• Aucun résultat trouvé

Chapitre III Opérationnalisation de la démarche de recherche-action

3.5 Le profil de départ des quatre participantes

Pour bien suivre le cheminement des quatre participantes à travers les étapes prédépart, du terrain de stage et du retour, nous dressons ici leur profil de départ, tiré du premier entretien, qui abordait leur choix de la profession d’infirmière, leur conception initiale de cette profession, ainsi que leur motivation à faire un stage à l’international, leur perception de l’expérience de stage en Inde et ses apports possibles sur le plan professionnel.

1. Amandine7 a 20 ans et a d’abord fait un programme pré-universitaire de sciences de la santé parce qu’elle aime la biologie, la santé et les sports. Le programme de sciences infirmières l’a intéressée car il aborde plusieurs facettes de la personne, tant psychologiques que physiques. Elle apprécie être dans un domaine où elle est toujours

6 L’abréviation se rapporte à un entretien dont le Système de repérage de la source des données est

présenté à l’Annexe V.

en contact avec les autres, car cela lui permet d’apprendre par l’entremise des expériences de vie de chacun. Elle mentionne que la profession d’infirmière est très variée et touche plusieurs domaines ; cela lui permet de voir plusieurs situations tout en contrant la routine et de pouvoir faire différents choix au cours de sa carrière. Elle est préposée dans un hôpital et aime travailler dans un contexte de collaboration. Pour elle, une bonne infirmière doit être capable d’établir une relation de confiance dans un rapport d’égalité, de savoir communiquer et de cerner les informations importantes en fonction des soins à prodiguer.

Elle souhaite d’ailleurs pouvoir améliorer ses habiletés de communication et s’améliorer dans ce sens grâce à son expérience de stage international. Son objectif sur le terrain est de pouvoir partager des connaissances. Sa principale motivation est de s’ouvrir aux autres et d’élargir ses horizons en étant en contact avec la diversité des croyances qui existent dans le monde. Elle croit que son expérience s’effectuera surtout sur le plan personnel, apportant peu de nouvelles connaissances sur le plan professionnel, à part une ouverture d’esprit et une habileté à mieux comprendre les croyances derrière les comportements des immigrants.

2. Rachel a 20 ans et a eu de la difficulté à choisir son orientation. Intéressée autant par

l’architecture, par l’optométrie que par la criminologie, elle a finalement opté pour le programme de sciences infirmières en raison de la diversité des tâches et des champs de pratique présente dans la profession. Elle apprécie la place accordée à la relation d’aide dans les soins, le fait de pouvoir faire appel à sa créativité pour agir dans la pratique et celui de pouvoir côtoyer divers environnements. Pour elle, une bonne infirmière doit faire autre chose que de maîtriser les techniques de soins ; elle doit prendre le temps de cerner les besoins du patient et savoir bien gérer son temps pour ne pas laisser la relation d’aide de côté. Elle doit s’appliquer à faire ce qu’il y a de mieux pour le bien du patient en étant capable de remettre les choses en question, d’aller plus loin dans son observation, de développer une relation pour en apprendre davantage, de faciliter la collaboration aux soins et d’aider son patient à évoluer. Une bonne infirmière est quelqu’un de passionné qui s’intéresse à l’autre, mais qui est aussi capable d’accepter que ça ne fonctionne pas toujours comme prévu.

Apprendre à composer avec la différence est son principal objectif en Inde. Elle croit que cet apprentissage lié à la différence pourra l’aider à s’adapter plus facilement dans sa pratique professionnelle. Sa motivation est de voir comment ça se passe ailleurs, d’aller chercher de nouvelles connaissances qui pourront l’aider à donner de meilleurs soins. Elle s’attend à devoir faire preuve de plus d’initiative pour pouvoir actualiser certaines interventions sur le plan professionnel, compte tenu d’une supervision différente de celle offerte dans un stage ordinaire.

3. Genny a 21 ans et voulait dès son enfance devenir médecin. Elle découvre son intérêt

pour les interventions humaines avec la sociologie et la psychologie. Le choix des sciences infirmières lui permet de voir davantage l’évolution complète de la personne et de parler avec les patients pour comprendre ce qu’ils vivent. Pour elle, une bonne infirmière est celle qui se préoccupe des besoins de son patient, qui est capable d’empathie et qui explique à son patient les symptômes liés à sa maladie ainsi que les interventions qu’elle fait en lien avec ces symptômes.

Son principal objectif en Inde est d’être capable de rebondir malgré le choc culturel et de réussir à se créer une « zone de confort » malgré la déstabilisation envisagée dans son contexte de stage en milieu rural. Elle est motivée par l’occasion de voir comment un système de santé fonctionne ailleurs et de saisir l’organisation de la vie en général. Elle croit que son stage lui permettra de comprendre la vision indienne de la maladie. Dans sa logique, elle précise que vivre cette nouvelle expérience l’amènera à pouvoir se mettre à la place de l’immigrant parce que, en Inde, c’est elle qui aura une vision différente de la majorité.

4. Laura est actuellement âgée de 24 ans. Après ses études collégiales en arts, elle

effectue d’abord une session universitaire en études internationales, mais l’aspect politique et l’insécurité d’emploi l’amènent à se réorienter. Elle décide donc de suivre les cours préalables en santé et elle termine ensuite une formation en massothérapie. Elle trouve le travail de massothérapeute exigeant sur le plan physique et sa curiosité la pousse à vouloir parfaire ses connaissances en choisissant le programme de sciences infirmières comme option de carrière. Pour elle, l’infirmière est la personne la plus près du patient ; elle est le pivot entre les différents professionnels de la santé. Une bonne infirmière se doit d’être très à l’écoute de son patient, d’être capable de capter le non-dit

et les sous-entendus pour cerner sa dynamique dans son milieu de vie en général et de pouvoir le diriger vers des soins appropriés. Elle doit être capable de défendre les intérêts de son patient auprès des autres professionnels de la santé. Ce qui intéresse particulièrement Laura, c’est l’enseignement et la possibilité de faire en sorte « que la personne se sente bien, humaine, intègre et digne dans les soins qu’elle reçoit » (EIPL.4). Elle recherche un contexte professionnel où ses valeurs personnelles pourront s’actualiser en cohérence avec le milieu. Elle aime travailler dans un environnement où l’ambiance de travail est positive et elle souhaiterait pouvoir prendre beaucoup d’initiative. Elle explique avec précision sa trajectoire professionnelle et sa vision de la profession infirmière.

Pour son stage en Inde, sa principale motivation est de pouvoir appliquer les valeurs de la profession infirmière et de voir comment elles peuvent se traduire ailleurs. Son objectif de stage semble lié à la promotion de la santé, pour apprendre à être sensible à un autre contexte culturel et développer des compétences particulières en enseignement auprès des enfants. Sa curiosité l’amène à s’intéresser aux divers éléments du milieu pour pouvoir s’en servir dans une adaptation au contexte. Son mode d’apprentissage semble centré sur un décodage constant : « Ce que je fais, est-ce que ça se fait dans ce contexte là ? Est-ce que les gens comprennent comment je m’exprime ? Est-ce qu’on va dans la même direction ? » (EIPL.12).