• Aucun résultat trouvé

3 RESULTATS

3.2 R ESULTATS DES ENTRETIENS

3.2.5 Les éléments permettant l’anticipation des troubles respiratoires

3.2.5.8 Le rôle des équipes mobiles de soins palliatifs

Avec leur avis extérieur, l’EMSP permettait une décision moins subjective: « Il n’y a pas

d’affectif à rentrer, pas de dilemme […] on n’a pas forcément tous au sein de l’établissement la même vue des choses. Quelqu’un de l’extérieur qui a des connaissances, ça permet de mettre à plat et d’enlever un peu ce qui est l’affectif » (E3, IDE coordinatrice).

L’EMSP permettait d’être « en équipe pour décider quand c’est un petit peu compliqué » E7 (médecin traitant) et de pouvoir « dire « Je ne sais pas, je passe la main à quelqu’un

important dans le dialogue, c’est important d’avoir un dialogue autour de la personne» (E4,

IDE coordinatrice).

Leur intervention était à l’origine d’ « une unité de décision » (E3, IDE coordinatrice).

« Avec une vue de l’extérieur, ça formalise la chose » (E3, IDE coordinatrice). L’EMSP « donne un conseil de prescriptions qui doivent être validées et prescrites par le médecin traitant » (E1, médecin coordonnateur).

Certains médecins contactaient systématiquement l’EMSP dans le cadre d’une prise en charge palliative de la fin de vie en EHPAD pour « avoir la validation » (E5, médecin traitant). E1 (médecin coordonnateur) : « Dans la mise en place des prescriptions anticipées, il faut un

réseau ».

Très souvent, l’EHPAD réclamait la visite d’une équipe experte : « il y a souvent une grosse

demande des infirmières, elles savent que c’est validé par eux donc c’est possible » (E5,

médecin traitant). Leur avis rassurait l’équipe soignante devant leur maîtrise du sujet : « ils

ont plus l’habitude », « ils ont vraiment la connaissance des molécules utilisées, avec les dosages… Ce sont les centres experts, que ça soit les réseaux de soins palliatifs ou l’HAD »

(E2, médecin coordonnateur).

Même si des PAP étaient déjà mises en place par le médecin traitant, l’EHPAD avait parfois le réflexe de demander l’avis d’une EMSP : « C’est l’institution qui rassure, parce que moi,

tout était fait » (E8, médecin traitant) ; « c’est très rassurant pour eux. Et pour le personnel aussi, parce qu’on se dit on ne se trompe pas » (E3, IDE coordinatrice).

L’appel à une équipe experte était parfois motivé par une nécessaire réassurance de la famille. E7 (médecin traitant) : « Pour la famille aussi c’est important qu’on prenne un avis de

l’extérieur, ça les tranquillise aussi […] vis-à-vis des familles parfois il y a une demande, on leur propose ou il y a une demande » ; E3 (IDE coordinatrice) : « quand on dit à une famille que les soins palliatifs ont été appelés, ils savent qu’ils ont à faire à une équipe rodée là dessus, qui a les connaissances qu’il faut, c’est très rassurant pour eux ».

Les médecins sensibilisés aux soins palliatifs avaient l’habitude de collaborer avec une équipe experte. E6 (médecin coordonnateur) : « il y a ceux qui sont très orientés soins palliatifs, qui

Le manque d’habitude des soins palliatifs de certains médecins traitants rendait nécessaire l’intervention d’une équipe experte pour la prise en charge anticipatoire des troubles respiratoires: E6 (médecin coordonnateur) : « Les symptômes respiratoires ça reste très

compliqué de prescrire avec le médecin traitant sans avoir eu un regard par le réseau de soins palliatifs avant. ».

La collaboration entre l’EHPAD et l’EMSP était formalisée par une convention : « L’origine

de nos prescriptions anticipées vient de l’équipe mobile avec laquelle on a une convention »

(E1, médecin coordonnateur).

Si le médecin traitant était défaillant : « Je les ai fait venir aussi une fois parce que j’avais un

résident qui avait des souffrances, douleurs multiples avec un médecin traitant avec qui c’était compliqué. Du coup j’ai shunté le médecin traitant ouvertement en en parlant à la famille, en faisant une demande de palliatifs via la famille » (E4, IDE coordinatrice).

Cependant, les EMSP variaient selon le territoire de l’EHPAD. Le cadre de travail, avec une convention ou non avec l’EMSP et leur apport, influait sur les pratiques : « les deux équipes

mobiles de soins palliatifs qui interviennent […] n’ont pas forcément la même façon de procéder » (E1, médecin coordonnateur).

Les EMSP permettaient l’utilisation de molécules à délivrance hospitalière : « Ce sont les

centres experts, que ça soit les réseaux de soins palliatifs ou l’HAD. On a accès à des molécules que l’on n’a pas en ville comme le midazolam » (E2, médecin coordonnateur).

Quand c’était complexe avec l’utilisation de l’Hypnovel®, « on va demander à l’équipe

mobile de soins palliatifs d’intervenir à ce moment-là » (E7, médecin traitant) ; « Quand effectivement on a un doute, et qu’il va falloir de l’Hypnovel®, il faut qu’on passe par une structure comme l’HAD ou le réseau pour pouvoir l’obtenir » (E6, médecin coordonnateur).

Les équipes mobiles avaient également un rôle de formation pour les médecins traitants et ceux intervenant en urgence.

E7 (médecin traitant) : « J’ai déjà invité l’équipe mobile de soins palliatifs comme je disais,

ils ont fait des interventions dans des EHPAD où je suis allé ».

E10 (SOS médecins) : « On a également fait des formations, le médecin de l’équipe mobile de

soins palliatifs est intervenu avec l’équipe. On a fait ça l’année dernière il me semble. On a fait plusieurs formations pour qu’un maximum de médecins puisse entendre la bonne parole».

Pour un certain nombre de situations, il n’y avait pas besoin d’équipe experte : « Si on a une

équipe d’infirmières un peu forte et un médecin traitant qui va bien, neuf fois sur dix on n’a pas besoin » (E4, IDE coordinatrice), et dans les situations non complexes « quand il s’agit de faire des prescriptions de morphine simple ou morphine-Rivotril®, on s’en sort très bien »

(E6, médecin coordonnateur).

E7 (médecin traitant) : « je pense qu’avec un peu d’expérience on se débrouille assez bien

tout seul ».

E8 (médecin traitant) : « Là où je suis content c’est que la personne de l’équipe de soins

palliatifs qui est passée […] m’a dit qu’ils n’avaient rien de plus à apporter. Donc ce n’est pas obligé…la personne a été un peu insistante vis à vis de l’infirmière coordinatrice de dire « Vous savez on n’a pas forcément besoin, si c’est fait, c’est fait, voilà ».

Bien que le médecin traitant soit resté au cœur de la prise en charge, les équipes mobiles de soins palliatifs permettaient d’optimiser la gestion de fin de vie en EHPAD et notamment la mise en place des prescriptions anticipées pour des troubles respiratoires. Leur regard d’expert extérieur rassurait les différents intervenants.