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PARTIE I. ETUDE THEORIQUE

I.8. L’ECLAIRAGE PUBLIC

De jour, la ville évolue naturellement au rythme de la lumière. Le soleil dans sa course, de l’aube au crépuscule crée et nous dévoile des images différentes du paysage urbain. L’éclairage public a plusieurs fonctions de rendre la ville lisible la nuit, sécurisante, esthétique, ludique. La lumière, utilisée judicieusement, permet de signifier les axes de la ville, les cheminements piétons, de différencier les quartiers et les zones de la ville.

Faut-il se résigner au vieil adage : « la nuit toutes les villes sont grises. » en effet, la plupart des villes se ressemblent actuellement la nuit, car elles sont toutes traitées avec la même approche éclairagiste : des candélabres méthodiquement alignés le long des rues ou des carrefours, des vitrines ou enseignes qui jouent la surenchère, quelques monuments sur- éclairés comme pour mieux signifier l’obscurité alentour (cet éclairage tentant vraiment de reproduire la vision de jour du monument). De plus, cette mise en lumière des villes se fait souvent dans une totale cohérence tant dans les couleurs (ou température de couleur) des sources choisies que dans l’organisation d’un espace lumière intelligent et créatif. Or, la lumière et ses modes d’utilisation dans les espaces de la ville ont évolué. (Czecowski, 1991) 35

Pris comme instrument de signalétique, l’éclairage public permet de souligner un axe, d’indiquer une direction, d’affirmer une intention. La lumière permet de marquer une perspective de dessiner une trajectoire. Le choix de l’éclairage public peut tout à la fois permettre de recréer un linéaire là où on a une succession d’espaces de natures plutôt différentiées en en réduisant les singularités soit au contraire favoriser une structure spatiale séquencée. La lumière guide l’usager de l’espace public et explicite la lecture d’un lieu en lui permettant de retrouver des structures et des repères logiques.

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Photo I.25 : exemple d’éclairage au centre-ville de Sétif.

L’invention du territoire nocturne (Espinasse, 2005)36, est une conquête moderne née avec

l’éclairage au gaz dans la première moitié du XIXème siècle. Depuis, si la lumière artificielle et ses possibilités techniques ont toujours alimenté la tentation de donner à la nuit les caractères du plein jour (Wolfgang, 1993)37, ce territoire nocturne est aussi considéré, pour

reprendre l’expression du photographe allemand Helmar Lerski, comme la source d’une véritable métamorphose par la lumière.

Depuis les années 1980, s’est développé un mouvement de renouveau des pratiques de mise en lumière (Neumann, 2002)38, qui cherche à se départir d’une approche réduisant l’éclairage à

un équipement technique, à des impératifs fonctionnels et sécuritaires, pour se tourner vers une démarche plus soucieuse des ambiances et de leur diversité, plus préoccupée de perception, d’usages, de spécificité du site ou encore des interactions entre la lumière et les formes architecturales.

La conception lumière artificielle s’est d’abord redéployée à partir d’un travail sur la ville, ses architectures et ses espaces publics (Narboni, 1995)39. Pouvant faire l’objet de réalisations

autonomes, elle s’inscrit souvent dans des projets urbains ou paysagers d’ensemble. Autrement dit, elle accompagne le traitement des lieux sur lesquels sont pointés les intérêts et les enjeux actuels, épousant ou se réappropriant les problématiques de l’urbanisme et du paysage (Narboni, 2003)40.

Evidemment, l’éclairage artificiel des espaces publics en soirée et pendant la nuit est réellement un paramètre important du confort visuel des piétons. Les plans lumière sont donc effectivement un moteur de revitalisation de l’urbain. L’éclairage artificiel des espaces publics est un des domaines qui ouvre la possibilité de créer des ambiances urbaines de qualité. Il est important de prendre en compte les implications de l’éclairage artificiel des

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espaces publics sur le confort des piétons en soirée ainsi que le sentiment de sécurité qui est conféré à ces lieux.

Photo I.26 : L’éclairage de la rue du 8 Mai.

L’éclairage constitue une autre réponse aux besoins de sécurisation des lieux (plus de passages, meilleur champ visuel, baisse du vandalisme). L’éclairage artificiel nocturne des espaces publics urbains est un sujet important pour valoriser et augmenter leur convivialité, leur attractivité ainsi que leur utilisation comme vecteur social en soirée. L’éclairage artificiel nocturne des espaces publics est révélateur de sensations qui permettent aux usagers de qualifier l’ambiance de ceux-ci. Les différentes températures de couleur des lampes sont couramment assimilées par les citadins aux notions de chaud et de froid. Le positionnement des dispositifs et la typologie de ceux-ci et de la lumière qu’ils dispensent permettent de traduire des intentions : calme, intemporalité, monumentalité. Bien pensé et correctement exécuté, l’éclairage artificiel permet de faire ressentir la ville autrement, d’y proposer de nouveaux repères et de l’envisager différemment de son paysage diurne.

L’éclairage public nocturne peut aussi être un instrument de valorisation des patrimoines monumental, historique et naturel sources de scénographie des espaces. La mise en lumière scénographique est à la fois un élément de la perception spatiale et un élément de décor. L’exemple de la ville de Lyon dont le premier plan lumière constitue une œuvre pionnière de grande qualité renouvelle aujourd’hui son plan lumière pour l’intégrer dans le concept de développement durable.

Le métier de concepteur de lumière est né. L’émergence de ces véritables professionnels de la lumière urbaine et architecturale constitue un phénomène nouveau qui doit permettre le développement de l’image nocturne de la ville. L’éclairage, contenu longtemps dans un strict

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rôle fonctionnel et de sécurité, découvre les potentiels inexplorés de la lumière de la lumière décorative, signalétique, ludique. Des potentialités qui lui permettent de valoriser et de qualifier la ville la nuit.

Tableau I.4 : Paramètres d’organisation de l’espace public. Identité des services Catégories

Accessibilité Passage public, passage piéton.

Entretien Nettoyage, préservation des équipements, préservation de l’espace naturel.

Sécurité Contrôle de la circulation, surveillance, éclairage.