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3.1. La formulation de la question centrale de recherche

Le sujet de recherche appréhende un problème réel qu’affrontent aujourd’hui les marais mésopotamiens. En effet, selon le Ministère iraquien des municipalités et des travaux publics, le plan gouvernemental lancé en 2007 prévoit de réaliser cent cinquante villages pour répondre aux nécessités urgentes des réfugiés des marais. Ce plan fait ainsi face à plusieurs difficultés :

• D’une part, la question de l’aménagement des établissements humains, dans le contexte dont se saisit cette recherche est complexe et probablement nouvelle. Sa

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Traduction : L'inondation des marais iraquiens, qui a été continue depuis avril 2003, est caractérisée par un degré élevé de variabilité, [...] et de l'incertitude. Cependant, une ré-inondation des marais, n'est pas équivalente à la restauration des écosystèmes, et il est important d'examiner si ce changement est conforme avec les états souhaitables de rétablissement de l'écosystème et à la fourniture des biens et services sur lesquels les populations locales dépendent pour leur subsistance. Une telle évaluation nécessite une recherche et une collaboration interdisciplinaire.

complexité est liée à la dégradation du milieu naturel et il est de surcroît difficile de fixer une délimitation spatiale car tout territoire de la zone des marais est divers, spatialement et temporellement, et correspond à un processus où l’eau et la terre s’opposent. Il s’agit d’une zone fragile où le territoire a une géométrie variable et un équilibre transitoire. Or cet environnement sort des normes connues en planification territoriale. La particularité de ce territoire est d’être principalement constitué par les marais, avec un manque de terre ferme, et par des canaux constituant les voies de circulation.

• D’autre part, le manque de données et connaissances sur cette zone où la vie sociale appelle un « développement » fondé sur une compréhension de l’histoire passée, de la situation présente, et de l’avenir du cadre culturel induit par la vie quotidienne. Cela tout en respectant et participant à l'évolution territoriale de cet environnement naturel, et en protégeant son équilibre. Toutefois, l’article 14 du rapport de synthèse correspondant au projet de restauration et de surveillance (phase II-A) publié en décembre 2007 par le PNUE, montre la nécessité d'accorder davantage d'attention aux aspects socioculturels de la restauration des marais, au-delà de l'environnement aquatique. À ce jour, la plupart des efforts concernant la restauration des marais sont essentiellement concentrés sur la gestion de l'eau et les aspects environnementaux :

There has been an absence of involvement of ministries [Iraqi Ministries of

Environment, Water Resources and Municipalities & Public Works] related to

socio-cultural aspects in the marshland restoration process. Such involvement needs to be mobilized. There is an enormous need to support all aspects of marshland restoration while the actual assistance received so far to implement on-the-ground measures is very small72. (UNEP 2007, p. ii)73

Le rapport explique que « la disponibilité insuffisante des services de base tels que l'éducation, la santé, l'eau, …[ou les conditions de l’habitat], dans les villages des

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Traduction : Il ya une absence de prise en compte des aspects socioculturels dans le processus de restauration des marais. Cette considération doit être mobilisée. Il y a un énorme besoin de soutenir tous les aspects de la restauration des marais alors que l'assistance effectivement reçue à ce jour pour mettre en œuvre des mesures sur le terrain est très faible.

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Summary Report, 2007, Survey on Demographic, Social and Economic Conditions of Marshlands in the

South of Iraq, UNEP Project on Support for Environmental Management of the Iraqi Marshlands, Phase II-A,

en conformité avec le Memorandum of Understanding between UNEP et Thi-Qar University (UNOPS Project No. 51119).

marais empêche le retour des personnes déplacées qui ont adopté un mode de vie urbain dans les villes où elles se sont rendues. » (Ibid.)

