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PARTIE I. ETUDE THEORIQUE

I.1. DEFINITION ET CARACTERISTIQUES DE L’ESPACE PUBLIC

I.1.2. LES FORMES DE L’ESPACE PUBLIC

La ville est perçue comme une combinaison d’espaces bâtis et non bâtis. En effet, l’espace bâti et l’espace non bâti entretiennent des relations et des conditions qui font qu’ils forment un tout ou une unité. L’espace non bâti conditionne fréquemment l’espace bâti, lui conférant parfois sa forme, son relief, son caractère, l’espace bâti à son tour doit conférer aussi à donner à l’espace non bâti une forme, un caractère, une identité ce sont donc deux espaces complémentaires fortement et fréquemment reliés entre eux. «Tout bâtiment doit donner

quelque chose à la rue »L. Kahn. L’ensemble urbain, pleins, vides est un tout indissociable,

c’est l’élargissement de l’insertion de l’homme dans son espace. L’espace construit prend forme en fonction de ses relations avec l’espace extérieur.

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La forme de l’espace urbain public se traduit d’abord dans les tracés qui forment la voirie et structure donc la ville. Ces tracés déterminent les principaux axes commerciaux et de circulation, les principaux carrefours et places. Les tracés des villes étaient définis par rapport à un ensemble de paramètres qui peuvent se résumer dans la morphologie du site, en effet la majorité des tracés des villes s’inscrit dans la topographie du terrain, les tracés peuvent être définis par rapport à des contraintes religieuses ou politiques, où rues et places servaient de support.

L’espace public de la rue dans sa forme matérielle prend la définition de l’espace creux (vide) délimité ou bordé de constructions de part et d’autre. Dans le vocabulaire, en milieu urbain, on retrouve, suivant leur typologie, des voies allant de l’impasse, la ruelle, la rue, l’avenue, l’avenue urbaine, le boulevard. Cette typologie s’inscrit dans une hiérarchie définissant les voies suivant leur capacité physique, leur géométrie et leur gabarit. « A l’inverse des

immeubles qui appartiennent toujours à quelqu’un, les rues n’appartiennent en principe à personne. Elles sont partagées assez équitablement, entre une zone réservée aux véhicules automobiles, et que l’on appelle la chaussée, et deux zones, évidemment plus étroites, réservées aux piétons, que l’on nomme les trottoirs ». (Perec, 1974)3.

La rue, la ruelle, l’impasse sont des voies à l’échelle du quartier, les avenues, les avenues urbaines et les boulevards sont des voies à l’échelle de la ville elles servent à relier les différentes zones de la ville.

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Figure I.1 : Sétif : plan des rues disposées en damier du centre-ville .Ech : 1/5000. (La rue du 8 mai est représentée en jaune). Source : I.N.C.

I.1.2.1.1. LES LIMITES DE L’ESPACE PUBLIC :

Bâtir, c’est d’abord définir une portion de territoire distincte du reste de l’univers.

La limite fait naître l’intérieur et l’extérieur. Rappelons la définition qu’Heidegger donne de la limite : « La limite n’est pas ce où quelque chose cesse, mais bien, comme les Grecs

l’avaient observé, ce à partir de quoi quelque chose commence à être». (Heidegger, 1958)4.

Les espaces qui n’ont pas de limites nettes ont beaucoup de mal à devenir des lieux.

Les limites de l’espace public urbain se situent principalement dans la ligne des façades et la ligne des toits. Deux traits sans profondeur tracés dans l’espace de la ville qui déterminent le gabarit, qui n’est autre que l’enveloppe de l’espace creux. De même que l’alignement des façades est l’élément qui assure la continuité entre la rue ou la place et les bâtiments qui la bordent, la ligne de toit en est en effet le point de transition entre la ville construite et le ciel. Ces deux limites participent à la définition de l’espace public en déterminant l’identité des lieux.

I.1.2.1.2. LA RUE :

Si on se reporte à la définition de la rue dans un dictionnaire d’urbanisme ou plus simplement dans le Robert, on y trouve la même idée : la rue est une voie bordée de maisons dans une agglomération, et c’est l’espace construit des façades qui permet de définir la rue. En effet,

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l’écran formé par les façades qui délimitent l’espace de la rue joue un rôle essentiel dans sa définition. Il forme un obstacle visuel entre un intérieur habité privé et un extérieur aussi habité mais public. L’enveloppe de l’espace urbain n’est autre que les façades urbaines qui le composent et qui contribuent à sa définition. D’autres définitions avancent que la rue est une articulation entre des éléments bâtis au nombre de trois, et d’un non bâti ouvert sur le ciel, l’air, la lumière et le soleil. Les deux premières dimensions sont représentées dans les façades des bâtiments, visibles de l’extérieur, la dernière dimension du cadre bâti est le sol avec le trottoir et la chaussée.

Photo I.1 : Perspective sur la rue du 8 mai 1945 l’alignement des constructions soulignées par l’alignement des arbres marque la limite de la rue.

