• Aucun résultat trouvé

2. F AIRE TRADUIRE

2.2 Les différentes options

2.2.4 Les autres options

Il est rare que toutes les traductions dont une entreprise a besoin soient prises en charge uniquement en interne ou en externe. Quelles sont donc les autres options pour faire traduire ?

Généralement, les mandats de traduction sont exécutés en interne comme en externe. L’entreprise fait donc appel aussi bien à ses propres salariés qu’à des traducteurs externes. Cette solution est idéale car elle permet à la société de profiter des avantages de la traduction en interne et de confier les textes à des indépendants lorsque la charge de travail augmente. Daniel Gouadec parle de « traduction (prioritairement) en interne » et de « traduction (prioritairement) en externe ». Il développe ces deux notions comme suit :

Parler de traduction prioritairement en interne, c’est tenir compte d’une réalité courante car il est rare que les besoins soient tellement homogènes qu’ils puissent être tous pris en compte dans les mêmes conditions. Très souvent, une part d’externalisation permet de gérer les pics de charge et, bien évidemment, de prendre en compte les

12 Calcul effectué sur la base de 30 lignes par page.

18 traductions dans des langues pour lesquelles le volume de travail ne

justifierait en aucun cas la création d’un poste ou d’un emploi.

(…)

Parler de traduction principalement externalisée, c’est tenir compte d’une réalité courante, car il est rare que l’intégralité de la fonction de traduction soit prise en charge en externe. En effet, si les besoins sont importants, il est difficile de mettre en place des solutions satisfaisantes sans implication d’au moins un salarié ou collaborateur interne dans les processus de gestion et pilotage des traductions.13

L’une des solutions serait donc que l’entreprise ait à sa disposition des traducteurs salariés, qui gèrent eux-mêmes toutes les traductions effectuées en interne et qui confient les mandats à des traducteurs externes lorsque la charge de travail est trop importante. La gestion de la qualité des textes incomberait alors uniquement au service interne de l’entreprise, lequel devrait réviser les textes qu’il donne à l’extérieur et les adapter à la politique linguistique appliquée par la compagnie. La société a la possibilité d’informer les traducteurs externes de la politique appliquée en leur proposant une formation, ce qui lui permettrait de gagner du temps au moment de la révision des textes produits à l’extérieur.

Par ailleurs, mêler l’internalisation et l’externalisation présente l’avantage de disposer de plus nombreuses langues de travail, de bénéficier de davantage de flexibilité ainsi que de pouvoir laisser la correction des traductions à des professionnels ; ce sont des traducteurs qui relisent les traductions effectuées par leurs collègues externes, et non une secrétaire ou un collaborateur d’un service qui n’est pas réellement compétent en traduction. Les textes restent donc entre les mains de spécialistes de la langue et de la traduction.

13 GOUADEC Daniel, Faire traduire, La Maison du Dictionnaire, Paris, 2004, pp. 227-232

19

Selon moi, cette solution serait la meilleure et la plus avantageuse pour l’entreprise. Mais ce n’est pas la seule possibilité ! L’entreprise peut également confier ses traductions à des bureaux ou des agences de traduction. Toutefois, les résultats du sondage réalisé par Michele Santoli14 révèlent que de nombreux responsables de services de traduction ayant ne font appel aux agences de traduction qu’en dernier recours. Certains sondés qualifient même leurs expériences avec des agences de traduction de « catastrophiques ». Par conséquent, bien que l’agence ou le bureau présente l’avantage de la spécialisation des intervenants (documentalistes, terminologues, linguistes, traducteurs techniques, réviseurs, etc.) alors que le traducteur indépendant est seul face à son texte (pour les recherches documentaire et terminologique, la révision, etc.), les services internes ne semblent pas accorder un grand crédit aux agences et bureaux de traduction : les traducteurs indépendants sont généralement plus souples car ils ne travaillent pas dans une structure rigide et leurs prestations coûtent moins cher. De plus, la plupart des agences cassent les prix et doivent augmenter leur productivité pour faire des bénéfices. En conséquence, les collaborateurs de ces organismes doivent traduire vite ; dans ces conditions, il n’est pas toujours aisé de livrer du travail de qualité.

