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transition entre la vallée du fleuve Sénégal et le bassin arachidier

I. Le Ferlo, une incarnation de l’élevage pastoral

I. 1. L’ESPACE FERLO EN ZONE SYLVO-PASTORALE : DÉFINITIONS

Le Ferlo est un vaste espace aux contours géographiques pas clairement précisés, ce qui constitue une limite dans la caractérisation exhaustive de ce milieu. NDIONE (1982) rapporte que le Ferlo s’étend sur 75 000 kilomètres carrés tandis que BA M. O (1983) estime la surface de cette région à 30 000 kilomètres carrés. L’administration coloniale apporte une définition de cet espace ; elle faisait étendre le Ferlo plus au Sud, jusqu’à l’axe Mbacké-Tambacounda (DIOUF, 2000). TOURÉ (1986) indique que le Ferlo est limité au Nord et à l’Est par la Vallée du fleuve Sénégal, à l’Ouest par le complexe du Lac de Guiers-Vallée du Ferlo, et au Sud par la route Linguère-Matam. L’ensemble Walo et Jejegol 50 au Nord, Dieri et kooyaa 51

50. — Bande qui marque la limite entre le fleuve et l’intérieur des terres.

au centre, Jolof au Sud-Ouest et toute la partie occidentale de Matam et

51. — Partie située au centre du Ferlo marquée par son caractère hostile et désertique.

Bakel forment le Ferlo. Une réalité commune admise par tous est que le Ferlo est à cheval sur plusieurs Régions administratives du pays ; il est au carrefour des Régions de Saint-Louis au Nord, de Louga au centre et à l’Ouest, de Diourbel au Sud-Ouest et de Tambacounda au Sud.

Le nom de Ferlo serait issu du terme « désert du Ferlo », utilisé par les colonisateurs pour dési-gner toute la zone que recouvre cet espace (BARRAL, 1982) soumis à une exploitation quasi continue depuis l’installation des forages dans les parcours naturels à partir des années 1950, y augmentant ain-si la charge animale. Pour certains, le terme Ferlo proviendrait du peul ferlade 52

Du point de vue des activités, le Ferlo est désigné comme la zone par excellence de l’élevage pastoral.

illustrant la tranquillité, la sécurité, mais aussi signe de libération (BA, 1982). Cependant, la constance est que le Ferlo est le nom d’une vallée endoréique dont l’étendue du bassin couvre presque l’ensemble de la ZSP ; c’est le fleuve qui arrosait jadis la région formant une marche-frontière entre les royaumes du Jolof, du Fouta et du Boundou (BA, 1982).

I. 2. LE FERLO, CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES

Dans tout l’espace Ferlo, deux caractéristiques sont constantes : le climat sahélien marqué par la pré-sence de la savane et de la steppe, et la prééminence du pastoralisme sur les activités socio-économiques ; BA (1982) décrit cet espace comme le domaine par excellence des acacia, des vallées fossiles et des nombreux troupeaux de zébus peul.

D’un point de vue morphopédologique, on distingue deux ensembles :

— le Ferlo des dunes ogoliennes ou le Ferlo sableux ou encore ceene 53

52 — S’asseoir en tailleur (les jambes croisées)

(pluriel de seeno). Ce sont les dunes rouges de direction Est-Ouest qui traversent une bonne partie du Ferlo, entre-coupées par des dépressions appelées couloirs interdunaires. Ces formations se retrouvent essentiellement dans les parties septentrionale et occidentale du Ferlo. Cette dynamique mor-pho-paysagère est rompue par des formations sablo-argileuses relativement basses et entail-lées par des valentail-lées interdunaires. Ces terres, assez riches en argile, sont aussi connues sous l’appellation peul balji (pluriel de baljol).

53. — Les formations sableuses constituées spécialement de dunes de l’Ogolien orientées Est/Ouest et qui remonte-raient environs 22 000 ans Bp, soit au début du Quaternaire. Ces sols formeremonte-raient un dépôt qui repose sur la cui-rasse issue des couvertures sédimentaires du Tertiaire, phase finale de la formation du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien (le Continental terminal)

— le Ferlo latéritique au substrat cuirassé et ferrugineux. Cette unité morphopédologique serait formée durant le Continental terminal. C’est un ensemble principalement retrouvé dans les par-ties méridionale et méridionale-orientale du Ferlo.

Le climat du Ferlo, sahélien, est très peu pluvieux, plutôt sec avec des températures élevées. Il a été décrit par beaucoup d’auteurs comme étant le domaine le plus aride, plus chaud et moins humide des domaines climatiques du Sénégal, avec des manifestations de vents secs et des phénomènes de pous-sières fréquents (LEROUX, 1979 ; NDONG, 1996 ; SAGNA et al., 2000). La normale de précipitations s’élève à 418 millimètres entre 1950 et 2003, avec de fortes variabilités temporelles. Depuis 1960, la station de Linguère n’a guère enregistré une hauteur d’eau de 600 millimètres l’an (FIGURE 17). L’année 1983 a été la plus sèche avec 189 millimètres d’eau. L’irrégularité des précipitations dans le temps se conjugue avec une irrégularité dans l’espace.

