appréciés de tous, se trouver baigné par le rayonnement solaire direct peut s’avérer désagréable si la lumière ou la chaleur qui lui sont associées interfèrent avec ce que nous voulons faire ou désirons voir.

Photo III.6 : Contact avec la lumière solaire. Source : Architecture et Théorie. A l’intérieur des bâtiments nous accueillons le soleil avec plaisir tant qu’il ne constitue pas une gêne pour nos activités. Néanmoins l’éclairage solaire direct d’un poste de travail peut s’avérer très incommodant en particulier si cette situation se prolonge un long moment sans que l’on puisse la contrôler ou se déplacer soi-même. «Une petite tâche de soleil suffit même

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Photo III.7 : Collège Tombey II Bussigny-prés- de Lausanne. Source : Luscher architectes.

III.4.1.4. LE BESOIN D’ETRE EN RELATION VISUELLE AVEC LE MONDE EXTERIEUR :

Il a été montré par (Manning, 1967)15, que la lumière du jour, est non seulement souhaitable

en raison du type d’éclairage qu’elle procure et de ses qualités spectrales, mais aussi du fait de l’existence des vues qui lui sont habituellement associées. Sachant que les gens apprécient tout autant la vue de la lumière du soleil baignant l’extérieur du bâtiment que la présence de celle-ci à l’intérieur des locaux, l’emploi de vitrages clairs est souhaitable. À cet égard de tels vitrages, sont particulièrement appréciables lorsqu’ils sont orientés au nord, du fait qu’aucun dispositif de contrôle de l’ensoleillement n’est nécessaire, ces dispositifs, ayant toujours pour effet d’altérer les vues que les ouvertures étaient initialement destinées à procurer. De nombreux types de pare-soleils, les fenêtres à petits bois et les stores vénitiens rendent la vue sur l’extérieur inconfortable en raison du conflit qui s’instaure entre la vue offerte et les éléments constitutifs de la baie vitrée. De tels dispositifs de protection solaire peuvent engendrer un « bruit de fond » visuel appréciable, qui gêne l’observateur et nuit à l’agrément procuré par la vue. Les parois composées de pavés de verre attirent l’attention de l’observateur en raison de leur luminosité élevée et du graphisme affirmé que dessinent leurs joints, mais la déformation qu’elles font subir à l’image qu’elles transmettent rend souvent celle-ci difficile à comprendre, ambiguë, et partant psychologiquement peu satisfaisante.

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Photo III.8 : Environnement. Source : Guide ERCO.

« Sache que la lumière de la vision externe est marquée par plusieurs imperfections :

-Elle voit les autres mais ne se voit pas elle-même.

-Elle ne voit pas ce qui est trop loin d’elle.

-Elle ne voit pas ce qui se trouve derrière un voile.

-Elle voit l’extérieur des choses mais non leur intérieur.

-Elle voit certains êtres et non tous les êtres.

-Elle voit ce qui est limité et ne voit pas ce qui est illimité.

-Dans l’acte même de la perception visuelle elle se trompe souvent, croyant en mouvement ce qui est immobile ou l’inverse.

Ce sont les sept imperfections, qui sont inséparables de l’œil externe. Si donc il existait un œil d’une autre sorte, exempt de tous ces défauts, ne mériterait-il pas mieux, vraiment ! Le

nom de « lumière ? » (Al Ghazali, 1981)16.

On peut conclure qu’un bon environnement lumineux doit être tout à la fois confortable, agréable, pertinent et approprié à l’usage auquel il est destiné. Un bon environnement lumineux est un environnement qui satisfait aux besoins de ses usagers dans toute la mesure du possible et qui fournit, tant sur le plan qualitatif que quantitatif, l’information visuelle spécifiquement requise par la conduite des activités accueille. Outre les besoins d’informations liées à l’activité, il existe toujours des besoins d’ordre psychobiologique, dont l’importance peut même excéder celle de ceux qui sont liés à l’activité et qui doivent être aussi satisfaits. « Si à chaque étape du parcours, c’est une nouvelle vision, un nouveau

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la même, ou plutôt elle se révèle comme elle « doit » être, fixe, immuable, brillant au-dessus de tout ce qui est formé, à la fois sans forme et forme la plus pure. » (Bouchier, 2002)17.

Photo III.9 : Escaliers de bureaux à Saint Denis les Bourgs, Ain. Source : Grégoire Magnien.