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Les arbitrages dans les systèmes productifs

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 94-97)

L’architecture de simulation IMACLIM-S

2 La modélisation des comportements économiques

2.2 Les arbitrages dans les systèmes productifs

Le reste‐du‐monde 

Le reste‐du‐monde a un comportement « passif » dans le modèle, c’est‐à‐dire qu’aucune  équation ne lui attribue une quelconque rationalité économique. Mais un comportement lui est  attribué de facto à travers la description des marchés des biens et services et des marchés financiers. 

Les échanges commerciaux avec la France sont réglés par le ratio entre le prix des biens mondiaux et  le prix français sous deux hypothèses (cf. infra, page 91) : d’une part, celle d’un taux de change  constant, car  la  France,  appartenant à  l’union  monétaire européenne,  ne disposent  pas des  instruments de la politique monétaire17 ; et d’autre part, l’hypothèse que les prix des biens étrangers  ne sont pas affectés par les évolutions nationales : la France est un petit pays à l’échelle des marchés  mondiaux. Quant aux flux de capitaux, le reste‐du‐monde offre ou reçoit les montants souhaités par  les agents de l’économie française. 

2.2 Les arbitrages dans les systèmes productifs

Le comportement des systèmes productifs détermine les arbitrages techniques du côté des  secteurs de production, les choix de tarification et les décisions d’investissement. 

Les arbitrages techniques 

La modélisation des choix techniques dans les systèmes productifs suit le même principe que  celle des choix de consommation des ménages. Elle formalise un comportement de minimisation des  coûts unitaires de production sous une contrainte de possibilités techniques à l’horizon de l’analyse. 

On remarquera qu’au niveau d’agrégation retenu, les arbitrages relatifs à la production de bien  composite ne décrivent pas seulement les choix techniques à une échelle microéconomique ou  sectorielle  (c’est‐à‐dire  l’adoption  de nouvelles  technologies,  de  procédés  de  production),  ils  représentent l’induction d’un changement structurel de l’économie :  l’importance relative des  secteurs d’activité, la disparition et la création de filières18

Les ajustements techniques sont décrits par un jeu de six fonctions de demande d’intrants  (trois  consommations  intermédiaires  énergétiques,  une  consommation  intermédiaire  non  énergétique, du travail et du capital). Cette description comprend trois spécificités importantes : 

 Une distinction entre la valeur réelle de la productivité marginale du « capital machine »  (le stock d’outils physiques de production, le « capital fixe ») et la rémunération de la propriété du  capital (la « marge » ou l’« excédent net d’exploitation », dégagé(e) une fois le travail rémunéré et  les impôts acquittés). Cette distinction conduit à introduire dans l’équation de prix le coût de        

17 Par conséquent, la réforme n’a pas d’effet sur la parité entre l’euro et le panier des autres devises des partenaires commerciaux de la France. Les échanges internationaux de la France se font de toute manière en grande majorité avec les pays de l’union monétaire européenne. En 2010, 65% de la valeur des importations de la France provenaient de partenaires européens et 75% de la valeur de ses exportations.

18 Au niveau du secteur de production de bien composite, l’ « innovation possibility curve » au sens d’Ahmad (1966) définit une frontière de production agrégée à l’horizon de moyen terme considéré (cf. Ghersi et Hourcade, 2006). Les ajustements aux variations de prix synthétisent non seulement une croyance sur le niveau d’inertie des capacités installées à une échelle microéconomique (hypothèse « putty-clay » de Johansen, 1959), mais aussi toutes les croyances qui portent sur les potentiels de substitution disponibles à d’autres échelles.

l’amortissement du capital, comme valorisation de la consommation réelle de capital fixe, lui‐même  constitué de l’accumulation passée en bien composite (investissement)19

 Un  changement  technique  induit  et  un  moteur  de  croissance  endogène.  Les  consommations unitaires d’intrant de chaque secteur diminuent avec leur prix relatif, selon une  élasticité de substitution donnée, et avec le niveau d’investissement, selon un taux de progrès  technique endogène (« learning‐by‐doing » de Arrow, 1962) ; elles augmentent avec le niveau de  production, selon un coefficient de décroissance des rendements « statiques » (cette décroissance  reflète les limites de capacité productive du capital installé). 

 Des potentiels de substitution contraints. Comme pour les consommations finales des  ménages, l’efficacité du signal‐prix introduit par la politique climatique est limitée par un certain  niveau  d’inerties  techniques.  De  même,  ces  inerties  sont  synthétisées  par  des  asymptotes  techniques, limitant les potentiels de substitution à l’horizon d’analyse et renvoyant à des niveaux de 

Consommation Niveau d'investissement

Prix relatifs Elasticité de

unitaire d'intrants = ; ; = progrès technique ;

coef. de progrès Niveau de production coef. de Niveau technique ; = rendements ; rendements ; d'asymptote endogène décroissants statiques décroisssants technique

      statiques s’appliquent de façon homogène à tous les intrants (hypothèse de progrès technique  neutre au sens de Hicks). Les inerties techniques dans les trois secteurs de production et de  transformation d’énergie sont plus fortes que dans le secteur de production composite, pour tenir  compte des durées de vie plus importantes des installations et capacités dans ces industries. Dans les  variantes, en retenant des hypothèses alternatives sur la valeur des paramètres, il est possible de  rendre  compte  de  façon  simple  de  diverses  croyances  sur  les  potentiels  de  substitution  énergie/travail, l’efficacité du prix du CO2 et l’effet de la réforme sur le potentiel de production pour  l’horizon de moyen terme considéré. 