A partir de ces deux constats, l’interrogation se heurte à l’insuffisance de connaissances

concernant de tels projets de « développement » et aux réponses constructives,

architecturales, urbaines et paysagères, pour lutter efficacement contre la dégradation de l’environnement et répondre au mieux aux attentes des habitants. Convaincu qu’« en planifiant les établissements humains et l'urbanisation, il faut veiller à éviter les atteintes à l'environnement et à obtenir le maximum d'avantages sociaux, économiques et écologiques pour tous»74

, l’un des objectifs de ce travail de thèse est de pallier ce manque de connaissances spécifiques, pour construire les établissements humains de demain aux marais mésopotamiens. Ainsi le problème de recherche est formulé : il y a un manque de

connaissance concernant l’aménagement des établissements humains pour orienter le projet gouvernemental de stabilisation des habitants dans la zone des marais.

La question centrale est ainsi formulée : Quel projet d’habitat pourrait répondre au mieux aux besoins et attentes actuels des habitants des marais mésopotamiens ?

Cette question soulève d’autres interrogations liées aux changements spatiaux et sociaux, relativement à de nouvelles pratiques, à la mise en place des projets et l’évaluation de leurs impacts probables, à l’apparition de représentations nouvelles ou à la réapparition de représentations anciennes, aux forces de stabilité et de mobilité liées au territoire, et à leur forme visible dans le paysage. L’interrogation soulève aussi aux projets de remise en eaux des marais sous la direction du PNUE depuis 2004 : dans quelle mesure les projets proposés

sont adaptés à l’environnement, comment rétablir un écosystème fortement perturbé dans une société en mutation et pouvoir favoriser une évolution durable.

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La déclaration finale de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, le principe 15, Stockholm, 1972, [en ligne] disponible sur:

Le territoire, le paysage et l’aménagement sont des notions retenues pour cette thèse qui sont définies en fonction de leurs corrélations avec l’habitat :

- Le territoire, dans son sens courant en géographie, concerne la relation de la société à un espace. Les territoires sont dynamiques, notamment aux milieux des marais, ce qui permet de parler de l’évolution des territoires en tant qu’espaces concrets soumis à des transformations et modifications par la société qui y habite mais aussi en tant que société soumise à la délimitation spatiale de l’espace et la géométrie variable du territoire.

- La société, qui aménage son environnement et modifie les territoires en fonction de certains objectifs, par exemple ; bâtir pour habiter, cultiver pour se nourrir, contrôler les marais pour aménager, etc. En effet, sur un territoire, ériger l’habitat est l’une des interventions les plus importantes ayant pour objectif d’y demeurer, mais, réciproquement, la société souhaite ainsi orienter l’évolution du territoire sur lequel des conditions environnementales favorisent l'habitation et donnent naissance à un paysage;

- Les paysages, dans le registre culturel, sont l'objet d'une appropriation et de représentations qui appartiennent en propre aux différentes sociétés comme à chaque discipline. Le paysage en relation avec l’habitat, ou le paysage habité selon Norberg- Schulz est un paysage conscient, et l'homme, qui y prend place entre terre et ciel, en fait un usage respectueux en y habitant en poète. (Schulz 1997, p. 53)75. Et selon Jackson, il n'est pas statique et son évolution est fonction de nos tentatives pour vivre en harmonie avec la nature autour de nous. En effet, le paysage incarne des liens affectifs entre une communauté (par ses caractéristiques culturelles) et la nature (par ses caractéristiques environnementales et esthétiques) ; il est souvent approprié (aménagé et transformé).

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Christian Norberg-Schulz, 1997, L’Art du lieu – Architecture et paysage, permanence et mutations, Edition le Moniteur en langue française, Collection moniteur technique, Paris.

- L’appropriation : l’origine est dans l’approche anthropologique de Marx. Selon l’école marxiste l’appropriation est l’action sur le monde, le travail, la praxis. Elle est un processus dont les acquis, l’instabilité et les recherches de nouveaux équilibres correspondent à la dynamique de l’identité individuelle. (Serfaty-Garzon 2003, p. 27). Henri Lefèbvre en fera une expression indispensable de la vie quotidienne. Quant à Henri Raymond, il définit l’appropriation de l’habitat comme l’ensemble des pratiques et, en particulier, des marquages qui lui confèrent les qualités d’un lieu

personnel.76 Enfin, les modèles d’appropriation apparaissent comme des «

dispositions à engendrer des pratiques », au sens défini par Pierre Bourdieu pour l’habitus77. Ces travaux ont pour mérite de montrer que si l’habitat est produit, l’appropriation de l’habitat n’est pas un sous-produit mais « l’aventure » même de l’habiter. (Serfaty-Garzon 2003, p. 29)