FIGURE 17. — Évolution interannuelle des pluies à Linguère de 1950 à 2003.

Source des données : DMN, 2004.

Les températures moyennes tournent autour de 360 C. De 1951 à 2003, la température moyenne de Linguère était de 36,40 C et l’insolation quotidienne moyenne de 8 heures 20 minutes de 1962 à 2003.

Les mois les plus ensoleillés à la station de Linguère sont mars, avril et mai avec respectivement 269,8 heures, 275,8 heures et 268,7 heures. Le mois de septembre est moins ensoleillé avec 222,2 heures (NDIONE, 2002). Le climat aride n’est pas très favorable à l’exploitation du lait frais. Il est nécessaire, pour toute initiative de collecte de lait à grande échelle, de prévoir d’importantes infrastruc-tures de conservation.

Les températures varient fortement suivant les mois. Ainsi, les mois de février à juillet puis oc-tobre-novembre sont relativement chauds (FIGURES 18 & 19). Or, une température ambiante comprise entre 15 et 400 C produit une multiplication rapide des bactéries et une suractivité des enzymes. Dans ces conditions, le lait est vite détérioré. Pour pallier ce risque, il est recommandé, pour bien garder le lait, de le conserver à une température de 40 C (celle du réfrigérateur).

FIGURE 18. — Températures moyennes annuelles de Linguère de 1951 à 2003.

Source des données : DMN, 2004

FIGURE 19. — Températures moyennes mensuelles de Linguère de 1951 à 2003.

Source des données : DMN, 2004

I. 3. LE FERLO, PEUPLEMENT

La zone du Ferlo est un vaste ensemble géographique, mais aussi un creuset ethnique. Une diversité d’ethnies et de cultures compose cette région. Du point de vue historique, le Ferlo, même occupé par la forêt, a toujours été considéré comme une terre d’accueil et de sécurité pour les Peul et leur bétail.

TOURÉ (1987 : p. 21), qui évoque les récits de voyage au Sénégal de MOLLIEN en 1818, rapporte que les Peul du Diéri, au XIXe siècle 54, vivaient repliés dans les forêts et constamment armés de fusils, de lances et de flèches empoisonnées. Le Peul y était l’ethnie majoritaire ; il est également resté dans le cœur du Ferlo, cette partie « hostile » du pays, même avec la colonisation des Terres Neuves du Ferlo occidental 55

En ZSP, on note la présence d’autres ethnies : Maure, Serer, Soninké, Wolof. Les premiers se sont installés grâce au commerce traditionnel entre le Sénégal et la Mauritanie, au XIXe siècle marqué par les échanges de céréales et les esclaves contre du sel, des armes, des chevaux (SANTOIR, 1983), tandis que les derniers se sont installés à la faveur de la migration vers le royaume du Jolof. D’autres flux migratoires de Serer et de Wolof se sont également manifestés dans la ZSP avec la baisse des rendements de la monoculture arachidière dans le cœur du Bassin arachidier.

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Les principales activités économiques sont l’agriculture de subsistance, en saison des pluies, et l’élevage. La pêche, y est pratiquée par une population de Subbalbé 56

La ZSP est également constituée de villes en croissance. Les principales villes au cœur du Ferlo sont : .

— la commune de Dahra, 29 000 habitants en 2005 (ANSD, 2006) qui croit plus vite en exerçant une polarisation sur les autres localités qui l’entourent et semble être plus nette qu’à Linguère.

La population a été multipliée par 2,7 entre 1988 et 2005. Ce dynamisme de Dahra est lié à la proximité avec les grands pôles que constituent Touba et Louga ; son marché à bétail assure son rayonnement par rapport aux autres localités ;

— la commune de Linguère, 13 000 habitants en 2005. La population s’élevait à 10 000 habitants en 1988.

54. — Cette époque correspond avec les périodes de troubles et de pillage provoquées par la pénétration coloniale et le déclin des royaumes wolof.

55. — Le mouridisme a contribué fortement à la conquête des Terres neuves. PÉLISSIER (1966) est largement revenu sur ce phénomène (cf. pp 301-362). Il rapporte notamment que Ahmadou Bamba, fondateur du mouridisme, avec son installation définitive à Diourbel en 1912, à la lisière orientale de ce vaste domaine forestier, a poussé les po-pulations à occuper ce nouvel espace agricole.

56. — Pluriel de Cubbalo, un peuple du groupe Peul dont le principal métier est la pêche. Les Subbalbe sont localisés le long de la Vallée du fleuve et autour du Lac de Guiers.

CARTE 11. — Répartitionde la population départementale en Zone Sylvopastorale en 2005.

II. Les aménagements hydrauliques et hydroagricoles :