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VI. Considérants de départ

2. Les principales unités spatiales de référence

2.1.1. Présentation des zones agro-écologiques

2.1.1.4. Le Sénégal Oriental

C’estlazonequis’étend du Centre-Est au Sud-est du pays. Elle se situe entre les domaines climatiques soudanien et soudano-guinéen. Riche en ressources ligneuses et en sols fertiles, le SénégalOrientalestl’unedesraresrégionsnaturellesdu Sénégaloù on trouvepratiquésen mêmetempsl’agriculture,l’élevageetl’exploitation debois.Jusqu’au débutdesannées70,elle n’étaitquetrèspeu concernéeparlaculturearachidièrecarelleétaitconsidéréeparlespouvoirs publicscommeétantle Bassin cotonnierdu pays.C’estla création desvillagespionniersquia ouvertlazoneàl’arachide.Aujourd’hui,du faitdel’extension du Bassin arachidieretdela diversification desculturesderente,leSénégalOrientalest,àl’instardelaCasamance,lesiége d’unecompétition entrel’arachideetlecoton.Cettecompétition estd’autantplusvivequ’un tiers du Sénégal Oriental est exclu d’activités agricoles car occupé par le parc national du Niokolo-Koba, réservoir faunistique le plus important du Sénégal.

2.11.5. La Casamance

Le contraste écologique et la richesse floristique sont les caractéristiques de la Casamance. Cette zone subie les influences des climats guinéen et soudanien humide, la présence des forêts arborées et touffues et la succession de sols ferralitiques et des sols hydromorphes. Elle se subdivise en trois sous-zones agro-écologiques : la Basse Casamance, la Moyenne Casamance et la Haute Casamance.

o La Basse Casamance : Leslimites spatiales de la Basse Casamance coïncident avec celles de la région administrative de Ziguinchor. Elle est constituée par le bassin versant inférieur et l’estuaire du fleuveCasamance.Lessolsde naturehydromorpheetferralitiquesontlesiége d’unevégétation detypeforêtsècheàhumidedanslaquelleprédominentlesespècesguinéennes et subguinéenes. Elle est une zone traditionnelle de production deriz.D’ailleurslesystèmede production est dominé par la riziculture.

o La Moyenne Casamance : Elle coïncide avec le département de Sédhiou. Elle tire sa particularité plus par son homogénéité ethnique (population mandingue) parce que du point de physiqueelleprésentelesmêmescaractéristiquesquelaBasseCasamancesaufqu’icilessols ferrugineux sont plus répandus. Les activités sont également à peu prés les mêmes avec un cheptel plus important et des cultures pluviales (arachide, sorgho, maïs, mil, etc.) plus variées et plus extensives.

o La Haute Casamance : Elle correspond aux Départements de Kolda et Vélingara. Elle est peupléeessentiellementdePeul(plusde82%),d’où son nom deFouladou c’est-à-dire dit le pays des peulh. Du point de vue physique, on est dans le domaine de la savane arborée et des sols ferrugineux tropicaux bien prisés pour les cultures de rentes et les cultures milicoles. La zoneestconsidéréecommelesecond Bassin arachiderdu Sénégalcomptetenu del’expansion des superficies qui y sont consacrées à cette culture.

2. 2. La Région

L’entité«région » de référence dans ce travail correspond à la région administrative et politique.

Le Sénégal en compte onze79: Dakar, Diourbel, Kaolack, Louga, Fatick, Kolda, Tambacounda, Matam, St-Louis, Thiès, Ziguinchor et Matam. La création des régions administratives telles que nouslesconnaissonsactuellementpeutêtreconsidéréecommelavolonté del’Etatdu Sénégal post-coloniald’assurer«une autorité territorialesurun espacereconnu,à l’intérieurpartoutela population,àl’extérieurparlesautresEtats,etbornépardeslimitesbien définies»80. Et vis-à-vis des populations locales, cette création agit comme une véritable « imposition territoriale »81. En effet, les régions créées sont des territoires dans le sens où se sont des étendues spatiales, délimitées, au sein desquelles différentes formes de relations (sociales, économiques, institutionnelles, etc.) se construisent et déconstruisent. Depuis la fin des années 70, période à laquelle Raffestin a donné au concept de territoire une signification géographique, la région telle qu’elleexisteau Sénégalsesubstitueaisémentàcedernierétantdonné queson butultimec’est le contrôle (des hommes et des ressources) et la mise en valeur (développement économique et social).

Décrivantleterritoire,Raffestin nousinviteàveillersurl’aspectrelationneldecemorceau de terre, car au sein de celui-ci existe « un système de relations entretenues par une collectivité, partantparun hommeavecl’extériorité». Pour lui (1980, p.129), « le territoire est un espace danslequelon aprojetédu travail,soitdel’énergieetdel’information,etqui,parconséquent, révèle des relations toutes marquées par le pouvoir ». A la lumière de cette conception du territoireetl’espace,l’entitérégionale,àladifférencedesZonesagro-écologiques,s’avèredonc non seulement un lieu de prélèvement des ressources mais également un espace de projets et de régulation au sein duquel la population est liée à un ou plusieurs objectifs par un système de fonctionnement politico-administratif. Les rapports de la population aux objectifs sont mis en œuvreàtraversledécoupagedechaqueentitérégionaleen plusieursunités(figure3),reliées les unes aux autres par des relations hiérarchiques.