- L’aménagement du territoire, en général, est un mélange complexe entre des processus de décisions politiques, de connaissances sur un territoire, de règles juridiques et de moyens d’action pour l’organisation de l’espace. Nous nous sommes intéressés essentiellement à l’aménagement du point de vue de l’organisation des établissements humains. L’aménagement étant d’abord l’action (dans l’espace) orientée par un objectif (usage), selon la définition des dictionnaires généralistes, il s’avère que dans la formulation du processus proposée par Pierre Donnadieu, l’objectif à retenir est l’habitabilité, notion développée par le sociologue Michel Conan et Augustin Berque : « Qualité d’un endroit dont l’aménagement invite et autorise l’appropriation » (Berque et al. 1999, p. 69)78, ou « Intention

d’aménagement du territoire prenant en charge le devenir d’un territoire pour le rendre plus habitable. » (Ibid., p.88)

76

Paul-Henry Chombart de Lauwe a proposé le concept de « désappropriation » pour décrire les rapports de dominance liés à la conquête et à la défense de la propriété de l’espace urbain et le sentiment éprouvé par le citadin que la ville ne lui appartient pas.

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Dans la théorie de Pierre Bourdieu, l'habitus est un ensemble de dispositions individuelles ou collectives, durables et transposables, qui fonctionne d'une part comme un système d’intériorisation des structures sociales – sous la forme de schèmes inconscients de la perception et de faction (surveillance) - et d'autre part comme une matrice structurant les pratiques. Pierre Bourdieu, 1980, Le sens pratique, Minuit, Paris.

78

Augustin Berque, Michel Conan, Pierre Donadieu, Bernard Lassus, Alain Roger, 1999, La Mouvance,

Pour résumer, le territoire est « une appropriation de l’espace » (Brunet et al 1992, p. 456)79

ou l’espace produit par la société. Cette production collective est issue d’« un dialogue poursuivi entre des entités vivantes, l’homme et la nature, dans la longue durée de l’histoire » (Magnaghi, 2000, p. 7)80

. Le paysage dont la forme visible du territoire est « le visage de l'histoire au présent » (Odile 2006, p. 3)81

est l'absence de ce que Jackson appellerait le sens de l'avenir historique82. (Jackson, p. 268) Le paysage résulte des relations

d’adaptation patiente entre l’homme et son environnement. Cela est particulièrement vrai aux marais mésopotamiens où le paysage montre un impressionnant étalage d'attachement aux habitudes communes et une inépuisable habileté à trouver des solutions à court terme ; ce qui répond parfaitement à la « découverte » du paysage Jacksonien. L’aménagement des établissements humains est l’action dans l’espace autorisé, l’appropriation du territoire, orienté par l’objectif d’une habitabilité (la capacité qualitative d’habiter et d’évoluer dans un espace). Ensuite, l’habitat est un mode d’occupation de l’espace qui saisit l’ensemble des « conditions » matérielles, sociales et culturelles exprimant un mode de construction et un mode de vie des individus comme des groupes qui évoluent ainsi que leur habitat dans un milieu.

3.2. La formulation des hypothèses de travail

Dans cette nouvelle quête d’habitat aux marais, nous avons choisi de porter notre attention sur les rapports que la société entretient avec son territoire et son environnement naturel. La dégradation environnementale actuelle et l’analyse de la reformulation du lien entre l’espace et la société sont abordées. Pour démêler cet écheveau que constitue le rapport des sociétés à leur territoire, nous avons décidé de suivre un fil, celui du paysage démontrant que l’habitat

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(Ibid., Brunet et al. 1993)

80

Alberto Magnaghi, 2000, Le projet local, Bollati Bolinghieri, Torino, traduit de l’italien et adapté par Marilène Raiola et Amélie Perita, Introduction de Françoise Choay, Mardaga, Liège, p.111.

