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3.4 Le questionnaire

3.4.2 Analyse

Le questionnaire soumis à M. Genilloud permet de dresser une vue d’ensemble à propos de la traduction au sein des CFF.

Pour commencer, les réponses indiquent que les CFF disposent d’un service interne. Selon M. Genilloud, l’entreprise emploie depuis plusieurs décennies des collaborateurs chargés de la traduction. Actuellement, le service regroupe des traducteurs aux profils très variés ; tous n’ont donc pas suivi une formation en traduction. J’ai été surprise de lire les réponses aux questions 5 et 6. Certes, il n’est pas toujours indispensable d’être titulaire d’un diplôme de traducteur, mais il s’agit malgré tout d’un gage de qualité. L’employeur a ainsi l’assurance que le collaborateur a suivi une formation spécifique, adaptée à ses besoins et qu’il sait réagir face à un problème.

Je constate que le service de traduction utilise non seulement une mémoire de traduction, mais également des bases terminologiques. Il lui est ainsi plus aisé d’appliquer la politique linguistique de l’entreprise et d’harmoniser la terminologie. Ces outils lui permettent donc d’améliorer la qualité des traductions. Par ailleurs, le service emploie également un terminologue et encourage la spécialisation des collaborateurs.

De plus, M. Genilloud explique que les donneurs d’ouvrage sont généralement disposés à répondre aux questions que posent les traducteurs et que les relations entre les différents services sont très bonnes. Si les traducteurs ont la possibilité de discuter

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avec les donneurs d’ouvrage et de leur poser les questions qui s’imposent, ils peuvent plus facilement leur livrer des textes de qualité.

Pour ce qui est du critère de la révision, le service n’est pas tout à fait conforme à la norme NF EN-15038:2006, étant donné qu’il existe certains textes qui ne sont pas révisés, ni même relus. Il s’écarte également de la pratique de la DG Traduction, au sein de laquelle tous les textes sont révisés.

En ce qui concerne le budget, il semble très élevé à première vue. Or, j’évalue la somme des salaires des employés à environ 1,7 million de francs37. Il ne reste donc

« plus que » 5,5 millions de francs au service. Sachant qu’un peu plus de la moitié des mandats sont attribués à des agences ou à des traducteurs indépendants, et vu la quantité de textes que l’entreprise doit faire traduire, le budget alloué au service linguistique me semble correct. Si l’on compare les coûts du service de traduction des CFF, qui dépassent les 7 millions de francs, à ceux de la DG Traduction, qui s’élèvent à environ 450 millions de francs (300 millions d’euros), on constate qu’ils sont équivalents : la traduction pour les CFF coûte à peu près 1 francs par habitant du pays. Étant donné qu’il y a quelque 500 millions de personnes qui vivent dans l’Union européenne, la DG Traduction coûte également environ 1 franc par habitant.

Pour ce qui est des langues, la plupart des traducteurs traduisent depuis l’allemand ou l’italien, ce qui s’explique certainement par le fait que le siège des CFF se trouve à Berne et que la Suisse italienne abrite plusieurs ateliers importants de CFF

37 Pour arriver à ce total, je me suis fondée sur un salaire moyen de 8500 francs (bruts) par mois. Mon calcul a donc été : 8500 x 13 x 15,5 postes à plein temps. Sachant qu’à la Confédération, la classe de salaire des traducteurs s’étend d’environ 70 000 francs à 140 000 francs par an, j’ai pris comme point de départ un revenu annuel brut de 110 000 francs, soit près de 8500 francs par mois.

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Cargo. À noter que tous les traducteurs traduisent vers leur langue maternelle. Le service de traduction utilise donc la méthode dite « classique ».

