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5. Le guide de bonnes pratiques

5.3 L’avenir de l’éditorial

1.3.1 Le web 2.0 : "And the winner is... you !"

Qui, mieux que cette couverture du magazine étatsunien Time Magazine 33, pourrait illustrer la déferlante du web 2.0 sur Internet, ces dernières années ?

Caractérisé 34 par l’utilisation de nouvelles technologies (AJAX), par la simplicité et l’ergonomie de ses interfaces et par les pratiques d’échange et de consultation ouverte, le web 2.0 a suscité chez les particuliers la création et la fourniture massives de contenus, accompagnés par la mise en place de réseaux sociaux insoupçonnés 35.

« [...] But look at 2006 through a different lens and you’ll see another story, one that isn’t about conflict or great men. It’s a story about community and collaboration on a scale never seen before. It’s about the cosmic compendium of knowledge Wikipedia and the million-channel people’s network YouTube and the online metropolis MySpace. It’s about the many wresting power from the few and helping one another for nothing and how that will not only change the world, but also change the way the world changes. [...] We’re looking at an explosion of productivity and innovation, and it’s just getting started, as millions of minds that would otherwise have drowned in obscurity get backhauled into the global intellectual economy. » 36

33 Grossman, Lev [17]. « Et le gagnant c’est... vous ! ». Le Time Magazine décerne chaque année, en décembre, le titre d’homme - ou femme - de l’année à une personnalité internationale. Depuis la création du prix en 1926, il n’y a eu que huit cas d’attribution du prix à un collectif.

34 Ce mémoire n’étant pas le lieu d’une nouvelle explication du phénomène, je n’en donnerai que les éléments nécessaires à ma démonstration.

35 Et accessoirement quelques transferts de fonds d’une ampleur considérable...

36 Grossman, Lev [17]. « Mais regardez 2006 à travers un autre prisme : vous y verrez une autre histoire, pas celle des conflits ou des grands hommes. C’est une histoire de collectivités et de collaboration à une échelle inimaginable. C’est l’accumulation planétaire de connaissances de Wikipédia, le réseau regroupant un million de personnes de YouTube, la sphère MySpace en ligne.

C’est la multitude arrachant le pouvoir à l’élite, puis pratiquant l’échange gratuit, ce qui modifiera non seulement le monde, mais aussi la manière dont le monde est modifié. (...) Nous sommes en face d’une explosion de productivité et d’innovation, qui ne fait que commencer : des millions d’intelligences qui seraient sans cela restées enfouies dans l’ombre se révèlent désormais dans l’économie mondiale de l’intellect. »

La présentation du Time Magazine met l’accent sur les mots-clés du web 2.0 : communautés, collaboration à l’échelon planétaire, entraide gratuite, productivité, participation des internautes à l’économie intellectuelle globale...

Voyons, à grand trait et pour soutenir la définition, quels sont les besoins et les pratiques sociales du web 2.0, en donnant chaque fois des exemples d’applications :

- la mise en ligne de contenu, à disposition de tous gratuitement : le site Flick’R, pour proposer, stocker et archiver vos photos 37, Daily Motion, pour vos vidéos 38;

- la circulation fluidifiée et personnalisée dans un corpus personnel, organisé grâce au social bookmarking . C’est le partage sur un site web d’une sélection de liens hiérarchisée grâce à un système de signets (bookmarks) personnalisés, personnalisation appelée folksonomie 39;

- le suivi de la production d’information, grâce aux flux RSS ;

- l’appartenance à un réseau, communauté d’internautes reliés par un même centre d’intérêt. Le plus illustre est MySpace 40 ;

- la présentation de soi à tous par les outils de blogs, qui ont démocratisé les pages personnelles en simplifiant à l’extrême les compétences techniques nécessaires à leur tenue. Au-delà de cette occupation quelque peu narcissique, la dimension sociale est obtenue par la possibilité donnée aux visiteurs d’ajouter des commentaires ;

- la gestion de projets en équipe soutenues par les outils wikis, ces système de gestion de contenu qui permettent à toutes les personnes autorisées de modifier les pages web librement. L’outil wiki convient également à la gestion de la connaissance, comme le démontre l’encyclopédie Wikipédia 41 ;

- les jeux en réseaux. Bon, revenons aux applications dans l’entreprise...