En outre, l’entreprise peut faire traduire ses textes par une personne appelée

« traducteur invisible ». Cette personne, secrétaire bilingue ou trilingue, est chargée de traduire les documents dont l’entreprise a besoin alors que la traduction n’est pas sa qualification première. Son statut n’est pas reconnu et, de ce fait, elle ne reçoit généralement pas la rémunération qui est due aux traducteurs.

14 SANTOLI Michele, Gestion de la qualité dans les services internes de traduction, Mémoire présenté à l’École de traduction et d’interprétation, Université de Genève, 2007, p. 67

20 Dans de très nombreuses entreprises, les personnes chargées de

l’exécution des traductions et disposant des qualifications voulues sont engagées sous des étiquettes diverses (secrétaire bilingue ou trilingue, documentaliste, etc.) dès lors que l’entreprise (ou le secteur professionnel) ne reconnaît pas la qualification de traducteur.15

Pour l’entreprise, cette option présente l’avantage que la personne chargée des traductions accomplit également d’autres tâches. Si les besoins en traduction sont faibles ou irréguliers, cette solution est donc très rentable. Toutefois, une secrétaire, si polyglotte soit-elle, n’a pas suivi de formation dans le domaine de la traduction. En engageant un traducteur dit invisible, l’entreprise prend le risque que ce « traducteur » fournisse un travail qui ne sera pas d’une qualité satisfaisante.

À cela s’ajoute que l’entreprise peut aussi recourir au télétravail. Cette solution permet aux salariés de la société de travailler, du moins en partie, à leur domicile.

L’entreprise doit néanmoins mettre un bureau et du matériel à la disposition du télétraducteur sur son lieu de travail.

Enfin, l’entreprise peut également faire appel à un traducteur en régie. Ce traducteur est un salarié d’une agence ou d’un bureau de traduction qui travaille dans les locaux du donneur d’ouvrage. Ainsi, il a accès directement aux banques terminologiques, aux outils d’aide à la traduction et à la documentation nécessaire. Il a également un contact étroit avec l’auteur du texte, le donneur d’ouvrage, les collaborateurs des autres services et le réviseur. Ces deux avantages ont une influence énorme sur la qualité des textes. Par ailleurs, les documents ne sortent pas de l’entreprise. La confidentialité est donc plus facile à garantir. À première vue, cette option semble idéale. Cependant, l’entreprise doit mettre à disposition du traducteur en

15 GOUADEC Daniel, Profession : traducteur, La Maison du Dictionnaire, Paris, 2002, p. 82

21

régie un bureau, du matériel informatique, des logiciels, des outils d’aide à la traduction et de la documentation, ce qui représente un investissement important, alors que le traducteur ne vient pas forcément de manière régulière. En outre, si elle ne dispose pas d’un service de traduction interne, elle doit faire relire les textes à une personne qui n’a pas forcément une réelle connaissance de la traduction. Cette solution présente certes des avantages importants, mais les inconvénients sont de taille.

En conclusion de cette section, l’entreprise dispose de différentes solutions pour gérer ses traductions. Les responsables doivent définir quelle stratégie convient le mieux pour répondre aux besoins de l’entreprise. Si ceux-ci sont faibles, l’entreprise peut privilégier le recours à un traducteur en régie ou l’externalisation de tous les textes à traduire. Si, au contraire, ils sont relativement élevés, l’entreprise a tout intérêt à créer un service interne de traduction qui, en cas de surcharge de travail, confiera les mandats soit à un bureau ou à une agence de traduction, soit à des traducteurs indépendants.

2.3 L

ES ÉTAPES DU PROCESSUS DE TRADUCTION ET LA GESTION DE LA

Documents relatifs