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Lecture transversale : effets de l’évolution du Régime Politique local sur la

Il s’agit finalement de mettre en parallèle la succession des Régimes Politiques locaux et les phases de la trajectoire de développement touristique de Montreux. Nous pouvons les schématiser de la manière suivante :

Comme nous l’avons relevé, le régime de maintenance des années 1850 et 1870 n’a que peu d’effet sur le démarrage de l’activité touristique à Montreux, et donc sur la première phase de développement. Les acteurs communaux sont passifs et l’initiative vient soit des étrangers eux-mêmes, soit de quelques acteurs privés locaux, soit du Canton. Les acteurs politiques n’utilisent pas non plus le fait que le régime institutionnel sur le sol soit simple pour profiter de développer les communes ni la possibilité de demander des contributions foncières via les décrets d’expropriation. Par contre, dès 1880, le Régime Politique local est clairement le moteur qui permet de passer à la deuxième phase de

Pélerinages Romantiques Cures et mondanités Crises et sports Standardisation urbaine Patrimonialisations Régime de maintenance

Régime de dvpt à orientation touristique

Régime de dvpt en crise

Régime de dvpt à orientation touristique

Régime progressiste à destination des classes moyennes

Régime de dvpt en crise

Régime de dvpt à volonté de diversification économique

Régime de dvpt à volonté de diversification touristique

Figure 14 : Mise en parallèle de l'évolution de la trajectoire et de celle des Régimes Politiques locaux. Elaboration propre

développement de Montreux. Les acteurs du régime urbain, leurs objectifs et les moyens d’action qu’ils ont à leur disposition forment un tout cohérent et efficace orienté clairement vers le développement touristique. De plus, le fait que les régimes des ressources soient peu étendus permet un changement rapide des usages vers de nouveaux, que ce soit ceux liés aux quais ou ceux touristiques du Château de Chillon. Le basculement dans la troisième phase de développement de la trajectoire de Montreux coïncide avec un changement de régime urbain. Au régime de développement à orientation touristique extrêmement performant succède un régime en crise, qui ne permet pas à la station de se relever rapidement de la première guerre mondiale. Ce régime en crise se prolonge après la deuxième guerre mondiale dans la commune du Châtelard, tandis que les Planches retrouvent un régime de développement à orientation touristique. Comme nous l’avons noté, les acteurs politiques semblent réagir avec un temps de retard aux innovations et aux nouvelles orientations à donner au développement touristique, que ce soit en ce qui concerne les congrès ou les infrastructures de ski. De plus, les acteurs touristiques s’accrochent à des méthodes désuètes qui leur réussissaient au début du siècle sans voir que la clientèle a changé et qu’elle recherche autre chose que du tourisme mondain. Le Régime Politique local semble ainsi plutôt en retrait pour expliquer le passage à la phase de standardisation urbaine. Dès le début des années 1960, la diversification du secteur touristique dans le nouveau régime est organisée de manière beaucoup plus efficace. L’ensemble des acteurs, que ce soit la commune, l’Office du Tourisme et les hôteliers travaillent de concert dans une optique collective et disposent des moyens d’action adéquats pour le faire. Grâce à cela, des infrastructures sont construites ou modernisées et permet le succès de la diversification vers les congrès et les festivals. Enfin, la situation actuelle de Montreux comme ville avec une logique de plus en plus résidentielle et de moins en moins touristique s’explique parfaitement par la succession des deux régimes urbains des décennies 1990 et 2000. Le régime de développement à volonté de diversification économique permet à Montreux de se défaire de sa dépendance au tourisme, tandis que le régime progressiste des années 2000, en mettant la politique sociale et environnementale au centre et en soutenant le secteur immobilier, participe à la montée en force des aspects résidentiels qui deviennent dominants.

Finalement, il reste à discuter des hypothèses de recherche que nous avions formulées dans l’introduction (cf. section 2.3). Deux sont concernées par ce cas d’étude : la première concernant le démarrage du tourisme et la seconde sur la trajectoire de métamorphose.

H1. La première phase plus ou moins longue de démarrage puis de croissance du tourisme dans les trois trajectoires (relais, métamorphose, abîme) est le résultat d’un Régime Politique local composé d’un RU de développement à orientation touristique et d’un RIR simple.

H1.1 Un RIR simple laisse aux acteurs locaux une marge de manœuvre importante pour

mobiliser et utiliser les ressources stratégiques nécessaires au démarrage et à la croissance de l’activité touristique. Et pour garder cette marge de manœuvre, les acteurs se contentent de concrétiser les règles du RIR via un Arrangement de régulation localisé (ARL) sans les compléter par des arrangements informels supplémentaires.

L’hypothèse concernant le type de régime urbain lors du démarrage du tourisme ne s’est pas vraiment vérifiée. Nous avons en effet constaté que nous avions affaire à un régime de maintenance durant les vingt premières années du développement touristique de Montreux. Le régime de développement à orientation touristique arrive plus tardivement et s’empare du mouvement alors qu’il est déjà bien amorcé. Concernant le régime ressourciel du sol, il est, comme supposé, de type simple. Cependant, contrairement à ce que nous avions présumé dans l’hypothèse H1.1, les acteurs locaux ne profitent pas de la marge de manœuvre que leur laisse ce régime pour utiliser de manière soutenue la ressource sol. Cela est dû au fait que le régime urbain est un régime de maintenance qui voit les acteurs être passifs.

Ainsi, la non vérification de l’hypothèse principale H1. amène de manière logique la non vérification de l’hypothèse secondaire H1.1.

H3. Une trajectoire de métamorphose est le résultat de l’évolution vers un Régime Politique local composé d’un RU de développement à volonté de diversification économique et d’un RIR peu étendu.

H3.1 Un RIR peu étendu permet aux acteurs, à travers la mise en place d’un ARL faiblement

restrictif, une importante marge de manœuvre dans la gestion des ressources, en particulier dans la reconversion des usages touristiques en des usages non touristiques (par exemple la transformation des hôtels en appartements résidentiels).

A nouveau, l’hypothèse concernant le type de régime urbain n’est pas totalement vérifiée. S’il évolue bien vers un régime de développement à volonté de diversification économique dans les années 1990, nous n’avions pas supposé le passage supplémentaire vers le régime progressiste. Concernant le régime ressourciel, rappelons que nous nous sommes intéressés à la reconversion des hôtels, problématique centrale dans la métamorphose. Nous avons abouti à la conclusion qu’il s’agissait d’un RIR complexe, c’est-à-dire avec une étendue assez forte et une cohérence faible. Le RIR n’est donc pas peu étendu comme nous l’avions supposé. De plus, l’hypothèse 3.1 ne se vérifie pas du tout. En effet, nous avions vu que les acteurs complétaient le régime avec un PPA zone hôtelière limitant le changement d’affectation des hôtels. Autrement dit, l’arrangement de régulation localisé mis en place est plus restrictif que le RIR en vigueur. Comme pour l’hypothèse précédente, cela est dû, à notre avis, au fait que nous ayons affaire à un régime urbain de type progressiste et non pas à un régime de développement à volonté de diversification comme supposé, dans lesquels les objectifs ne sont pas les mêmes. Ainsi, nous pouvons conclure que le type de régime urbain influence directement le type d’arrangement de régulation localisé mis en place.