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CHAPITRE 4 : LA PLACE DE L'ACTEUR DANS LE

2. Rôle des acteurs internes dans le processus de changement :

2.2. Le « leader » :

Le leadership est un processus par lequel une personne exerce une influence sur d'autres, dans le but d'atteindre un objectif commun (Northouse, 2007). Les responsables publics peuvent alors être à la recherche d'une légitimité en tant que leader (Fairholm, 2004).

2.2.1. Le sommet stratégique comme leader :

Les caractéristiques des dirigeants (attitude face au changement, style de leadership, expérience et origine organisationnelle) sont des variables qui ont un effet considérable sur la culture et par conséquent sur l'attitude face au changement (Hafsi et Fabi, 1997).

Mintzberg (2006), quant à lui, attribue au cadre dirigeant, entres autres, la responsabilité de diffuser des principes, des opinions et d'orienter les hommes, ce qui revient à leur enseigner ses valeurs, et les faire adhérer à une certaine culture. Les dirigeants produisent ainsi des normes, des valeurs et une culture qui sont imprégnées par leur propre expérience et leurs propres représentations.

Pour nos quatre études de cas, le sommet stratégique est représenté par : le directeur général, le président directeur général ou le ministre. Ce sont des postes politiques nommés par les ministres en tutelle ou par un remaniement ministériel :

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Tableau 2 : Le sommet stratégique des quatre études de cas L'organisme Le sommet stratégique

Ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi

Ministre

La CNAM Président directeur général

La Poste Directeur général

Tunisie Telecom Président directeur général

Selon l'ordre d'importance qu'il accorde aux différentes situations, le dirigeant va soutenir et renforcer les valeurs du changement et des projets stratégiques. L'administration tunisienne comme nous l'avons évoqué dans le chapitre « aperçu historique politique et

social de la Tunisie et du tunisien » a une spécificité patriarcale124. Le dirigeant est forcément un leader à suivre et il a une grande emprise sur les salariés.

Il semble qu'il y ait un lien étroit entre le type de leadership exercé par le directeur général ou ministre et sa culture numérique, l'importance qu'il accorde aux TIC dans la gestion du travail et le phénomène de résistance ou d'acceptation du changement par les agents d'exécution. Nous soutenons l'idée que la fonction d'usage perçue dépend du type de leadership exercé au sein de l'organisation et dépend également du degré d'importance donné aux TIC par le sommet stratégique lui-même. Ceci confirme l'hypothèse sur le rôle de l'environnement dans l'ancrage des TIC.

Kotter et Heskett (1992) soulignent l'importance du rôle du dirigeant et ses qualités dans l'élaboration d'un tel changement, surtout pour convaincre les employés de changer de mode de travail. Le dirigeant apporte ainsi ses représentations, ses habitudes, et transfère aux modèles mentaux de ses subordonnés ses convictions, ses valeurs et les postulats sur lesquels il s'appuie (Schein E, 1997).

151 Du côté des employés interrogés125, les discours rejoignent ceux des dirigeants. Confusion, inconfort et incertitude sont les sentiments prédominants suite à la nomination d'un nouveau dirigeant, à différents degrés. Certains employés ont des regrets pour leur ancien patron, d'autres n'ont juste pas envie de chambouler leurs habitudes. Ceux qui restent méfiants à l'égard du nouveau dirigeant, appréhendant l'impact des transformations que ce dernier a introduit sur leur poste et sur leur travail : un mélange de satisfaction et de malaise.

2.2.2. Le syndicat comme leader :

Les syndicats sont considérés comme des détenteurs d’influence dans la mesure où ils cherchent d’influencer l’organisation autrement que d’une manière économique, à se faire reconnaître afin d’exercer un effet directement sur les décisions et les actions de l’organisation.

Le mouvement syndical tunisien a connu un essor et une légitimité considérables après la révolution du 14 janvier 2011. Le syndicat peut jouer le rôle du leader dans l'administration tunisienne. Le syndicat demeure d'une importance stratégique dans l'administration Tunisienne, représenté par l'UGTT (Union Générale des Travailleurs Tunisiens) sur le plan national et par le syndicat local de chaque administration. Adhérer au mouvement syndical professionnel est une forme de sécurité pour le salarié et ceux qui sont membres du syndicat sont « intouchables » par la direction générale. C'est ce que nous confient les salariés lors de nos discussions informelles avec eux.

Les valeurs diffusées par le syndicat sont vite prises en compte par les salariés, qui voient en cette institution le garant de leurs droits surtout après la révolution du 14 janvier 2011. Les TIC ont beaucoup servi le syndicat dans leurs actions contre les défaillances de l'administration. En fait, ils ont encouragé et inciter les salariés directement ou indirectement à avoir recours aux TIC et plus particulièrement les réseaux sociaux pour remonter leur voix et revendiquer leur droits. Les sympathisants (adhérents porteurs d’une carte et payant leurs cotisations régulièrement ou irrégulièrement) sont presque tous activistes sur les blogs, les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Un vrai outil de

152 « bataille » pour le syndicalisme tunisien, les TIC demeurent indispensables pour les salariés afin d’atteindre leurs buts, sensibiliser l'opinion publique et faire bouger les choses dans l'organisation tunisienne. Nous avons remarqué à travers notre observation participante lors des stages effectués dans nos administrations enquêtées, la place importante qu'occupe le syndicat dans le quotidien au travail et la possibilité de son influence positive ou négative sur les salariés en matière de l'ancrage des TIC dans l'organisation.