Les choix de tarification 

La concurrence oligopolistique entre les entreprises domestiques et avec les concurrents  étrangers est prise en compte simplement dans la formation du prix de production en appliquant un        

19 La valeur comptable de l’amortissement, la niveau de consommation de capital fixe, sert ici d’approximation de l’investissement cumulé.

  taux de marge qui introduit un écart entre les prix et les coûts moyens de production (« markup  pricing »). Cette règle de tarification est cohérente avec l’hypothèse d’imperfection de concurrence  sur les marchés des biens et services retenue dans notre cahier des charges. Elle suppose l’existence  de pouvoirs de marché en fonction desquels les entreprises peuvent intervenir sur le niveau prix20

Formation des prix de production 

p ( .e pE . . l w k pC ).( 1 )  

Prix de

Coûts unitaires Coût du Coût d'usage du Taux de marge

production = + + .

énergétiques travail capital productif sur les coûts nationaux

 

 

  

 

On distingue ainsi, dans la décomposition des tarifs, les coûts variables d’un côté, qui incluent  une estimation du coût de remplacement du capital productif déprécié (« amorti »), et l’excédent net  d’exploitation de l’autre, qui rémunère les propriétaires du capital avancé. Par conséquent, une  distinction est introduite entre les facteurs techniques et les facteurs sociaux qui déterminent le  partage de la valeur ajoutée. Le markup rend donc aussi compte des conventions qui président la  capacité des entreprises à imposer leur prix aux consommateurs et à répercuter leurs coûts dans  leurs prix (« pass through costs »). En interaction avec la boucle salaire‐chômage, c’est donc l’un des  déterminants du partage des richesses produites au sein des organisations productives. Dans le  fonctionnement de référence du modèle, le taux de marge sur les coûts sera constant. Dans les  variantes, il pourra évoluer pour représenter diverses possibilités de partage des allègements de  cotisations sociales. 

Les décisions d’investissement 

Dans les systèmes productifs, l’investissement réel (en volume) est une décision qui appartient  aux entrepreneurs. Dans chaque secteur d’activité, la demande d’investissement augmente en  proportion du niveau d’activité et des besoins en capital productif du secteur. Le coefficient de  proportionnalité reflète l’état des anticipations des entrepreneurs sur les potentiels futurs de  croissance ou les risques liés aux décisions d’investissement (en raison de l’incertitude sur les taux  d’intérêt  futurs,  la  capacité  d’auto‐investissement  de  l’entreprise,  la  durée  de  vie  des  investissements, etc.). 

      

20 L’exemple le plus simple pour en donner l’intuition microéconomique est celui d’une entreprise monopoliste opérant sur un marché unique qui cherche à maximiser son profit : max P Y w l Y. . . sous la contrainte Y Y P 0. où les coûts de production ne comportent que la rémunération du travail w.l.Y et où η représente la valeur absolue de l’élasticité prix de la demande adressée à l’entreprise. En résolvant ce programme, on obtient la règle de tarification suivante :

     

. / 1 1/ 1 . . . / 1

P w l   w l w l . Le prix P est fixé avec une marge sur les coûts, avec le taux de markup π qui dépend du pouvoir de marché de l’entreprise contenu implicitement dans l’élasticité de substitution η. La décomposition des coûts donne P w l . .P, où τ correspond à la part des profit (l’excédent net d’exploitation). Si η tend vers l’infini, le prix est égal aux coûts variables (P w l . ), tandis que le taux de markup tend vers l’infini lorsque η tend vers l’unité. A côté du pouvoir de marché, il existe dans la littérature de multiples justifications théoriques d’un markup pricing, comme par exemple la volonté de générer une capacité d’autofinancement suffisante pour financer l’investissement (Eichner, 1980).

Investissement productif des entrepreneurs  . .I k Y 

Volume Proportionnelle au niveau de consommation de capital fixe d'investissement = (produit de l'intensité capitalistique par le niveau de production) par secteur le capital fixe productif es

t constitué uniquement de bien composite

 

Dans le fonctionnement de référence du modèle, le niveau d’investissement est proportionnel  à la valeur totale de la dépréciation du capital21. Le niveau d’investissement effectif (au point  d’équilibre général) est déterminé par la clôture macroéconomique du modèle qui permet d’égaliser  l’offre et la demande de capitaux sur les marchés financiers (voir ci‐dessous, page 97). Nous verrons  que  ce  niveau  d’équilibre  dépend  non  seulement  du  comportement  d’investissement  des  entrepreneurs,  mais  aussi  des  hypothèses  qui  déterminent  le  fonctionnement  des  marchés  financiers, la distribution des revenus et les choix d’usage des revenus de chaque catégorie d’agents. 

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