81

Marcel Odile, 2006, Paysage modes d’emploi, hommes et territoires, pour une histoire des cultures de

l’aménagement, les cahiers de la compagnie du paysage 4, édition Champ Vallon, Seyssel.

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Selon Jackson, « La mobilité, le changement sont les clés du paysage vernaculaire, mais comme malgré soi, sans le vouloir ; non pas expression de l'agitation et de la recherche du progrès, mais adaptation patiente, sans fin, aux circonstances. Bien trop souvent, cela est du aux décisions arbitraires de ceux qui gouvernent, mais les conditions naturelles jouent leur rôle, ainsi que l'ignorance, la fidélité aveugle aux mœurs locales et l'absence d'objectifs à long terme : l'absence de ce que nous appellerions le sens de l'avenir historique. » (Ibid., Jackson, p.268)

traditionnel pérenne est un excellent marqueur de l’action des sociétés sur le territoire et de son « évolution ».

Dans ce sens, le traitement de la question de l’aménagement des établissements humains aux marais mésopotamiens est fortement lié au paysage.

D’où notre hypothèse principale:

La reconnaissance du paysage, de ses ressources, et pas uniquement des seuls aspects matériels mais aussi immatériels - socioéconomiques et socioculturels, culture constructive traditionnelle, savoirs et savoir-faire reliés - contribue à l’identification et à la compréhension des réponses pertinentes pour orienter et construire les établissements humains de demain, et espérer pouvoir favoriser une évolution durable.

Une première investigation menée sur le terrain en 2008 montre un paysage complexe où l’on peut distinguer, selon la façon de se projeter dans le temps, trois représentations (mentale, sociale, politique) caractérisées par des relations à la mémoire, au présent et au futur :

• une représentation patrimoniale : une tradition qui remonte à plus de 5 000 ans ; • une représentation locale actuelle : que traduisent les réactions spontanées des

habitants pour tenter de récupérer leur territoire et, au moins en partie, l’écosystème des marais;

• une représentation erronée de la part des concepteurs des nouveaux projets de village. Sur cette observation, trois hypothèses secondaires sont élaborées:

1ère hypothèse secondaire : L’habitat traditionnel des marais mésopotamiens montre un

mode d‘organisation spatiale qui offre du répondant au vécu par les modalités d’organisation et d’occupation.

2ème hypothèse secondaire : Le processus de restauration environnementale actuel,

3ème hypothèse secondaire : Le mode d’aménagement des établissements humains

contemporains favorise la naissance d’une nouvelle identité exogène du territoire plutôt que de rétablir l’ancien paysage culturel.

En effet, la société contemporaine des marais mésopotamiens se prête à un questionnement sur des besoins et attentes actuels. Dans un contexte de dégradation, face à des dynamiques tant sociales qu’environnementales (changement climatique, désertification, changement des systèmes de production et des économies locales…), les habitants des marais sont probablement amenés à reformuler leur identité, en empruntant, assimilant, rejetant, en combattant parfois les influences exogènes autant que les contestations internes.

Ainsi, l’objectif de ce travail consiste à étudier le lien entre la société et son environnement

naturel, les pratiques constructives, les villages, les maisons et les ensembles qu’ils

constituent dans le paysage et sa diversité, à comprendre les transformations de la nature à l’œuvre et le fonctionnement de la société, ses dynamiques, son rapport à l’espace et sa façon de se projeter dans le temps.

Cette recherche poursuit donc comme principal objectif d’établir une base de connaissances sur l‘habitat au prisme d'un projet de stabilisation de la population et du « développement » local. La revalorisation de la culture constructive locale est ici reliée à la mise en cause d’un projet qui est actuellement proposé et à la nécessité d’agir au mieux dans un contexte urgent. Ce motif constitue l’originalité scientifique de la thèse qui aborde la question de l’habitat dans un milieu tout particulier en suivant de près les problèmes et en tentant de contribuer aux orientations par une valorisation de cet habitat et par une communication des résultats, au fur et à mesure, vers les acteurs nationaux (les Ministères iraquiens des Ressources en eau, des Municipalités et Travaux publics et de l'Environnement) et internationaux (le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, le Studio Galli Ingegneria lié au Ministère de l'environnement et du territoire italien, et Nature Iraq fondation) qui sont concernés par le traitement de cette question aujourd’hui afin de favoriser une meilleure intervention dans ce contexte complexe.

