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Capital Gouvernance : vers la fusion des communes

6. Forage 4 (1925 -1955)

6.2 Capital Gouvernance : vers la fusion des communes

CONFIGURATION DES ACTEURS

Si l’on s’intéresse tout d’abord aux autorités politiques, on constate qu’au Châtelard, en 1925, pour la première fois, le vote a lieu par parti, les libéraux et les radicaux présentant deux listes séparées. Les forces seront presque uniformément réparties puisque le nouveau conseil comprend 34 libéraux, 30 radicaux et 36 socialistes (Elections communales, 1925a). Il faut dire que les responsables des partis s’étaient entendus avant l’élection pour que chaque groupement établisse « une liste d’entente comprenant 40 candidats de ses adhérents et 30 de chacun des autres groupements. […] De cette façon, la part de 30 membres par groupement semble assurée et la lutte ne se fera que pour 10 candidats82 » (Elections communales, 1925b). Paul Kues, négociant, est élu syndic en remplacement de Marius Nicollier, qui exerçait cette fonction depuis 1914. Tous deux appartiennent au parti libéral. En 1929, les libéraux et radicaux présentent à nouveau une liste commune et obtiennent 63 sièges, tandis que les socialistes en ont 37, soit un de plus que la précédente législature. En 1931, suite au décès de Paul Kues, qui avait été réélu syndic en 1929, des élections complémentaires sont organisées. Le groupe libéral et celui radical présentent chacun un candidat au poste de syndic : le Dr. Mercanton, médecin à la pouponnière pour les libéraux, et Ulysse Cochard, laitier, pour les radicaux. Les socialistes décident de soutenir le deuxième car « M. Ulysse Cochard présentait beaucoup plus de garanties pour la réalisation du programme de la classe ouvrière que le Dr. Mercanton, lequel s’était encore dernièrement opposé à la gratuité des inhumations, proposition émanant d’un des membres du groupe cartelliste » (Elections municipales du Châtelard-Montreux, 1931). Le cumul des voix socialistes et radicales donne la victoire au candidat radical. Deux ans plus tard, les élections communales sont particulièrement houleuses. A la réunion pré-électorale du parti radical montreusien est discutée la question de savoir si le parti adhère à l’entente avec les libéraux ou pas. Par 119 voix contre 78, il est décidé que les radicaux affrontent le premier tour sous leur propre drapeau. L’une des raisons de ce refus de la constitution d’une liste d’entente est que les libéraux proposaient d’y faire figurer 80 noms et laissaient seulement 20 sièges aux socialistes, ce qui est bien en deçà de leur représentation (37 sièges en 1929). Refusant cette décision qu’ils ne soutenaient pas, le président du parti radical du Châtelard M. Ernest Bonzon ainsi que les radicaux qui avaient approuvé l’alliance, scellent l’entente avec les libéraux (Correspondance, 1933). L’autre groupe des radicaux, mené par le syndic Ulysse Cochard, décide alors de se séparer du parti et de former leur propre liste de 29 candidats. Ils défendent de cette manière l’idée d’une représentation équitable de toute la population au Conseil communal. Trois listes sont présentées pour les élections : la liste d’entente formée des libéraux, d’une partie des radicaux et de quelques candidats indépendants, la liste des radicaux dissidents et la liste socialiste. Aucun candidat n’est élu au premier tour. Une alliance entre les radicaux dissidents et les socialistes pour le deuxième tour leur donne une large victoire puisque tous les candidats sont élus, soit 29 radicaux dissidents et 36 socialistes. L’entente entre les radicaux et les libéraux obtient donc seulement 35 sièges et devient largement minoritaire face aux 65 obtenus par les candidats socialistes et radicaux dissidents (Le cartel des gauches l'emporte à Montreux, 1933). Dans la foulée, Ulysse Cochard est réélu syndic. Cette dissidence ne durera pas puisqu’aux élections de 1937, le parti radical est à nouveau uni. Plus encore, les quatre groupements politiques élaborent une liste commune de 100 noms (pour 100 sièges) répartis ainsi : 39 socialistes, 30 libéraux, 28 radicaux et 3 agrariens83. Ainsi, « chaque parti admet par avance les candidats qui seront présentés par les autres

82 Les dix derniers élus au Conseil sont en fait des candidats, c’est-à-dire qu’ils sont conseillers remplaçants et entrent au conseil en cas de décès ou de démission d’un des conseillers en place.