Pour faire traduire leurs textes, les CFF recourent non seulement à l’internalisation, mais également à l’externalisation. En effet, ils disposent d’un service interne qui, lui-même, confie certains textes à des agences et à des traducteurs indépendants, notamment les articles du magazine Via38. Comme le montre la question n° 17, un peu plus de la moitié des mandats sont externalisés. Ces textes sont ensuite relus au sein du service. M. Genilloud est vraisemblablement satisfait de la qualité des traductions car de rares textes nécessitent une retraduction. Le fait que la plupart des traducteurs externes soient d’anciens collaborateurs de l’entreprise est un avantage : en effet, ils connaissent le domaine, les procédures appliquées au sein de l’entreprise et la politique linguistique. Ainsi, ils sont plus à même de livrer des textes en adéquation avec ce qui est traduit dans le service interne, qui perd par conséquent moins de temps à adapter les traductions aux habitudes internes. Il convient toutefois de rappeler que les agences et bureaux de traduction travaillent, en règle générale, dans des conditions plus difficiles que leurs collègues des services internes, car ils sont des intermédiaires soumis aux lois du marché ; ils doivent faire mieux que leurs concurrents et répondre aux demandes de clients exigeants.

De plus, le service interne fait toujours appel aux mêmes traducteurs indépendants et aux mêmes agences, ce qui permet assurément d’accroître la qualité des textes. Les traducteurs externes ont en outre accès aux documents de référence et à la

38 L’impressum du magazine indique que la traduction est confiée à l’agence « Übersetzer Gruppe Zürich ».

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terminologie. Enfin, la grande majorité des traductions confiées en externe sont révisées ou relues dans le service. Cette manière de procéder assure une meilleure qualité.

Les avantages et inconvénients du service de traduction des CFF pourraient être résumés comme suit :

Certains traducteurs du service sont spécialisés dans certains domaines.

Certains textes traduits en externe sont révisés ou relus par d’autres services.

Le service entretient de bonnes relations avec les donneurs d’ouvrage, qui répondent volontiers aux questions des traducteurs.

Certains textes ne sont pas du tout vérifiés.

La majorité des traducteurs indépendants auxquels le service confie des traductions sont d’anciens collaborateurs des CFF, qui connaissent donc le fonctionnement de l’entreprise.

Les mandats traduits à l’extérieur sont révisés ou, du moins, relus.

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3.5 C

ONCLUSION

La politique linguistique appliquée par les CFF est bien ancrée dans la convention collective de travail de l’entreprise. Les langues occupent une place centrale, notamment en raison de la branche dans laquelle les CFF sont actifs : le tourisme et le voyage.

Pour ce qui est du service de traduction, son fonctionnement semble bon, hormis peut-être en ce qui concerne les qualifications exigées des candidats au poste de traducteur : les collaborateurs du service de traduction n’ont pas tous obtenu un diplôme dans la branche ou suivi une formation jugée équivalente. À mon avis, il s’agit là de la principale faiblesse du service. Certes, une personne issue d’une autre filière peut être douée pour traduire des textes, mais elle n’a pas toutes les connaissances théoriques dont elle pourrait avoir besoin. Selon moi, la différence entre un traducteur de métier et une autre personne se ressent essentiellement à ce niveau-là. De plus, certains services confient leurs traductions directement à des collaborateurs externes et relisent eux-mêmes le texte final, alors qu’ils ne sont pas des spécialistes de la langue, contrairement aux traducteurs.

Enfin, le service n’emploie pas de réviseur. Il se peut qu’il comporte des traducteurs expérimentés, qui travaillent aux CFF depuis de nombreuses années, mais, à mon avis, tout service de traduction pourrait améliorer la qualité des textes qu’il livre en engageant un réviseur, plus expérimenté et plus habitué à la révision que ses collègues traducteurs.

Mon questionnaire présente plusieurs faiblesses. J’aurais dû ajouter une question relative à l’expérience des traducteurs, ce qui m’aurait permis de voir si les compétences

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des traducteurs employés par les CFF répondent aux critères de qualité fixés par la norme NF EN-15038:2006 et, par conséquent, d’avoir une meilleure vue d’ensemble.

De plus, je n’ai pas demandé sur quels critères le service se fonde pour décider si un texte est relu, révisé ou n’est pas du tout vérifié.

Enfin, je n’ai aucune indication du nombre de pages traduites chaque année au sein du service de traduction des CFF. Cette donnée m’aurait permis de faire une comparaison avec le rendement de la DG Traduction.

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