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CHAPITRE 1 UNE ANTHROPOLOGIE DE LA MIGRATION ET DE L’INTÉGRATION CENTRÉE SUR LES

1.2 L’ ORIENTATION MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

1.2.2 La collecte des données

1.2.2.1 Le recrutement initial et la tenue des ateliers

J’avais d’abord prévu organiser une rencontre générale durant laquelle mon projet serait présenté et des participants recrutés en vue de la réalisation d'une série d’ateliers, en dehors des heures de cours (je reviens plus loin sur ces ateliers). Cependant, il est rapidement apparu que la période d’apprentissage que représente le passage en francisation rendait les horaires des potentiels répondants trop chargés et qu’ils seraient donc peu disponibles pour participer aux ateliers. Sur les conseils de ma collaboratrice, j’ai décidé de mettre en place les ateliers dans une seule classe, sur les heures de cours. Cette stratégie m’a permis de rencontrer des Bhoutanais au niveau 3 du programme de francisation des immigrants pour les peu alphabétisés (FIPA). Il était nécessaire de s’assurer qu’une maîtrise minimale du français était là, que la classe à laquelle j’étais jumelée serait composée d’élèves adultes, mais également jeunes et dynamiques, maximisant ainsi les

chances qu'ils acceptent de participer au projet12. C’est ma collaboratrice au cégep qui s’est assurée que ces

critères étaient respectés et a identifié le groupe-classe spécifique avec lequel il semblait le plus approprié de travailler. Il était composé de 11 élèves bhoutanais (six femmes et cinq hommes), qui ont tous accepté de participer13. Le groupe comptait aussi une Thaïlandaise et une Vietnamienne. Si elles ont également pris part

aux ateliers, les données produites avec ces deux dernières, non concernées par mon étude, ont simplement été écartées par la suite.

La collecte de données s’est alors mise en œuvre avec, dans un premier temps, la réalisation d’une série d’ateliers qui visaient à mieux connaître l’expérience pré et post-migratoire des répondants, en fonction de trois vecteurs/lieux significatifs pour eux, soient les camps de réfugiés au Népal, la maison et le cégep, à Québec. Les outils utilisés visaient à faciliter l'expression des participants par des moyens autres que la seule prise de parole. Ils ont été d’une grande utilité pour recueillir leurs témoignages. Chaque atelier ayant un thème différent, un outil de collecte de données approprié a été choisi pour chacun, dans l’optique de mieux faire correspondre les sujets abordés aux outils utilisés14. Il est à noter que sur les dix ateliers prévus à

l’amorce de ce projet, six ont effectivement été réalisés et un nouveau a été développé en cours de route. Durant la tenue des ateliers, quatre de ceux prévus au départ ont été retirés puisqu’ils sont apparus trop complexes pour les capacités linguistiques des participants et le temps alloué. Le tableau trois propose un résumé des ateliers qui ont eu lieu entre le 20 novembre 2012 et le 29 janvier 2013. Chaque atelier s’est déroulé dans une même journée – une fois par semaine — sauf l’atelier F qui a nécessité davantage de temps et qui a été réparti sur deux semaines.

12 Notons que la tranche d’âge des répondants a été déterminée en tenant compte des différences générationnelles, notamment en ce

qui a trait à l’établissement d’un nouveau réseau social et pour l’apprentissage de la langue du pays d’accueil. Ce sont Angel et al. (2000) qui déterminent trois catégories d’âges où se retrouvent des différences marquées à ce propos : les enfants et adolescents, l-19 ans; les jeunes adultes, 20-49 ans; et, les adultes, 50 ans et plus. Les élèves du Cégep de Sainte-Foy sont automatiquement des adultes, écartant la première catégorie et une classe composée d’élèves trop âgés n’aurait pas été avantageuse pour la tenue des ateliers, la barrière linguistique aurait alors été trop grande. En outre, étant moi-même âgée dans la vingtaine, j'ai supposé que le contact se ferait plus facilement avec de jeunes adultes, comme moi. On a donc écarté la troisième catégorie, et je me suis tournée vers le groupe d'âge des 20-49 ans.

13 Lors de ma première rencontre avec les membres de ce groupe, en classe, j'ai présenté mon projet de recherche, conformément au

feuillet d’information verbal. Les élèves ont été informés que les données produites dans la classe seraient utilisées avec leur consentement, recueilli de façon orale.

Tableau 2: Liste des ateliers réalisés et des outils reliés

ATELIERS OUTILS UTILISÉS

Atelier A : Mes activités et mes intérêts Outil : liste

Atelier B : Les difficultés de ma vie à Québec Outil : « diagramme-araignée » Atelier C : Mes déplacements au Népal et à Québec Outil : carte de la mobilité Atelier D : La migration : du Népal au Québec Outil : ligne de temps

Atelier E : Quoi faire si j’ai un problème? Outil : « photovoice » (version 2) Atelier F : Mes contacts et mes expériences: au

passé, au présent et au futur Outil : « photovoice » (version 1) Atelier G : Mes amis au Népal et à Québec Outil : dessin

Pendant la tenue des ateliers, il m’est apparu que leur contexte de déroulement avait un impact sur la relation de confiance que j’essayais en même temps de bâtir avec les participants. Edmond et Picard (2008) amènent la notion de « cadre » qui implique qu’un « lieu est porteur de significations symboliques, de normes relationnelles, de codes et rituels d'interaction qui favorise un certain style de relations » (Ibid : 13). En effet, dans la salle de classe, la relation demeurait parfois distante avec les participants alors que, à l’extérieur du contexte scolaire, mes relations avec eux s’épanouissaient. À la fin des ateliers, j’ai alors décidé de poursuivre la collecte de données en maintenant ma présence dans la classe au niveau de francisation suivant – cette fois-ci en tant qu’observatrice — dans l’objectif de continuer à connaître les participants et de les fréquenter à la fois en classe et à l’extérieur. Les mois de février et mars 2013 ont été transitoires m’amenant graduellement à côtoyer plusieurs participants dans leur quotidien en plus de connaître de nouveaux participants. Cette autre période – entre avril 2013 et décembre 2013 — et a été ponctuée d’entrevues et de séances d’observation participante qui se sont révélées très importantes pour avoir une idée plus juste et critique sur les données recueillies auparavant.