83 On constate ici l’apparition au niveau communal de ce parti, qui n’y était pas dans notre précédent forage. Les agrariens représentent le Parti des paysans, artisans et indépendants (PAI), qui devient en 1974 l’Union

partis » (Elections communales, 1937a). Les électeurs n’ont pas de réels choix étant donné que les candidats sont choisis par chaque parti et que leur nombre coïncide avec le nombre d’élus. En 1941 est repris le système par listes pour le premier tour. Quatre listes sont déposées : une liste radicale de 40 noms, une liste libérale de 45 noms, une liste agrarienne de 10 noms et une liste socialiste de 41 noms. Il y a donc 136 candidats pour 100 sièges (A travers le canton, 1941 ). Après un ballotage complet au premier tour, les libéraux, radicaux et agrariens forment une liste d’entente de 75 noms pour le deuxième tour. Cette liste passe entièrement, laissant 25 sièges aux socialistes (La fin des élections communales vaudoises, 1941). Le libéral Edmond Jacquet, géomètre, est élu syndic. En 1945 au Châtelard, 37 socialistes sont élus au premier tour alors qu’aucun candidat de l’entente (formée du parti radical, du groupement des commerçants et artisans, du groupe agrarien et des indépendants) ne passe (Les élections communales, 1945). Le deuxième tour voit passer 52 candidats de l’entente tandis que 6 candidats socialistes viennent se rajouter aux 37 élus du premier tour (Le second tour à Montreux, 1945). Le parti socialiste gagne ainsi près de 18 sièges par rapport à la précédente législature, détenant désormais 43 sièges sur 9584. Suite à l’élection du syndic Edmond Jacquet comme conseiller d’Etat, lui succède à ce poste Alfred Vogelsang (avocat, radical). Celui-ci œuvrera comme syndic du Châtelard jusqu’à la fusion en 1961 et exercera cette même fonction pour la nouvelle commune de Montreux jusqu’en 1969. En 1949, le Conseil communal est formé de 26 libéraux, 27 radicaux, 35 socialistes, 6 POP85 et 6 sièges pour le groupement des commerçants et artisans (Le résultat des élections au Châtelard (Montreux), 1949). Enfin, en 1953, la répartition change très peu puisque les radicaux et les libéraux gagnent chacun un siège, que les socialistes restent au statu quo (35 sièges) et que le POP perd un siège. La grande différence est l’arrivée du parti chrétien-social86, qui remplace au sein du Conseil le groupement des commerçants qui n’ont, cette fois-ci, pas présenté de liste séparée (Les résultats des élections communales, 1953). Le tableau ci-dessous reprend l’évolution des forces politiques au sein du Conseil communal. Si l’on excepte les élections de 1933

démocratique du centre (UDC) (Cordey, 1974). Si, « dans les cantons protestants, les paysans étaient

traditionnellement représentés par le parti radical-démocratique (PRD), dans les cantons catholiques ils votaient pour le parti conservateur populaire (PDC depuis 1970). Durant la première guerre mondiale, la paysannerie se détourna du PRD, auquel elle reprochait une politique trop favorable à l’industrie et aux consommateurs. Un parti des paysans vit le jour à Zürich en 1917. Le parti des paysans et bourgeois fondé à Berne en 1918, qui était aussi fortement ancré dans le milieu artisanal de la ville et de la campagne, adopta en 1921 l’appelation de PAB » (Skenderovic, 2013). Un parti agrarien apparut dans le canton de Vaud en 1921.

« Nourrie d’idées conservatrices qui cherchent à freiner la socialisation, cette formation souscrit à toutes les

mesures favorables à l’agriculture et appuie les milieux touchés par les mutations rapides de l’économie »

(Cordey, 1974, p. 135).

84 Suite à la baisse de la population entre 1941 et 1945, le nombre de conseillers communaux passe de 100 à 95. Il sera à nouveau de 100 en 1949.

85 Le parti ouvrier et populaire (POP) est créé en 1943 dans une semi-clandestinité par les communistes vaudois suite à l’interdiction cantonale puis fédérale des organisations affiliées à la IIIe Internationale. En 1944, le POP adhère au Parti suisse du travail. Son programme suit celui de ce dernier, qui propose une voie suisse vers le communisme. Il met l’accent sur l’action sociale : bourses d’étude, colonies de vacances, garderies municipales, allongement des vacances payées, etc. (Cordey, 1974).

