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Instances positives

3.2.2.4. Le test d’inhibition

Comme nous l'avons déjà précisé, nous n’avons pas trouvé parmi les tests d’inhibition conçus, réalisés et diffusés dans le champ de la psychologie cognitive, un outil répondant aux exigences de cette recherche. Un grand nombre de ces tests, tel le Stroop, s’appuie sur un matériel verbal et nous souhaitions un outil qui s’inscrive dans la "philosophie" du C.S.V.I., c'est à dire construit à partir d’un matériel de nature visuo-spatiale à poids subjectif faible. Nous avons donc entrepris de mettre au point un test spécifiquement adapté aux objectifs de cette recherche247.

247

Cet outil d’évaluation a été imaginé et construit avec la collaboration précieuse de Roulin J. L., enseignant chercheur en psychologie cognitive à l’Université de Savoie. Sans son engagement personnel, cette entreprise était impossible.

3.2.2.4.1. Description

L’évaluation s’organise en trois étapes progressives réalisées en une seule passation, sachant que le temps total de la passation n’excède pas 15 mn. C'est au cours de la troisième étape qu'est introduit à proprement parler le "conflit cognitif" tel qu’on peut l’observer à partir des outils classiques de mesure de l’inhibition. Les deux étapes qui précèdent ont surtout pour objectif de vérifier que l’enfant est capable mettre en œuvre des compétences indispensables à la réalisation du test. Voici les trois étapes proposées à l'enfant :

• L’alerte phasique.

Le sujet doit répondre le plus rapidement possible lorsqu’une croix (X) apparaît à l’écran. Sa tâche est donc de faire disparaître la croix le plus rapidement possible. Le délai entre les apparitions de la croix varie entre 1200 ms et 2100 ms. Le pas de variation est de 100ms. Il y a donc 10 temps intermédiaires possibles (ordre de présentation aléatoire).

La mesure s’effectue sur le temps de réaction de l'enfant. Le sujet passe d’abord une phase

d’apprentissage sur 10 items, puis passe trois séquences de 20 items séparées par un temps de repos.

• Le go-nogo.

Après avoir entraîné l'enfant à répondre le plus rapidement possible lors de l'apparition de la croix (X) au cours de l'étape précédente, il s'agit de placer l'enfant en situation de suspendre sa réponse motrice à l'apparition d'un autre signe, le signe (+). Cette phase est réellement le test go-nogo utilisé en psychologie cognitive : la situation est donc similaire à la situation d’alerte phasique mais le sujet doit suspendre sa réponse motrice lorsque le signe qui apparaît est le signe plus (+). Il ne doit répondre qu’à la croix.

Le délai entre les apparitions des différents signes varie entre 1200 ms et 2100 ms. Le pas de variation est de 100 ms. Il y a donc dix temps intermédiaires possibles (ordre de présentation aléatoire). Pour chaque temps il apparaît soit le signe (X), soit le signe (+). Le

sujet passe d’abord une phase d’apprentissage sur 10 items, puis passe 3 séquences de 20 items (séparés par un temps de repos).

On enregistre le temps de réaction moyen et le nombre d’erreurs qui correspondent aux

réponses données par l'enfant à l'apparition du signe (+). Nous calculons également le

pourcentage d'augmentation du temps moyen de réaction entre l'alerte phasique et le go/no-go.

• L’épreuve couleurs.

Il est possible de se reporter à la figure ci-dessous pour illustrer la description de cette étape :

Phase d’apprentissage Phase d’interférence Phase d’inhibition Figure 2

Matériel composant le test d'inhibition.

Cette épreuve comporte trois phases : l’apprentissage, l’interférence, et la phase test d'inhibition proprement dite.

L’apprentissage :

Le sujet doit apprendre une série de réponses clavier associée aux deux couleurs : rouge et bleu. Pour cet apprentissage on présente un "bonhomme" rouge ou bleu à l'enfant. Au cours de cette première étape, le "chapeau" (triangle) est de la même couleur que la "tête" (rond). Lorsque le bonhomme est rouge, l’enfant appuie sur la touche de l'ordinateur marquée d’une pastille rouge et, inversement, lorsque le bonhomme est bleu, l'enfant appuie sur la touche de l'ordinateur marquée d'une pastille bleue.

Nous mesurons le temps de réaction moyen. Nous recueillons également le nombre de bonnes réponses.

L’interférence :

Principe : nous présentons maintenant à l’enfant un bonhomme à tête rouge ou bleue munie d’un chapeau rouge ou bleu ; nous avons donc quatre situations possibles. L’enfant doit donner le plus rapidement possible la couleur de la tête du bonhomme et ce, quelle que soit la couleur du chapeau. Lorsque la couleur du chapeau est différente de celle de la tête du bonhomme, il s'agit d'une situation d'interférence.

L’enfant dispose de 36 essais : 2 fois 8 essais d’initiation, puis 10 essais convergents (tête et chapeau de couleur identique) et 10 essais divergents (tête et chapeau de couleurs différentes). Si la tâche est mal comprise par l’enfant, nous recommençons la totalité de la tâche.

Cette phase permet de mesurer la résistance à l’interférence, indicateur non pas d’inhibition mais de confusion due à la présence de stimuli de couleurs différentes. Elle permet également de renforcer la réponse sur la couleur de la tête et de confirmer l’apprentissage. Enfin elle prépare l’enfant à la tâche d’inhibition.

Nous comparons le temps moyen de réaction en situation convergente avec le temps moyen de réaction en situations divergentes. A partir des temps moyens dans les deux types de

situation, la différence de temps entre les deux situations correspond à l'interférence proprement dite.

Phase d'Inhibition.

Nous présentons maintenant à l’enfant deux bonhommes simultanément. La couleur des chapeaux (triangles) peut être identique (convergent) ou différente (divergent) de la couleur de la tête. Au centre de l’écran, il y a un chapeau (bleu ou rouge) de référence. L’enfant doit répondre sur la couleur du "bonhomme" (la tête) qui porte le chapeau présenté au centre de l’écran.

Nous comptabilisons le nombre d'erreurs ou de bonnes réponses en situations

convergentes plus le nombre d’erreurs ou de bonnes réponses en situations divergentes.

Nous comparons également Le temps moyen de réaction en situations convergentes et

le temps moyen de réaction en situations divergentes (inhibition). 3.2.2.4.2. Remarques à propos de cet outil.

Si la présentation de ce test de mesure de l’inhibition peut apparaître quelque peu fastidieuse au lecteur, il faut préciser que le comportement des enfants au cours de la passation ne reflète pas cette impression de complexité. La formulation ludique de la tâche, évoquant l’apparition de "bonhommes" sur l’écran de l’ordinateur, et l’intérêt que l’enfant a trouvé dans l’identification de la couleur des "chapeaux", ont introduit une dimension ludique qui a facilité la passation. Beaucoup d’enfants ont manifesté dans l’après coup le désir de pouvoir à nouveau pratiquer le test, l’évoquant le plus souvent comme un jeu ; "le jeu des

bonhommes", bien plus que comme une situation de testing.