D’autres éléments participent également à la limite de l’espace de la rue, les murs, les palissades, les clôtures, dans ce cas le degré d’opacité est faible et on assiste beaucoup plus à la démarcation d’un territoire. Les éléments naturels tels que les plantations comme les arbres d’alignement, les haies peuvent être perçus comme limites plus au moins nettes de l’espace de la rue. « L’alignement parallèle de deux séries d’immeubles détermine ce que l’on appelle une

rue : la rue est un espace bordé, généralement sur ses deux plus longs côtés de maisons ; la rue est ce qui sépare les maisons les unes des autres, et aussi ce qui permet d’aller d’une maison à l’autre, soit en longeant, soit en traversant la rue. De plus, la rue est ce qui permet de repérer les maisons. » (Perec, 1974)5.

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Photo I.2 : Sétif : centre-ville, les arcades marquent les limites de la rue.

Le mobilier urbain qui constitue une composante importante de l’espace de la rue peut former aussi un écran quand celui-ci se présente sous forme de panneaux de grandes dimensions destinés à la publicité ou à la signalisation. D’autres éléments du mobilier urbain comme les kiosques, les toilettes publiques, les cabines téléphoniques peuvent jouer le rôle d’écran et arrêter le regard.

La ruelle est aussi un espace public délimité par le bâti, où les déplacements se trouvent limités pour cause de sa largeur. L’étroitesse de la rue entraine le rapprochement des façades, qui malgré certaines conditions de confort (manque d’ensoleillement) donnent une grande unité à l’espace.

Photo I.3 : Exemple de ruelle dans la vieille ville de Constantine.

L’impasse, est la plus petite ramification de la trame urbaine, elle présente la particularité d’avoir un troisième écran qui marque l’aboutissement d’un parcours. Elle se caractérise aussi par son étroitesse, mais on assiste parfois à des cas où l’impasse débouche sur une petite place qui dessert des habitations. Elle peut être libre d’accès ou fermée suivant le contexte dans lequel elle s’inscrit. Ruelles et impasses jouent le rôle de dessertes locales, elles ont comme

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fonction de permettre l’accès aux riverains ou d’être desserte secondaire. Elles constituent souvent un réseau discret où la circulation automobile est limitée voire absente.

Photo I.4 : Impasse dans le quartier de la cité Yahiaoui (Tandja). I.1.2.1.3. LA PLACE :

La place dans son fonctionnement ou dans sa forme a depuis toujours joué un rôle très important dans la ville. Elle se distingue des rues, des squares, des parcs par sa particularité caractérisée, par ses qualités géométriques et son usage. Dans sa définition matérielle la place se présente comme une surface espacée délimité par des constructions, on parle dans certain cas de rue large. La forme de la place se présente suivant une géométrie simple, elle peut être carrée, rectangle, cercle, triangle, trapèze… La place est d’abord identifiée par sa forme urbaine mais ses limites peuvent être plus ou moins explicites. Un mur ou un ensemble de bâtiments constituent des frontières continues.

Photo I.5 : La place et ses limites. Sétif : place Ain Fouara.

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Comme élément structurant, la place peut être un aboutissement, ou se situe à la convergence de plusieurs axes. Elle peut être traversée par des axes importants, ou noyée dans le tissu urbain. Selon son inscription et son importance dans le tissu urbain, la place peut être un espace ouvert offrant de longues perspectives (exemple de la place Vendome), ou des places dont les accès sont discrets et ou la limite matérielle représentée dans le bâti est beaucoup plus présente. Cette limite peut être dense ou clairsemée, ces ouvertures créent des relations entre la place et le site qui l’accueille par les vues qu’elle offre.

Photo I.6 : Paris : la place Vendôme. Source : Paris projets. I.1.2.1.4. LE PARC :

Un autre espace public très prisé à notre époque est le parc. La nature qui a toujours été présente dans la vie de l’homme s’est retrouvée un certain temps écartée dans les aménagements des villes. L’envahissement de la ville par la voiture, la pollution qu’elle génère a conduit à repenser et intégrer la nature et le paysage dans la ville. L’urbanisme durable octroie une grande place à la nature au sein de la ville. En effet, c’est au cours des dernières décennies du dix-huitième siècle qu’apparait dans la ville le jardin pittoresque ainsi que le parc, des espaces de séjour à la mode ouverts au public, qui exerce une forte influence sur l’évolution de la ville. Parler de parcs et de jardins c’est parler de nature. La conception des jardins et des parcs est intimement liée au paysage (verdure).

Parmi les éléments fondamentaux sur lesquels repose la conception des parcs, le traitement de ses limites. Dans le cas du parc l’introduction des formes naturelles ou organiques entraine une certaine souplesse dans les limites. Les limites sont bien entendu conçues à partir d’éléments naturels tels que les arbres, les haies d’arbustes, les mails, les limites minérales sont rarement utilisées. Dans le parc ce sont souvent les plans de circulation qui mobilisent toute l’attention.

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Figure I.2 : Parc de Sétif : les limites du parc sont marquées par un ensemble d’éléments historiques, l’enceinte de la citadelle byzantine ainsi que le terrain réservé aux vestiges

romains. Ech : 1/4000.