86 Le parti chrétien-social est la plus jeune des formations traditionnelles, puisque sa première liste électorale apparaît en 1949. Comme le mouvement suisse, le parti vaudois regroupe des milieux catholiques vaudois, mais surtout des immigrés. C’est dire que son idéologie est composite. On y trouve à la fois une condamnation du libéralisme laïque et du socialisme, car ce parti préconise le respect des valeurs que le christianisme a apportées au monde. Mais la référence à l’enseignement social de l’Eglise catholique l’amène, dans la pratique, à soutenir des thèses proches du socialisme, alors que la reconnaissance de l’initiative privée comme expression de la personne l’empêche de rompre avec les partis historiques (Cordey, 1974). Le parti chrétien-social change de dénomination en 1957 pour celle de parti conservateur chrétien-social, puis celle de parti démocrate-chrétien (PDC) en 1970. En 1997, des tensions entre conservateurs et chrétiens-sociaux à l’intérieur du PDC, qui glissait du centre vers la droite, conduisirent au départ des sections cantonales du Jura, de Fribourg, de Lucerne et de Zürich, qui formèrent à l’échelle nationale leur propre parti, le parti chrétien-social suisse (PCS) (Rohner, 2010).

avec la dissidence du parti radical, on constate une relative stabilité des rapports de forces, avec environ un tiers des sièges pour les libéraux, un tiers pour les radicaux et un tiers pour les socialistes.

Tableau 4 : Synthèse de l'évolution des forces politiques au sein du Conseil communal de Châtelard entre 1925 et 1953

Pour la commune des Planches, en 1925, les libéraux-radicaux présentent la même liste d’entente, non différenciée par des couleurs. Cette entente est très bien suivie par la population puisque la liste passe entièrement dès le premier tour et un deuxième tour n’est pas nécessaire puisque tous les conseillers ont été élus au premier (Elections communales, 1925c). La situation est identique en 1929, où les 75 conseillers de la liste d’entente libérale-radicale sont élus. En 1933, les responsables des partis libéraux, radicaux et socialistes s’entendent pour établir une liste commune de 75 noms, comprenant 65 libéraux-radicaux et 10 socialistes. Ces derniers font alors leur entrée au Conseil communal des Planches, exactement 20 ans après les premiers socialistes élus au Châtelard. En 1937, les représentants des partis libéral, radical et socialiste se rencontrent pour établir une liste commune de 75 noms pour 75 sièges, octroyant 63 sièges à l’entente libérale-radicale et 12 aux socialistes (Dans quatre semaine les élections communales !, 1937). Sans surprise, l’ensemble des candidats sont élus puisqu’il y a autant de candidats que de sièges. En 1941, la commune conserve cette manière de faire et cette répartition des forces entre les partis, « dans le but d’éviter une lutte électorale » (Elections communales, 1941). Quatre ans plus tard, la liste d’entente est formée de 21 libéraux, de 21 radicaux et de 10 candidats hors partis représentant les villages et les divers milieux, et passe entièrement au premier tour. L’entente laisse aux socialistes les 19 sièges qui restent à repourvoir au deuxième tour (Les élections communales, 1945). En 1949, la répartition des sièges se fait ainsi : 45 sièges pour l’entente libérale-radicale, 25 pour les socialistes et 5 pour le POP (Les résultats définitifs des élections communales vaudoises, 1949). La répartition en 1953 est quasiment identique, hormis le fait que le parti chrétien-social s’empare des 5 sièges du POP, qui n’a pas atteint le quorum (Les résultats des élections communales, 1953). Concernant les syndics, la situation change peu puisque Robert Maron (notaire, libéral), exerce cette fonction de 1923 à 1945, soit pendant 22 ans. Lui succède Albert Mayer (bijoutier, radical) qui sera le syndic jusqu’à la fusion des communes en 1961. Albert Mayer est également député au Grand Conseil vaudois à partir de 1941.

Voici un tableau résumant les résultats durant cette période. Les socialistes passent en moins de 30 ans de zéro conseiller communal à 25, ce qui représente alors le tiers du Conseil communal.

Châtelard Radicaux Libéraux Agrariens

Groupement artisans et commerçants Socialistes Radicaux dissidents POP Chrétiens-sociaux 1925 30 34 36 1929 37 1933 1937 28 30 3 39 1941 25 1945 43 1949 27 26 6 35 6 1953 28 27 35 5 5

Planches Radicaux Libéraux Socialistes Candidats hors partis POP

1925 1929 1933 10 1937 12 1941 12 1945 21 21 19 10 1949 45 25 5 75 75 65 63 63 65 75 52 63 35

Evolution du Régime Politique local à Montreux entre 1850 et 2010 112

Tableau 5 : Synthèse de l'évolution des forces politiques au sein du Conseil communal des Planches entre 1925 et 1953