La fourniture de contenu est au cœur du développement du web 2.0, sous une forme nouvelle qui permet à tous de contribuer et de partager. Car le mot-clé est bien ici

« populaire », aux deux sens du terme : « que tout le monde peut utiliser » (opposé à élitiste ou réservé aux professionnels), et « que beaucoup de gens apprécient ».

37 http://www.flickr.com/

38 http://www.dailymotion.com/

39 Folksonomie : système de classification collaborative décentralisée spontanée. Wikipédia, article FOLKSONOMIE. Voir le site http://del.icio.us/

40 http://www.myspace.com/

41 Créée en 2001, l’encyclopédie Wikipédia est devenue le wiki le plus visité au monde. Voir l’article WIKIPEDIA sur Wikipédia.

La déferlante du web 2.0 sur l’ordinateur du salon ou de la chambre à coucher depuis, disons, 2004 42, a rappelé à l’entreprise que l’employé est connecté à la maison. Il s’y initie de son plein gré aux joies des activités pratiquées au sein d’un réseau, pratique qui est peu ou difficilement possible dans le cadre de l’activité salariée.

Première constatation : lors de l’arrivée des TIC dans l’entreprise, dans les années 90, certains salariés en ont profité pour installer les nouvelles technologies à la maison, l’ordinateur personnel d’abord, puis Internet. La situation s’est depuis renversée : c’est à la maison que l’on teste les nouveaux produits, pour les proposer au bureau, dans un second temps. Quand le nouveau système d’exploitation arrive dans l’entreprise, certains salariés savent déjà s’en servir.

Deuxième effet : on coopère librement, sur l’ordinateur du salon. A ce niveau aussi, l’entreprise paraît en retard et bien rigide, avec ses workflows, ses gestions de droit, ses applications accessibles uniquement sur le campus de l’entreprise...

Grâce aux toutes dernières technologies, un glissement s’est opéré du collaboratif au coopératif. Le collaboratif, nous l’avons vu, consiste à travailler ensemble à un projet, dans un cadre hiérarchique pré-établi : l’assistante collabore avec son directeur, l’employé collabore à la mise à jour de son planning de congé, en indiquant ses dates de vacances au service des ressources humaines grâce à un formulaire webisé.

Le coopératif, lui, réunit dans un échange de type égalitaire des personnes partageant un centre d’intérêt. La notion de social networking (« réseautage d’affaires », en français), tout d’abord restreinte à un réseau de connaissances entre hommes d’affaires 43, a pris, avec le web 2.0, un sens bien plus large, celui de regroupement d’internautes autour d’un centre d’intérêt 44. Les logiciels d’Internet servant ces pratiques sont nommés social software, ou

« logiciels sociaux » : ce sont les wikis et les blogs qui facilitent « la communication de groupe, la construction et la solidification de liens sociaux, le travail collaboratif, le jeu à plusieurs, la création collective », ainsi que l’explique Wikipédia.

42 O’Reilly, Tim [18]. Approximativement le premier semestre 2004, pour l’adoption par les internautes des premières applications.

43 Voir la redirection de NETWORKING SOCIAL vers RESEAUTAGE DAFFAIRES, dans Wikipédia.

44 Le dico illustré du Web 2.0 [18] : voir SOCIAL NETWORKING

Sensibles aux innovations et aux tendances, bousculées en interne par leurs innovateurs (les early adopters, ou utilisateurs pionniers), les entreprises cherchent à prendre le tournant.

Elles veulent croire les indicateurs de la presse spécialisée qui sont formels : « l’entreprise 2.0 » devra être coopérative. Je vous propose maintenant un rapide tour d’horizon des outils disponibles et des nouvelles pratiques qu’ils rendent possibles.