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Le projet de la restauration des marais iraquiens

Chapitre 2- Repères historiques et géographiques

3. Le projet de la restauration des marais iraquiens

Depuis mai 2003, un changement notable et rapide a eu lieu dans les marais d'Iraq. En effet, avec la chute du précédent régime en mars 2003, la population locale a ouvert les vannes et les digues afin d’acheminer à nouveau l’eau dans les marais. Des images satellites montrent qu’au mois d’avril 2004, à peu près un cinquième des marais, soit 3000 km2 de marais avaient été inondés. Le défi consiste, à présent, à restaurer l’environnement et à fournir de l’eau potable et des installations sanitaires aux 85 000 habitants selon le PNUE.

Durant cette phase critique, Monique Barbut, en charge de la Direction de la Division Technologie, Industrie et Economie du PNUE, a déclaré: « Il est impossible de prévoir quel

pourcentage de la surface totale des marais sera récupéré, »162

. il est crucial de pouvoir suivre l'évolution de la réhabilitation en cours et la nature des changements écologiques associés qui se mettent en place. Une évaluation systématique des changements en cours est essentielle afin de parvenir à une meilleure compréhension des dynamiques du processus de réhabilitation et de pouvoir aider les décideurs et autres acteurs politiques à entreprendre des mesures de réhabilitation efficaces.

Après la guerre de 2003, Le PNUE a lancé, un projet de plusieurs millions de dollars pour la restauration de l’environnement et pour permettre aux populations vivant dans les marais de Mésopotamie l’accès à l’eau potable.

Ce projet163, financé par le gouvernement japonais, vise à soutenir un développement durable et la restauration des marais iraquiens par la mise en œuvre de technologies respectueuses de l’environnement. L’eau potable ainsi que des installations sanitaires seront installées dans les principales communes, et des projets pilotes de restauration des zones humides seront entrepris.

Plusieurs autres gouvernements et organisations non gouvernementales ont entrepris des actions dans les marais iraquiens. Le projet du PNUE vise à renforcer la coordination de ces différentes activités pour maximiser les bienfaits pour la population et les espèces sauvages. Cette approche coordonnée pourrait être utilisée lors de la mise en place d’une stratégie plus large pour les marais dans la région.

L'illustration suivante montre les trois phases et les activités clés. (Figure 2-2)164

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Elle a expliqué que « le futur des marais iraquiens sera lié au développement éventuel d’un plan global avec une coopération régionale des pays en amont et en aval du bassin des fleuves Tigre et Euphrate ». UNEP

Launches Project to Restore Iraqi Marshlands, [en ligne] disponible sur:

http://www.unep.fr/en/hilites/infocus/iraqmarshlands.htm

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Le projet de 11 millions de dollars, approuvé dans le cadre du Fonds de développement pour l’Iraq des Nations Unies, ciblera en premier une douzaine d’habitations pour y installer, à petite échelle, des systèmes d’épuration de l’eau, parfois à énergie solaire. Le projet permettra aussi de former les autorités iraquiennes, tant nationales que locales. Il formera des experts dans la gestion et restauration des zones humides, ainsi que dans l’optimisation des ressources.

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Traduction des légendes : Phase I : 1. Formulation de la stratégie et de la coordination 2. Collection de la base de données et analyse 3. Renforcement des capacités 4. Mise en œuvre des ESTs pilote (Environmentally Sound Technologies) et initiatives au niveau communautaire 5. Sensibilisation. Phase II-A : 1. Formulation de la stratégie et de la coordination 2. Collection de la base de données et évaluation 3. Renforcement des capacités sur la gestion du réseau d’information des marais. Phase II-B : 1. Renforcement des capacités sur la fourniture d'eau potable et la gestion de la qualité de l'eau 2. Mise en œuvre pilote (1) initiatives au niveau

Figure (2-2): illustration représentant les trois phases du projet du PNUE pour restaurer les marais iraquiens et les activités clés liées (source PNUE)165

.

Le Système d'Observation des Marais d'Iraq (IMOS) fait partie du projet du PNUE intitulé "Support à la Gestion Environnementale des Marais Iraquiens" mis en œuvre par le Centre International de Technologie Environnementale (DTIE/IETC) et financé par le gouvernement du Japon à travers le Fonds des Nations-Unies pour le Développement de l'Iraq. L’IMOS est mis en œuvre et coordonné par l’Unité d’Evaluation Post-Conflit du PNUE (PCAU) et exécuté par le GRID-Europe. Ceci est un outil d’aide à la décision permettant d'aider les acteurs clés à modifier de manière pragmatique la situation et à adopter les plans de réhabilitation dans une période appropriée, basé sur de l'information scientifique valide. Les objectifs principaux du IMOS consistent à:

communautaire 3. Suivi des activités pilotes et de diffusion des résultats Phase III : 1. Renforcement des capacités sur la restauration des terres humides et la gestion des eaux usées 2. Mise en œuvre pilote utilisation de la source d'énergie alternative pour l'eau potable (1 communauté) et qualité de l'eau / zones humides restauration (1 projet pilot) et initiatives au niveau communautaire 3. Suivi des activités pilotes et de diffusion des résultats du centre international des technologies environnementales.

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Support for Environmental Management of the Iraqi Marshlands, [en ligne] disponible sur: http://marshlands.unep.or.jp/

1. Développer et mettre en œuvre un système de suivi afin d'acquérir, analyser et échanger de l'information de manière systématique sur les changements dans l'écosystème des marais;

2. Développer des produits et des services d'information basés sur les données rassemblées afin de soutenir la gestion du processus de réhabilitation;

3. Évaluer le succès de la réhabilitation des zones humides et leurs impacts sur l'environnement régional, en incluant celui de la partie septentrionale du Golfe Persique.

En utilisant l'imagerie satellitaire MODIS Terra, des cartes synoptiques ont été élaborées et produites par l’équipe de l’IMOS166 pour illustrer la distribution temporelle de la

réhabilitation des marais et du développement de la végétation des zones humides, sur une base nominale hebdomadaire/bihebdomadaire depuis janvier 2005. (Figure 2-3)

A la fin de la seconde phase du projet, trois des quatre objectifs ont été complètement atteints :

• Le développement et la mise en œuvre de l’IMOS, qui consiste en un ensemble articulé de concepts, données, méthodologie, logiciels et produits accessibles à travers un site web. Du fait de la taille imposante des marais iraquiens ainsi que de la situation sécuritaire, la télédétection est la seule approche possible pour observer leur évolution. A cause du manque de données du terrain, l'expertise des analystes a joué un rôle important dans le processus. La possibilité d'enregistrement et de stockage des algorithmes utilisés assure une totale reproductibilité des résultats.

• Des produits et des services d'information, tels que les cartes de couverture du sol simplifiées et d'inondations basées sur MODIS ainsi que des statistiques produites et inclues dans les rapports hebdomadaires.

• La réhabilitation depuis 2003 de la surface totale des marais qui est passée de 15% à 40% de leur extension maximale des années 1970.

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Durant l'une des premières phases du projet IMOS, une équipe de la Section d'Observation de la Terre du GRID-Europe a exploré les données sources disponibles et les méthodologies potentielles pour pouvoir extraire de l'information pertinente à partir d'images satellites.

Figure (2-3) : représentation visuelle du progrès de l’établissement environnemental des marais en février 2008. Source : New Eden Marshlands Observation Program (NEMOP).