79Dans notre travail, nous avons tenu compte Matam en qualité de Département et non en tant que onzième Région, administrative. Ce choix procède du fait que Matam est érigé en région depuis seulement 2001et que par conséquent iln’existepasdedonnéesscifiquessuffisammentimportantesdanslecadred’uneanalyse.

80Philippe Vidal, 1997 : Territoire, Environnement et Aménagement. In http://www.globenet.org/horizon-local/perso/dea1.html. Article consulté le 24 juin 2003

81Raffestin, op. cite

Figure 3 : La hiérarchie administrative et spatiale selon le découpage du territoire du Sénégal

1eniveau 2eniveau 3eniveau 4eniveau 5eniveau 6eniveau Arrondissements

ou zones rurales

Communautés

rurales Villages hameaux

Régions Départements

zones urbaines localités

urbaines quartiers

Ville Ville localités village Hameau

Capitale régionale départementale urbaines

Carte ° 3. La subdivision administrative et territoriale du Sénégal

Tableau 3 : Hiérarchie territoriale, statuts et compétences un lieu de pouvoirs et de manifestation du Pouvoir. Il se crée alors un système de maillage à plusieurs niveaux (figure 3) du territoire national qui inaugure ledébutdel’aménagementdu territoireparl’Etatdu Sénégalpost-indépendance.Ilfautdire quelelegsdel’administration colonialedanscedomaines’avéraitinadaptépourun gouvernementdontl’ambition dépassaitle simpleobjectifdel’exploitation desressourcesnaturelles.Ledécoupagedu territoires’inspirede la politique française d’aménagement des années 60, une représentation hiérarchique de l’organisation de l’espace. Ce découpage se traduit par la création d’un réseau de villes, hiérarchisées plus tard par le système de communalisation, qui ont des liens complémentaires entre elles et entre elles et leur arrière-pays rural.

La nouvelle configuration territoriale du Sénégal prend naissance réellement à partir de 1972 avec la Réforme Administrative et Territoriale. Le modèle de gestion par « zone agro-écologique» quimettaitl’accentsurlefonctionneletau besoin généraituneou deux petitesou moyennes villes aux vocations purement commerciales, laisse place comme dit Di Meo (1996, p.

115) parlant de la France à « un réseau de pôles hiérarchisés construisant, grâce à la fluidité des courants circulant entre eux, une organisation territoriale spécifique».

Cette armature en réseau, par ailleurs fort critiquée par Brunet dans son ouvrage « Le territoire dans les turbulences» s’avèreinsatisfaisantepourleSénégal.En effet,la fluiditédontparleDi Meo,etquiagiten quelquesortecommelemoteurd’une telleorganisation du territoire,est bloquée par les règles et rigidités liées à la déconcentration du Pouvoir Exécutif et à l’immuabilitédu découpage.AinsilaRégion,leDépartementetl’Arrondissement,malgréleur emboîtement, ne génèrent pas et ne facilitent pas des flux économiques et sociaux notables, chaque entité territoriale se campant sur les prérogatives conférées par la Loi. Cette inertie territoriales’expliqueparlefaitqu’àlatêtedechaqueentitésetrouveun Gouverneurou un Préfet de la République dont la fonction principale se réduit à représenter le Pouvoir central tandis que les fonctions économiques sont reléguées au second plan. Conséquence de cette forme d’administration territoriale,l’instauration d’un blocagedesactivitésdedéveloppementetun mauvais fonctionnement en réseau des trois principaux pôles territoriaux.

La gestion de l’espace territoriale,etpartantdel’espaceagricole,a connu plusieursévolutionsau Sénégal. Les deux principales évolution sont symbolisées par la loi 72-26 du 19 avril 1972 qui crée la Communauté Rurale et la loi 96-07 du 22 mars 1996 qui transfère de nouvelles compétences aux Régions, aux Communes et aux Communautés Rurales. Depuis 1996, il existe au Sénégal ce qu’on appelle la «décentralisation intégrale », un système qui repose sur un maillage en trois paliers du territoire : la Région, la Commune et la Communauté rurale (carte n°

3). Ces trois entités échappent de plus en plus au contrôle (à priori) administratif de l’Etat central. Elles sont administrées par des conseils élus au suffrage universel pour un mandat de cinq années. Les trois pôles territoriaux ont la vocation à se compléter même si la rigidité de la hiérarchie décrite plus haut semble se reproduire et géner les fluidités (les productions et les distributions). La Région fonctionne comme le cadre de conception du développement régional alors la Commune et la Communauté rurale fonctionnent comme les lieux d’exécution. En laissant aux collectivités territoriales la prise en charge de certaines compétences (tableau 3), l’Etat sénégalais vise à trouver le difficileéquilibre entre la gestion déconcentrée et la décentralisation.L’objectifdecréerla proximitéentrelapopulation,leterritoireetlaprisede décision qui la concerne transforme les rapports au territoire. De nouveaux acteurs font leur

apparition. Désormais l’espace n’est plus perçu comme un simple lieu de prélèvement de

« matières naturelles » pour parler comme Raffestin ou de supports matériels à une activité.