Née en 1921, la Société de Développement change de nom en 1947 pour s’appeler désormais l’Office du tourisme de Montreux. Il s’agit par là d’avoir une désignation « beaucoup plus claire, en

particulier dans les relations internationales de notre organisation de propagande » (Chronique de Montreux, 1947). Ses activités n’ont pas beaucoup changé depuis le forage précédent : organisation d’animations (dont la Fête des Narcisses), réclame collective ainsi que mise sur pied de concerts. En effet, les débuts du festival de musique classique du Septembre Musical datent de 1946 et sont dus à l’initiative de deux membres de la Société de Développement. La Société de Développement est présidée, depuis sa création et jusqu’en 1938 par Paul Vuilleumier, ancien syndic des Planches. La présidence est reprise entre 1939 et 1947 par Henri Guhl. Ce député montreusien intervient au Grand Conseil en 1932 pour demander la création d’une association vaudoise du tourisme et une aide du Canton pour le secteur touristique. Cette motion débouchera sur la création de l’Association vaudoise des Intérêts Touristiques (AVIT) dont Henri Guhl prendra la présidence (cf. section précédente). La présidence de l'Office du Tourisme sera ensuite reprise en 1948 par Ernest Oehninger. La Société de Développement est dirigée par R.-A. Alblas, syndic de Veytaux, qui assure cette fonction pendant 18 ans entre 1923 et 1951, avant d’être remplacé par M. Pessina. Ce dernier restera deux ans en place, avant de céder son fauteuil à Raymond Jaussi en 1953. Notons que ces trois directeurs successifs de l’Office du Tourisme occupent en même temps que leur mandat le poste de secrétaire de la Société des Hôteliers de Montreux (Mettler, 1979). Cela permet une forte synergie entre les deux associations. L’Office du Tourisme de Montreux est le pivot organisationnel des événements et des infrastructures durant cette période, avec la Fondation pour l’équipement touristique de Montreux (Guex, 2013). Cette Fondation est créée en 1948 par les trois communes du Cercle afin d’assurer le développement et le perfectionnement de la ville de Montreux, de construire ou de reprendre des établissements ou installations à caractère touristique et d’assurer la conservation et l’exploitation du Kursaal (cf. infra). Jusqu’en 1952, les activités de la Fondation concernent surtout le Kursaal. En 1953, elle charge une commission d’étudier la réalisation de trois projets : une salle de concert, une piscine et un aérodrome. Présidée par le syndic du Châtelard Alfred Vogelsang, la commission rend son rapport en avril 1954 et prône les investissements suivants : une grande salle pour congrès, concerts et manifestations sportives, l’aménagement d’une piscine dans les jardins du Casino, l’amélioration du Casino et de sa salle de spectacles et la création d’un aérodrome dans la plaine du Rhône. Vu le coût des projets, seuls les deux premiers projets sont retenus, soit la grande salle et la piscine. En tant qu’émanation des communes montreusiennes et grâce au financement de l’emprunt par la taxe de séjour, la Fondation bénéficie du même taux d’emprunt qu’une commune, soit 3 % (Guex, 2013).

Si la Société des Hôteliers de Montreux (SHM) avait dû, lors du forage précédent affronter la première guerre mondiale et ses conséquences désastreuses sur le tourisme, c’est à la crise

commerçants 1925 30 34 36 1929 37 1933 1937 28 30 3 39 1941 25 1945 43 1949 27 26 6 35 6 1953 28 27 35 5 5

Planches Radicaux Libéraux Socialistes Candidats

hors partis POP

Chrétiens-sociaux 1925 1929 1933 10 1937 12 1941 12 1945 21 21 19 10 1949 25 5 1953 45 25 5 45 75 75 65 63 63 65 75 52 63 35

économique des années 30 qu’elle doit tout d’abord faire face pendant cette période. Les hôteliers sont contraints de prendre tout une série de mesures pour tenter d’enrayer la baisse drastique des arrivées : baisse des prix minima des chambres, suppression du Journal des Etrangers puis réapparition mais seulement une fois par mois, participation de Fr. 10'000.- pour la publicité collective de la station ou encore appel aux fournisseurs et aux commerçants pour participer à la réclame (Mettler, 1979). En 1939, alors que l’industrie hôtelière commence tout juste à se relever de cette crise des années 30, la mobilisation générale décrétée à la fin août sonne comme un nouveau coup de tonnerre. Les années de guerre font à nouveau très mal. La Société se relèvera plus vite des conséquences de la guerre qu’en 1918, grâce notamment aux permissionnaires américains qui arrivent en nombre à Montreux. La SHM peut ainsi à nouveau distribuer de larges subventions, notamment Fr. 50'000.- à l’Office du Tourisme de Montreux en 1946 et 1948 (Mettler, 1979).

