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5. Le guide de bonnes pratiques

5.3 L’avenir de l’éditorial

1.1.2 Les ordinateurs en réseau et la webisation de l’entreprise

Le premier réseau, dans les années 80, était local : il visait à réunir les ordinateurs d’un bureau, d’une entreprise. Il offrait aux machines reliées un accès à toutes les applications, ou à une version unique d’un document partagé, ce qui impliquait un premier degré de cohérence entre les machines, entre les applications et entre les versions de documents.

L’interconnexion des ordinateurs a conduit à l’informatisation des mécanismes de gestion ainsi qu’à la centralisation et à la formalisation d’une mémoire collective de l’entreprise, sans laquelle elle ne saurait plus fonctionner et que nul n’est censé ignorer.

Puis Internet est apparu. Il s’est répandu dans l’entreprise au long des années 90 : les applications comme le courrier électronique et l’accès au web se sont installées dans les pratiques de travail, démultipliant l’accès à l’information et les possibilités de communication entre les personnes. C’est cette synergie entre la micro-électronique et le logiciel que l’on nomme les TIC (technologies de l’information et de la communication).

17 Le terme fut créé par Louis Naugès, en 1976. Wikipédia, article BUREAUTIQUE.

La dernière transformation en date, c’est la « webisation », c’est-à-dire l’administration d’un nombre croissant d’opérations informatiques grâce à une interface web, un logiciel de navigation tel qu’Internet Explorer ou Firefox, pour citer les plus répandus actuellement.

Les informations de l’entreprise sont réunies dans une ou plusieurs bases de données : les opérations de consultation, de saisie, de modification et de suppression des données sont réalisées grâce à une interface web. Cette webisation rend désormais accessible à tous, sans formation – pour autant que l’interface soit claire – les informations et leur interface de mise à jour, opérations qui dépendaient précédemment d’une formation à des outils de gestion spécifiques, et étaient souvent réservée aux spécialistes du métier.

En guise d’illustration de la rapidité des changements, voici mon propre parcours professionnel. Née en 1958, j’ai appris seule à taper à la machine (avec tous les doigts, quand même) à l’âge de 18 ans, pour trouver du travail. J’ai commencé comme dactylo, sur une machine à écrire mécanique. Puis j’ai tapé des thèses, dans les années 70, pour une petite imprimerie de ville, avec une Olivetti électrique à boule, ce qui permettait de jolis effets de caractère, en changeant les boules. Un retour technologique en arrière mais un saut dans la productivité, pour travailler six ans dans une imprimerie offset, à conduire une machine à feuille Heidelberg et imprimer livres, plaquettes et affiches. J’ai rencontré mon premier ordinateur dans les années 80 : les caractères étaient blancs sur fond noir, et on avait des surprises à l’impression, l’écran ne fournissant pas encore de représentation graphique du résultat. J’ai écrit mon premier livre en 1991 sur un Macintosh SE30 d’occasion, profitant de la merveilleuse nouveauté de l’interface graphique. Puis j’ai travaillé comme maquettiste presse dans une agence de publi-reportage, où j’étais aussi responsable du réseau interne (trois MacIntosh, un scanner et deux imprimantes). En 1997, c’est toujours sur un Macintosh que j’ai réalisé mon premier site web. Pour le HTML, pas de wysiwyg, mais du code HTML à la ligne : là aussi, le résultat était parfois surprenant... Mon deuxième livre est accessible intégralement – et uniquement – en ligne, sous licence libre, depuis 1998. En 2007, je rédige ce mémoire de master sur un PC sous Windows équipé de Windows 98, avec un retard de plus de quatre mises à jour du système d’exploitation : quelle importance ? A l’université, nous avons mis nos notes de cours à disposition des étudiants absents grâce à un wiki. Trente ans ont passé : je suis un exemple que l’on peut survivre à l’acculturation informatique, pour peu que l’on ait choisi, comme fil conducteur d’une vie et d’une carrière, l’information et la communication. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait les textes !