3.3. La méthode adoptée

Il était indispensable que l’ensemble des composantes des marais mésopotamiens soit prises en considération afin que puissent apparaître les caractéristiques environnementales, économiques et sociales de ce type de milieu et leurs influences sur les caractéristiques de l’habitat sur ce territoire. Ainsi, une démarche multidimensionnelle a guidé la construction de cette thèse et la réflexion qui a invité à une approche pluridisciplinaire en raison des attributs physiques, biologiques et anthropiques qui constituent et structurent l’habitat aux marais mésopotamiens. Ces divers attributs renvoient à des domaines scientifiques spécifiques.

Le caractère interdisciplinaire de ce travail a été essentiel pour analyser le fonctionnement des marais mésopotamiens, et préciser les interactions entre les hommes et le milieu à travers son histoire, puis amorcer la réflexion sur l’aménagement des nouveaux projets d’établissements humains proposés aujourd’hui. Cette approche présente l’avantage d’aborder l’habitat dans sa globalité, mais aussi d’analyser chacune de ses composantes. Concrètement, pour examiner les hypothèses, plusieurs moyens ont été mis en œuvre. Passer par le savoir et le savoir-faire local semble une nécessité méthodologique et une des premières tâches pour examiner la première hypothèse secondaire (l’habitat traditionnel des marais mésopotamiens montre un mode d‘organisation spatiale qui offre du répondant au vécu par les modalités d’organisation et d’occupation). Cela a consisté à caractériser les éléments qui constituent ce système d’habitat. Il s’agit d’identifier les différentes formes de l’habitat et à en percevoir la variété, ce qui procède d’une démarche typologique. Après avoir caractérisé l’habitat, il s’agit de dépasser l’examen typologique pour comprendre comment les villages traditionnels s’organisent les uns par rapport aux autres, autrement dit de définir leur hiérarchie. Les lieux habités ne fonctionnent jamais en autarcie totale mais sont complémentaires. Ces complémentarités déterminent des interdépendances. Ainsi, l’élaboration d’un classement hiérarchique permet d’appréhender l’organisation du peuplement, en mettant en évidence le rôle joué par chaque type de village dans la structuration du réseau d’habitat vernaculaire.

La seconde étape a consisté à mettre en forme des questionnaires destinés aux habitants des marais, ce que nous semble être une approche pertinente pour déterminer l’état actuel de la situation des marais et les conséquences de la politique de rétablissement environnemental sur l’établissement actuel des habitants. Ces questionnaires devaient permettre d’établir une description détaillée des pratiques, incluant les activités économiques et sociales, locales, et abordant le point de vue des habitants et leurs besoins et attentes actuels. Ils ont été soumis aux soixante neuf familles du village d’Abu Narssy83. Cette approche a permis de traiter la

deuxième hypothèse secondaire (le processus de transformation environnementale actuel modifie probablement les rapports liant l’espace et la société dans les marais).

La troisième hypothèse secondaire (le mode d’aménagement des établissements humains contemporains favorise la naissance d’une nouvelle identité exogène du territoire plutôt que de mettre en œuvre l’ancien paysage) sera abordée par l’analyse du nouveau projet pilote d’établissements humains proposé par le gouvernement pour stabiliser la population du village d’Abu Narssy. L’application d’un cadre théorique sur l’habitat, que l’on va élaborer dans un premier temps, jouera un rôle important pour valider ou faire évoluer la troisième hypothèse secondaire.

3.4. Structure de la thèse

La thèse reflète notre volonté de traiter cette question des projets d’établissements humains, sous l’angle urbanistique et architectural et de l’approche multidimensionnelle que nous souhaitons appliquer à l’analyse des caractéristiques environnementales, économiques et sociales de l’habitat aux marais mésopotamiens.

La construction du plan a été guidée par trois objectifs :