La Banque de Montreux n’existe plus durant ce forage. La crise des années 1930 lui a été fatale. Comme l’explique son Conseil d’administration, cette banque est intimement liée à la marche des affaires de l’hôtellerie et du tourisme en général (Beroud, 2011). En effet, elle possède de nombreux crédits dans les entreprises ferroviaires et hôtelières qui, face à la crise, ne rapportent plus rien. Par exemple, lorsque la Banque Cantonale Vaudoise examine les comptes en avril 1932, elle estime que sur les six millions de crédits hôteliers, seuls deux millions seraient recouvrables (Beroud, 2011). Face à la crise économique et touristique qui se prolonge, l’établissement est en grande difficulté. La Municipalité du Châtelard propose alors au Conseil communal d’acheter pour deux millions d’actions de la Banque. La commission, formée de trois libéraux, trois radicaux et trois socialistes, conclut à l’acceptation de la proposition. Cela n’est pas vraiment étonnant puisque l’un des membres de la commission, le libéral Jean de Muralt, est justement président du Conseil d’administration de la Banque de Montreux (Informations financières, 1932). Suivant cette commission, le préavis de la Municipalité est accepté par la presque totalité des membres du Conseil (Dernière heure financière, 1932). Ce ne sera pas le cas de la population, qui refuse en votation populaire cet emprunt par 53 % des voix. La raison principale de ce refus est que le sauvetage était assuré uniquement par la commune du Châtelard alors que les communes voisines avaient aussi des intérêts dans l’établissement bancaire (Le renflouement de la Banque de Montreux, 1932). Suite à ce refus, la liquidation intervient à la fin de l’année 1932. Le processus de liquidation est entouré de rumeurs. La presse soupçonne un délit d’initié en accusant le Conseil d’administration d’avoir laissé passer deux jours entre la décision de fermer les guichets et la fermeture effective, pour permettre aux !amis! des administrateurs de pouvoir retirer leurs fonds (Beroud, 2011).

Comme la plupart des sociétés touristiques, touchées durant ce forage successivement par la crise des années 30 puis la deuxième guerre mondiale, la Société du Kursaal passe des années difficiles. Pour se procurer des fonds, elle vend en 1943 le golf à la Société de Développement de Montreux (Mayer, 1963). Face aux problèmes de la Société du Kursaal, la commune des Planches décide de racheter à l’actionnaire majoritaire ses actions pour la somme de Fr. 400'000.-, via la Fondation pour l’équipement touristique de la ville de Montreux qui empruntera les crédits nécessaires (Tourisme montreusien, 1948). Ceux-ci seront remboursés par la Commission de la taxe de séjour au rythme de Fr. 50'000.- par an (Commission de la taxe officielle de séjour de Montreux, 1948). Ainsi, la Fondation pour l’équipement touristique de Montreux devient l’actionnaire majoritaire de la Société du Casino-Kursaal SA de Montreux. Un nouveau Conseil d’administration, composé de représentants des autorités locales, des hôteliers, de la fondation et de l’Office du Montreux, dirige dès lors le Casino (Mayer, 1963). Tout comme la Banque de Montreux, les années 30 sont fatales à la Feuille d’avis de Montreux. En décembre 1935, les actionnaires de la société votent sa fusion avec l’autre

journal local, le Messager de Montreux (Fusion des journaux montreusiens, 1935). Le Journal de Montreux est né.

Concernant les sociétés anonymes hôtelières, la Société du Grand Hôtel de Territet, première société du genre créée à Montreux, est contrainte en 1936 de faire appel à la Société fiduciaire suisse pour l’hôtellerie (Grand Hôtel de Territet, 1936). Le Grand Hôtel est désaffecté durant la deuxième guerre mondiale, avant d’être loué au Service fédéral du contrôle des prix qui y installe ses employés en 1943. Mais les recettes de location n’arrivent pas à couvrir les frais généraux, les impôts ainsi que les intérêts à payer à la Société fiduciaire suisse pour l’hôtellerie (Grand Hôtel de Territet, 1946). La Société est alors dissoute en 1950 (Chant du Cygne du Grand Hôtel de Territet, 1950). La Société du Grand Hôtel des Avants connaît un destin semblable puisque sa dissolution est votée en 1949 par les