Il manque à cette trop rapide évocation un outil indispensable à l’équilibre relationnel de l’entreprise et de la vie de bureau : la machine à café, lieu primordial d’échanges et d’enrichissement. Sa webisation est également en cours, j’y reviendrai.

Je ne prétends pas faire ici une histoire exhaustive du déploiement de l’informatique dans la vie de bureau. Retracée à grands traits, elle veut indiquer avec quelle rapidité – moins d’un siècle – les outils et les processus ont évolué, et avec eux les pratiques de travail. Pourquoi cet historique ? Parce que la production d’information et la généralisation de son accès, rendues possible par les réseaux d’ordinateurs à l’échelle planétaire, ont pris une importance telle que l’impact de la communication est devenu fondamental : sur l’organisation de l’entreprise, sur le travail et sur les hommes et les femmes qui la consomment et la produisent.

1.2 L’information au cœur de l’entreprise

Les réseaux d’ordinateurs ont mis à portée de tous l’information, qu’elle soit interne à l’entreprise (sur des sites web de type intranet ou par le courrier électronique) ou externe (par le web).

Or l’information est actuellement une arme stratégique de compétitivité. Et ce plus particulièrement dans la nouvelle répartition due à la mondialisation des échanges et de l’économie : les économies des pays riches sont désormais centrées sur la production de services, dont l’efficacité repose sur la rapidité de réaction à l’information. Les contraintes de production augmentent, les temps disponibles pour la réaction diminuent : il faut donc avoir la bonne information dans le plus bref délai possible. On aura noté, dans l’évolution historique des outils de la vie de bureau, que l’arrivée des ordinateurs et des réseaux correspond à la récession consécutive à la première crise du pétrole, en 1973 : à partir de cette date, la part des emplois industriels commence à chuter en France ainsi que dans le reste des pays développés.

Analyse de l’activité, synthèse, suivi des processus, toute cette information, nécessaire à une gestion de l’entreprise de plus en plus complexe, est produite et transmise par

l’informatique. Témoin de cette importance, le service informatique traditionnellement nommé DSI n’est plus de nos jours la « direction des services informatiques », mais la

« direction des systèmes d’information ». Un glissement sémantique lourd de signification : il ne s’agit plus de services rendus, mais de l’organisation d’un système dont l’efficacité est indispensable à la réactivité de l’entreprise ; on n’y traite plus d’informatique – c’est-à-dire de machines –, mais d’information – c’est-à-dire de contenus, de données. Le système d’information va être mis en place pour servir au mieux la production, qu’elle soit de biens ou de services ; il devra être l’exact reflet des mécanismes internes de l’entreprise, l’équivalent de son système nerveux.

Le système d’information est partout : il « est crucial pour la relation avec le client et les fournisseurs (outils de gestion de la relation client, ou CRM), pour la coopération entre partenaires (interopérabilité, transparence du partage des dépenses et recettes), pour la conception des nouveaux produits (conception assistée par ordinateur, ou CAO), pour outiller les processus de production et de gestion (workflows, indicateurs), pour éclairer la décision (datawarehouses) », comme l’explique Michel Volle 18. Il est devenu le référentiel de l’entreprise, la représentation de ses processus, son langage.

Les enjeux des nouveaux systèmes d’information sont de rendre l’information compréhensible (quête de la lisibilité), accessible (gestion des droits d’accès) et cohérente (tous les interlocuteurs sont au courant de ce qu’ont fait et dit les autres). Les systèmes fourniront une batterie d’outils, créant une « informatique de la communication » intégrée dans les processus de travail à des rythmes différents selon les entreprises et les services : qui imaginerait de travailler de nos jours sans sa messagerie électronique ?

L’information rapporte gros, mais elle a aussi un coût : elle doit être accessible, nous l’avons vu, et elle doit également être à jour sinon elle manque de pertinence. Le souci de son actualisation et de sa consultation concerne désormais la majeure partie de l’entreprise, et impose depuis une dizaine d’années de nouvelles exigences et de nouvelles formes de travail aux salariés.